L'Union européenne et Chypre: autopsie d'un succès inachevé( Télécharger le fichier original )par Meriem JAMMALI Université Paris IV Sorbonne - Master Enjeux, conflits, systèmes internatinaux à l'époque moderne et contemporaine 2006 |
Chapitre 2: Etat des lieux du problème chyprioteNous essayerons de retracer les données et les étapes d'une crise qui, pour lointaine qu'elle nous paraisse, est de plus en plus omniprésente dans les différentes négociations internationales et qui suscite l'inquiétude de tous les milieux. Elle peut avoir des conséquences graves sur le paysage politique occidental et de l'Union européenne en particulier. Le dernier élargissement traduit explicitement cette situation de crise. I. situation géographique : atout ou handicap ?Chypre a longtemps été un pont entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique. Elle se trouve au milieu de plusieurs systèmes politiques qui l'entourent. Elle est à la confluence de trois continents et de grandes civilisations19(*). Depuis des millénaires, cette île a toujours subi les aléas des enjeux régionaux et mondiaux20(*). Ainsi, depuis l'Antiquité, Chypre est convoitée par les grandes puissances à la fois occidentales et orientales21(*). La dernière conquête qui a façonné le paysage politique chypriote fut la conquête ottomane. Après la chute de l'empire ottoman, une course sans merci s'est engagée entre les puissances occidentales afin de partager les territoires de « l'homme malade de l'Europe »22(*). Cependant, en dépit de toutes ces convoitises, l'île de Chypre a toujours su conserver ses particularités. Si son statut géographique la mettait au centre de tous les dangers et de toutes les invasions, il lui confère en revanche une position importante en tant que plaque tournante du commerce international, surtout pour la région du Proche-Orient. Elle a su profiter de la guerre du Liban et du conflit israélo-palestinien et son système des sociétés off-shore n'a jamais cessé d'attirer les capitaux étrangers en quête de paradis fiscal. De plus, elle a toujours entretenu de bonnes relations bilatérales avec les pays arabo-musulmans et suscité leur sympathie. Deux raisons expliquent ce sentiment de sympathie : d'abord, le sentiment anti-turc et l'animosité envers l'héritage ottoman dans ces pays. Ensuite, la cause chypriote rappelle le problème palestinien pour les pays arabo-musulmans. D'ailleurs, il importe de signaler que ces derniers n'ont jamais reconnu la République de Chypre du Nord (RTCN) et ce, malgré les efforts de la Turquie. Ainsi la résolution 541 du conseil de Sécurité de l'Onu condamnant l'auto proclamation de la RTCN a été votée par 13 pays23(*) : la Jordanie s'est abstenue pendant le vote alors que Le Pakistan a voté contre. Cependant, ce dernier n'a jamais reconnu la légitimité de l'autorité Chypriote turque24(*). * 19 KISSINGER (H), « Chypre, étude de cas d'un conflit ethnique » in Les années de renouveau, Fayard, Paris, 2000, p.172. * 20 Chypre et l'UNFCYP, l'ONU et les opérations du maintien de la paix, p. 18. * 21 Se référer au Chapitre I de la deuxième partie p. * 22 La France a pris Tunis, Alger, le Liban et la Grande-Bretagne a pris en main les affaires de la Palestine, l'Egypte et chypre, etc. * 23 The Security Council «Calls upon all States not recognise any Cypriot state other than the Republic of Cyprus;» * 24 Ministry of foreign Affairs of the Republic of Cyprus, United Nations Security Council and General Assembly Resolutions on Cyprus 1960 -2002, Nicosia, 2003, p.86. |
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