A la mémoire de mon frère Ali JAMMALI
Mon amour pour toi dépasse les frontières de la
vie et de la mort
Grâce à toi, je me rends compte combien de
couchers de soleil j'ai ratés
Ma douleur est sourde. Tu hantes ma mémoire. Partout
où je vais, je cherche ton visage.
Remerciements
Je voudrais exprimer ici ma reconnaissance aux personnes qui
m'ont soutenue et conseillée aussi bien au cours de mon travail de
recherche que pendant la rédaction. Je pense, en premier lieu à
mon directeur de recherches Monsieur le Professeur Eric BUSSIÈRE, qui a
su me guider dans mes recherches et dans la rédaction de ce
mémoire, à l'ambassade de Chypre à Washington DC pour
m'avoir fourni de nombreux document et pour la disponibilité du service
du bureau de presse, à Monsieur Jean-Philippe LAGRANGE, à
Monsieur Hédi HADDADA et finalement à ma famille.
Table des matières
Abréviations
7
INTRODUCTION
8
PREMIERE PARTIE
16
LES DESSOUS DU PROBLEME CHYPRIOTE
16
Chapitre 1. Chypre : données
géographiques
17
I.
Territoire
17
II.
Population
18
III
Une économie dominée par les services
19
1 Les principaux
secteurs d'activités
19
2. Faiblesses de
l'économie chypriote
20
3. Principaux
partenaires économiques
22
IV.
Système politique chypriote
23
Chapitre 2: Etat des lieux du
problème chypriote
24
I.
situation géographique : atout ou handicap ?
24
II. Rappels historiques
25
1. La
période ottomane
25
2. Chypre sous la
tutelle britannique
27
3. Vers
l'indépendance
30
4. L'invasion
turque : Chypre le martyr
31
5. Chypre :
vers deux Etats
34
6. A la recherche
d'une solution
35
Chapitre 2: Les différents
protagonistes de la crise chypriote
37
I. La Grande Bretagne
37
II. La
Grèce
38
III.
La Turquie
40
IV. La
rivalité américano-soviétique
40
DEUXIÈME PARTIE : LA
QUESTION EUROPÉENNE À CHYPRE
42
Chapitre 1 : Pourquoi Chypre est- elle
éligible ?
43
I.
Définition de l'identité européenne
43
II.
Les origines européennes de l'île
45
1. Un
héritage gréco-romain omniprésent
46
2. Une religion
commune : le Christianisme
48
3. La colonisation
britannique
49
4. Le paysage
médiatique
49
5.
L'enseignement
50
6. Le miracle
économique
51
Chapitre 2 : La question
européenne à Chypre
54
I. Vie politique à Chypre et
question européenne
54
1. Les partis
politiques
54
2. L'église
orthodoxe : un poids politique déterminant
60
Chapitre 3 Chypre en quête de
la CEE : une grande stratégie pour un petit pays
62
I. Les
relations avec la Grande-Bretagne : une priorité
62
1. La CEE et la
Grande-Bretagne
63
2. L'impact de
l'adhésion britannique sur les relations
Grande-Bretagne/Chypre
64
II. Le
choix du gouvernement chypriote de l'Association avec la CEE
67
1. De l'accord
d'Association CEE - Chypre à l'union douanière
67
2. La
Communauté européenne : une alternative pour la
sécurité de Chypre
69
TROISIEME PARTIE : LA POLITIQUE
EUROPENNE VIS-A-VIS DE CHYPRE
73
Chapitre 1.La Communauté
européenne et la crise chypriote
74
I. Les
efforts d'internationalisation de la cause chypriote et la CEE
74
1. Le Conseil de
l'Europe et la question chypriote dans les années 50
74
2. La
Communauté européenne et la crise de 1974
76
3. La
Communauté européenne et l'auto proclamation de la
RTCN
78
Chapitre 2 : La question chypriote et
l'UE entre défis et promesses
80
I. De la candidature à
l'adhésion
80
II.
L'axe Athènes/ Londres
82
1. Le rôle de
la Grèce dans l'accélération du processus
d'adhésion chypriote
82
2. Le rôle de
la Grande-Bretagne
85
III.
La candidature chypriote : un casse tête pour les
Européens
87
IV.
Chypre : l'après adhésion
90
1. L'Union
européenne face à son échec
90
2. La perspective
d'adhésion de la Turquie et le veto chypriote
92
CONCLUSION
95
ANNEXES
99
I. Accords de Zurich et Londres sur Chypre
11 février 1959
99
II. Accord
créant une association entre la communauté économique
européenne et la République de Chypre
100
III. Discours de
Harold Macmillan (Londres, 31 juillet 1961)
101
IV. Extraits de la
Résolution (353) de l'ONU suite à l'invasion turque
104
V. Extraits de la
Résolution 573 du Conseil de l'Europe suite à l'invasion
turque
104
VI. Extraits de la
Résolution 541de l'ONU suite à la proclamation de la
RTCN
105
VII. Extraits de la
Résolution 974 du Conseil de l'Europe suite à la proclamation de
la RTCN
105
VIII. Extraits de
la décision de la Commission suite à la candidature
chypriote
106
IX.
Résolution du Parlement européen (5 septembre
2001)
106
VIII. Tableau
Principaux indicateurs économiques de Chypre
116
IX. Tableau
comparatif l'Europe à 15/25
117
BIBLIOGRAPHIE
118
Abréviations
AKEL : Le parti progressiste des Travailleurs chypriotes
(Anorthothikon Komma Ergazomenou Laou)
AKP : le parti réformiste islamique (Adelet
Kalkinma Partisi)
CECA : Communauté européenne du charbon et
d'acier
CEE : Communauté économique
européenne
CTP : le parti républicain turc (Cumhuriyet
Türk Partisi)
DIKO : Le parti démocratique chypriote grec
(Dimokratiko Komma )
DISY: Le rassemblement démocratique (Dimokratikos
Synagermos)
EDEK : Le rassemblement unitaire du centre
démocratique (Eniaia Demokratiki Enosis Kendrou)
PESC : Politique étrangère de
sécurité commune
RDC : La république de Chypre
RTCN : République turque de Chypre Nord
UE : Union européenne
INTRODUCTION
Le traité d'Athènes1(*), signé le 16 avril 2003
et entré en vigueur le 1er mai 2004, fait de Chypre, en
même temps que neuf autres Etats, un membre à part entière
de l'Union européenne (UE). Il s'agit de l'Estonie, de la Hongrie, de la
Lituanie, de Malte, de la Pologne, de la Slovaquie, de la Slovénie et de
la République Tchèque. L'UE est désormais un ensemble de
25 Etats avec un total de 456 millions d'habitants soit 7,2% de la population
mondiale, et une superficie proche de 4 millions de Km 2(*). Par conséquent, l'Union
européenne devient la troisième puissance militaire mondiale
après les Etats-Unis et le Japon, et le plus grand marché du
monde en nombre de consommateurs3(*). Désormais, l'UE est une nouvelle entité
qui pourrait s'imposer davantage sur l'échiquier mondial et
peut-être rivaliser avec l'actuelle superpuissance qu'est les Etats-Unis
d'Amérique, devenue seul « maître du monde »
après la chute de l'Union soviétique.
Avant de passer à Chypre, il nous semble
intéressant de rappeler la chronologie des différentes
étapes de l'élargissement de l'UE depuis les Six
« fondateurs » qui avaient crée en 1951, la
Communauté européenne du Charbon et de l'acier (CECA) regroupant
l'Allemagne, la France , l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le
Luxembourg. L'Union européenne assiste à son cinquième
élargissement depuis 1957, date à laquelle les Six signent le
traité de Rome qui donne naissance à la Communauté
économique européenne (CEE). Le premier élargissement de
la communauté européenne remonte à 1973, avec
l'adhésion du Danemark, de l'Irlande et du Royaume-Uni. La Grèce
rejoint la Communauté en 1981. Cinq ans après, l'Espagne et le
Portugal rejoignent la CEE. Le traité de Maastricht conclu le 10
décembre 1991 et signé le 7 février 1992, crée
l'Union européenne, qui remplace la CEE à partir du
1er novembre 1993. En 1995, elle admet trois nouveaux membres :
l'Autriche, la Finlande et la Suède. La Bulgarie et la Roumanie
accèderont à l'Union en 2007. En ce qui concerne la candidature
turque, elle reste en suspens vu son statut particulier malgré le
début des négociations avec cette dernière le 3 octobre
2005, sans pourtant oublier que la Turquie a signé, dès 1963 un
accord d'Association avec la CEE4(*), suivi par la signature de l'union douanière
entrée en vigueur le 31 décembre 1995.
L'élargissement de 2004 est le plus important de
l'histoire de l'Europe. D'abord, cette vague d'adhésions s'inscrit dans
un contexte inédit : la réunification du continent
européen déchiré par la deuxième guerre mondiale et
l'antagonisme Est-ouest et la Guerre froide. De plus, cet élargissement
est le plus important par le nombre de pays concernés : dix pays
dont Chypre.
Si Chypre et Malte, deux îles minuscules au sein de la
Méditerranée, ont un niveau comparable à la
majorité des pays européens déjà membres avec des
économies viables et des institutions stables, les pays de l'Est sont au
dessous des exigences européennes. Ils présentent un certain
nombre de similitudes ; ils sont tous plus pauvres que la moyenne des
Quinze et n'ont pas de tradition de démocratie ni d'économie de
marché5(*). A ce
propos, il nous semble intéressant de préciser que la Hongrie et
la République Tchèque avaient un système
démocratique et une économie de marché avant la
première Guerre mondiale. Fraîchement libérés du
joug communiste avec l'effondrement du bloc soviétique, ils revendiquent
leur identité européenne et leur désir de rejoindre
l'Europe malgré la longue distance qui les séparent de cette
Europe en pleine expansion géopolitique. Les réformes
structurelles et politiques - acquis minimal en règles
démocratiques, droits de l'homme, droits des minorités)
engagées dans tous ces pays ont apporté leurs fruits et ont
été scellées par l'adhésion du 1er mai
2004.
Revenons maintenant au cas chypriote, sujet de notre
présente étude. Chypre illustre parfaitement un conflit
territorial qui demeure insoluble. Peu après son indépendance en
1960, elle est un terrain de conflits entre Grecs et Turcs. Souvent, les
différents conflits qui pèsent sur les relations internationales
sont des différends territoriaux vu que le territoire est l'ultime moyen
pour accéder aux richesses naturelles, accéder à la mer,
étendre son territoire. Cela constitue un accès à une
grande voie de communications et d'échanges, ce qui mettra l'Etat en
position de force. N'est-il pas vrai que les questions les plus insolvables
sont les questions territoriales à l'instar de la Palestine, le
Cachemire disputé entre l'Inde et le Pakistan ou encore le conflit du
Sahara occidental?6(*)
Chypre, est non seulement un cas singulier au centre de la
Méditerranée, mais aussi dans cette vague d'élargissement.
Cette île minuscule par sa taille pèse lourd dans les
négociations interétatiques depuis les années 60. Si son
adhésion à l'Union européenne ne pose pas de
problèmes majeurs sur le plan économique, il en va autrement du
domaine politique. La partition de facto de l'île, qui reflète
l'évolution très peu satisfaisante des négociations
intercommunautaires menées au nom de l'ONU ou sous son égide,
constitue un handicap de taille. Un petit Etat, qui est encore divisé
rentre avec une seule partie, la partie grecque, qui représente les 2/3
de la population de l'île. La partie turque ne l'est pas encore bien que
la majorité de ses habitants aient voté pour, mais la partie
chypriote grecque a rejeté le plan d'union proposé par l'ONU.
La situation actuelle de Chypre est la conséquence
directe de deux faits majeurs : la gestion britannique
« Divide and rule » de cette l'île ; la
guerre du monde bipolaire et les querelles intestines des différents
protagonistes - les Etats-Unis et l'URSS - impliqués dans ce conflit.
Dans ce contexte, l'OTAN a essayé de gérer la crise chypriote
pendant la guerre froide. L'île d'Aphrodite demeure divisée depuis
l'intervention de l'armée turque en 1974. Sa candidature à
l'Union européenne quoiqu'elle soit politiquement problématique
était considérée par tous les milieux officiels et
académiques comme le dernier espoir pour la réunification de
l'île. Pendant le long processus de négociations d'adhésion
de l'île, l'UE n'était pas l'unique puissance en position de jouer
un rôle de taille afin d'apporter une solution et rétablir la paix
et la stabilité dans l'île. Les Etats-Unis comme les
Européens ont joué un rôle important dans
l'élaboration du plan Annan.
Le conflit chypriote, demeurant non résolu depuis 1974,
a divisé la classe politique européenne pendant les
négociations de l'adhésion de Chypre. Il a également
pesé lourd sur tous les acteurs qui y sont impliqués (la Turquie,
la Grèce et le Royaume-Uni. L'impact problématique du statut de
l'île de chypre ne se limite pas uniquement au processus de
négociation et d'adhésion, l'après adhésion pose
aussi un problème de taille, surtout dans le processus de
négociations avec la Turquie. Dans ce contexte, l'Union
européenne affronte un dilemme de taille à cause de sa politique
d'élargissement vers Chypre.
Est-il vrai qu'en adhérant à l'Union
européenne, l'île de Chypre retrouve son indépendance en
jouissant d'une reconnaissance mondiale? Pourtant, après
l'adhésion, qui lui redonne le goût de jouer un rôle
important au moins en Europe. La contradiction est bien présente. Elle
retrouve une souveraineté : sécurité, assurance au
sein de l'Europe pour la perdre aussitôt7(*). Volontairement certes, mais cela n'effacera pas les
réticences vis-à-vis de son entrée en Europe et la
complexité de son statut dans les négociations avec la Turquie.
Chypre est considérée comme un point de passage
indispensable dans les relations internationales. Depuis l'occupation turque de
1974, le débat politique est dominé par cette situation de
division de l'île en deux parties hostiles et la nécessité
d'un règlement de paix. Nous avons par conséquent
été tenté d'explorer cette question et d'analyser la
situation nouvelle et paradoxale de Chypre au sein de l'Union
Européenne. Aussi étrange que cela puisse paraître, nous
avons dès le départ été confronté à
la diversité et à l'abondance des études traitant de ce
sujet. Depuis la demande d'adhésion de la république de Chypre,
cette situation a suscité l'intérêt de tous les milieux et
provoqué plusieurs publications autant académiques que
gouvernementales. La problématique et les démarches ayant abouti
à l'adhésion ont été suffisamment
documentées. Cependant, la question Chypriote et sa
spécificité au sein de l'UE restent peu connues du public
français. Ce constat est confirmé tout au long de notre travail
de recherche. En effet, lors de l'élaboration de cette étude,
nous nous sommes parvenus à l'évidence que la plupart de ces
travaux si riches et souvent analytiques considèrent que l'histoire de
Chypre est caractérisée par l'immobilisme. Alors que dans la
stagnation pourraient émerger des évènements moins
apparents mais susceptibles d'être interprétés
différemment comme le confirme Chateaubriand dans ses
Mémoires d'outre-tombe « Je vous fais voir l'envers
des évènements, que l'histoire ne montre pas ».
Dans le cas chypriote, plusieurs mutations ont marqué l'histoire
géopolitique de l'île, sujet de convoitise à travers toutes
les périodes dans une zone hautement conflictuelle : la
Méditerranée. Un autre constat s'impose : l'absence de
contributions en langue française à part quelques documents et
articles spécialisés alors que les travaux anglo-saxons sont
nombreux et mis à jour.
Par souci de lancer un nouveau débat, surtout
après la date historique du deuxième grand élargissement
de l'Union européenne (mai 2004), et après des discussions
fructueuses avec mon directeur de recherches, Monsieur le Professeur BUSSIERE,
nous avons décidé d'étudier et d'analyser la situation de
Chypre, petit pays mais clef dans la situation politique contemporaine, les
démarches pour et obstacles à son adhésion, en passant par
les récentes tentatives (à la veille de son entrée
à l'UE) d'unification de l'île et l'évolution de la
politique européenne vis-à-vis de Chypre. En effet, le
présent travail constituera une introduction à un sujet plus
vaste : Les répercussions de l'élargissement de l'Union
européenne sur les relations Nord-Sud et la place qu'occupe l'Union
européenne dans cette perspective face à la concurrence
américaine.
Notre démarche se veut analytique en allant à
l'essentiel. L'inégale longueur des différentes parties du
travail est dictée par l'importance de chaque section par rapport au
thème principal.
Une première partie sera consacrée au
problème chypriote et à ses origines. Dans ce contexte, nous
avons jugé utile d'aborder ce thème, tout en sachant qu'il a
été abondamment documenté et analysé par les
médias et les analystes politiques, vu qu'il a constitué tout au
long des négociations de l'adhésion un majeur facteur de discorde
entre différents acteurs. En effet, comme l'a souligné Semin
Suvarierol, le problème politique demeure le seul point noir dans le
dossier chypriote.
Dans une deuxième partie, nous essayerons d'analyser la
question européenne à Chypre. A ce stade, il nous paraît
utile de rappeler son identité européenne, les
intérêts chypriotes au sein de la Communauté
européenne et d'exposer les grands enjeux que pourraient soulever son
d'adhésion. De même, les positions des partis politiques
chypriotes vis-à-vis de l'Europe seront reprises dans cette partie du
travail.
Une troisième partie traitera la politique de l'Union
européenne vis-à-vis de Chypre. L'Union européenne est
intervenue dans le conflit chypriote mais pas de manière suffisamment
active et distincte de Washington. Le processus des négociations de
l'adhésion chypriote s'était avéré épineux,
notamment en raison des pressions imposées par la Grèce. En ce
qui concerne la Grande-Bretagne, elle a adopté une politique de
« coulisses » dans le dossier chypriote. L'adhésion
de la partie grecque seulement malgré les efforts, sans succès,
de l'ONU pour parvenir à un accord présente une situation sans
précédent d'un Etat membre dont une partie reste occupée
et non reconnue par un Etat candidat : la Turquie.
PREMIERE PARTIE
LES DESSOUS DU PROBLEME
CHYPRIOTE
Chapitre 1. Chypre : données
géographiques
I. Territoire
Chypre est située au sud-est de la
Méditerranée. Avec 700 km de rivage elle est la troisième
île méditerranéenne après la Sicile et la Sardaigne
avec une superficie de 9.251 Km 2. Elle s'étend sur 240 km d'est en
ouest et 100 km du nord au sud. Elle se trouve à 60 km de la côte
sud de la Turquie, à 90 km de la côte syrienne; à 360 km de
la Grèce et la Grèce continentale est à 800 km à
l'ouest de l'île. Son point culminant, le mont Olympe,
s'élève à 1 955 m. Sa capitale est Nicosie et ses villes
principales sont Limassol, Larnaca et Paphos.
Après l'indépendance de Chypre en 1960, la
Grande-Bretagne a conservé deux bases militaires dans le sud et l'est de
l'île : Akrotiri et Dhekelia où sont stationnés
4 200 soldats. Ce territoire représente 3 % de l'ensemble du
territoire chypriote. La zone septentrionale (37%) de l'île est
occupée par les Chypriotes turcs depuis la partition de fait survenue en
1974. Quant à la partie sud, elle est sous la souveraineté de la
République de Chypre. Chypre est membre de l'ONU, du Commonwealth, de
l'OMC, de l'OSCE, du Mouvement des Non-alignés et en mai 2004, elle est
devenue membre à part entière de l'Union européenne.
II. Population
La population chypriote est scindée en deux
communautés. Elle s'élève en 2003 à 802 000
habitants dont 80,1% de la population sont des Chypriotes grecs et 18 % des
Chypriotes turcs8(*). 2% de
la population est composée par des maronites et des arabes9(*). Depuis 1974, les deux
communautés n'ont presque aucun contact. Au début, 20.000 des
162.000 Chypriotes grecs ont été évincés par les
troupes turques. Ensuite, le reste de cette population vivant dans la partie
nord de l'île était forcé de quitter leur foyer pour se
réfugier dans la partie contrôlée par le gouvernement
Chypriote grec. D'après des sources Chypriotes grecques10(*), le projet de séparer
les deux communautés est antérieur au débarquement de
l'armée turque en juillet 1974. Le vice-président Chypriote turc,
Fazil Küçük et Rauf Denktash ont préparé en
septembre 1963 un projet confidentiel pour la partition de l'île.
D'ailleurs F. Küçük a déclaré le 30
décembre 1963 que la Constitution chypriote est morte et qu'il est
impossible d'envisager une cohabitation - Call it partition if you
like » - des deux communautés11(*).
La communauté grecque est regroupée sur 66% de
la superficie de l'île, sur sa partie méridionale. Cette
dernière, qui a pourtant dû accueillir 200 000 et puis le
reste des réfugiés du nord, est beaucoup plus riche, surtout
grâce au développement du tourisme, aux revenus de la marine et au
rôle d'île-escale que joue Chypre entre le Moyen-Orient et
l'Europe. Quant à la communauté turque, elle occupe le nord de
l'île.
III Une
économie dominée par les services
1 Les principaux secteurs
d'activités
La structure de l'économie chypriote a radicalement
changé après la division de l'île en 1974. Elle passe d'une
économie agricole à une économie industrielle dans les
années 70 et la première moitié des années 80 pour
devenir finalement une économie de services. En 2004, les services
constituent 74,5% du PIB12(*). Le tourisme constitue le secteur principal de
l'économie chypriote.
Suite à la partition de 1974, la République
chypriote s'est trouvée privée d'une grande partie de ses
infrastructures économiques. L'agriculture chypriote représentait
environ 4% du PIB. Il s'agit d'un secteur marginal. Sa contribution au PIB ne
cesse de diminuer depuis les années 70. En effet, la partie turcophone
est plus fertile et plus favorable aux activités agricoles. Le vin est
l'un des premiers postes d'exportation. Les ressources naturelles
minières sont très limitées. L'industrie
manufacturière représente 10% du PIB mais voit sa
compétitivité diminuer, principalement à cause du
coût élevé de la main-d'oeuvre. Le secteur de
l'énergie et de l'industrie occupe 22% de la population active et
contribue pour 20,6% au PNB. Ce secteur a connu un réel essor
après la crise de 1974. Cependant, il enregistre depuis les
années 80 un déclin au profit des services, secteur qui a connu
depuis un essor très important. En effet, les deux piliers de
l'économie chypriote sont le tourisme qui fournit en 2004 22% du PIB et
les activités offshore qui sont estimées à 12% du
PIB13(*). Il s'agit en
particulier des activités menées par des sociétés
chypriotes à capitaux étrangers exerçant leurs
activités exclusivement hors de Chypre et qui bénéficient
d'allégements fiscaux importants. Chypre doit, au courant de 2006,
mettre en conformité ce secteur offshore avec la réglementation
européenne. Enfin, le secteur maritime constitue une autre source de
revenus importante : la flotte battant pavillon chypriote occupe le
sixième rang mondial.
2. Faiblesses de l'économie
chypriote
Les performances de l'économie chypriote demeurent
satisfaisantes, surtout dans le cadre de son adhésion à la
Communauté européenne. Ce constat se confirme en terme de
chômage et d'inflation. En 2004, de taux de chômage
s'élève à 3,6% et le taux d'inflation est estimé
à 2,2% contre 4,1% en 2003 et 2,5% pour l'an 2005. Les indicateurs
économiques montrent une croissance de l'économie chypriote qui a
atteint 4% en 2005 contre 3,6% en 200414(*). Néanmoins, l'économie chypriote
présente des faiblesses structurelles. Elle souffre d'un déficit
commercial récurrent et une dépendance accrue au tourisme qui
représente 20% de son PIB15(*).
Ces faiblesses sont liées à des facteurs
exogènes qui dépassent parfois ses frontières et aux quels
Chypre doit faire face. L'instabilité politique internationale affecte
très directement son économie. En effet, en 2001 l'avant guerre
puis la guerre en Irak, a affecté le secteur touristique et la demande
de marchandises de ses principaux partenaires commerciaux dont le dollar est le
moyen de paiement. La chute de la valeur du dollar et de la livre Sterling en
faveur de l'euro est un facteur supplémentaire de cette stagnation. La
dévalorisation du dollar devrait être un atout pour la livre
chypriote car le coût de l'énergie a baissé. Cependant,
cette tendance a été un problème de taille. Le poids de la
dette en euro a augmenté. Cette tendance de la livre chypriote a
facilité les exportations vers les pays européens. En
contrepartie, les importations chypriotes issus de la zone euro deviennent plus
chères. Ceci s'explique par le fait que la République chypriote
n'a pas encore accès à l'Eurozone. A ce propos, le gouvernement
chypriote désireux de rejoindre la zone euro rapidement, a lancé
un « programme de convergence 2004-2008 ».
La timide croissance enregistrée au cours des
années 2002 et 2003 est due essentiellement à la croissance de la
demande domestique des ménages et à l'investissement dans le
domaine de la construction et des équipements. De plus, la
démarche des entrepreneurs privés pour exporter des services
autres que le tourisme a porté ses fruits. En conséquence,
l'année 2004 enregistre une croissance de 2% de l'économie
chypriote par rapport à 2003. En même temps, et malgré le
renforcement de son économie au cours de 2004, la dépendance de
l'économie chypriote vis-à-vis de l'économie
européenne en stagnation (qui reste de loin son principal partenaire),
l'attente du référendum avant l'adhésion de 2004 et la
hausse des prix de pétrole tout au long de cette période n'ont
pas épargné à l'île les effets néfastes de
ces incertitudes. Dans ce contexte, l'année 2005 constitue un
prolongement du climat incertain qui règne sur l'économie
chypriote. La crise du nucléaire iranien pourrait être un facteur
additionnel pour l'instabilité économique insulaire. En somme,
même si Chypre rejoint l'eurozone d'ici 2008, ce qui est peu probable
selon Akel16(*),
l'économie de l'île ne peut pas ignorer l'évolution de
l'ordre mondial et des rapports de forces et surtout les zones de tensions qui
constituent ses frontières immédiates. Le cas de Chypre n'est pas
unique. Bien souvent les incertitudes politiques ont un fort impact
économique.
Source : Bureau de Presse et d'Information de la
république de Chypre
3. Principaux partenaires
économiques
Les principaux clients de Chypre en 2004 sont : l'Union
européenne qui représente 58,9% des échanges de
l'île avec l'étranger. Le Royaume-Uni vient en tête avec
27,2% des exportations chypriotes. Les pays du Moyen-Orient absorbent 15,6% des
marchandises chypriotes suivis par les pays de la CEI avec seulement
2,6%17(*).
L'Union européenne est également le principal
fournisseur de l'île (64,8 % des marchandises proviennent de l'espace
européen). Les pays asiatiques viennent en deuxième position avec
22,3% et les pays de la CEI 3,5%18(*).
IV. Système politique chypriote
Chypre accède à l'indépendance le 16
août 1960 après une longue lutte des combattants contre le colon
britannique. La Constitution de 1960 qui a instauré les bases d'une
république indépendante est le résultat des accords de
Londres et de Zurich. Cette constitution chypriote, qui n'est plus
appliquée dans l'île depuis les troubles communautaires de 1963,
stipule que le président est également le chef du gouvernement.
La fonction de Président revenait à un Chypriote grec. La
fonction de vice-président devrait revenir à un Chypriote turc.
Or, actuellement, ce poste est vacant. Selon la même constitution, 30%
des sièges du gouvernement et du Parlement devraient revenir à
des Chypriotes turcs. Le président, élu au suffrage universel
pour un mandat de cinq ans, est le chef de l'exécutif ; il nomme
les ministres de son gouvernement. Le régime politique, de type
présidentiel, repose sur une séparation stricte des
différents pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.
Les principaux partis politiques sont : Akel (parti communiste), Disy
(droite modéré), Diko (centre) Edek (socialiste) et
Evrokio : Pro Europe.
Chapitre 2: Etat des lieux du problème
chypriote
Nous essayerons de retracer les données et les
étapes d'une crise qui, pour lointaine qu'elle nous paraisse, est de
plus en plus omniprésente dans les différentes
négociations internationales et qui suscite l'inquiétude de tous
les milieux. Elle peut avoir des conséquences graves sur le paysage
politique occidental et de l'Union européenne en particulier. Le dernier
élargissement traduit explicitement cette situation de crise.
I.
situation géographique : atout ou handicap ?
Chypre a longtemps été un pont entre l'Europe,
l'Asie et l'Afrique. Elle se trouve au milieu de plusieurs systèmes
politiques qui l'entourent. Elle est à la confluence de trois continents
et de grandes civilisations19(*). Depuis des millénaires, cette île a
toujours subi les aléas des enjeux régionaux et mondiaux20(*). Ainsi, depuis
l'Antiquité, Chypre est convoitée par les grandes puissances
à la fois occidentales et orientales21(*). La dernière conquête qui a
façonné le paysage politique chypriote fut la conquête
ottomane. Après la chute de l'empire ottoman, une course sans merci
s'est engagée entre les puissances occidentales afin de partager les
territoires de « l'homme malade de l'Europe »22(*). Cependant, en dépit de
toutes ces convoitises, l'île de Chypre a toujours su conserver ses
particularités.
Si son statut géographique la mettait au centre de tous
les dangers et de toutes les invasions, il lui confère en revanche une
position importante en tant que plaque tournante du commerce international,
surtout pour la région du Proche-Orient. Elle a su profiter de la guerre
du Liban et du conflit israélo-palestinien et son système des
sociétés off-shore n'a jamais cessé d'attirer les capitaux
étrangers en quête de paradis fiscal. De plus, elle a toujours
entretenu de bonnes relations bilatérales avec les pays arabo-musulmans
et suscité leur sympathie. Deux raisons expliquent ce sentiment de
sympathie : d'abord, le sentiment anti-turc et l'animosité envers
l'héritage ottoman dans ces pays. Ensuite, la cause chypriote rappelle
le problème palestinien pour les pays arabo-musulmans. D'ailleurs, il
importe de signaler que ces derniers n'ont jamais reconnu la République
de Chypre du Nord (RTCN) et ce, malgré les efforts de la Turquie. Ainsi
la résolution 541 du conseil de Sécurité de l'Onu
condamnant l'auto proclamation de la RTCN a été votée par
13 pays23(*) : la
Jordanie s'est abstenue pendant le vote alors que Le Pakistan a voté
contre. Cependant, ce dernier n'a jamais reconnu la légitimité de
l'autorité Chypriote turque24(*).
II.
Rappels historiques
1. La période ottomane
Contrôlée par les Vénitiens, Chypre fut
conquise en 1571 par le sultan Selim II25(*). Cet événement fut vivement ressenti en
Europe26(*).
L'île demeura ottomane trois siècles durant, avant d'être
cédée en 1878 au Royaume-Uni, « pour être
occupée et administrée » par ce dernier, et ce
jusqu'à l'indépendance survenue en 1960. Par ailleurs, il importe
de souligner que pendant le règne des Ottomans sur l'île, le
Sultan a chassé du pays les catholiques et assuré l'autonomie des
Chypriotes grecs par le biais du rôle primordial conféré
à l'Eglise orthodoxe. Cette caractéristique a renforcé la
position de l'archevêque autocéphale en lui donnant le nom
d'Ethnarque (Millet selon les Ottomans). Paradoxalement, cette autonomie
partielle avait renforcé le sentiment national hellène
propagé par cette même Eglise27(*). La politique ottomane émane d'une
volonté de laisser les « infidèles »
gérer leurs affaires tant qu'ils ne perturbent pas l'ordre public et
tant qu'ils paient leurs taxes28(*). Le cas chypriote n'est pas unique dans la mesure
où l'Empire ottoman n'a jamais cherché à diffuser sa
culture et sa civilisation, il pratiquait une politique de respect ethnique et
confessionnel. En revanche, il a toujours considéré prioritaire
la question de l'expansion territoriale. Quant à la population
chrétienne et maronite, une grande majorité d'entre elle s'est
convertie à l'islam en adoptant des noms musulmans ou des noms turcs
afin d'échapper à la répression des orthodoxes. Cependant,
ils continuèrent à pratiquer en cachette leur foi. Ces nouveaux
convertis constituèrent la population des
« Linonpambakis » qui fusionnèrent avec la
communauté turque implantée par décision du pouvoir
central29(*).
La population turque est issue de l'Asie Mineure. En effet, il
se trouve que dès 1764, les Chypriotes grecs ont commencé
à se révolter contre l'administration du pouvoir central.
Soucieux d'affirmer son pouvoir, le gouvernement ottoman fait appel aux soldats
anatoliens ainsi qu'à quelques familles d'administrateurs turques afin
de mater ces rebellions surtout après les évènements de
182130(*). Ce furent les
premiers habitants d'origine turque à s'installer sur l'île. La
population chypriote turque en 1974 était constituée par les
descendants de ces familles31(*). Il importe de signaler que les flux de migrations
des Anatoliens à la recherche d'emplois et de terre moins hostile que
l'Anatolie n'ont cessé de croître. Suite aux
évènements de 1974, une partie des Chypriotes turcs ont
quitté le pays en destination de l'Angleterre comme terre d'accueil.
Avec la complicité du gouvernement turc, l'administration chypriote
turque a favorisé l'installation de Turcs venus de Turquie afin de
maintenir le statut quo de la partition.
Jusqu'au début des années 70, et malgré
les quelques différends signalés, Grecs et Turcs vivaient
paisiblement sans incidents majeurs, ce qui va à l'encontre de ce que
Henry Kissinger prétend, selon qui « des siècles
durant, Grecs et Turcs avaient cultivé la haine de l'autre, qui
explosait périodiquement en massacres et autres
atrocités »32(*).
2. Chypre sous la tutelle
britannique
2.1. Chypre : un point vital pour la Grande-Bretagne
L'ouverture du Canal de Suez en 1869 a donné à
la petite île une valeur géo-économique et
stratégique de première importance. En effet, située sur
la route de soie des Indes, l'île représente pour les Britanniques
une sorte de tête de pont pour contrôler l'accès à
l'océan indien et bloquer la poussée russe. Des tractations
secrètes ont vu le jour au sujet de l'île de Chypre. Elles ont
abouti aux accords de Constantinople, signés secrètement le 4
juin 1878. L'Empire ottoman, affaibli, accorde aux Britanniques le droit
d'occuper et d'administrer Chypre, qui demeure néanmoins sous
souveraineté ottomane. En contrepartie, les Ottomans ont obtenu la
garantie militaire britannique de repousser toute attaque russe. La Russie
venait de vaincre l'Empire ottoman et de lui arracher Kars, Ardahan et Batoum.
Le traité de Constantinople précise que les Britanniques
devraient restituer l'île si les Russes évacuaient les territoires
qu'ils venaient d'occuper.
En 1914, l'Empire ottoman étant entré en guerre
aux côtés de l'Allemagne, les Britanniques abrogent le
traité de 1878 et annexent Chypre. Cette décision a
été entérinée par le traité de Lausanne en
1923, malgré les protestations grecques. La Turquie est obligée
de renoncer à l'île d'Aphrodite afin de préserver son
territoire confiné lors de l'avènement de la république
kémaliste en 1920. Néanmoins, cette perte amère de Chypre
n'a jamais été acceptée par la Turquie qui s'est mise
discrètement à suivre de près l'évolution des
affaires chypriotes. Cette cession était le résultat direct de
l'affaiblissement de l'Etat ottoman, provoqué par une longue crise aux
multiples aspects dont les Ottomans sont sortis affaiblis. Ils ont subi des
pertes territoriales considérables dans les Balkans : la Roumanie,
la Serbie et le Monténégro ont obtenu leur entière
indépendance33(*).
2.2. Chypre : une
colonie britannique
En 1925, Chypre devient une « colonie de la
Couronne ». Vers 1930, la population se répartit en environ
80% de Grecs orthodoxes et 18% de Turcs musulmans34(*). Depuis l'époque
ottomane, l'archevêque de Nicosie est aussi ethnarque, il exerce donc
à la tête de la communauté grecque des pouvoirs temporels
(administration, éducation, etc.). Il n'a jamais cessé de
revendiquer le rattachement de l'île à la Grèce.
Culturellement parlant, les Chypriotes grecs se considèrent comme Grecs.
La participation massive des chypriotes grecs dans l'armée grecque
pendant la guerre gréco-turque en 1897 imprime ce sentiment
d'appartenance à l'entité grecque.
2.3. Naissance de la lutte
armée
Dès les années 30, un conflit de
compétences opposa les autorités britanniques à
l'ethnarque ce qui provoqua un soulèvement des Chypriotes grecs, qui
réclament l'Enosis, « le rattachement à la
Grèce » considérée comme la
« Mère patrie ». Les autorités britanniques
réagissent en imposant des sanctions, telles que la suppression des
libertés de la presse et de réunion et l'interdiction d'enseigner
l'histoire grecque. Cependant, les Anglais n'ont pas hésité
à faire appel au patriotisme grec des Chypriotes pour défendre la
Grèce contre l'invasion des Allemands35(*).
En janvier 1950, 96% des chypriotes grecs se prononcent par
référendum en faveur du rattachement à la Grèce.
Mais, la Grande-Bretagne ne cède pas à la pression de la rue,
bien que, durant les deux guerres mondiales, elle promît de laisser se
réaliser l'Enosis36(*). Les Chypriotes grecs, lassés par la politique
britannique portent la question chypriote devant l'Organisation des Nations
Unies.
En 1955, l'Organisation Nationale des Combattants chypriotes
l'EOKA sous l'égide du colonel Grivas entame sa lutte contre
l'administration britannique37(*). Ses principales revendications sont l'expulsion des
troupes britanniques, l'autodétermination et le rattachement à la
Grèce. Mais les Britanniques s'opposent à tout changement en
raison de l'importance stratégique de l'île. Le mouvement se
durcit sous la forme de guérilla. Afin de mettre fin à cette
lutte armée, les Britanniques font appel aux auxiliaires musulmans dans
la police. Par conséquent, une haine intercommunautaire voit le jour et
la coexistence des Chypriotes grecs et turcs, auparavant paisible commence
à se détériorer. La communauté turque répond
à l'idée de l'Enosis par celle du Taksim, la
partition. Un mouvement chypriote turc parallèle à l'EOKA voit le
jour. Il s'agit de l'organisation de la défense turque : TMT
(Türk Müdafaa Teskilati ) sous la bannière de Rauf
Denktash. Cette émergence des organisations nationalistes clandestines
marque le début des massacres réciproques des chypriotes y
compris ceux qui refusent la partition et le conflit ethnique en 1958.
La Grande-Bretagne, puissance coloniale se pose alors en
arbitre voire en ultime recours en exploitant les clivages ethnico-religieux.
Cette opposition a servi le pouvoir colonial, utilisant la formule
« Divide and rule » comme partout ailleurs, en
Palestine et aux Indes notamment. Pour accomplir cette division, elle
réintègre la Turquie, pourtant absente de la scène
chypriote depuis 1878. Les premiers heurts interethniques se produisent dans
les années 1956-195938(*).
Ainsi, nous pouvons affirmer que la crise chypriote s'inscrit
dans deux contextes majeurs, celui de la fin de l'Empire ottoman et de la
stratégie britannique visant à diviser pour mieux
régner, afin de retarder la décolonisation. Le cas
chypriote est parfaitement éclairant à cet égard.
3. Vers l'indépendance
Afin de mettre fin aux hostilités frappant l'île,
les Etats-Unis obligent la Grande-Bretagne, la Grèce et la Turquie
à se réunir autour de la table des négociations. Ces
négociations tripartites ont été couronnées par la
signature en février 1959 des accords de Zurich et de Londres39(*), qui stipulent la
création d'une République indépendante de Chypre, tout en
préservant les intérêts des communautés grecque et
turque, et laissent à la Grande-Bretagne la jouissance de ses deux bases
militaires. De même, il a été décidé que la
République de Chypre devienne membre du Commonwealth40(*). Ainsi, l'objectif
stratégique de la Grande-Bretagne visant à sécuriser le
flanc sud-est de l'OTAN a-t-il été atteint mais au prix d'une
internationalisation de l'île et de sa partition en 1959. Un
équilibre fragile est alors établi. La constitution chypriote en
reflète la complexité41(*). Elle est plutôt une sorte d'accord boiteux
entre les différents acteurs impliqués dans ce différend.
De plus, chacun autour de la table de négociation savait que la crise
chypriote était planifiée, organisée et
gérée par les Britanniques. La constitution a eu pour effet
d'entériner la partition du pays en deux ethnies. Elle présente
des similitudes avec le système bosniaque de 199542(*). Cependant, il importe de
signaler que la constitution chypriote ne définit pas de partition
territoriale, celle de Bosnie le fait. Une telle configuration institutionnelle
porte en elle même tous les risques de paralysie sinon la partition de
l'île. La suite des évènements qui ont secoué
l'île va la mettre en lumière. Ainsi les Britanniques ont-ils
divisé Nicosie en deux zones distinctes et instauré un couvre-feu
dans la majorité grecque. La partition territoriale s'est faite
graduellement avec le repli des Chypriotes turcs dans des enclaves après
les troubles intercommunautaires de 1963-1964.
4. L'invasion turque : Chypre
le martyr
Dès le lendemain de la proclamation de
l'indépendance et de la création de la République de
Chypre en 1960, la coexistence entre les deux communautés est devenue
difficile. Chypre est entrée dans une spirale infernale qu'elle aura le
plus grand mal à dominer43(*). Engluée par un différend
intercommunautaire sous l'égide de personnalités intransigeantes
des deux côtés, Chypre suscite l'intervention de la
communauté internationale. A ce stade, nous ne pouvons pas parler de
nation chypriote à part entière, dans la mesure où le
sentiment d'appartenance à la communauté grecque ou turque est
uniquement fondé sur la religion. Ainsi, à titre d'exemple, les
programmes d'enseignement sont importés d'Athènes et d'Ankara.
Pour les nationalistes grecs, l'indépendance est un moyen pour
préparer l'Enosis ; en contrepartie les Turcs cherchent
à turquifier la population Chypriote turque. En avril 1963 après
les tensions intercommunautaires, les casques bleus de l'ONU débarquent
dans l'île pour rester jusqu'à aujourd'hui malgré
l'entrée de Chypre dans l'UE.
De plus, le président chypriote, Makarios44(*), voulait procéder
à une révision de la constitution afin de réduire les
prérogatives de la minorité turque. Mécontente, la Turquie
projette d'intervenir en 1964, mais elle se heurta à l'opposition des
Etats-Unis qui parviennent à trouver un compromis entre la Turquie et la
Grèce45(*). Les
négociations intercommunautaires reprirent entre 1968 et 1974.
En 1974, Makarios demanda en vain à la Grèce de
rappeler les officiers grecs opérant à Chypre. Cependant, les
colonels grecs d'Athènes, alliés des Américains,
fomentent, le 15 juillet 1974, un coup d'Etat en vue d'accomplir
l'Enosis et d'éliminer le président Makarios, fervent du
mouvement des non-alignés, proche du bloc soviétique bien que
foncièrement anti-communiste46(*). En effet, dès son élection en 1959,
Makarios a engagé une politique internationale de neutralité,
pour accroître sa marge de manoeuvre et afin de gagner la sympathie des
pays luttant contre le colonialisme. L'EOKA redevient active dans l'île
et les affrontements entre communautés reprennent. « Pour
se protéger de l'ingérence de la Grèce et de la pression
de la Turquie, Makarios emboîta le pas aux dirigeants égyptien et
libyen, Gamal Abdel Nasser et Muammar Khadafi, en s'alliant avec les
éléments extrémistes des pays non-alignés. Par
ailleurs, et surtout après la prise de pouvoir de la junte militaire
à Athènes en 1967, Makarios rechercha de plus en plus l'appui des
communistes chypriotes contre les machinations du
continent. »47(*). A vrai dire, l'intervention des colonels grecs
répond à un double objectif : mettre fin au non-alignement
de l'île et à son penchant vers l'URSS, ce qui aurait pu
constituer un danger pour les bases stratégiques de l'OTAN, et
réaliser l'Enosis avec la Grèce. Makarios était
ainsi devenu la bête noire des Américains hostiles à
l'instauration d'un « Cuba méditerranéen » et
qui voulaient à tout prix le chasser du pouvoir. D'ailleurs Henry
Kissinger ne cachait pas son antipathie vis-à-vis de ce dernier. Il le
décrit comme « encombrant » : « Nous
n'avons jamais cru une minute qu'il était le « Castro
de Chypre »48(*) et, à vrai dire, si l'on nous en
avait laissé le choix, il n'y aurait pas eu de coup d'Etat, et nous
aurions coexisté avec lui sans problème. Ce n'était pas
une question de coexistence ; nous ne le jugions pas spécialement
antiaméricain. Son grand défaut, s'il en a un, est que ses
talents sont trop grands pour les limites de son île et qu'il pouvait de
ce fait être tenté de jouer sur un registre déstabilisant -
non pour nous, mais pour les autres parties intéressées à
la question de Chypre ».49(*)
Les évènements s'accélèrent
toutefois lorsque l'armée turque riposte immédiatement. Le
débarquement des militaires turcs en été 1974 a
provoqué la fuite des putschistes, la chute de la junte militaire en
Grèce et le retour de Makarios de l'exil. La Turquie occupe de ce fait
la partie nord de l'île (soit 38% du territoire) et expulsent vers le sud
environ 200 000 Grecs. Les Chypriotes turcs vivant au sud se réfugient
en zone nord. Les massacres continuent jusqu'au cessez-le-feu du 16 août
1974. L'occupation turque s'est poursuivie jusqu'à aujourd'hui. C'est
une question géostratégique cruciale pour la Turquie. Le
rattachement de l'île à la Grèce priverait la Turquie de
l'accès à la Méditerranée et l'encerclement des
côtes anatoliennes par un chapelet d'îles toutes grecques.
L'invasion turque a été condamnée par la
société internationale50(*). Les différentes résolutions de l'ONU
ont invité la Turquie au retour des réfugiés et à
respecter la charte des droits de l'Homme. Consciente de son poids
géostratégique et comptant sur son alliance avec les Etats-Unis,
la Turquie a toujours ignoré les résolutions de l'ONU.
5. Chypre : vers deux
Etats
La zone turque ainsi formée se proclame en 1975
« Etat fédéré turc de Chypre ».
Denktash et Makarios se mettent d'accord pour que l'île soit
bicommunautaire, bizonale. Cet accord est parachevé en 1979. En
septembre 1980, les généraux ont pris le pouvoir à
Ankara51(*). Denktash
profite de la situation et annonce en novembre 1983 l'établissement de
« la République turque de Chypre du Nord » (RTCN)
qui n'est reconnue que par la Turquie. La communauté internationale, par
le biais des résolutions 541 de 1983 et 550 de 198452(*) a condamné cette action
unilatérale de Rauf Denktash et a déclaré illégale
et invalide une telle violation de la Constitution chypriote. Par
conséquent, aucun Etat n'a reconnu la nouvelle autorité chypriote
turque.
A ce propos, il importe de souligner que la Turquie a
vainement cherché le soutien auprès des pays arabo-musulmans
comme la Libye, la Tunisie et le Pakistan. La ligne
« verte » est devenue une frontière
hermétique traversant toute l'île par le centre de Nicosie. La
partie sud, grecque, s'est relevée rapidement grâce à la
reconnaissance internationale et à la promotion du tourisme, tandis que
la partie nord, reconnue par la seule Turquie subit l'embargo des autres pays
et les soubresauts de l'économie turque.
6. A la recherche d'une
solution
Dès 1964, les Nations unies ont
envoyé leurs forces (UNFCYP). Elles ont cherché, dans le cadre
des missions de bons offices, à promouvoir le dialogue entre les deux
communautés dans la perspective d'un règlement définitif.
Des négociations interminables qui s'appuient sur les deux accords
qualifiés de haut niveau de février 1977 et de mai 1979 ont
été initiées. Le premier accord signé entre le
président Makarios et Rauf denktash établit le
« guideline » pour les négociations. Il stipule que
l'objectif ultime est d'instaurer un Etat indépendant, non-aligné
et une république fédérale bicommunautaire. Les pouvoirs
seraient confiés au gouvernement fédéral afin de
sauvegarder l'unité de l'île tout en respectant son
caractère bicommunautaire.
Le deuxième accord signé entre le
président S. Kyprianou et R. Denktash en 1979 va plus loin en incluant
la clause du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales
de tous les citoyens, la démilitarisation de l'île en vue de
protéger la souveraineté et l'intégrité
territoriale de Chypre et enfin en chercher un accord pour la
réinstallation des réfugiés Chypriotes grecs à
Varosha. Cependant, ces accords historiques se sont heurtés à
l'intransigeance turque. Depuis, les Nations unies sont impuissantes face
à cette impasse diplomatique. Tout au long de ces années et
jusqu'à l'adhésion de la partie sud à l'UE, on assiste au
même scénario qui traduit parfaitement l'insolvabilité de
la « tragédie chypriote ».
A bien des égards, l'histoire de l'île explique
les antagonismes intenses qui y règnent. Une décolonisation
empoisonnée a dressé l'une contre l'autre deux communautés
- grecque et turque - qui vivaient ensemble depuis des siècles,
jusqu'à aboutir à un véritable « nettoyage
ethnique » par le jeu des expulsions et la partition de facto de
l'île. Depuis, les Nations unies auront consacré une vingtaine de
résolutions à Chypre, pomme de discorde dangereuse entre la
Grèce et la Turquie, deux pays membres de l'OTAN. Sur le terrain, les
intimidations militaires sont plus que monnaie courante, avec
régulièrement des morts le long de la « ligne
verte » qui divise l'île, placée sous protection des
soldats de l'ONU.
Chapitre 2: Les différents protagonistes de la crise
chypriote
Il s'agit essentiellement de donner une idée
brève des stratégies superposées des différents
acteurs impliqués dans l'affaire chypriote avant sa candidature à
l'Union européenne. Chypre est non seulement un pays insulaire
divisé occupant une position géostratégique exceptionnelle
en Méditerranée orientale, mais aussi un objet d'enjeux -parfois
sanglants- entre trois puissances : le Royaume-Uni, la Grèce et la
Turquie53(*). Le
déséquilibre des parties décrivant les jeux complexes de
ces politiques s'explique par le poids de chaque acteur.
I. La
Grande Bretagne
Chypre constitue une pièce maîtresse de la
politique britannique en Méditerranée orientale. Elle jouit d'une
position stratégique permettant aux Britanniques d'oeuvrer dans cette
région et dans celle du Moyen-Orient. Même après
l'indépendance en 1960, la Grande Bretagne a conservé ses deux
bases militaires dans l'île. Tout ceci, bien évidemment, au prix
d'inévitables hostilités interétatiques surtout
gréco-turques et des quelques affrontements entre les deux
communautés. Grâce à sa politique « diviser pour
mieux régner », la couronne britannique a toujours su
exploiter en sa faveur les conflits ethnico-religieux. Elle a ainsi
adopté une politique d'étapes pour arriver à ses fins
géostratégiques. En effet, après l'éviction des
Ottomans et l'annexion de Chypre en 1925 lorsque la Turquie renonce
définitivement à l'île avec le traité de
Sèvres et plus tard par celui de Lausanne. Néanmoins, la
Grande-Bretagne n'a pas fini avec la Turquie. Elle utilise Chypre comme monnaie
d'échange pour former des coalitions ou obtenir des faveurs de tel pays
ou tel autre. Ainsi, à titre d'exemple, la Grande-Bretagne n'a pas
hésité à promettre Chypre au roi Constantin de
Grèce à condition que ce dernier entre en guerre à
côtés des Alliés. Mais devant le refus de ce dernier,
l'espoir de voir Chypre et la Grèce réunies a été
avorté. Lorsque Vénizelos renverse le roi Constantin et la
Grèce entre en guerre à côté des Alliés,
l'Angleterre fait la sourde oreille et oublie ses promesses.
A partir de 1955, l'île connaît les affres de la
décolonisation. Ainsi, entre 1955 et 1959, afin de réaliser
l'Enosis, les nationalistes grecs de l'EOKA ont-ils livré une
guérilla sans merci aux troupes britanniques. Soucieuse de sauvegarder
ses intérêts stratégiques, Londres rejette ces
revendications et fait appel à la Turquie. A ce propos, Henry Kessinger
affirme que « paradoxalement, la soumission à un
adversaire extérieur plus puissant s'est souvent
révélée plus tolérable que l'autorité d'un
adversaire ethnique abhorré occupant le même
territoire. »54(*).
II. La
Grèce
Dès les années 50, la Grèce fait de
l'Enosis de Chypre une priorité dans sa politique régionale.
Cependant, à cause de la situation internationale et ses obligations
multiples sur le plan national, elle est incapable d'agir efficacement pour un
rattachement immédiat. Faute de moyens, Athènes se résigne
à soutenir ouvertement la guérilla menée sur deux
fronts : le front politique par Makarios et le front militaire par le
Colonel Grivas et son EOKA. L'Eglise grecque et chypriote autocéphale
joue un grand rôle. Dimitri T. Analis décrit la volonté
grecque d'intégrer chypre comme étant « la passion,
le romantisme et toutes sortes d'exaltations »55(*). Il s'agit des vestiges de la
« Grande Idée », écrit-il. En 1951, la
Grèce chercha l'appui de l'ONU, mais en vain. Faudrait-il rappeler que
les institutions onusiennes sont sous influence occidentale ? Cependant,
pour les puissances occidentales, il n'est pas question de prendre position ni
pour la Grèce ni pour la Grande-Bretagne ou encore la Turquie. La guerre
froide ajoute encore une autre contribution au statu quo de l'île :
la Grèce est incapable de protéger une telle base aussi vitale
pour la défense des pays occidentaux et ne pouvait dès lors
compter sur leur appui. En effet, le combat grec pour inscrire la question
chypriote à l'ONU n'a pas porté ses fruits et la Grèce se
trouve prisonnière des enjeux régionaux et internationaux. Elle
le reste jusqu'à nos jours.
Emportée par la ferveur de ses revendications, la
Grèce se perd en chemin et fait abstraction du facteur turc qui occupe
une partie de l'île. En effet, Athènes trouve inadmissibles et
exorbitantes les concessions qu'elle devrait consentir : droit de veto au
vice-président turc, participation de la communauté turque
à 30% dans l'administration et à 40% dans l'armée.
A partir de 1974, tous les gouvernements grecs quelle que soit
leur orientation idéologique ou la spécificité de leur
approche de la politique étrangère, ont développé
un large consensus concernant le danger turc et la question chypriote a pris
une signification symbolique particulière. Cependant, la relation entre
Athènes et Nicosie est parfois verticale. Athènes « le
grand frère » ne cesse d'affirmer son rôle de protecteur
des intérêts chypriotes. Si la « Nouvelle
démocratie » de 1974 à 1981 en Grèce se
contentait de soutenir les actions de Nicosie et lui laisser une grande marge
de manoeuvre, l'avènement en 1981 au pouvoir du parti socialiste
« PASOK » a marqué la volonté du gouvernement
grec de réaffirmer sa primauté sur celui de Nicosie. Cette
attitude a crée des protestations des Chypriotes grecs. Les
années 90 et particulièrement après la candidature
chypriote à l'Union européenne, marquent la normalisation des
relations Athènes - Nicosie. En effet, le gouvernement grec a
milité et utilisé toutes sortes de menaces et pressions afin que
Chypre rejoigne l'UE56(*).
III.
La Turquie
Héritière directe de l'Empire ottoman, elle
était amèrement évincée du paysage politique
chypriote. Mais, grâce à la politique pragmatique britannique
à Chypre, elle se retrouve de nouveau au devant de la scène
chypriote. Les revendications turques sur l'île s'officialisent avec
l'invitation britannique adressée à Ankara à assister en
juillet 1955 à la Conférence de Londres. Ainsi, les Chypriotes
grecs se trouvent piégés de par la politique britannique. Le
problème chypriote devient une cause nationale pour les Turcs. En effet,
le président Demirel en visite en décembre 1998 à Nicosie
du nord a déclaré que « les gouvernements vont et
viennent en Turquie, mais la question de Chypre est toujours suivie de
très près par les dirigeants en place, parce que Chypre est la
cause nationale de toute la nation turque»57(*).
IV. La
rivalité américano-soviétique
Américains et Soviétiques, percevant
l'importance stratégique de l'île, avaient des objectifs
diamétralement opposés. En effet, pour les Etats-Unis, il
s'agissait essentiellement de préserver la cohésion atlantique et
de prévenir une nouvelle percée soviétique. Cette
volonté américaine se heurtait à l'intransigeance des
revendications contradictoires de deux alliés atlantiques : la
Grèce et la Turquie. La rivalité gréco-turque rendait
difficile la détermination d'une position américaine sur la
question chypriote. Car appuyer la Turquie ou la Grèce
équivaudrait à rejeter un allié atlantique.
Confrontés à cette crise grave, les Américains voulaient
à tout prix maintenir le traitement du différend au sein de
l'alliance atlantique.
En revanche, les Soviétiques souhaitaient gêner
voire même déloger l'Alliance atlantique de la région.
L'union à la Grèce, l'annexion par la Turquie, le partage de
l'île n'étaient pour l'Union Soviétique que trois
manières différentes pour que l'île intègre ipso
facto l'alliance atlantique. Cependant, l'URSS préférait la
renaissance nationale du peuple chypriote sous l'égide d'Akel ce qui
aurait conduit Chypre à rejoindre le mouvement de lutte
anti-impérialiste. La lettre envoyée par Kroukhtchev en
février 1964 à la Turquie pour la mettre en garde contre toute
action hostile au peuple chypriote traduit parfaitement l'implication de l'URSS
dans l'affaire chypriote. En août de la même année à
la suite des raids turcs contre les villages chypriotes, une autre lettre fut
adressée aux Turcs dans laquelle les Soviétiques affirment leur
détermination à défendre Chypre contre toute agression
extérieure.
La chute du rideau de fer met fin à la grandeur
soviétique. Les Américains déjà présent en
Turquie ne peuvent qu'amadouer leur éternel partenaire : la
Turquie. Désormais, Chypre se trouve dans la zone d'influence de l'Union
européenne58(*). La
Grèce adhère à la CEE en 1981, la Turquie est
également candidate. Chypre rejoint l'Europe en mai 2004 avec la
seulement la partie Sud. Pour les Chypriotes grecs, l'adhésion est
considérée comme une chance pour se protéger de la
Turquie, alors que pour les Chypriotes turcs est une occasion de sortir du
marasme économique.
DEUXIÈME PARTIE : LA QUESTION EUROPÉENNE
À CHYPRE
Chapitre 1 : Pourquoi Chypre
est- elle éligible ?
I.
Définition de l'identité européenne
Avant d'exposer la longue marche chypriote vers l'Europe, d'un
point de vue chronologique et historique, il est indispensable de revenir sur
les critères « d'européanité » qui
déterminent généralement l'éligibilité d'un
pays candidat à l'adhésion à l'Union européenne
(UE) et particulièrement pour Chypre.
Depuis les années 90, le nombre de pays désirant
rejoindre l'UE ne cesse d'augmenter. En effet, l'UE est unique en son genre,
car elle offre une zone assurant à la fois un niveau de vie
élevé avec notamment l'attribution de subventions pour le
développement des zones les plus pauvres, une démocratie, des
droits garantis pour l'individu et l'accès à un large
marché de consommateurs. Pour ce faire, le postulant doit se plier aux
règles de l'organisation - UE- et accepter des conditions de fond et
des procédures déjà mises en place.
L'article I-58 de la Constitution européenne
intitulé « Critères d'éligibilité et
procédure d'adhésion stipule que « l'Union est
ouverte à tous les Etats européens qui respectent les valeurs
visées à l'article I-2 et s'engagent à les promouvoir en
commun »59(*). Cette double obligation n'est pas nouvelle puisqu'on
la trouve présente dans le traité instituant la communauté
économique européenne du 25 mars 195760(*). Ainsi, nous pouvons
déceler a priori trois conditions d'accès : a) être un
Etat, b) être un Etat européen et 3) adopter les valeurs de
l'Union et s'engager à les promouvoir en commun.
Si la première condition ne pose pas de problème
vu que la notion d'Etat est clairement définie par les normes du droit
international, il en va différemment des deux autres conditions. Etre un
Etat européen constitue la condition géopolitique à toute
adhésion préalable. Si on procède à une analyse
schématique de la condition géopolitique, on trouve que le
critère géographique est difficile à cerner. Cette limite
a été démontrée par les discussions relatives
à la candidature turque ce qui a provoqué l'examen des
frontières de l'UE qui restent indéterminées. N'est-il pas
vrai que le Maroc a vu sa candidature rejetée en 1987 à cause de
sa situation géographique ? Peut-on admettre que le critère
géographique est décisif dans les processus d'adhésion ou
serait-il un prétexte d'élimination des pays
indésirables ?
La deuxième condition qui ressort de la notion
d'« Etat européen » est l'identité
européenne. Dans ce contexte, TUNY Edwige qualifie cette question de
problème de taille61(*). En effet la notion « d'Etats
européens » est ambiguë et incite à s'interroger
sur la définition de l'identité européenne. Alors comment
définit-on un Etat européen ?
La Commission européenne, consciente de
l'ambiguïté de cette notion, a essayé de définir les
critères d'européanité. « Le terme
européen combine des éléments géo-historiques et
culturels qui, ensemble, contribuent à l'identité
européenne. L'expérience partagée de proximité,
d'idées, de valeurs et d'interactions historiques ne peut être
condensée en une formule simple et reste sujette à une
révision par chaque génération ...Il n'est donc ni
possible ni opportun de définir maintenant les frontières de
l'Union européenne dont les contours se construiront au fil du
temps »62(*). Cette définition met en valeur les conditions
géographique, historique et culturelle sans pour autant oublier la
condition politique, clé de toute adhésion63(*). Cette dernière
condition est mise en valeur lors du Conseil européen de 1993 à
Copenhague64(*). Par
conséquent, il ne faut pas définir l'Union européenne dans
sa géographie, mais dans sa culture et son histoire.
En guise de conclusion, trois critères principaux sont
à ne pas négliger dans le processus d'adhésion à
l'Union européenne. D'abord, une condition préalable et
indispensable à toute adhésion : l'appartenance de l'Etat au
continent européen. Ensuite, il faut envisager la conditionnalité
politique dans le cadre de l'acquis communautaire65(*). C'est-à-dire avoir un
système démocratique, parlementaire avec des institutions stables
qui assurent le respect des libertés fondamentales et les droits de
l'homme et une économie de marché
II.
Les origines européennes de l'île
Selon l'avis de la Commission rendu le 30 juin 1993 concernant
la demande de Chypre, « la situation géographique de
chypre, les liens profonds qui, depuis deux millénaires, situent
l'île aux sources mêmes de la culture et de la civilisation
européennes, l'intensité de l'influence européenne, tant
dans les valeurs communes au peuple chypriote que dans l'organisation de la vie
culturelle, politique, économique et sociale de ses citoyens ainsi que
l'importance des échanges de toute nature entretenus avec la
communauté confèrent incontestablement un caractère et une
identité européens à Chypre et confirment sa vocation
à appartenir à la Communauté »66(*).
Si on analyse pourtant cette déclaration plus
attentivement, on est amené à conclure que la portée de ce
texte -« la situation géographique de Chypre ...
confèrent incontestablement un caractère et une identité
européens à Chypre, etc. » - est bien
limitée. Car, si culturellement, Chypre a un héritage en commun
avec les pays européens, elle a été toujours
associée géographiquement aux pays asiatiques. Dans ce contexte
Semih Vaner expose explicitement ce point de vue « et pourquoi la
Turquie, serait-elle en Asie alors que Chypre, qui vient d'entrer dans l'Union,
de surcroît plus à l'est qu'Ankara, serait
considérée comme européenne »67(*). En effet,
géographiquement, Chypre est beaucoup plus proche de l'Asie et du
Proche-Orient que de l'Europe68(*). Par conséquent, c'est le facteur historique
et culturel qui a constitué un atout majeur et joué en faveur du
dossier chypriote en dépit de ses divergences profondes et ses divisions
insurmontables de l'île.
1. Un héritage
gréco-romain omniprésent
« Son passé occidental, sa culture
pétrie des valeurs européennes, ses liens et ses échanges
de toute nature entretenus depuis des lustres avec l'Europe, lui
confèrent une identité
européenne »69(*). Malgré les différentes invasions
subies par l'île de Chypre, cette dernière a su sauvegarder son
héritage gréco-romain appartenant à la tradition
occidentale. Vers le 13ème siècle av J.C, les
Achéens se sont installés à Chypre et y ont fondé
des royaumes-cités sur le modèle mycénien en introduisant
la culture grecque. Elle fut le centre de pouvoir du monde grec pendant des
siècles. Au 5ème siècle av J.C, Evagoras de
Salamine prend le pouvoir et fait de Chypre la capitale politique et culturelle
du monde grec. Elle le restera sous la domination des Ptolémées
d'Egypte et plus tard sous celle des Romains. Lors de la division de l'Empire
romain au 4ème siècle ap J.C, Chypre devient une
province de l'Empire byzantin. Elle restera byzantine jusqu'en 1191.
Malgré la domination turque entre 1571 et 1950, l'île a su garder
sa langue et sa culture intactes70(*). Faut-il rappeler à ce stade que l'Empire
ottoman n'a jamais cherché à acculturer les peuples qu'il domine.
Sa conquête se limite à étendre ses territoires sans pour
autant mener une politique socio-culturelle à l'instar des grandes
puissances occidentales comme la France et l'Angleterre.
Ethniquement grecque, Chypre n'a jamais cessé de se
reconnaître dans la culture hellénique jusqu'à revendiquer
son appartenance à la mère-patrie, la Grèce. La
majorité de la population pro hellène souhaitait le rattachement
à la Grèce. D'ailleurs, cette dernière a toujours
milité en faveur de la candidature chypriote au sein de l'Union
européenne. Cette dominance du facteur grec dans l'île a
été confirmée par le dernier recensement officiel
effectué en 1960 qui montre que les chypriotes turques ne
représentaient que 18,3% de la population.
A bien des égards, Chypre appartient à cette
civilisation et culture communes définies par l'Europe. Les
références principales de cette communauté culturelle sont
les valeurs chrétiennes occidentales (catholiques, protestantes ou
orthodoxes) et « l'attachement aux valeurs de l'humanisme
européen »71(*) inspiré principalement de l'héritage
gréco-romain. En vérité, l'originalité de la
pensée européenne, en tant que spécificité
inaugurale, se tient précisément dans la Grèce antique
avec la naissance de la métaphysique et simultanément celle de la
tragédie. »72(*) - D'ailleurs, il importe de souligner que pendant les
débats au sujet de la constitution européenne, les
différents négociateurs voulaient inscrire dans les articles de
la constitution la référence à ces valeurs73(*)- auxquelles Chypre a toujours
été attachée malgré les différentes
invasions.
2. Une religion commune : le
Christianisme
Il n'est pas douteux qu'à l'égard de toutes les
autres populations, l'Europe apparaît comme une terre chrétienne.
L'héritage culturel et historique n'exclut pas la religion qui,
généralement instaure des codes de conduite propre à une
ou plusieurs communautés liées par la religion. Le message de la
religion chrétienne - diversifié depuis la querelle du
« filio que » au X siècle, où se sont
séparées une Europe pontificale dont Rome est le centre
religieux, et une Europe orthodoxe dont les églises sont
autocéphales - est le facteur commun de l'ensemble des pays qui ont
adhéré jusque là à la Communauté
européenne puis à l'UE.
De ce fait, la religion constitue le deuxième facteur
favorisant l'adhésion chypriote à l'Union européenne. Le
christianisme a été introduit à Chypre par les
Apôtres Saint Paul et Saint Barnabé au cours du 1ier
siècle de notre ère en convertissant le proconsul Sergius Paulus
au christianisme. Elle devient de ce fait le premier pays dirigé par un
Chrétien. Chypre en est fière étant donné que Saint
Barnabé est considéré comme le fondateur de
l'église chypriote.
Les débats liés au contenu du préambule
de la Constitution européenne vont clairement dans ce sens. Ils portent
essentiellement sur la possibilité d'y inscrire ou non la
référence à Dieu ou aux valeurs chrétiennes. Cette
question est un enjeu de taille suscitant de nombreuses discussions sur les
racines culturelles de l'identité européenne. La question est de
mentionner que le christianisme est historiquement le fondateur de la culture
et de l'identité européenne74(*). Dans ce contexte, sept pays (l'Italie, la Lituanie,
Malte, la Pologne, le Portugal, le République tchèque et la
Slovaquie) ont manifesté leur souhait lors de la réunion du
Conseil européen du 18 juin 2004, pour que le préambule comporte
la référence à la religion. Le « patrimoine
spirituel » a remplacé l'héritage religieux75(*). Ce critère explique
t-il en partie la réticence de l'Europe à accepter la Turquie au
sein de son club qualifié de « Club
chrétien » ?
3. La colonisation britannique
Enfin, il faut bien reconnaître que la colonisation
britannique a joué un rôle important dans la détermination
de son identité européenne. Chypre a vécu sous la tutelle
britannique pendant un siècle. Par conséquent, elle s'est
éloignée du modèle turco-moyen-oriental76(*). La colonisation britannique a
sombré le pays dans des divisions ethniques, mais elle a apporté
des effets positifs dans la modernisation des institutions politiques,
économiques et judiciaires77(*) et a effacé les traces de l'administration
ottomane déjà en faillite. En effet, le système juridique
est calqué sur le droit britannique78(*).
4. Le paysage
médiatique
Les manifestations culturelles sont nombreuses au sein de la
petite île. Cette diversité culturelle se traduit dans le paysage
médiatique Chypriote grec. Malgré la censure qui régnait
sur le paysage des médias chypriotes tout au long de la colonisation, la
jeune République contrairement à la partie Nord, s'est
dotée dès son indépendance d'un réseau
médiatique où la liberté d'expression est
respectée. Journaux, hebdomadaires et revues79(*) de toutes tendances politiques
s'expriment librement. Cette caractéristique démocratique
n'était ni inspirée du voisin grec, lequel a connu des
années sombres de dictature, ni de son entourage proche-oriental
où « j'écris donc je suis censuré ».
Elle est inspirée essentiellement de l'influence occidentale et
particulièrement de l'héritage britannique. En ce qui concerne la
télévision et la radio, elles ont vu le jour assez tardivement.
En revanche, ce constat ne doit pas occulter la quasi inexistence d'une presse
libre dans la partie Nord. En effet, les médias Chypriotes turcs sont
soumis à la censure de la part non seulement de l'administration
chypriote turque, mais aussi de la part de Turquie80(*). Cette réalité
médiatique imprime non seulement le niveau de développement de
Chypre mais également de la capacité de ses citoyens à
s'intégrer à une organisation telle que l'Union
européenne81(*).
5. L'enseignement
Au-delà de la liberté de la presse, le niveau
d'enseignement chypriote est réputé pour être relativement
élevé en dépit de l'ouverture tardive de la
première université chypriote en 199282(*). En effet, la plus grande
partie des étudiants continue ses études à
l'étranger en l'occurrence en Angleterre83(*). Désireux de fuir le climat politique sinistre
de l'île surtout après la crise de 1974, les étudiants
intègrent les universités britanniques84(*). Ce choix émane, d'une
part des affinités culturelle et linguistique et d'autre part de la
réputation de l'enseignement anglo-saxon. En 1998, 70% des
étudiants85(*) de
l'île suivent leur scolarité dans des universités de
l'Union européenne. Les universités américaines
constituent aussi une destination privilégiée ces
dernières années. Cette mobilité estudiantine a permis de
former une main d'oeuvre performante et hautement qualifiée. En
conséquence, l'île profite de leurs compétences qui
permettent de développer des secteurs traditionnellement
réservés aux grandes puissances telles que les nouvelles
technologies ou la haute technologie. Ces compétences sont à ne
pas négliger dans la quête de l'Union européenne.
6. Le miracle
économique
L'économie est un atout de plus en faveur de
l'intégration. La promotion de l'économie de marché semble
être l'un des dénominateurs communs à tous les Etats
membres de l'UE. L'avis favorable de la Commission en acceptant la candidature
chypriote n'impliquait pas immédiatement l'intégration de Chypre.
Cependant, il favorisait un début de négociation dont les pays
membres sont les seuls décideurs. Cette période visait aussi
à tester la capacité de Chypre à adopter l'acquis
communautaire86(*).
Chypre est incontestablement un cas singulier au centre de la
Méditerranée. Paradis fiscal contesté, elle n'en demeure
pas moins l'un des meilleurs élèves dans le club européen,
car elle offre depuis quelques années une économie saine et
prospère dans une zone géographique quelque peu troublée.
Elle a réajusté son système de sociétés
d'off-shore dans le cadre des réformes imposées par l'Union
européenne.
Fraîchement indépendante, la République de
Chypre a hérité de la Couronne britannique une économie
périclitée. Cependant, cette décadence n'a pas
empêché le gouvernement chypriote de mettre en place des
réformes économiques et sociales. Ces réformes
étaient destinées en premier abord à aider les
réfugiés. L'économie, bouleversée par le conflit
(la zone agricole la plus riche, avec Famagouste, est sous contrôle
turc), repose surtout sur l'agriculture de la plaine centrale
(céréales, vigne, fruits, agrumes et coton), et l'extraction de
minerais de fer (pyrite), de cuivre, d'amiante et de chrome. Il existait une
petite industrie de transformation (textiles, cigarettes, ciment, raffinage du
pétrole).
Après l'invasion turque et la division de facto de
l'île en deux parties, le Sud, contrairement à la partie Nord
habitée par les Turcs s'est remarquablement adapté à la
situation et les 160.000 réfugiés chypriotes grecs se sont
intégrés facilement. Depuis le début des années
1980 un renversement s'est opéré, et le Sud grec jouit
désormais d'une économie florissante alors que le Nord s'enfonce
dans la récession. Le climat, les sites pittoresques, les belles plages,
de nombreux vestiges antiques et des monuments médiévaux font que
le sud de l'île, doté d'un bon équipement hôtelier,
devient une importante région touristique87(*). L'aéroport de Nicosie,
toujours sous contrôle de l'ONU, a été remplacé par
Larnaca. Paphos et Limassol ont bien développé leurs
infrastructures afin d'accueillir les flux de touristes. Ainsi, deux millions
de touristes par an, en majorité britanniques et scandinaves, permettent
une rentrée de devises de l'ordre de 1à 5 milliards de dollars.
Les services comptent aussi beaucoup dans le bilan économique :
dépenses des contingents militaires étrangers, revenus de la
flotte battant pavillon chypriote (2.400 navires et 23 millions de tonnes),
sociétés étrangères offshore, opérations de
transit à destination des pays proche-orientauxont. La diaspora
chypriote (500.000 personnes) en Grande Bretagne, dans les pays du Commonwealth
ou en Amérique du Nord contribue également par ses capitaux
à l'essor économique de l'île. Les Chypriotes grecs ont un
revenu par tête d'habitant supérieur à ceux de la
Grèce et du Portugal, pays qui ont tous rejoint la Communauté
dans les années 80.
De ce fait, la partie du Sud, habitée par les
Chypriotes grecs, répondait bien à la plupart des critères
exigés pour rejoindre l'Union européenne et même pour
passer à la monnaie unique (adhésion prévue pour 2008).
C'est dans ce contexte que Chypre avait formulé sa demande
d'adhésion à l'Union européenne qui a fait l'objet d'une
acceptation de principe, mais sous la réserve du règlement
préalable de son conflit intercommunautaire interne. Grâce
à la pression du « frère grec », cette clause
a été bannie des conditions d'adhésion.
Chapitre 2 : La question européenne à
Chypre
I. Vie
politique à Chypre et question européenne
1. Les partis politiques
Les premières années qui ont suivi
l'indépendance de la république de Chypre ont
déterminé l'orientation des partis politiques chypriotes. Les
grandes formations politiques de l'île entament une compagne politique
intensive dont la question chypriote constitue l'ultime priorité. Cette
priorité présentait une vraie cause nationale. En effet, les
partis se sont lancés dans une course de débats et de
théories concernant l'avenir de l'île. Cependant, ces discussions
étaient centrées sur l'avenir de la population Chypriote grecque
en marginalisant peu ou prou les Chypriotes turcs88(*).
Mais au fil des années, la divergence des partis
politiques s'est accrue rapidement après les discussions
intercommunautaires de 196889(*). Dans ce contexte, Mgr Makarios a institué en
1976, un Conseil national90(*) dont la mission est de coordonner et d'harmoniser les
positions des partis politiques sur le problème chypriote. Ce même
conseil a approuvé les accords qualifiés de haut niveau :
d'abord, la signature de celui de février 1977 entre le président
Mgr Makarios, ensuite l'accord de mai 1979 entre le président Sypros
Kyprianou et Rauf Denktash.
De ce fait, le système des partis politiques chypriotes
est complexe. Depuis l'indépendance de Chypre, la politique des partis a
semblé se caractériser par son instabilité, d'abord
marquée par l'intention d'ancrer le clivage gauche-droite, puis la
recherche d'une solution à la division tragique de l'île. Lorsque
la Grèce rejoint la Communauté européenne, les principaux
partis politiques sont devenus partisans de l'adhésion à
l'exception des communistes jusque là très proches de Moscou.
A l'aube des années 90, tous les regards se sont
tournés vers la question de l'adhésion de Chypre à l'Union
européenne et un éventuel règlement du conflit chypriote
sous l'égide des Nations unies. Dans ce contexte, les leaders des partis
ont fait de l'adhésion leur fond de commerce électoral, quitte
à retoucher leur idéologie. L'exemple du remaniement des
priorités du parti communiste AKEL dont la politique sera
présentée plus loin est éclairant à ce propos. Nous
tenterons par la suite d'explorer la question européenne vue par les
principaux partis politiques chypriotes.
Aujourd'hui, on recense cinq principaux partis qui depuis mai
2004 se disputent les sièges et sur la scène politique chypriote
et sur l'échiquier européen. La politique europhile de l'ensemble
des partis se reflète dans la politique étrangère du
pays : la priorité est donnée aux relations avec l'Union
européenne. Deux ans après l'entrée à l'Union
européenne, la question de la réunification de l'île
était au coeur de la compagne électorale des législatives
du 21 mai 2006 qui se sont soldées par la le renforcement de la
coalition gouvernementale. L'Akel reste de loin le principal poids lourd de la
coalition avec 31,6% des voix malgré une baisse de 3,7% (34,71% des voix
en 2001). Le parti d'opposition Disy qui a réalisé un bon score
arrive juste derrière Akel (30,4% des voix). Le parti au pouvoir Diko a
obtenu 17,91% des voix suivi par les autres partis de la coalition : le
parti socialiste Edek ; l'Europarti Evroko et les Verts91(*).
Si les grandes formations politiques ont toujours
affiché leur soutien au projet européen il existe une certaine
dichotomie idéologique qui prévaut dans leurs approches de
l'adhésion.
1.1. Le parti démocratique chypriote grec (Dimokratiko
Komma ) DIKO
Diko, le parti de l'actuel président M. Papadopoulos,
est un parti du centre gauche. Soutenu par les Socialistes et l'église
orthodoxe, Diko est devenu très populaire grâce à son
intransigeance et son rejet d'une coexistence fédérale. Le parti
revendique un Etat unitaire. Il a été longtemps dominé par
l'influence de l'ancien président Kyprianou. Diko s'est
présenté uni avec les deux autres formations de gauche :
Akel et Edek aux élections présidentielles de 2003. Cette
alliance a permis au nouveau leader du parti, Tassos Papadopoulos d'être
élu président. Le parti a été l'artisan de la
compagne du « non » au référendum sur le plan
onusien en avril 2004.
Le parti a milité dès les années 70 pour
la coopération entre Chypre et la CEE. D'ailleurs, il se définit
comme un parti démocratique qui adhère aux valeurs de la
démocratie occidentale, de liberté et de justice. Il estime que
cette idéologie s'inspire des valeurs démocratiques
chrétiennes.
1.2. Le parti progressiste des
Travailleurs (Anorthothikon Komma Ergazomenou Laou) Akel
Le parti progressiste des travailleurs Chypriotes Akel,
demeure de loin le plus grand parti politique au parlement, membre de
l'alliance qui forme le gouvernement de Tassos Papadopulous. Le parti continue
à revendiquer son identité communiste et siège au
parlement européen avec le groupe de gauche, l'Europarti (Evroko).
L'Akel était hostile au partenariat euro-chypriote
dès les années 60, date à laquelle le Président Mgr
Makarios cherchait un partenariat avec la Communauté européenne
afin d'assurer la sécurité de l'île. Dès le
début, l'Akel s'est opposé aussi bien à l'adhésion
de Chypre à la CEE qu'à son association à cette
organisation. Ses leaders estimait que l'intégration capitaliste en
Europe occidentale démontre l'aboutissement et le renforcement de la
domination des monopoles sur l'échiquier mondiale. Cette domination se
traduit explicitement par l'emprise des pays capitalistes forts sur les pays
faibles. Dinos Constantinou92(*) va dans ce sens en affirmant que « ce
que représente la politique de la CEE à l'égard d'un petit
pays ayant conquis son indépendance à une époque
relativement récente, nous, Chypriotes, l'avons appris à nos
dépens »93(*). Cette conception trouve son essence dans la
perception du parti de la communauté européenne En principe, le
parti Akel est opposé à la privatisation et à la
libéralisation, mais il accepte les implications de la politique
économique qui résulte de l'adhésion de Chypre à
l'Union européenne. Cependant, l'Akel était le principal opposant
au processus de ratification de Chypre du traité constitutionnel
européen en 2005.
De par le passé, Akel a adopté les politiques
les plus modérées à propos du problème chypriote.
En contrepartie, dès les années 90, nous assistons à un
remodelage de sa politique. Lors du référendum sur le plan Annan,
Akel opte pour le non après l'avoir soutenu. Akel estime que ce plan
manque de garanties de sécurité suffisantes pour l'avenir des
Chypriotes grecs. 10%94(*)
de ses électeurs se sont abstenus après que la direction a
appelé à voter non. Selon le journal grec Elethérotypia
(gauche indépendant), l'Akel est le grand perdant suite à
l'abstention de ses électeurs - or, le vote à Chypre est
obligatoire - et de sa politique ambiguë. Cette reformulation de la
politique du parti s'explique autant par l'évolution du contexte
international que par la situation politique de Chypre. Beaucoup amputent la
chute d'Akel à sa politique largement incohérente concernat la
réunification de l'île.
1.3. Le rassemblement unitaire
du centre démocratique (Eniaia Demokratiki Enosis Kendrou)
Edek
Fondé en 1969 par Vassos Lyssarides, médecin et
ami du président Makarios, ce parti se définit comme un parti de
centre-gauche avec une sensibilité modérée qui ne se
trouve pas dans le projet politique d'Akel. Il est réputé pour
ses opinions intransigeantes voire extrémistes concernant la question
chypriote. Sur le plan de la politique étrangère, Edek
était opposé au plan de l'Otan. Il a fait des relations avec les
pays arabes et africains sa priorité en matière de politique
internationale. Cependant, dès que Chypre a manifesté sa
volonté de rejoindre l'UE, il s'est tourné vers les pays
européens. Il a toujours compté sur le renforcement du dispositif
militaire hellénique et l'entrée de Chypre dans l'union
européenne afin de chasser « l'ennemi turc ». En ce
qui concerne sa position vis-à-vis des différents plans onusiens,
le parti de centre-gauche est hostile aux propositions onusiennes étant
donné qu'elles n'ont jamais été suffisantes pour un
retrait des troupes turques de la partie Nord. De ce fait, cet argument est
avancé par la majorité des formations politiques dans la
justification de leur rejet.
1.4. Le rassemblement
démocratique (Dimokratikos Synagermos) Disy
Il a été fondé en 1976 par l'ancien
président Glafcos Cléridès. Sur le plan économique
et social, le Rassemblement démocratique a une vision libérale de
l'économie qui le situe à droite du clivage politique chypriote.
Il représente les intérêts de la communauté des
affaires et les classes moyennes. Son discours est bien accueilli par les
entrepreneurs, d'ailleurs très nombreux sur l'île, et les classes
moyennes. Cette base très large lui assure un poids électoral
à ne pas négliger malgré sa défaite lors des
dernières élections présidentielles. Néanmoins, il
reste le deuxième parti après Akel. Ce constat s'est
confirmé par les résultats des législatives du 21 mai
2006. Cependant, il a du mal à imposer sa politique à cause de la
présence en son sein des anciens combattants de l'EOKA95(*). Désormais, il
constitue le principal parti d'opposition.
En ce qui concerne la question nationale, il est favorable au
dialogue intercommunautaire. Cette attitude est inspirée essentiellement
par son leader Glafcos Cléridès. Malgré ses liens
très étroits avec l'ancienne organisation
« terroriste», l'ancien président a toujours
adopté des positions souples en favorisant les négociations entre
les deux communautés. De plus, il voulait mettre fin à l'emprise
turque sur les affaires de la partie Nord en proposant des aides aux Chypriotes
turcs, surtout dans le domaine éducatif96(*). Ce parti mène une politique qu'on peut
qualifier de « réalisme politique ». Nonobstant ce
réalisme pragmatique, il existe au sein du parti des divergences
patentes à cause de la présence des militants de l'EOKA-B dont la
position est plutôt intransigeante. Pierre Blanc affirme que
« l'aspect pluriel de ce parti est particulièrement
perceptible à travers l'existence de deux journaux proches du Disy mais
dont la tonalité est assez différente. Alithia (« La
Vérité »)...représente une sensibilité
« chypritiste » et très tournée vers le
dialogue intercommunautaire, tandis que Simerini (« Le Journal du
jour ») représente une sensibilité helléniste
et clairement anti-turque. »97(*)
Conscient que le temps joue contre les Chypriotes grecs, DISY
sous l'égide de Cléridès a toujours soutenu les plans
onusiens. Pour accéder enfin à l'Europe et panser la plaie
chypriote, le parti a soutenu le plan Annan. Il a appelé pour le oui et
a enregistré une grande victoire tandis qu'Akel a enregistré une
chute inattendue. Dans ce contexte, il importe de souligner que
Cléridès souhaitait prolonger son mandat afin de mener Chypre
à terme au sein de l'Europe. Tandis que Papadoupolos a mené une
campagne en démontrant les limites de la politique de
Cléridès. Papadopolous a déclaré que l'obsession de
son rival de privilégier les problèmes liés à
l'adhésion de l'île à l'Union européenne mettrait
les priorités nationales en péril98(*).
2. L'église
orthodoxe : un poids politique déterminant
La politique européenne de Chypre c'est-à-dire
l'essentiel de sa politique étrangère a dans l'ensemble le
soutien de l'opinion publique. L'opinion chypriote grecque s'est toujours
révélée pro européenne. Selon un sondage
effectué en 1995, 79% de l'opinion est favorable pour l'adhésion
de Chypre à l'Europe99(*). De plus, les partis pro européens
reçoivent un immense soutien populaire. Néanmoins, le peuple
Chypriote grec est influencé en grande partie par l'église
orthodoxe qui joue un rôle important dans la vie publique. Le poids
politique de l'église autocéphale n'est pas récent bien au
contraire. Il remonte loin dans l'histoire chypriote. Fondée au
1er siècle par Saint Paul et Saint Banabé100(*) et après avoir
été mise sous tutelle du patriarcat d'Antioche, elle s'est
affranchie lors du Concile d'Ephèse en 431. Cette indépendance va
se confirmer lors de l'avènement de l'empereur Zenon en 480. De ce fait,
elle a acquis le rôle d'une église autocéphale et a vu son
rôle dans la vie publique se renforcer. Cette tendance s'affirmera avec
la conquête de l'île par les Ottomans101(*).
Sous l'égide de Mgr Makarios, l'église
autocéphale chypriote avait une politique très active dans la
lutte anticolonialiste des années 50. Elle s'opposait ferment aux
réformes des Britanniques qui voulaient séculariser le
système politique. Après la partition de facto de l'île et
la mort de son leader Mgr Makarios, elle a vu son rôle direct dans les
affaires de l'île diminuer. En contrepartie, elle s'est dotée au
fil des années d'un système financier très performant. Ses
richesses sont le fruit des nombreuses donations. Ce système lui permet
de propager ses positions hellénistes et pro européennes à
travers l'instauration des fondations sociales et caritatives. La religion sert
sa position politique contre l'envahisseur musulman turc.
Les vues de l'Eglise sur la question nationale sont au coeur
de ses activités. Mgr Chystosmos102(*) est un personnage emblématique de par son
rôle actif concernant la question chypriote. Il use de son pouvoir
spirituel pour influencer l'opinion publique jusqu'à soutenir les
projets des partis politiques tels que le Diko et le Disy. Elle s'est toujours
opposée aux plans onusiens dont ils feront le sujet d'analyse
ultérieurement. Cette politique réjectionniste touche la classe
moyenne ainsi que les milieux intellectuels.
Chapitre 3 Chypre en quête de la CEE : une grande
stratégie pour un petit pays
La question que nous posons dans cette partie est celle des
priorités stratégiques de Chypre en matière
économique et de la conjoncture européenne dans laquelle elle
doit opérer. Cette analyse est centrée sur les prises de
positions chypriotes en matière de coopération entre Chypre et le
Royaume-Uni. Les gouvernements chypriotes des années 60 et 70 ne
tiennent guère à la géopolitique communautaire, bien
qu'ils aient manifesté un intérêt constant ou passager pour
des questions européennes. Ils se sont surtout occupés, de prime
abord des questions économiques.
I. Les
relations avec la Grande-Bretagne : une priorité
Examinons les faits. Les aspirations
européennes de l'île de Chypre remontent aux années 60.
Fraîchement indépendante, Chypre suit de près la politique
européenne de la Grande-Bretagne. Elle ne veut pas perdre ses
privilèges en échangeant avec son principal partenaire : la
Grande-Bretagne en cas d'adhésion à la Communauté
économique européenne. Cependant, avant d'analyser
l'évolution de la stratégie chypriote et pour mieux en
apprécier l'importance, il nous faut revenir sur les relations de la
Grande-Bretagne et la CEE.
1. La CEE et la
Grande-Bretagne
Dès les négociations sur la fondation de la CEE,
« la question de la participation britannique s'est posée avec
acuité »103(*). Son poids économique et ses échanges
très étroits que se soit avec les pays membres ou non membres
exigeaient sa participation afin de consolider la jeune structure de la CEE.
Cependant, l'Angleterre n'était pas disposée à accepter
les exigences des négociations du traité de Rome.
De ce fait, la Communauté européenne a vu le
jour sans la participation britannique. Peu après, le gouvernement
britannique désapprouve sa démarche négative
vis-à-vis du traité de Rome et pris conscience de l'importance
des perspectives liées au Marché commun et des limites de
l'AELE104(*). Soucieux
d'imposer l'influence britannique et de rejoindre le Marché commun, le
gouvernement conservateur d'Harold Macmillan105(*) axe vers un rapprochement avec la Communauté
économique européenne. Un intérêt manifeste qui se
concrétise par le dépôt de sa candidature dès
l'été 1961106(*). L'enjeu est de taille pour les deux parties
c'est-à-dire pour la CEE et pour le Royaume-Uni. En conséquence,
les négociations étaient très serrées et donnaient
lieu à des affrontements entre la Grande-Bretagne et les pays membres.
Les Britanniques se sont montrés capricieux en mettant en avant la
dimension impériale du Royaume-Uni. Ils revendiquent plusieurs entorses
aux règles communautaires, surtout à propos du tarif douanier. En
effet, la Royaume-Uni craint de renoncer à ses relations avec les pays
membres du Commenwealth.
Fait historique bien connu, voire célèbre, de
Gaulle a rejeté la candidature britannique, lors d'une conférence
de presse en janvier 1963. Il a alors déclaré - sans consultation
préalable de ses homologues européens - que le Royaume-Uni
n'était pas prêt pour adhérer à la communauté
européenne. Conséquence immédiate, toutes les demandes
d'adhésion des pays de l'AELE furent rejetées. En
réalité, de Gaulle craignait l'influence trop atlantique de la
Grande-Bretagne, invoquant les liens privilégiés qu'entretient
cette dernière avec les Etats-Unis pour prédire qu'il en
résulterait « une communauté sous dépendance et
direction américaine », en somme une menace pour la
cohésion communautaire107(*). Suite à ce rejet, Harold Macmillan a
été miné par le veto français et affaibli par une
série de scandales issus de l'affaire Profumo108(*).
Une nouvelle demande d'adhésion est
déposée en 1967 par la Grande-Bretagne, de l'Irlande et du
Danemark est rejetée de nouveau par la même France.
L'avènement de Georges Pompidou en 1969 modifie la donné et
marque l'assouplissement de la diplomatie française envers la
candidature britannique. S'ajoutent à cela, les positions
modérées du chef du parti Travailliste Harold Wilson109(*) qui a fait de
l'adhésion sa priorité. De ce fait, il est
considéré comme l'artisan de l'adhésion du Royaume-Uni
à la communauté européenne. Le long chemin britannique
dans sa quête de la CEE a-t-il représenté un soulagement ou
une déception pour la République de Chypre ?
2. L'impact de l'adhésion
britannique sur les relations Grande-Bretagne/Chypre
Les relations entre l'Angleterre et Chypre ont
constitué un fait très déterminant pour l'avenir des
relations Chypre - CEE. Jusqu'à 1973, le Royaume-Uni était de
loin le principal partenaire économique de Chypre. A cette date, la
Grande-Bretagne rejoint la Communauté alors qu'elle absorbe à
elle seule 40% des exportations chypriotes et fournissait 25% des importations
de l'île110(*).
Néanmoins, 2/3 des exportations et la moitié des importations
totales étaient à destination et en provenance des Neuf. De ce
fait, l'adhésion de la Grande-Bretagne à la CEE mettait en
péril les privilèges chypriotes qui résultaient du
régime de tarif préférentiel du Commonwealth. D'ailleurs,
une partie des pays du Commonwealth manifeste son mécontentement suite
à la candidature britannique notamment la Nouvelle-Zélande. De
plus, L'application de la PAC (Politique Agricole Commune) aurait des
conséquences incertaines sur les exportations chypriotes vers la
Communauté des Neuf. Le début des négociations
communautaires avec l'Espagne et Israël afin de négocier des
accords préférentiels accentue la méfiance des
Chypriotes.
Les craintes chypriotes se confirment peu de temps
après l'adhésion britannique. Ainsi, Andréas Antoniou
affirme que « l'entrée du Royaume-Uni dans la
Communauté a été suivie par une baisse
considérable, quoique graduelle, de la part relative des exportations
chypriotes vers cette région du monde. Ainsi les pays d'Asie passent au
premier rang avec 40%, la Communauté représentant 28%, l'Afrique
9% et l'Amérique du Nord 2,5%. »111(*). Donc ce n'est pas un
hasard si la signature de l'accord d'Association vient suite au premier
élargissement. Ainsi, en regardant le graphique 1, on constate une
chute graduelle des exportations chypriotes vers le Royaume-Uni. Cependant, la
part d'importations du Royaume-Uni, bien qu'en baisse reste assez stable.
Toutefois, la chose à remarquer, d'emblée est l'augmentation
considérable de la part relative des exportations chypriotes vers les
pays afro-asiatiques et nord-américains. Cette mutation n'est pas le
résultat du hasard. En effet, l'île jouit d'une position
stratégique qui lui facilite l'échange avec ses voisins
immédiats proche -orientaux. La hausse des prix de pétrole et la
guerre civile au Liban ont permis à Chypre de substituer à son
marché traditionnel -la Grande-Bretagne- de nouveaux marchés en
quête de marchandises112(*). Cette tendance va participer en grande partie
à la réalisation du « miracle économique
chypriote » après l'invasion turque.
Source: United Nations World Trade
Source : United Nations World Trade
II. Le
choix du gouvernement chypriote de l'Association avec la CEE
1. De l'accord d'Association CEE -
Chypre à l'union douanière
1.1. Contexte des relations
euro-chypriotes
L'Europe a toujours considéré la
Méditerranée comme son champ d'action. C'est pour cette raison
que les pays européens ont multiplié leurs efforts pour
créer de nouveaux créneaux de coopération commerciale et
politique afin de garder leurs intérêts dans cette région
surtout face à la concurrence américaine. L'influence
grandissante de la CE en Méditerranée remonte aux années
70 avec la naissance au sein de la Communauté d'une politique
méditerranéenne. Cette politique consistait à la signature
d'une série d'accords avec les pays tiers et des programmes d'aides
financières (Meda). Ces accords visent à créer des zones
de libre-échange entre les pays de la rive Sud et ceux de la rive Nord.
Cependant, il importe de signaler que le sud et le nord de la
Méditerranéens ne sont pas homogènes. Suite à ces
déséquilibres, la Communauté a adopté des mesures
différentes pour réaliser ses objectifs. Pour les uns, il
pourrait s'agir d'une préparation à l'adhésion à la
Communauté comme le stipule l'article 237 du Traité de
Rome113(*) à
l'instar des l'îles de Malte et de Chypre, alors que pour les autres,
c'est essentiellement pour la création à court et à moyen
terme d'une zone de libre-échange comme c'est le cas des pays du Maghreb
(Algérie, Maroc et Tunisie).
1.2 L'accord
d'association
Dans ce contexte, Chypre signe un Accord d'association avec la
CEE le 19 décembre 1972114(*) sur la base de l'article 238 du Traité de
Rome115(*), entré
en vigueur le 1er juin 1973. Il prévoyait la conclusion d'une
union douanière au terme de dix ans. La CEE signe l'accord avec les
deux communautés de l'île. Chypriotes grecs et turcs
étaient également consultés pendant les
négociations d'association116(*). Etant donné son caractère
bicommunautaire, les articles 4 et 5 de l'Accord d'association117(*) interdisent toute
espèce de discrimination118(*) concernant les produits des pays signatures.
Toutefois, un arrêt rendu en 1994 par la Cour de Justice des
Communautés européennes119(*) interdit l'importation de produits Chypriotes turcs
qui ne bénéficient pas de certificat d'origine garantissant
qu'ils sont produits à Chypre120(*).
La première étape devait s'achever le 30 juin
1977 pour passer à l'union douanière au début des
années 80. Cependant, la seconde phase est restée en sommeil
suite aux événements tragiques de l'invasion turque.
1.3. La signature de
l'union douanière
L'année 1986 marque la relance des négociations
de la Communauté avec la république de Chypre, dans le contexte
sa politique méditerranéenne rénovée (PMR), suite
au deuxième élargissement vers la Grèce (1981). Ce choix
émane d'une volonté européenne de stabiliser la
région méditerranéenne. En octobre 1987 au Luxembourg, la
Commission européenne et le gouvernement de Spyros Kyprianou signent un
protocole afin d'établir une union douanière. Le protocole vise
à abolir les droits de douane sur deux phases : l'une de cinq ans
et l'autre de dix ans. Par conséquent, Chypre devient le premier pays
tiers à signer un accord d'union douanière avec la
Communauté. Ce rapprochement de facto avec les Européens
crée des tensions au sein du gouvernement surtout de la part du parti
communiste Akel qui considérait que la Communauté
européenne sert les intérêts des pays capitalistes et ne
prévoit aucune mesure de protection pour l'économie chypriote. De
plus, l'engagement européen de la république de Chypre vient
à l'encontre de sa politique de non-alignement121(*).
Les implications de ce nouvel accord qui couvre plus de 80% du
commerce de produits agricoles sont d'une grande importance politique pour
Chypre. D'abord, il met fin à une longue période d'incertitude
et de crise dans les relations entre la CEE et Chypre, ensuite il confirme la
souveraineté de la république chypriote et la
légitimité de son gouvernement122(*). Cette confirmation se renforce avec la
décision de la Cour de Justice des Communautés européennes
dans son arrêt du 5 juillet 1994.
2. La Communauté
européenne : une alternative pour la sécurité de
Chypre
Plusieurs considérations justifient le choix du
gouvernement en faveur de l'Association avec la Communauté
européenne. Au début, Chypre a affiché sa volonté
de s'associer au Marché commun pour des raisons purement
économiques. Or, les rejets successifs de la candidature britannique est
un soulagement pour les décideurs chypriotes. Quant à la nature
des relations euro-chypriotes, jusqu'aux années 80, elle se limite aux
échanges économiques. Cependant, et quoiqu'elle n'ait jamais
manifesté sa volonté d'adhérer à la CEE, lle
cherchait à se doter d'une stratégie pragmatique afin de
protéger ses intérêts économiques et politiques sur
tous les fronts. Son environnement proche-oriental lui offre un cadre opportun
pour le dynamisme de sa jeune économie. « Toute à
son rêve helvétique et neutraliste, Chypre considère que la
valorisation de sa position de courtier entre l'Orient et l'Occident est une
perspective plus séduisante que l'intégration dans un
marché commun. »123(*) Dans ce contexte, le gouvernement chypriote voulait
négocier un statut spécial dans la politique
méditerranéenne globale et avec le Royaume Uni en particulier. De
ce fait, elle obtient le maintien d'un accès préférentiel
au marché britannique pour ses produits agricoles tout en respectant les
dispositions de la PAC. Ainsi, nous pouvons affirmer que les objectifs de la
république Chypriote étaient au début purement
économiques. Il s'agissait d'accéder à un grand
marché de consommateurs afin de consolider ses exportations agricoles,
profiter des aides et des investissements et enfin se doter des technologies
européennes. Il faut aussi ne pas perdre de vue ce que l'union
douanière pouvait être utilisée comme une arme politique
contre la Turquie étant donné que la Grèce, membre du
Conseil de l'Europe peut influencer les prises de décisions.
Sur la question nationale, la République de Chypre a
tenté de chercher une solution onusienne pour régler le
problème de division. Depuis 1964, le Conseil de sécurité
des Nations unies confiait le problème de Chypre au Secrétaire
général chargé de mettre en place une solution viable. Des
accords, rapports se sont succédées pour être enfin
dénoncés par les différents protagonistes. De
l'installation des forces de des Nations unies chargées au maintien de
la paix, l'UNFICYP en 1963 jusqu'à l'ensemble d'idées (set of
ideas ) de B.B Ghali en 1992.
Après l'invasion turque, Chypre compte sur le
rôle de « sponsor » des Nations Unies124(*) tout en espérant
trouver une solution et gagner la sympathie de la société
internationale. En contrepartie, après la réclamation de la RTCN
en 1983, les espoirs chypriotes s'évaporent vu que la RTCN et
« le grand frère turc » ne seraient pas prêts
à accepter un règlement onusien, Chypre change de politique et
cherche une stratégie plus efficace afin d'évacuer le danger
turc. Lorsque la classe politique prend la décision, avec la
complicité de la Grèce, de rejoindre l'Union européenne,
elle avait parfaitement compris que ses engagements européens
serviraient la cause chypriote, qu'il s'agisse de la sécurisation de
l'île ou d'avoir un statut international lui permettant de jouer dans la
cour des Grands.
Ainsi, la première question à laquelle nous
devons donner une réponse stratégique est donc celle-ci :
dans quel contexte s'inscrit la stratégie chypriote ? Dans celui du
pragmatisme politique, ou dans celui d'une conviction idéologique
liée à un réel attachement à l'idée
européenne.
La question de la division de l'île et de
l'éternelle recherche d'une solution constitue le moteur principal de la
quête européenne de Chypre. Dans ce contexte, le blocage des
négociations et des rencontres intercommunautaires et l'impuissance de
l'ONU face à l'épineux dossier chypriote, rejoindre la
Communauté européenne présenterait une nouvelle impulsion
dans la recherche d'un règlement. N'est-il pas vrai que Jean Monnet
confirme que « si on veut résoudre des problèmes
insolubles, il faut parfois changer de contexte. » ? Kofi Annan
à son tour rejoint cette idée - en qualifiant le problème
chypriote de « cube de Rubik » diplomatique étant
donné qu'elle est la seule question qui est restée inscrite le
plus longtemps à l'ordre du jour du secrétaire
général125(*) - et affirme que l'adhésion à l'Union
européenne, en particulier pourrait être un encouragement pour
parvenir à un règlement.
Ainsi, nous pouvons affirmer que les années 90 marquent
un tournant décisif dans les rapports euro-chypriotes. La question des
relations entre Chypre et la CEE a pris un caractère profondément
politique126(*). Il ne
s'agit plus d'assurer la continuité des activités commerciales
mais de modifier le statut quo. Il est vrai que, dans le domaine des
relations internationales, l'association d'un groupe de pays au sein d'une
même alliance vise généralement à maintenir
l'équilibre des forces existantes ou à contrecarrer une
menace127(*). L'origine
de l'enthousiasme128(*)des Chypriotes grecs et l'indifférence des
Chypriotes turcs s'expliquent par les effets de l'invasion et l'échec
progressif des diplomaties à trouver un compromis129(*).
.
TROISIEME PARTIE : LA POLITIQUE EUROPENNE VIS-A-VIS DE
CHYPRE
Chapitre 1.La Communauté
européenne et la crise chypriote
I. Les efforts
d'internationalisation de la cause chypriote et la CEE
1. Le Conseil de l'Europe et la
question chypriote dans les années 50
L'implication des pays européens dans le dossier
chypriote est antérieure à l'invasion turque. Pendant les
années 50, Grecs et Chypriotes grecs cherchaient le soutien de la
société internationale et de la Communauté
européenne afin de chasser les britanniques. Le Conseil de
l'Europe130(*)
étant appelé, à son tour, à s'occuper de l'affaire
de Chypre, il l'a fait principalement par deux de ses organes :
l'Assemblée consultative avec sa commission des Affaires
générales et la Commission des droits de l'homme avec sa sous
commission. Ces organes ont deux approches différentes. L'une constitue
un corps politique et le débat ne peut pas refléter le
caractère légitime de la cause chypriote. Le deuxième est
à vocation judiciaire et n'ayant que quelques prérogatives telle
que le règlement à l'amiable.
En effet, la question chypriote se présente pour la
première fois devant l'Assemblée consultative de l'Europe le 26
mai 1954. Elle se discute dans le cadre de la politique générale
du conseil de l'Europe et sur la politique européenne commune à
adopter lors des futures conférences Est-Ouest131(*). La thèse
hellénique (pour un retrait des britanniques) est défendue par L.
Makas, G. Kassimatis qui ont exprimé la nécessité d'une
solution rapide de la question de Chypre avec l'aide du Conseil de l'Europe.
Parallèlement, les Turcs maintiennent la thèse que l'affaire de
Chypre ne devait pas être discutée devant l'assemblée
consultative pour ne pas risquer la séparation au lieu de trouver une
solution. Malgré le bon déroulement des rencontres, les
discussions étaient sans issue car les Britanniques n'avaient pas
l'intention de se désister de leurs droits de souveraineté sur
l'île en menaçant la Grèce (en cas d'internationalisation
du problème) de faire revenir la Turquie sur la scène chypriote.
A ce stade, il importe de rappeler ce moment là, la politique
générale est de protéger les intérêts des
membres de l'Assemblée et de se concentrer sur les questions internes
qui étaient à l'origine des différents membres du
Conseil132(*). Les
sessions ordinaires se sont succédées sans pour autant trouver
une solution133(*). Lors
de la 8ème session ordinaire de l'Assemblée, le
député travailliste britannique avance la thèse de
l'impossible cohabitation entre Grecs et Turcs et la nécessité
d'expulser les Grecs en Grèce et les remplacer par des Turcs
emportés de Turquie. En somme, travaillistes, libéraux et
conservateurs se réunissent autour du besoin vital de conserver Chypre,
base importante pour le Royaume-Uni.
Le Conseil européen parvient lors de la
2ème moitié de sa 8ème session (16
au 21 avril 1955) à la conclusion suivante : le différend
relatif à l'île constitue un grave danger pour l'unité de
ses membres notamment dans la région méditerranéenne. Par
conséquent, il invite toutes les parties intéressées
à déployer leurs efforts pour se consulter pour parvenir
rapidement à une solution. Il se met également à leur
disposition pour contribuer à un accord134(*).
Si on analyse pourtant cette décision, on est
amené à conclure qu'il ne s'agit pas d'une prise de position sur
le fond du litige mais de la simple constatation que le problème existe.
Le conseil modère ses propos sans apporter une position ferme en vue de
trouver une solution. Cette prise de position peut s'expliquer par deux faits
majeurs. D'abord, pendant et après la deuxième Guerre mondiale,
l'Europe saignait trop pour s'intéresser ou mener une politique active
sur la naissance d'un nouveau phénomène135(*). Submergée par ses
conflits locaux et régionaux, l'Europe était incapable de
s'impliquer d'avantage à l'extérieur. En effet, des luttes
prêtes à naître dans la décolonisation, de plus le
changement des forces dû aux luttes socio-économiques des peuples,
ensuite, les pays européens, également puissances coloniales ne
pouvaient que fermer les yeux et soutenir la politique britannique. Les
années 60 ont marqué la montée en puissance de la Chine.
Le Maghreb qui, était sous tutelle française vivait en pleine
effervescence politique et sociale136(*). Le communisme gagne de plus en plus de terrain.
Malgré la renaissance de l'économie européenne sous les
auspices des Etats-Unis, les pays européens souffraient de la Guerre
froide, cause directe de la faiblesse chronique de l'Europe. Incapable de se
défendre, elle compte sur le soutien américain et se laisse
manipuler par ce dernier137(*). Dans ce contexte, les Européens essayaient
de trouver une issue pour sortir de cette impasse. D'ailleurs, les
Américains ont forcé l'Angleterre à trouver une solution
au problème chypriote et lui accorder son indépendance en
1960.
2. La Communauté
européenne et la crise de 1974
Suite à l'intervention turque, une réunion s'est
tenue le 16 juillet 1974 à la demande du ministre des Affaires
étrangères français. Les ministres des Neuf ont
exprimé leur intérêt à la crise tout en soulignant
leur attachement à l'indépendance et l'intégrité
territoriale de l'île et leur opposition à toute intervention
militaire138(*). Une
autre réunion s'est tenue à Paris le 16 septembre de la
même année pour discuter l'affaire des réfugiés
Chypriotes grecs. Les ministres décident d'apporter leur aide
financière et alimentaire aux camps de réfugiés139(*). L'aide
s'élève à 945.000 écus140(*). Cependant, les
Européens ont jugé utile que la seule chance d'un
règlement est les Nations unies. Les tentatives de règlement du
problème se poursuivent par intermittence sous les auspices de
l'ONU141(*). La
Communauté européenne évite toujours de s'occuper plus
activement de la question chypriote142(*). Dès lors, la Communauté
européenne choisit de soutenir et de financer les efforts du
secrétaire général de l'ONU en vue de trouver une
solution. De ce fait, durant la Guerre froide, l'influence de la
Communauté européenne dans la Méditerranée
orientale est restée modeste voire minime143(*). En contrepartie, le
Royaume-Uni et les Etats-Unis sont très actifs144(*). Certains pays
européens jouent le rôle de préfectures américaines
en Europe. Même les institutions comme la CEE crées pour
contribuer à unir l'Europe, doivent être mises au service de
Washington. »145(*). A cet égard, il serait inopportun de nier le
rôle décisif des deux puissances complices dans les
évènements qui ont secoué l'île (tentative de
renverser Makarios et l'invasion turque en juillet 1974)146(*). L'accord d'association
entre la république de Chypre et la CEE147(*) n'avait pas d'implications
politiques de la part de la Communauté européenne dans les
affaires internes de l'île. Il émane surtout d'un choix
pragmatique et stratégique des Européens dans le bassin
méditerranéen148(*). La position européenne dans le contexte de
l'invasion turque constitue un prolongement de cette politique passive. Le
débat s'est en effet limité à des réunions et
à des discussions formelles. Cette politique démontre la
faiblesse flagrante de la Communauté européenne à trouver
une solution à une crise militaire au sein de la
Méditerranée.149(*).
A propos de la Tragédie chypriote dans les
médias européens Dimitri T. Analis rapporte que la presse
européenne déjà traumatisée par les images chocs de
la guerre du Vietnam, a utilisé un langage prudent jouant le jeu de la
classe politique européenne.150(*).
3. La Communauté
européenne et l'auto proclamation de la RTCN
Suite à la proclamation de la RTCN (16 novembre 1983),
toute la société internationale, mis à part la Turquie
condamne cet acte. Des résolutions similaires à celle du Conseil
de l'ONU ont été parallèlement adoptées par les
institutions européennes. Dans une résolution du 17 novembre
1983, le Parlement européen a condamné l'action Chypriote turque
et a appelé le Conseil des Ministres à prendre des mesures
nécessaires pour que l'action soit sans suite151(*). Dans une déclaration
du 16 novembre 1983, la Commission des Communautés européennes
rejette la proclamation unilatérale d'indépendance et
déclare le gouvernement de la république chypriote comme seul
représentant légal reconnu par la Communauté
européenne. Peu après la Commission ministérielle du 23
novembre 1983 dénonce la proclamation du pseudo Etat et appelle
à sa révocation152(*).
Longtemps restée en marge de la
« tragédie chypriote », l'Europe semble quand
à elle condamnée à jouer les seconds rôles. Face aux
efforts américains pour monopoliser la gestion du conflit (surtout dans
le contexte de la guerre froide par le biais de l'OTAN), on voit mal comment la
Communauté européenne pourrait revenir sur les devants de la
scène dans cette région surtout quand Kissinger affirme que la
Communauté européenne n'a pas de « numéro de
téléphone ». Néanmoins, la candidature chypriote
lui donne une nouvelle chance pour prendre sa revanche et tester sa politique
étrangère et de sécurité commune153(*). Cette dernière mise
à l'épreuve lors de la guerre d'Irak montre l'incapacité
des pays européens à se coordonner en matière de politique
étrangère face aux Etats-Unis. Il convient à ce stade de
s'interroger sur les vrais intérêts communs entre l'Europe et
Chypre surtout dans le cadre de son entrée dans l'UE.
Chapitre 2 : La question
chypriote et l'UE entre défis et promesses
I. De la candidature à
l'adhésion
Encouragée par Athènes, le gouvernement de
Nicosie adresse le 3 juillet 1990 à Gianni de Michelis, président
en exercice du Conseil, la demande formelle d'adhésion de Chypre
à la Communauté154(*). Le 17 septembre 1990, la candidature chypriote est
déclarée recevable par le Conseil, qui invite la Commission
à préparer son avis. Ainsi, le voyage incertain vers l'Europe
s'entame155(*). Mais,
rapidement, Nicosie établit sa stratégie. Elle se repose sur
trois fondements: les négociations doivent se faire uniquement avec la
partie internationalement reconnue, en l'occurrence la partie chypriote
grecque ; de plus, il serait inadmissible que Chypre et l'UE se plient aux
caprices et aux exigences de la Turquie et la RTCN ; et enfin, la
République de Chypre s'engage à adopter l'acquis communautaire
afin de rejoindre le club européen. Analysons maintenant la politique
chypriote de la CEE.
Le paragraphe 44 de l'avis rendu par la Commission le 30 juin
1993 déclare que Chypre est éligible156(*). Cet avis marque le
lancement des négociations dont l'issue est incertaine. Tout
dépend à la fois de la capacité de Chypre de s'adapter
à l'acquis communautaire et de l'approbation des pays membres. L'avis
est certes favorable mais sous réserve qu'une solution soit
trouvée pour mettre fin à la division de l'île. Cependant,
cette condition va évoluer à partir 1995 suite aux pressions
grecques pour ne plus devenir une condition sine qua non. En effet, le
6 mars 1995, le Conseil européen décide que les
négociations débuteront six mois après la fin de la
conférence intergouvernementale de 1996. A cet effet, le commissaire
européen Van Den Broek confirme en mars 1996 que le règlement du
conflit chypriote n'est plus une condition indispensable,
« même s'il était préférable de trouver
une solution ». Dans cette logique, l'Union espère que
l'entrée de Chypre en Europe favoriserait un règlement et par
conséquent, les deux communautés profiteront des avantages
liés à l'Union européenne157(*).
En décembre 1997, à la suite de la
décision arrêtée au Luxembourg, les ministres des Affaires
étrangères décident que les discussions commenceront le 31
mars malgré la situation du blocage entre les deux communautés.
Cette démarche fut vivement critiquée par la Turquie qui la
considère contraire au droit international et à la Constitution
chypriote de 1960158(*).
L'Agenda 2000 de l'UE confirme le commencement des
négociations d'adhésion de Chypre. Alors que Chypre
représentée par son gouvernement grec et seul Etat chypriote
internationalement reconnu, avance à grands pas vers l'Union, la Turquie
s'est faite menaçante : « si l'administration
chypriote grecque est admise au sein de l'Union européenne en tant
représentante de toute l'île, cela ouvrira la voie à des
troubles sérieux. »159(*). En effet, agacée par la décision
européenne, la Turquie fait part de l'analyse du professeur Mendelson.
Ce dernier affirme que la candidature chypriote est inconstitutionnelle en se
référant aux clauses de la Constitution chypriote. L'article I
(2) stipule que Chypre ne pourrait pas faire partie d'une quelconque union
politique ou économique avec un autre Etat. En guise de réponse,
Nicosie et Athènes avancent la thèse des professeurs Crawford,
Hafner et Pellet selon laquelle l'article en question n'interdit pas à
Chypre de devenir membre d'une organisation régionale et que la
qualité de membre avec l'UE n'est pas assimilable à la situation
prévue par le même article.
Le périple chypriote s'achève avec la signature
du traité d'Athènes le 16 avril 2003, qui rentre en vigueur le
1er mai 2004 en faisant de Chypre un membre à part
entière de l'Union européenne. L'acquis communautaire est
suspendu dans la partie Nord. A ce stade du travail, nous avons jugé
utile de ne pas s'attarder sur les ajustements faits par le gouvernement
chypriote pour s'aligner au fonctionnement communautaire vue qu'ils sont
suffisamment documentés par des économistes et des juristes et ce
depuis l'acceptation des négociations d'adhésion160(*). Cependant, il est
intéressant de revenir sur les positions des différents Etats
européens vis-à-vis de la candidature chypriote.
II. L'axe Athènes/
Londres
1. Le rôle de la
Grèce dans l'accélération du processus d'adhésion
chypriote
Depuis 1974, l'opinion publique et les politiciens grecs de
toute tendance se sont réunis autour d'une même évidence:
la Turquie est un ennemi principal responsable de l'occupation de la partie
Nord de Chypre161(*),
une île considérée grecque162(*). Cependant, la Grèce
n'a pas oublié la force de la Turquie grâce aux armements
américains. C'est pour cette raison qu'elle a
préféré éviter une diplomatie directe en
internationalisant le problème surtout après l'intervention dans
l'affaire de Macédoine. La classe politique et l'opinion publique
grecques ont fait pression pour obtenir un changement de nom de la
République ex yougoslave. Elle a préféré faire
appel aux Nations unies en premier temps et puis depuis son adhésion
elle a toujours sollicité l'aide européenne.
En novembre 1974, la Grèce informe Bruxelles de son
intention de demander son adhésion et la présente officiellement
le 12 juin 1975. Quatre ans après la, le traité d'adhésion
de la Grèce est signé à Athènes (28 mai 1979). Il
entre en vigueur le 1er janvier 1981. Depuis cette date, la
Grèce devient un Etat membre parfois tumultueux163(*). Malgré son
rapprochement constant vers ses partenaires européens, elle n'a jamais
cessé d'utiliser Bruxelles comme moyen de pression sur Ankara.
L'influence qu'a exercé la Grèce au sein de la Communauté
européenne n'aurait jamais porté ses fruits en restant à
la marge de la CEE. La règle du vote à l'unanimité a un
effet de levier dans la mise en place de l'embargo contre l'accord
d'association signé en 1963 entre la Communauté et la Turquie.
L'année 1995 a été
décisive dans l'accélération du processus de
négociation avec Chypre. La Grèce n'est pas
étrangère à cette politique. Elle se lance dans une course
sans merci afin de favoriser l'adhésion de chypre et elle a eu recours
à maintes reprises à des pressions afin que l'UE accepte Chypre
en son sein. Andréas Papandérou164(*) joue un rôle très actif dans
l'avancement du processus de négociation. Il menace d'utiliser son droit
de veto sur la finalisation de l'Union douanière entre la Turquie et
l'UE lorsque la coalition gouvernementale dirigée par Tansu Ciller a
multiplié les efforts en vue de la conclusion de l'union
douanière entre l'UE et la Turquie165(*). La Grèce profitant des difficultés de
l'Union européenne à définir ses intérêts en
politique étrangère, règle d'unanimité obligeant,
arrive à imposer à l'UE un changement de stratégie dans
le dossier chypriote166(*). Dans cette logique, les gouvernements grec et
Chypriote grec signent le 18 mars un « accord de défense
commune », suivi par la signature le 16 mars 1996 d'un
« accord de coopération économique » afin de
préserver l'espace hellénique de toute menace turque et imposer
leur stratégie à l'Union européenne167(*).
Pour contourner l'intransigeance grecque, l'UE sous la
présidence française en mars 1995 négocie un deal avec les
ambassadeurs grec et turc à Paris : L'UE accorde 500 millions
d'écu d'aide au textile grec en échange de son droit de veto, en
contrepartie, l'UE supprime la condition de règlement préalable
à toute adhésion. De plus, pour manifester son
mécontentement de la présence armée turque à
Chypre, la Grèce a préparé sa menace de veto contre la
Turquie pour empêcher légalement les paiements dus à la
Turquie depuis 1983 et d'alléger les paiements des fonds de la MEDA. De
ce fait, la Grèce obtient la décision d'inclure Chypre dans le
nouveau processus d'élargissement168(*). Par la suite, c'est le veto contre
l'élargissement vers les pays de l'est qui a servi de catalyseur afin
d'assurer la poursuite des négociations avec la république de
Chypre. Ainsi, l'Agenda 2000 de l'UE officialise l'adhésion de Chypre
sans condition préalable à une solution à la division de
l'île169(*).
Cependant, pour montrer qu'un règlement est préférable
avant son adhésion, les membres instaurent un système de
représentation afin de mener des négociations entre les deux
communautés et juge que son action envers le problème en question
doit être plus active avec la collaboration du secrétaire
général des Nations unies. Chypre est par conséquent, le
prix pour la Grèce pour qu'elle n'oppose pas son veto.
2. Le rôle de la
Grande-Bretagne
Maîtresse des deux bases stratégiques à
Chypre, garante de l'indépendance de l'île et détentrice
d'un droit d'intervention explicite, la Grande-Bretagne pouvait agir. Mais
étant passive voire complice en 1974, la diplomatie britannique n'avait
pas de raison de se montrer plus offensive par la suite dans le dossier
chypriote170(*). Comme
la Grèce, le Royaume-Uni est un acteur clé à plusieurs
titres dans la recherche d'un règlement171(*).
Les Britanniques possèdent dans l'île deux bases
souveraines à Dhekelia et Akrotiri (environ 3% du territoire) et
déploient traditionnellement une intense activité sur le dossier
chypriote au sein de l'ONU172(*). Au vu des nombreux avantages173(*) stratégiques du fait
de la possession des deux bases, le Royaume-Uni n'a pas intérêt
à voir remettre en question la constitution de 1960174(*). De plus, le Royaume-Uni est
membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Ce statut lui
procure une importante marge de manoeuvre175(*) (par le biais de son veto) et lui accorde le droit
d'influencer toutes les résolutions du Conseil176(*). Cependant, les Britanniques
doivent composer avec les autres Etats membres surtout la France. Dans ce
contexte, les relations bilatérales avec Chypre sont difficiles depuis
que le Royaume-Uni a marqué sa désapprobation face au rejet du
plan Annan par les Chypriotes grecs. Ce constat révèle le
degré d'implication des Britanniques dans la recherche d'une solution
tout en préservant leurs intérêts stratégiques dans
l'île. L'ingérence continue dans les affaires de l'île a
poussé le Parlement Chypriote à adopter, à titre
consultatif, une résolution soulevant la question de la
souveraineté et du maintien des bases anglaises177(*)
M. Wright déclare le 30 octobre au « London
School of Economics » lors d'une conférence que 200.000
chypriotes vivent en Grande-Bretagne, 20.000178(*) ressortissants britanniques vivent dans le sud de
chypre et 500 autres vivent dans la partie nord179(*). De plus, deux millions de
touristes britanniques partent à Chypre chaque année180(*). Si on évoque ces
chiffres c'est pour montrer le poids électoral de la population
chypriote en Grande-Bretagne. Les Chypriotes présents en Angleterre
appartiennent à trois générations181(*). « Mais
même pour des jeunes anglo-chypriotes de la dernière
génération, il semble que la référence à
l'identité insulaire soit encore forte. »182(*) Cette concentration des
ressortissants chypriotes favorise la création d'un tissu associatif qui
véhicule les idées des grands partis politiques chypriotes autant
du Sud que du Nord et qui tentent de faire un lobbying auprès
des politiciens britanniques. L'association Friends of Cyprus en est
l'exemple parfait. Dans cette logique, il y a une certaine continuité
dans la politique chypriote britannique183(*). D'ailleurs, tous les présidents Chypriotes
grecs ont été reconnus par le Royaume-Uni et le gouvernement
Thatcher a vivement critiqué la création du pseudo Etat, la RTCN.
Depuis l'arrivée de Tony Blair à la tête
du gouvernement britannique, les Chypriotes ont le sentiment d'être plus
soutenus dans leur processus d'adhésion à l'UE. Son ministre des
Affaires étrangères, Robin Cook contrairement aux Tories
s'est fortement investi pour la recherche d'une solution en concertation
à la fois avec l'UE et les Nations unies184(*). Les travaillistes
s'alignent sur l'option grecque185(*) d'une adhésion sans obligation d'un
règlement à la division. Dans ce contexte, la présidence
britannique de l'UE en 1998 marque le déploiement des médiations
surtout britannique afin de renouer le dialogue avec Ankara. Cette logique
répond à des intérêts électoraux vu
l'importance des groupes d'influence d'origine chypriote en
Angleterre186(*).
D'autre part, le Royaume-Uni est le premier partenaire commercial de Chypre et
peut donc voir avec intérêt Chypre dans l'Union européenne,
ce qui contribuerait à renforcer sa position britannique dans
l'île187(*). En
effet, le rôle de la Grande-Bretagne dans le dossier chypriote est plus
significatif que les autres Etats européens (hormis la Grèce),
mais aussi ambigu188(*).
III. La candidature
chypriote : un casse tête pour les Européens
Si l'axe Athènes - Londres prend l'engagement de
promouvoir la candidature chypriote, les autres pays européens, aussi
influents dans les prises de décision au sein de l'UE, sont
restés sceptiques et ont manifesté à maintes reprises
leurs divergences sur la question189(*) La question chypriote présente un
casse-tête pour les dirigeants européens190(*). L'Union est restée
pendant longtemps tiraillée entre deux clans. D'un côté la
Grèce brandit la menace de son droit de veto contre toute
décision européenne. Inversement, la Turquie menace de distendre
ses relations avec Bruxelles si seule la partie grecque accède à
l'Europe. Dans cette logique, les trois protagonistes, la Grèce, la
Turquie et le Royaume-Uni, qui ont chacun des relations spécifiques avec
l'Union européenne191(*) ont participé à la définition
de l'intérêt de l'UE vis-à-vis de Chypre. Cependant, Les
Etats européens étaient partagés en ce qui concerne la
candidature chypriote à l'Union européenne. Ils redoutaient que
le problème chypriote ne soit importé au sein de l'Union et ne
déstabilise sa politique de sécurité. Parmi ces pays, la
France qui adopte un discours très ferme au quel se joignent l'Allemagne
et l'Italie. Dans ce contexte, le président Chirac déclare
à la presse en 1998 que « l'Union européenne n'a
pas vocation à accueillir un morceau de Chypre, en intégrant ses
conflits. S'il apparaissait impossible de démarrer les
négociations dans les conditions définies à Luxembourg, il
faudrait en tirer les conséquences, attendre peut-être qu'on
puisse négocier avec un pays entier »192(*). Cependant, le discours du
Parti socialiste sous la bannière de Lionel Jospin était plus
nuancé que celui du président Chirac193(*). Sur la question de
l'adhésion de Chypre, l'Espagne, étant un pays
méditerranéen, était favorable à l'adhésion
de Chypre à l'UE. Elle estime que la nécessité de balancer
l'Union européenne renforcera la dimension méditerranéenne
de cette dernière.
Les réserves des poids lourds de la diplomatie
européenne s'expliquent d'une part d'une volonté de ne pas
importer le problème chypriote, d'autre part, une volonté de ne
pas faire de la peine à la Turquie, un partenaire commercial de
taille194(*) sans
oublier l'importance du soutien américain à cette
dernière. Par conséquent, l'Union européenne a
tenté tout au long des négociations de trouver une solution en
s'alignant sur les résolutions onusiennes. Cependant, cette
volonté européenne d'influencer le cours des
négociations195(*) - bien qu'émanant d'un réel
désir de trouver un compromis sans affecter ses relations avec la
Turquie et la Grèce - a rapidement révélé
son incapacité à résoudre un tel problème. Dans
cette logique, penser que l'UE a mené une politique active dans le cas
chypriote relève du surréalisme. Les concessions
européennes sur le dossier chypriote répondent à deux
objectifs majeurs : d'abord, assurer le bon déroulement de
l'élargissement à l'Est et panser les divisions du continent
européen (the enlargement to Central and Eastern Europe is infintely
more important to the European Union than the accession of Cyprus196(*)), ensuite lever le
blocage gréco-turc197(*). C'est dans cette perspective que le plan Annan dans
sa version finale dont les Etats européens sont les principaux
architectes était élaboré. Néanmoins, l'UE se perd
en route en focalisant ses efforts sur les deux parties : turque et
Chypriote turque. « À Bruxelles on admet fonder sa
stratégie sur un « pari », celui d'une «
réunification à la dernière minute » : ce
scénario serait « pris en compte » dans les
négociations. Mais la clé est à Ankara, sans doute entre
les mains de l'état-major turc »198(*).Cette focalisation
s'avère au moins en partie une cause directe du rejet de ce plan et
indirectement l'échec flagrant de la diplomatie européenne dans
la crise chypriote. Détaillons les faits.
Considérant que la partie chypriote turque et la
Turquie sont les plus intransigeantes dans la crise chypriote, la
société internationale concentre ses efforts sur la partie turque
et chypriote turque199(*). En même temps, la partie sud de l'île
connaît une évolution non négligeable200(*). L'avènement de
Tassos Papadopoulos au pouvoir en février 2003 est
considéré comme une rupture avec la politique de son
prédécesseur Cléridès connu par son réalisme
politique201(*).
Néanmoins, lors de sa compagne électorale, Tassos Papadopoulos
affiche clairement sa politique d'ouverture au dialogue et d'oeuvrer à
un règlement au problème chypriote202(*). Cette politique est
imposée par les leaders d'Akel, principal parti de la coalition
gouvernementale. En élisant Papdopoulos, le peuple Chypriote grec
manifeste son scepticisme au sujet du plan Annan et par conséquent, son
opposition aux positions de Cléridès qui aurait pu accepter ce
plan203(*). Il serait
inopportun d'affirmer que le président Chypriote grec n'a pas
oeuvré pour une compagne de désinformation concernant le plan
Annan. Sa déclaration solennelle du 7 avril 2004, quelques jours avant
le référendum met en cause le plan du secrétaire
général de l'ONU et le juge comme étant impartial et ne
garantit pas la sécurité de Chypre204(*). Ce manque d'information
explique certainement le rejet du plan Annan (il est présenté
dans 9 000 pages pour l'expliquer). Lors d'une réunion après le
référendum la Commission européenne exprime son regret en
qualifiant le plan de la dernière chance pour la résolution du
problème chypriote205(*).
En guise de conclusion, l'Union européenne ne s'est en
effet que trop bien accommodé du statut quo, en se contentant
d'efforts diplomatiques cycliques pour rapprocher des positions inconciliables,
ceux des Chypriotes grecs - qui veulent la réunification de l'île
et vivent dans la crainte de « l'expansionnisme turc » -,
ceux des Chypriotes turcs qui craignent de se retrouver minoritaire, entendent
que l'armée turque demeure dans l'île comme garantie de
sécurité - et bien sûr, ceux de leurs protecteurs, la
Grèce et la Turquie, la première membre de l'UE, la seconde
ardemment désireuse de le devenir.
IV. Chypre :
l'après adhésion
1. L'Union européenne face
à son échec
Si chypre fait désormais partie intégrante du
club européen, les craintes et les hésitations des
différents pays européens relatives à son adhésion
se confirment et gagnent du terrain au fur et à mesure que les
négociations avancent avec la Turquie206(*). Cependant, les problèmes restent les
mêmes et l'Union se trouve prisonnière de sa propre politique
« expéditive ». Une politique
caractérisée par la logique du moyen voire même du cours
terme. Faute d'être résolue, la question de Chypre sera-t-elle une
occasion de dissensions internes à l'UE puisque cette dernière a
maintenu son aide économique des 259 millions d'€ Chypre
Nord207(*).
Deux ans se sont écoulés depuis
l'adhésion (mai 2004) et les interrogations concernant, notamment le
règlement du problème chypriote restent d'actualité.
Cependant, il est bien probable qu'une nouvelle situation vient de naître
entre l'Europe et la Turquie après l'adhésion de Chypre. Cette
dernière, est devenue un front européen, c'est-à-dire que
l'Union doit défendre en cas d'invasion. Ce droit d'intervention
n'exclut pas l'éventualité d'un conflit ouvert avec la Turquie,
à son tour pays garant ayant le droit d'intervenir selon la Constitution
chypriote de 1960. Par conséquent, l'UE ne peut pas se targuer d'avoir
contribué à la fin d'un conflit « ethnique ».
Au-delà, sa politique étrangère et de
sécurité commune (PESC) n'a pas remporté la victoire tant
attendue par l'ensemble de la société internationale.
Désormais, il est probable que les négociations
d'adhésion avec la Turquie pourraient favoriser le règlement. En
contrepartie, la future politique européenne dépendra de deux
facteurs majeurs : définir ses intérêts
stratégiques dans le bassin méditerranéen et
particulièrement avec Chypre et la Turquie et son attachement à
ses principaux fondateurs surtout en matière de
souveraineté208(*).
2. La perspective
d'adhésion de la Turquie et le veto chypriote
Depuis le dépôt de sa candidature en avril 1987,
la question d'adhésion de la Turquie à l'instar de celle de la
République de Chypre a toujours constitué un sujet
épineux qui pèse lourd sur la diplomatie européenne. L'UE
tiraillée entre deux candidats, l'un historiquement et culturellement
européen et l'autre se trouvant à la porte de l'Europe avec
seulement 3% de son territoire dans l'Europe.
La Turquie ne reconnaît pas la république de
Chypre (qu'elle qualifie d'administration chypriote-grecque) et est le seul
à reconnaître la « République turque de Chypre
Nord », occupant militairement cette zone, elle considère que
le soutien qu'elle apporte aux Chypriotes turcs est une cause nationale. Parmi
les conséquences de l'absence de relations entre la Turquie et la
République de Chypre, Nicosie souligne plus particulièrement le
veto mis à son accès à plusieurs internationales (OCDE,
OTAN, wassenaar, MTCR en particulier)209(*) et l'interdiction d'accès aux ports et
aéroports turcs des bateaux et aéronefs chypriotes ou ayant
transité par Chypre. Sur ce dernier point, Ankara a fait des
propositions visant à ouvrir ses ports et aéroports en
échange de la levée des restrictions sur les points
d'accès au Nord de l'île, ce que Nicosie a refusé210(*).
Dans le cadre de sa démarche européenne, la
Turquie a signé le 29 juillet 2005, le protocole d'extension de l'accord
d'union douanière qui liait la Turquie à l'UE depuis
1963211(*). Cette
extension lie désormais la Turquie aux dix nouveaux membres qui ont
rejoint l'UE le 1er mai 2004 dont Chypre212(*). Cependant, Ankara n'est pas
prête à reconnaître la République de Chypre. Abdallah
Gül, ministre turc des Affaires étrangères a insisté
sur le fait que la signature de l'accord ne signifie en aucun cas la
reconnaissance de Chypre. Le refus turc d'inclure Chypre au sein de cet accord
suscite des interrogations concernant l'éventuel règlement du
problème chypriote vieux de plus de quarante ans.
Des réactions mitigées qui confirment une fois
de plus la non harmonisation de la politique étrangère commune
entre les différents Etats de l'Union européenne. Si la
Grande-Bretagne a déclaré dans un premier temps que la signature
du protocole par la Turquie ne vaudrait pas la reconnaissance de Chypre, la
France a vivement critiqué l'attitude de la Turquie. « La
France en effet, a décidé de se faire l'avocate de la cause
chypriote-grecque en assumant le risque d'un blocage de la négociation
avec la Turquie. »213(*). L'intransigeance turque a conduit les Etats membres
à adopter une contre-déclaration rappelant notamment que la
reconnaissance de tous les Etats membres était une condition du
processus d'adhésion à l'UE et que la mise en oeuvre par la
Turquie de tous ses engagements au titre du Protocole de l'accord d'Ankara
vis-à-vis de l'ensemble des Etats membres dont Chypre conditionnerait,
dans le cadre du processus des négociations d'adhésion,
l'ouverture des chapitres concernés. Cela vaut notamment pour
l'accès des navires et avions chypriotes aux ports et aéroports
turcs. En effet, on est amené à s'interroger sur les vraies
intentions de l'UE au sujet de la candidature turque. La question chypriote ne
serait-elle qu'un prétexte afin de bloquer l'adhésion de la
Turquie ? « Une chose est sûre : l'Union
européenne n'entamera aucune négociation d'adhésion avec
la Turquie tant que la question chypriote ne sera pas
réglée » a déclaré Tassos
papadopoulous214(*).
En contrepartie, l'observateur le moins averti est
amené à observer un fléchissement de la position de la
république de Chypre vis-à-vis de l'adhésion de la Turquie
à l'UE. Plusieurs raisons pourraient expliquer le veto chypriote telles
que l'occupation turque, Ankara bloque régulièrement
l'accès de la république de Chypre à plusieurs
organisations internationales et enfin la non reconnaissance de la
légitimité du gouvernement Chypriote grec215(*). Cependant, Chypre ne compte
pas utiliser ces arguments contre la Turquie216(*). En effet, le gouvernement Chypriote grec estime que
«on the contrary, we think that a Turkey which is geared towards the
EU is good for Cyprus, is good for the stability and peace in our area and it
will be good for the solution of Cyprus on one very important condition -that
Turkey will comply with its obligations towards the EU. That it has to comply
with the founding principles of that partnership of
countries»217(*).
A ce stade, les Chypriotes grecs envisagent un scénario
d'intégration à l'allemande 218(*)suite à la chute du mur de Berlin219(*).
CONCLUSION
Depuis l'antiquité, Chypre est victime de sa position
géographique, qui la place au coeur de la Méditerranée
orientale, sujet de toutes les convoitises : régionales et
mondiales. La complexité de sa constitution (1960) traduit clairement sa
fragilité géopolitique. La fin de l'Empire ottoman, les
intérêts stratégiques de l'Alliance Atlantique (OTAN) dans
le contexte de la Guerre froide ont façonné le paysage actuel de
l'île. De ce fait, Chypre s'est trouvée prisonnière des
facteurs qui dépassent ses frontières.
Dès l'apparition dans les années 50 du mouvement
anti-colonial, la Grande-Bretagne, puissance coloniale en place a
utilisé les différences ethniques (entre Chypriotes grecs et
Chypriotes turcs) pour s'imposer comme seul arbitre. Sous la pression des
américains, elle octroie à Chypre son indépendance selon
les bases des Traité de Londres et de Zurich, mais avec le retour de la
Turquie sur la scène chypriote à partir du Sommet de Londres
(1955).
La République de Chypre est ainsi née.
Cependant, La Grande-Bretagne, la Grèce et la Turquie sont des pays
garants de la Constitution de 1960 et les deux bases britanniques
échappent à la République de Chypre. Cette
indépendance empoisonnée est la cause directe de l'invasion
turque en 1974 et la division de facto de l'île. Depuis, la
recherche d'un règlement sous les auspices de du secrétaire
général de l'ONU n'a jamais abouti à une solution viable
et le problème de la partition est considéré comme un
problème « ethnique » ou identitaire. Gilles
Bertrand va dans ce sens en affirmant que la partition est souvent
présentée comme une solution satisfaisante aux problèmes
ethniques220(*).
Lorsque Chypre dépose sa candidature (1990) à la
Communauté européenne avec la complicité grecque, elle
espérait appartenir à une coalition capable d'assurer sa
sécurité et sa souveraineté particulièrement face
aux visées turques. La fin de la Guerre froide, l'échec des
Nations unis à trouver une solution marque un nouveau tournant dans la
politique étrangère chypriote. La perspective d'une
adhésion favoriserait le règlement du problème chypriote
et serait un avantage pour son économie.
Chypre est effectivement éligible de part son
appartenance à l'aire culturelle européenne, sa capacité
d'intégrer l'acquis communautaire et son niveau économique
jugé capable de faire face à la concurrence. Du point de vue de
l'UE, les avis des Etats membres étaient partagés en ce qui
concerne son intégration à la CE. Certains redoutaient que le
problème chypriote n'entrave la stabilité au sein de l'UE. Sous
les pressions de la Grèce et l'influence britannique, le
règlement du problème chypriote n'est plus une condition
préalable à l'adhésion (Agenda 2000).Les Chypriotes grecs
ont rejeté le plan Annan, en contrepartie, les Chypriotes turcs ont
voté pour ce dernier. L'échec du plan Annan a mis l'UE en
difficulté. Sa crédibilité en tant que puissance politique
est mise en accusation. Le 1er mai 2004, la partie sud de Chypre
rejoint l'Union européenne et l'acquis communautaire est suspendu dans
la partie Nord. Cette adhésion n'effacera pas les prérogatives
politiques des trois pays garants : la Grèce, le Royaume -Uni et la
Turquie.
Ainsi, pour répondre à la question que nous nous
sommes posée au début de ce travail, l'UE ouvre la porte à
un pays qui un problème de souveraineté patent. Le Royaume-Uni
dispose dans le Sud de l'île, de deux bases militaires souveraines. Les
Nations unies contrôlent la zone tampon qui sépare les deux
parties de l'île. La partie Nord incluant une partie de la capitale
Nicosie est occupée militairement par la Turquie depuis 1974. Nicosie
reste la dernière capitale européenne divisée.
Avec l'entrée dans l'UE, Chypre est face à une
nouvelle situation géopolitique et institutionnelle et doit, par
conséquent, redéfinir son poids politique réel et sa marge
de manoeuvre. Alors que nous sommes au début de ce nouveau contexte
politique à Chypre (une adhésion acquise), deux scénarios
se présentent. Le premier d'entre eux : l'Union européenne
accepterait la Turquie comme nouveau « pays
européen », à plus ou moins long terme, serait la chute
du dernier mur en Europe -celui de Nicosie - et la mise en place d'une
fédération bizonale et bicommunautaire selon le modèle du
plan Annan. Par conséquent, l'intégration économique et
politique du Nord et du Sud se ferait progressivement. De ce changement
résulterait plusieurs concessions des deux communautés. Dans
cette logique, les Chypriotes turcs accepteraient une diminution de leurs
prérogatives politiques face aux Chypriotes grecs majoritaires dans
l'île, qui à leur tour feraient face à l'ingérence
des Chypriotes turcs dans les affaires de l'île (alors que depuis 1974,
ils gèrent seul leurs affaires). Cependant, pour la communauté
Chypriote turque, ce nouveau cadre constituerait une revanche sur les longues
années d'embargo et la morosité de leur économie.
Le deuxième scénario : la Turquie serait
définitivement exclue de l'UE et la RTCN serait liée de facto
à la Turquie. Cependant, les conditions politiques locale,
régionale et mondiale rendent peu probable une telle issue. En effet,
Chypre pourrait surprendre ses partenaires européens et n'opposerait pas
son droit de veto contre l'adhésion de la Turquie. De plus, la
Grèce ne menace plus de brandir son veto après
l'intégration de Chypre dans l'UE. S'ajoute à cela le
fléchissement de la politique turque vis-à-vis de Chypre surtout
après la victoire de Recep Tayyip Erdogan chef du parti islamiste
modéré (AKP) aux élections générales du 3
novembre 2002. En effet AKP fait de l'adhésion à l'UE sa
priorité et reconnaît que le problème chypriote est un
obstacle de taille à sa démarche. Cette alternance politique en
Turquie s'est accompagnée par la victoire à la RTCN du parti de
Mehmet Ali Talat (CTP) aux législatives en décembre 2003. Ce
dernier, contrairement à son prédécesseur Rauf denktash,
soutient une solution fédérale et l'adhésion de Chypre
à l'UE tout en critiquant la gestion turque des affaires de la
communauté Chypriote turque. Finalement, à l'échelle
européenne, l'UE ne pourrait pas écarter la Turquie aussi bien
pour des raisons politico-stratégiques (lutte contre l'intégrisme
islamique et le terrorisme, etc.) que pour des raisons économiques. En
effet, même si l'expérience de Chypre démontre que l'UE est
incapable de définir une approche et des actions communes et que les
Nations unies et les Etats-unis sont les seules forces crédibles pouvant
proposer une solution, le devenir européen de la Turquie serait
décisif dans l'évolution future du problème chypriote. A
ce stade, il y a fort à parier que la RTCN sera intégrée
définitivement à la république de Chypre.
Les acteurs lointains tels que les USA pourraient toutefois
infléchir simultanément dans un sens ou dans l'autre le devenir
de l'île et de la Turquie. Les Etats-Unis peuvent-il faire autre chose
qu'imposer sa « fidèle protégée » la
Turquie221(*) ? Le
caractère positif de la réponse semble évident. Si l'on
considère que les Etats-Unis peuvent exercer des pressions sur l'union
européenne afin que la Turquie entre dans l'UE.
En somme, le nouveau climat politique qui règne sur le
dossier chypriote associe des éléments contradictoires. Mais le
rapprochement entre Bruxelles et Ankara - pourvu qu'il dure - constitue une
nouvelle donne qui pourrait peser favorablement dans le dénouement de la
« tragédie chypriote ».
ANNEXES
I. Accords de Zurich et Londres
sur Chypre 11 février 1959
Article 1
La République de Chypre s'engage à assurer le
maintien de son indépendance, de son intégrité
territoriale et de sa sécurité, aussi bien que le respect de sa
constitution. Elle s'engage à ne pas participer, dans son tout ou ses
parties à aucune politique ou économique avec aucun Etat. Dans ce
but, elle prohibe toute activité qui tende à promouvoir
directement ou indirectement soit une telle union, soit la partition de
l'île.
Article 2
La Grèce, le Royaume-Uni et la Turquie, en tenant
compte des engagements pris par la République de Chypre dans l'article
1, reconnaissant et garantissent l'indépendance,
l'intégrité territoriale et la sécurité de la
République de Chypre, et également les dispositions des articles
fondamentaux de la Constitution.
Ils s'engagent pareillement à prohiber dans la mesure
de leur pouvoir, toute activité ayant l'objet de promouvoir directement
ou indirectement soit l'Union de la République de Chypre avec tout autre
Etat, soit la partition de l'île.
Article 3
Dans le cas de toute violation des dispositions du
présent Traité, la Grèce, le Royaume-Uni et la Turquie
s'engagent à se consulter ensemble en vue de lancer des démarches
ou de prendre les mesures nécessaires pour assurer le respect de ces
dispositions. Dans la mesure où une action commune ou concentrée
serait impossible, chacune de ces trois puissances garantes réserve le
droit d'intervenir dans le seul but de rétablir l'état des choses
crée par le présent Traité.
II. Accord créant une
association entre la communauté économique européenne et
la République de Chypre
Source Journal officiel des communautés
européennes du 21.5.1973 N° L 133/3
Article premier
Par le présent accord, une association est
établie entre la communauté européenne et la
République de Chypre
Article 2
1. L'accord a pour objet d'éliminer progressivement les
obstacles pour l'essentiel des échanges entre la Communauté
économique européenne et Chypre et de contribuer ainsi au
développement du commerce international
2. L'accord comporte deux étapes successives dont la
première vient à échéance le 30 juin 1977 et dont
la seconde a une durée de cinq ans en principe.
3. Au cours des dix-huit mois précédant
l'expiration de la première étape, des négociations sont
prévues afin de définir le contenu de la seconde étape
comportant la poursuite de l'élimination des obstacles aux
échanges entre la communauté économique européenne
et Chypre et l'adoption par la république de Chypre du tarif douanier
commun.
4. La première étape est régie par les
dispositions ci-après.
III. Discours de Harold
Macmillan (Londres, 31 juillet 1961)
"Déclaration de M. Macmillan à la Chambre
des Communes sur les relations futures avec la C.E.E. (31 juillet 1961)", dans
Union de l'Europe occidentale Assemblée-Commission des Affaires
générales: L'année politique en Europe
Rétrospective 1961. Mai 1962, p. 45-47.
Les relations futures entre la Communauté Economique
Européenne, le Royaume-Uni, le Commonwealth et le reste de l'Europe,
sont manifestement des problèmes d'importance capitale dans la vie de
notre pays et, en fait, de tous les pays du monde libre.
Le problème qui se pose est à la fois
économique et politique. Bien que le Traité de Rome traite de
questions économiques, il a un important objectif politique qui consiste
à promouvoir l'unité et la stabilité en Europe, facteurs
si essentiels dans la lutte pour la liberté et le progrès
à travers le monde. Dans ce monde moderne, la tendance pour la
création de vastes groupements de nations agissant ensemble dans
l'intérêt commun, conduit à une plus grande unité et
renforce aussi notre position dans la lutte pour la liberté.
Je crois qu'il est à la fois de notre devoir et de
notre intérêt de contribuer à ce renforcement en facilitant
la création de l'unité la plus étroite possible au sein de
l'Europe. D'un autre côté, si une relation plus étroite
entre le Royaume-Uni et les pays de la C.E.E. devait troubler les liens anciens
et historiques qui unissent le Royaume-Uni et les autres nations du
Commonwealth, la perte serait plus grande que le bien. Le Commonwealth est une
grande source de stabilité et de force, à la fois pour l'Europe
occidentale et pour le monde entier, et je suis sûr que sa valeur est
parfaitement comprise par les gouvernements membres de la Communauté
Economique Européenne. Je ne crois pas que la contribution de la
Grande-Bretagne au Commonwealth sera réduite si l'Europe s'unit. Au
contraire, je crois que sa valeur ne sera que mieux mise en relief.
Sur le plan économique, une communauté
comprenant, soit comme membres, soit comme associés, les pays de
l'Europe libre, pourrait donner naissance à une économie aux
rapides expansions et alimentant un marché unique de près de
trois cent millions d'individus. Cette économie en rapide expansion de
son côté pourrait provoquer un accroissement de la demande de
produits provenant d'autres parties du monde et aider aussi l'expansion du
commerce mondial, tout en améliorant les perspectives des régions
les moins développées du globe.
Aucun gouvernement britannique ne pourrait adhérer
à la Communauté Européenne sans négociations
préalables visant à répondre aux besoins des pays du
Commonwealth, de nos partenaires de l'Association Européenne de
Libre-Echange et de l'agriculture britannique sans toutefois s'écarter
des grands principes et buts qui ont inspiré le concept de
l'unité européenne et qui sont compris dans le Traité de
Rome.
Comme la Chambre des Communes le sait, des ministres ont fait
récemment des voyages dans des pays du Commonwealth pour y discuter des
problèmes qui se poseraient si le gouvernement britannique
décidait de négocier son adhésion à la
Communauté Economique Européenne. Nous avons expliqué aux
gouvernements du Commonwealth les grandes considérations politiques et
économiques que nous sommes obligés de prendre en
considération. De leur côté, ils nous ont exposé
leurs vues et, certains, leurs inquiétudes, au sujet de leurs
intérêts essentiels. Nous avons donné l'assurance aux pays
du Commonwealth que nous demeurerions en étroite consultation avec eux
tout au long des négociations qui pourront avoir lieu
Secondement, il y a l'Association Européenne de
Libre-Echange. Nous avons un traité et d'autres obligations envers nos
partenaires de cette association. Deux ministres viennent de rentrer de la
réunion ministérielle de l'A.E.L.E. qui s'est
déroulée à Genève, où tous les participants
ont accepté le principe d'une étroite collaboration tout au long
de possibles négociations.
Enfin, nous sommes déterminés à
protéger le niveau de vie de notre communauté agricole.
Au cours des neuf derniers mois, nous avons eu des discussions
franches et utiles avec les gouvernements de la Communauté Economique
Européenne. Nous avons désormais atteint le stade où il
est impossible de faire de plus amples progrès sans ouvrir des
négociations officielles. Je crois que la grande majorité de la
Chambre des Communes et du pays estimeront qu'ils ne se trouvent pas en mesure
de juger en toute justice s'il est possible pour le Royaume-Uni
d'adhérer à la Communauté Economique Européenne
tant qu'une image plus claire ne leur sera pas présentée des
conditions auxquelles nous pourrions adhérer et de la mesure dans
laquelle ces conditions répondraient à nos besoins
spéciaux.
L'article 237 du Traité de Rome suppose que les
conditions d'admission d'un nouveau membre et les changements rendus ainsi
nécessaires dans le Traité seront l'objet d'un accord. Dès
lors, les négociations doivent avoir lieu afin que soient
établies les conditions dans lesquelles nous pourrions adhérer,
et afin d'ouvrir ces négociations, il est nécessaire, aux termes
du Traité, de faire une demande officielle d'entrée dans la
Communauté, bien que la décision ultime de savoir si nous devons
adhérer ou non doive dépendre de l'issue des négociations.
Par conséquent, après un examen sérieux et
prolongé, le gouvernement de Sa Majesté en est venu à la
conclusion qu'il serait opportun pour la Grande-Bretagne de faire une demande
officielle, au titre de l'article 237 du Traité, pour des
négociations visant à adhérer à la
Communauté si un accord satisfaisant peut être conclu au sujet des
besoins spéciaux du Royaume-Uni, du Commonwealth et de l'Association
Européenne de Libre-Échange.
Si, comme je l'espère sincèrement, notre
proposition d'entrer en négociations avec la Communauté
Européenne est acceptée, nous ne négligerons aucun effort
pour atteindre un accord satisfaisant. Ces négociations revêtiront
inévitablement un caractère détaillé et technique
et couvriront un très grand nombre de questions extrêmement
complexes et délicates. Elles pourraient donc être fort
prolongées et naturellement il n'existe aucune garantie de
succès. Lorsque les négociations seront terminées, le
gouvernement aura le devoir d'exposer à la Chambre des Communes quelle
voie il conviendra de suivre.
Aucun accord ne sera mis en vigueur sans avoir
été approuvé par la Chambre des Communes après des
consultations avec les autres pays du Commonwealth par la procédure sur
laquelle ils s'accorderont.
IV. Extraits de la
Résolution (353) de l'ONU suite à l'invasion turque
« ...deeply deploring the outbreak of violence
and continuing blodshed,
Gravely concerned about the situation which led to a
serious threat to international peace and security, and which created a most
explosive situation in the whole Eastern Mediterranean area,
Equally concerned about the necessity to restore the
constitutional structure of the Republic of Cyprus, established and guaranteed
by international agreement, etc.
1. Calls upon all States to respect the sovereignty,
independence and territorial integrity of Cyprus;
3. Demands an immediate end to foreign military
intervention in the Republic of Cyprus that is in contravention of the previous
of paragraph 1 above;
6. Calls upon all parties to co-operate fully with the
United Nations Peace-Keeping Force in Cyprus to enable it to keep the
Secretary-General informed;».
V. Extraits de la Résolution 573 du
Conseil de l'Europe suite à l'invasion turque
1. «Recalling that the aim of the Council of Europe
is «to achieve a greater unity between its Members for the purpose of
safeguarding and realising the ideals and principles which are their common
heritage and facilitating their economic and social progress, and to promote
peaceful co-operation among all nations;
2. condemning the coup d'etat carried out Cyprus by
officiers owing allegiance to the Greek military dictatorship;
3. Regretting the failure of the attempt to reach a
diplomatic settlement which led to Turkish government to exercise its right of
intervention in accordance with article 4 of the guarantee Treaty of
1960.
4. Bearing in mind the resolution passed by the UN
Security Council on july 1974, the reaction of the countries directly involved
in the conflict, which have agreed to meet in Geneva, and the Common position
adopted by the Member States of The EC and the NATO Council;».
VI. Extraits de la
Résolution 541de l'ONU suite à la proclamation de la RTCN
18 novembre 1983
1. «Deploring the declaration of the Turkish Cypriot
authorities of the purported succssion of part of the Republic of
Cyprus;
2. Considers the declaration referred above as legally
invalid and calls for its withdrawal;
7. Calls upon all States not to recognise any Cypriot
state other than the Republic of Cyprus;
8. Calls upon all States and the two communities in Cyprus
to refrain from any action which might exacerbate the situation;
etc.»
VII. Extraits de la Résolution 974 du Conseil de
l'Europe suite à la proclamation de la RTCN
3. « Deploring the unilateral proclamation by
the leadership of the Turkish Cypriot community of the session of a part of the
Republic of Cyprus;
4. considering that this unilateral decision, placing the
Cypriots before a fait accompli, was premeditated
5. Considering that this act in no way prejudices the
future and can in no way result in making the partition of Cyprus official in
the eyes of the international community;
6. Recalling its strong support for all the efforts made
to foster inetrcommunal negotiations and, in the context, for the successive
good offices missions of the Secretaries-General of the UN;»
VIII. Extraits de la décision de la Commission suite
à la candidature chypriote
Brussels, 30 june 1993
44. «Cyprus' geographical position, the deep-lying
bonds which, for two thousand years, have located the island at the very fount
of European culture and civilisation, the intensity of the Européan
influence apparent in the value shared by the people of Cyprus and in the
conduct of cultural, political, economic and social life of its citizens, the
wealth of its contacts of very kind with the Community, all these confer on
Cyprus, beyond all doubt, its European identity and character and confirm its
vocation to belong to the Community.
45. A political settlement of the Cyprus question should
serve only to reinforce this vocation and strengthen the ties which link Cyprus
to Europe. At the same time, a settlement would open the way to the full
restoration of human rights and fundamental freedoms throughout the island and
encourage the development of pluralist democracy.»
IX.
Résolution du Parlement européen (5 septembre 2001)
Sur la demande d'adhésion de Chypre à
l'Union européenne et l'état d'avancement des négociations
(COM(2000) 702 - C5-0602/2000 - 1997/2171(COS))
- vu la demande d'adhésion de Chypre
à l'Union européenne, déposée le 3 juillet 1990,
conformément à l'article 49 du traité sur l'Union
européenne - vu les négociations d'adhésion
ouvertes avec la République de Chypre le 31 mars 1998,- vu le
troisième rapport régulier de la Commission sur les
progrès réalisés par Chypre sur la voie de
l'adhésion (COM(2000) 702 - C5-0602/2000),- vu le document de
stratégie pour l'élargissement - Rapport sur les progrès
réalisés par chacun des pays candidats sur la voie de
l'adhésion (COM(2000)700), présenté par la
Commission- vu les décisions prises par le Conseil
européen, notamment à Copenhague (21 et 22 juin 1993), à
Florence (21 et 22 juin 1996), à Luxembourg (12 et 13 décembre
1997), à Helsinki (10 et 11 décembre 1999), à Nice (du 7
au 9 décembre 2000) et à Göteborg (15 et 16 juin
2001),- vu le règlement (CE) n 555/2000 du Conseil du
13 mars 2000 relatif à la mise en oeuvre d'actions dans le cadre d'une
stratégie de préadhésion pour la République de
Chypre et la République de Malte(1), la décision du Conseil, du
20 mars 2000, concernant les principes, priorités, objectifs
intermédiaires et conditions du partenariat pour la République de
Chypre(2), ainsi que le règlement (CE) n 390/2001 du Conseil du 26
février 2001 concernant l'assistance à la Turquie dans le cadre
de la stratégie de préadhésion, et notamment
l'instauration d'un partenariat pour l'adhésion(3),- vu ses
résolutions du 15 avril 1999 sur les progrès accomplis par Chypre
sur la voie de l'adhésion (COM(1998) 0710 - C4-0108/1999)(4) et du 4
octobre 2000 sur la demande d'adhésion de Chypre à l'Union
européenne et l'état d'avancement des négociations
(COM(1999) 502 - C5-0025/2000 - 1997/2171(COS)) (5), - vu sa résolution
du 15 novembre 2000 sur les progrès réalisés par la
Turquie sur la voie de l'adhésion (1999) (COM(1999) 513 - C5-0036/2000 -
2000/2014(COS))(6),- vu la déclaration finale de la réunion de la
commission parlementaire mixte UE-Chypre du 27 mars 2001 à Limassol,-
vu les conclusions du Conseil d'association UE-Chypre, réuni à
Bruxelles le 15 mai 2001,- vu l'article 47, paragraphe 1, de son
règlement,- vu le rapport de la commission des affaires
étrangères, des droits de l'homme, de la
sécurité commune et de la politique de défense et les avis
des autres commissions concernées (A5-0261/2001),
A. considérant que la
République de Chypre (ci-après dénommée Chypre),
internationalement reconnue comme représentant l'ensemble de
l'île, satisfait pleinement aux critères politiques et
économiques de Copenhague pour autant que cela soit en son pouvoir (la
division de l'île) et qu'elle a accompli d'intéressants
progrès dans le domaine de l'adoption de l'acquis communautaire, et
peut, dès lors, espérer adhérer rapidement à
l'Union,
B. considérant que la
seule législation conforme aux normes européennes est celle qui
élimine toute disposition criminalisant nommément les relations
homosexuelles,
C. considérant que le
gouvernement de Chypre négocie son adhésion à l'Union au
nom de tous les Chypriotes et que, lorsque le processus d'adhésion aura
abouti, l'ensemble de l'île et de ses citoyens feront juridiquement
partie de l'Union européenne;
D. considérant que
Chypre se trouve dans la situation paradoxale d'être un pays candidat
dont 37 % du territoire est occupé depuis 27 ans par la Turquie et que,
depuis la chute du mur de Berlin, Nicosie est la seule capitale d'Europe
à être divisée,
E. considérant que le
processus d'adhésion et l'adhésion elle-même pourraient
être utilisés avec une détermination accrue comme un
catalyseur à l'effort de paix conduisant à une solution
politique du problème de la division de l'île et
considérant qu'une Chypre unifiée et pacifiée apporterait
davantage de prospérité à l'ensemble de la population de
l'île et davantage de sécurité à la
région,
F. appuyant résolument
l'ensemble des efforts de paix conduits par les Nations unies, y compris
l'ensemble des propositions présentées par le secrétaire
général de l'ONU en novembre 2000, qui a proposé la
création d'un État commun doté d'une personnalité
juridique internationale unique, souverain et indivisible, qui ne
prévoirait qu'une seule citoyenneté et garantirait les
libertés fondamentales et les droits de l'homme (l'État commun
serait composé de deux États constitutifs, chacun d'entre eux
étant doté d'un large degré d'autonomie),
G. considérant que M.
Denktash, soutenu par la Turquie, s'est unilatéralement retiré du
cinquième tour des négociations de proximité ("proximity
talks" ) placées sous l'égide de l'ONU, plongeant par là
même les négociations dans l'impasse, et que lesdites
négociations n'ont pu encore reprendre, malgré les efforts
déployés dans ce sens sur le plan diplomatique,
H. considérant que le
Conseil européen d'Helsinki et les forums communautaires à haut
niveau qui l'ont suivi ont indiqué de façon
répétée qu'un règlement politique ne constituait
pas un préalable à l'adhésion de Chypre à l'UE,
bien qu'un tel règlement avant l'adhésion soit hautement
souhaitable,
I. considérant que le
blocage des négociations produit également des
conséquences négatives sur le règlement des
problèmes humanitaires, tels que la disparition d'un grand nombre de
civils chypriotes, y compris des femmes et des enfants, depuis l'invasion
turque de 1974, alors que la Turquie persiste à ne pas réagir aux
demandes répétées d'initiatives de la Commission des
droits de l'homme du Conseil de l'Europe,
J. considérant que
l'arrêt du 10 mai 2001 de la Cour européenne des droits de l'homme
tient la Turquie pour responsable des violations des droits de l'homme commises
dans la partie nord de Chypre,
K. considérant que des
pillages avérés de monastères, d'églises et
d'édifices culturels ont eu lieu depuis le début de l'occupation
du nord de Chypre par les Turcs,
L. considérant que la
Turquie n'a toujours pas réagi à l'arrêt de la Cour
européenne des droits de l'homme de Strasbourg la déclarant
coupable de violation des droits de la citoyenne chypriote grecque Titina
Loïzidou; considérant que la Turquie maintient un embargo sur tous
les navires battant pavillon chypriote,
M. considérant que le
rapport régulier 2000 fait référence, pour la
première fois, à la situation économique difficile qui
règne dans la partie nord de l'île et qu'à
l'évidence, une vaste majorité des deux communautés se
féliciterait de l'adhésion de l'ensemble de l'île de Chypre
à l'Union européenne;
La situation politique
1. réaffirme son soutien résolu aux efforts
du secrétaire général des Nations unies visant à
trouver une solution globale et rapide, ainsi que sa position, connue de longue
date, selon laquelle une solution acceptable ne peut que se fonder sur le droit
international, comme l'indiquent les résolutions adoptées par le
Conseil de sécurité des Nations unies, même si on pouvait
imaginer une mise en oeuvre progressive de l'acquis dans le nord de l'île
si cela pouvait faciliter la fin de la partition;
2. réaffirme son soutien aux conclusions du
Conseil européen d'Helsinki stipulant que la solution de la question
chypriote ne constitue pas un préalable à l'adhésion;
approuve sans réserve le commissaire Verheugen, pour qui il ne peut y
avoir de négociations séparées avec les deux parties de
l'île, ni être question de l'adhésion de deux États
chypriotes ni d'une adhésion de la partie nord de l'île à
travers l'adhésion de la Turquie;
3. souligne que, si la Turquie mettait à
exécution sa menace d'annexer le Nord de Chypre en réponse
à l'adhésion de Chypre à l'UE et proclamait cette
partie nord sa 82ème province, en violation flagrante du droit
international, elle mettrait fin elle-même à ses ambitions de
devenir membre de l'Union européenne;
4. invite la Turquie à considérer
l'adhésion de Chypre comme une contribution importante non
seulement à l'existence et au développement en toute
sûreté des deux communautés, mais également à
la prospérité de l'ensemble de ses citoyens; l'adhésion de
Chypre, associée à la démilitarisation de l'île et
aux garanties de sécurité offertes par l'Union européenne,
pourrait représenter un pas important vers la paix et la
stabilité dans la région et renforcerait le partenariat
d'adhésion entre la Turquie et l'Union européenne;
5. déplore le retrait unilatéral
injustifié de M. Denktash des négociations de proximité
placées sous l'égide de l'ONU et le prie instamment d'accepter
d'ouvrir un nouveau cycle de négociations directes approfondies;
6. rejette la formule utilisée dans le
programme national turc pour l'adoption de l'acquis communautaire (PNAA)
concernant Chypre, qu'il estime contraire à la fois au droit
international, à la résolution 3212/74 de l'Assemblée
générale et à la résolution 541 du Conseil de
Sécurité des Nations unies, ainsi qu'aux propositions du
secrétaire général de l'ONU et à l'acquis
communautaire;
7. se félicite par conséquent du
"dialogue politique renforcé" entre l'UE et la Turquie,
lancé fin mars 2001, et du fait que l'UE ait passé des accords de
partenariat d'adhésion avec Chypre et la Turquie, qui sont des
initiatives positives susceptibles de fournir un cadre à la solution de
la question chypriote;
8. invite la Commission, dans ce contexte,
à mettre la question des personnes disparues à l'ordre du jour de
la prochaine réunion avec la Turquie et invite instamment la Turquie
à se conformer sans délai aux arrêts, d'ordre tant
général qu'individuel, de la Cour européenne des droits de
l'homme;
9. demande à la Commission et au Conseil
que l'Union européenne reste fortement engagée en faveur d'un
règlement négocié, dans le but de mettre fin à la
partition de l'île, en recourant à tous les instruments
appropriés dont ils disposent pour accélérer le
processus;
La transposition de l'acquis communautaire
10. réaffirme sa satisfaction devant les
progrès réalisés par Chypre dans les négociations
d'adhésion et note qu'à ce jour, 22 des 29 chapitres sont
provisoirement clos, plaçant Chypre dans le peloton de tête des
pays candidats, et invite en conséquence le gouvernement chypriote
à poursuivre ses efforts de transposition intégrale et de mise en
oeuvre de l'acquis communautaire afin de conclure au plus tôt les
négociations d'adhésion;
11. souligne que Chypre satisfait aux
critères politiques et économiques de Copenhague pour autant que
cela soit en son pouvoir (la division de l'île) et que ses progrès
sur l'adoption de l'acquis communautaire demeurent excellents;
12. attire l'attention sur le fait que, si
Chypre satisfait aux critères économiques de Copenhague, sa
stabilité macroéconomique a récemment faibli et que sa
politique budgétaire actuelle pourrait ne pas être supportable
à moyen terme, ce qui rend nécessaire un suivi attentif;
13. note que, si l'adoption de l'acquis
communautaire est généralement rapide, certains domaines
requièrent néanmoins une attention particulière;
relève que l'environnement dans son ensemble et, plus
spécifiquement, divers aspects comme le traitement des déchets ou
la quantité et la qualité de l'eau, l'application des
mécanismes de l'acquis agricole, la libre circulation des personnes, les
aides d'État, la surveillance de la structure bancaire, les
contrôles aux frontières et la sécurité maritime
doivent constituer pour Chypre des questions prioritaires; souligne que, si les
négociations se poursuivent au rythme actuel, ces problèmes ne
devraient pas être insurmontables;
14. observe que les négociations sur le
chapitre de l'environnement ont été ouvertes mais n'ont pas
été achevées avec Chypre; souhaite que les périodes
transitoires prévues pour l'adoption intégrale de l'acquis soient
réduites au minimum et que soient fixés des objectifs
intermédiaires;
15. prie Chypre de mettre en place les
mécanismes nécessaires pour assurer une liaison effective avec le
Système d'alerte rapide de la Communauté, s'agissant de la
notification à l'Autorité alimentaire européenne de tout
risque grave perçu ou identifié et des mesures à prendre
par le Système d'alerte rapide comme suite à une alerte de
l'Autorité alimentaire;
16. se prononce en faveur de la participation
de Chypre au nouveau programme d'action communautaire dans le domaine de la
santé publique, lancé en 2000;
17. souligne qu'à l'instar des autres
pays candidats, Chypre doit renforcer sa capacité administrative et
juridique afin d'appliquer correctement l'acquis communautaire;
18. constate que les versements directs aux
producteurs agricoles jouent un rôle important et controversé dans
le cadre des négociations d'adhésion; souligne la
nécessité de faire relever les versements directs du
"deuxième pilier" de la PAC par la liaison obligatoire des primes
à des critères sociaux et écologiques
(éco-conditionnalité et modulation) en vue de désamorcer
la controverse et de garantir une formation unitaire des primes au sein de
l'Union élargie;
19. constate que des progrès ont
été accomplis sur le plan de la préparation de
l'agriculture chypriote à la politique agricole commune, mais fait
observer que des éléments essentiels de l'acquis agricole
continuent à faire défaut - en particulier dans le domaine de la
suppression des monopoles d'État ; recommande à Chypre de mettre
également en place les structures nécessaires sur le plan
administratif et procédural;
20. se réjouit du dialogue social,
essentiellement interprofessionnel et tripartite, et insiste pour que le
dialogue social bipartite et sectoriel soit renforcé et
élargi;
21. invite le législateur chypriote
à éliminer de la réglementation relative à
l'accès au marché du travail et à la vie professionnelle
les discriminations non conformes au droit communautaire et, en particulier,
les exigences relatives à la nationalité, au lieu de
séjour, à l'appartenance à des associations
professionnelles et au certificat de bonne vie et moeurs;
22. fait valoir que l'adoption de l'acquis
communautaire dans le domaine de l'égalité des femmes et des
hommes est une condition sine qua non de l'adhésion, dans la mesure
où cette question fait partie intégrante de celle des droits de
l'homme et que le développement institutionnel nécessaire dans ce
domaine est un élément indispensable d'une mise en oeuvre
intégrale de l'acquis;
23. constate, malgré le bon niveau du
système chypriote de contrôle financier interne et externe, que le
gouvernement chypriote doit encore renforcer l'indépendance des
fonctions d'audit interne au sein du gouvernement;
24. demande instamment à Chypre de
prendre les mesures nécessaires pour garantir la gestion correcte des
crédits de préadhésion ainsi que des futurs Fonds
structurels;
25. demande au gouvernement chypriote de
retirer du code pénal les dispositions discriminatoires à
l'encontre des homosexuels et des lesbiennes, notamment l'article 171, que la
Commission européenne des droits de l'homme a déclaré
contraire à la Convention européenne des droits de
l'homme;
Développements politiques récents
26. fait part de ses préoccupations en
ce qui concerne la péninsule d'Akamas et invite le gouvernement
chypriote à veiller à sa préservation en tant que zone
environnementale d'importance européenne, avec une insistance
particulière sur la conservation et la protection des oiseaux
sylvicoles;
27. se félicite des contacts, des
projets et du dialogue bicommunautaires à tous les niveaux, qui sont des
éléments nécessaires à l'instauration de la
confiance; considère que des événements tels que le
festival récemment mis sur pied par deux partis politiques des deux
communautés dans la zone-tampon des Nations unies peut jouer un
rôle dans le rapprochement des deux communautés de l'île,
mais juge que leur champ et leur participation sont encore trop
limités;
28. demande à la Commission de soutenir
et de développer toutes les activités bicommunautaires en rendant
beaucoup plus disponible le financement de projets appropriés; prie
instamment les représentants des Chypriotes turcs de permettre aux
membres de leur communauté d'y participer pleinement; invite la
République de Chypre à faciliter l'organisation de tels
événements en allégeant également les
critères relatifs à la sélection des participants;
29. insiste pour que les représentants
politiques en vue des Chypriotes usent d'un ton conciliant lorsqu'ils parlent
de l'autre communauté et que des mesures urgentes soient prises pour
surmonter l'isolement économique du Nord ;
30. estime que l'élaboration, le
financement et la mise en oeuvre de projets communs d'écotourisme pour
les régions d'Akamas et de Karpas, l'assainissement de la région
des mines de cuivre de Lefke, ainsi que des projets de gestion des eaux et des
déchets pourraient constituer autant de défis pour la
coopération entre les deux communautés;
31. propose que des contacts soient
noués entre le Parlement européen, les représentants de la
communauté chypriote turque, la société civile, des
journalistes et tous les partis politiques chypriotes turcs;
32. se dit préoccupé par la
répression dont font l'objet la liberté d'expression et
l'opposition dans la partie occupée de l'île;
33. note avec satisfaction l'enthousiasme pour
l'adhésion de Chypre à l'UE et appelle l'attention sur
l'existence d'un climat majoritairement favorable à
l'adhésion;
34. demande à la Commission
d'intensifier à cet égard ses contacts dans la partie
septentrionale de l'île afin d'informer la population tout entière
des avantages de l'adhésion à l'Union européenne;
35. se félicite des discussions entre M.
Verheugen et M. Denktash, le 27 août 2001, et entre M. Kofi Annan et M.
Denktash, le 28 août 2001, et espère que ces discussions auront
imprimé aux forces de réconciliation un nouvel
élan;
36. exprime ses préoccupations sur les
craintes - exprimées par des représentants de la
communauté chypriote turque - quant à l'intimidation dont sont
victimes les partisans de l'UE de la part d'une organisation nationaliste
nouvellement créée disposant d'un soutien officiel dans la partie
occupée; condamne fermement le récent attentat à la bombe
contre les bureaux du journal chypriote turc "Avrupa" ;
37. se réjouit de la poursuite du
dialogue avec Chypre dans le domaine de la politique européenne commune
en matière de sécurité et de défense;
38. invite la Turquie à
reconnaître la résolution 1354/01 du Conseil de
Sécurité des Nations unies, adoptée à
l'unanimité le 15 juin 2001, concernant l'extension pour une
période de six mois du mandat de l'UNFICYP;
39. charge sa Présidente de transmettre
la présente résolution au Conseil, à la Commission, aux
parlements des États membres, au gouvernement et au parlement de la
République de Chypre, ainsi qu'au gouvernement et à la Grande
Assemblée nationale de la République de Turquie.
VIII. Tableau Principaux
indicateurs économiques de Chypre
(en milliers / en %)
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Population
|
670,4
|
678,9
|
686,4
|
693,6
|
701,3
|
709,6
|
718,0
|
PIB (au prix actuel)
|
£ 4379.6
|
£ 4704.2
|
£ 5037.1
|
£ 5525.3
|
£ 5876.9
|
£ 6161.0
|
£ 6563.8
|
PIB (développement réel)
|
2.3 %
|
4.8 %
|
4.7 %
|
5.0 %
|
4.0 %
|
2.0 %
|
2.0%
|
PIB / habitant
|
£ 6533
$ 12718
|
£ 6929
$ 13410
|
£ 7338
$ 13510
|
£ 7966
$ 12815
|
£ 8380
$ 13041
|
£ 8682
$ 14278
|
£ 9142
$ 17720
|
Productivité
|
2.2 %
|
3.8 %
|
2.6 %
|
2.5 %
|
1.9 %
|
0.6 %
|
0.5 %
|
Taux Nominal Salarial
|
6.8 %
|
5.2 %
|
4.8 %
|
7.2 %
|
5.1 %
|
4.7 %
|
6.0 %
|
Réel Taux Salarial
|
3.1 %
|
2.9 %
|
3.0 %
|
2.9 %
|
3.1 %
|
1.8 %
|
1.4%
|
Taux d'Inflation
|
3.6 %
|
2.2 %
|
1.7 %
|
4.1 %
|
2.0 %
|
2.8 %
|
4.1 %
|
Chômage
|
3.4 %
|
3.4 %
|
3.6 %
|
3.4 %
|
2.9 %
|
3.2 %
|
3.5 %
|
Déficit du Gouvernement Central en % du PIB
|
5.3 %
|
5.5 %
|
4.0 %
|
2.7 %
|
2.8 %
|
3.6 %
|
5.5 %
|
Dette du Gouvernement Central en % du PIB
|
52.7 %
|
55.6 %
|
56.8 %
|
54.6 %
|
55.6 %
|
59.7 %
|
63.6 %
|
Total des Exportations (FOB)
|
£ 640.2
|
£ 551.3
|
£ 543.2
|
£ 591.8
|
£ 628.1
|
£ 514.4
|
£ 478.2
|
Total des Importations (FOB)
|
£ -1704.7
|
£ -1807.4
|
£ -1796.9
|
£ -2213.7
|
£ -2268.3
|
£ -2256.4
|
£ -2057.7
|
Arrivées des Touristes
|
2088.0
|
2222.7
|
2434.3
|
2686.2
|
2696.7
|
2418.2
|
2303.2
|
Arrivées de Touristes français
|
32 536
|
28 603
|
32 456
|
36 582
|
32 825
|
29 541
|
-
|
Rentrées Touristiques
|
£ 843.0
|
£ 878.0
|
£ 1025.0
|
£ 1194.0
|
£ 1271.6
|
£ 1132.5
|
£ 1019.0
|
Revenu en provenance de compagnies Internationales
|
£ 191.8
|
£ 209.6
|
£ 243.1
|
£ 268.1
|
£ 294.5
|
£ 332.0
|
£ 350.0
|
Coût Total de la Dette Externe
|
£ 1393.9
|
£ 1539.0
|
£ 1785.0
|
£ 1824.0
|
£ 2270.8
|
£ 2361.1
|
£ 2519.5
|
Coût Total de la Dette Gouvernementale Externe
|
£ 517.4
|
£ 667.3
|
£ 874.7
|
£ 853.1
|
£ 803.9
|
£ 862.1
|
£ 973.0
|
Proportion de la Dette des Services Externes
|
8.4 %
|
8.3 %
|
5.8 %
|
7.7 %
|
9.4 %
|
7.1 %
|
6.8%
|
Crédit attribué au Secteur Privé
|
12.2 %
|
14.3 %
|
14.4 %
|
14.3 %
|
12.3 %
|
8.0 %
|
5.1 %
|
$/CYP
|
1.9467
|
1.9353
|
1.8410
|
1.6087
|
1.5563
|
1.6445
|
1.9383
|
Source : Banque Centrale de Chypre
IX. Tableau comparatif l'Europe
à 15/25
|
Europe des 15
|
Europe des 25
|
Evolution
|
Superficie
|
3 191 120 km²
|
3 929 712 km²
|
+ 23,1 %
|
Population
|
378 millions
|
453 millions
|
+ 19,8 %
|
PIB
|
8 826 milliards d'euros
|
9 230 milliards d'euros
|
+ 4,6 %
|
Source :
www.europe.gouv.fr
BIBLIOGRAPHIE
Afin d'avoir une meilleure vue d'ensemble sur les relations
entre l'Union européenne et la République de Chypre, et sans
prétendre à l'exhaustivité, nous avons jugé bon et
utile d'établir une bibliographie à la fois accessible et
variée. Nous avons également cherché à y inclure
des titres dont les sujets portent sur le rôle joué par un certain
nombre d'acteurs régionaux et internationaux dans les relations entre
les deux parties concernées par notre recherche.
I. Union Européenne
1. Sources
Nous entendons par le mot sources toutes les publications
émanant des institutions officielles : les déclarations
officielles ; les rapports parlementaires et gouvernementaux.
- COMMISSION EUROPÉENNE, Union européenne
Recueil de traités, Luxembourg, 1999.
- Les traités de Rome, Maastricht, Amsterdam et
Nice, textes comparés, La Documentation française, Paris,
2002.
2 . Articles et ouvrages
A/. Ouvrages
- .RUPNIK J.), Les européens face à
l'élargissement, perceptions, acteurs, enjeux, Presses de Sciences
Politiques, Paris, 2004.
- BEURDELEY (L.), L'élargissement de l'Union
européenne aux pays d'Europe centrale et aux îles du bassin
méditerranéen, l'Harmattan, Paris, 2003.
- COURTY (G.) & DEVIN (G.), La
construction européenne, La Découverte, coll.
Repères, Paris, 2001.
- DUBOUIS (L.) [sous la dir.], L'Union européenne
Les notices, La Documentation française, Paris, 1999.
- DUMOND (.J-M.) & SETTON (Ph.), La politique
étrangère et de sécurité commune, coll.
« Réflexe Europe », La Documentation
française, Paris, 1999.
- DURAND (M.-F.), & DE VASCONCELOS (A.), [sous la dir.],
La PESC ouvrir l'Europe au monde, Presses de Sciences Po, Paris,
1998.
- DUROSELLE (J.-B.), L'Europe de 1815 à nos jours
Vie politique et relations internationales, PUF, Paris, 2003.
- DUROSELLE (J.-B.), L'Europe de 1815 à nos
jours, PUF, collection « L'histoire et ses
problèmes », 11ème éd., Paris,
2003.
- DUROSELLE (J.-B.), L'Europe : histoire de ses
peuples, Paris, 2004.
- GIULIANI (J.-D.), Quinze + dix le grand
élargissement, Albin Michel, Paris, 2003.
- GROSSER (A.), [sous la dir.], Les pays de l'Union
européenne, la Documentation française, Paris, 2004.
- HAMON (D), IVAN KELLER (S), Fondements et étapes
de la construction européenne, PUF, Paris, 1997.
- HELLY (D.) & PETITEVILLE (F.), L'Union
européenne acteur international, L'Harmattan, Paris, 2005.
- KLEIN (J.) [ sous dir], Vers une politique
européenne de sécurité et de défense,
Economica, Paris, 2003.
- LARAT (F.), Histoire politique de l'intégration
européenne (1945-2003), Les études de la Documentation
française, Paris, 2003.
- RUPNIK (J.) [ et.alii], L'Europe des 25 : 25 cartes
pour un jeu complexe, Editions Autrement, Paris, 2004.
B/. Articles spécialisés
- « L'Europe à 25 », in
Questions internationales, n°7, mai-juin 2004, La Documentation
française, Paris, pp. 16-96.
- PETITEVILLE (F.), « L'Union européenne,
acteur international global : un agenda de recherche », in
Revue internationale et stratégique, n°47, automne 2002,
p.p 145-157.
- PONS (F.), « A qui profitera
l'élargissement ? », in Politique
Internationale, 98, hiver 2002/2003, pp. 67-80.
II/Chypre
A/Ouvrages
- ANALIS (D.), Opération Atilla, Editions
Anthropos, Paris, 1978.
- BLANC (P.), La déchirure chypriote:
géopolitique d'une île divisée, l'Harmattan, Paris,
2000.
- BOROWIEC (A.), Cyprus: A Troubled Island, Westport,
2000.
- DODD (C.H.), The Cyprus Issue: A Current
Perspective, Huntingdon, 1995.
- DREVET (J.-F.), Chypre en Europe, L'Harmattan,
Paris, 2002.
- GAZIOGLU (A.), Ingliz Yönetiminde
Kýbrýs (en turc) [Chypre dans l'administration
anglaise], Istanbul, 1998.
- GROUZET (F.), Le conflit de Chypre 1946-1959,
Editions Bruylant, Bruxelles, 1973.
- HOLLAND (R.), Britain and the Revolt in Cyprus
1954-1959, Oxford, 1998.
- IOANNOU (G.) [et alii], Chypre et la
Méditerranée orientale: formation identitaires :
perspectives historiques et enjeux contemporains, Actes de colloque
Lyon - Maison de l'Orient méditerranéen, 2000.
- ISMAÏL (S.), 100 soruda kýbrýs sorunu
(en turc) (= Le problème chypriote en 100 questions),
Lefkosa, 1992.
- METRAL (F.), Chypre hier et aujourd'hui entre Orient et
Occident : échanges et relations en Méditerranée,
Lyon, 1996.
- ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE, Chypre 1997,
Genève, 1997.
- POLYVIOU (P.), Cyprus, Conflict and Negotiation
1960-1980, New York, 1980.
- SALEM (N.), Cyprus : a Regional Conflict and its
Resolution, New York, 1992.
- STREISSGUTH (Th.), Cyprus, divide Island,
Minneapolis, 1998.
B/ Articles de presse
- « Chypre 40 ans d'affrontement », in
Le Monde diplomatique, sept. 1998, p.7.
- CHICLET (Ch.), « Une île prisonnière
de visées antagonistes Chypre à la recherche d'un impossible
compromis », in Le Monde Diplomatique, août 1986.
- JECO (M.), « Chypre en échec à
Copenhague », in Le Monde du 23/12/2002.
C/. Articles parus dans des revues
spécialisées
- BARKEY (H.), «Cyprus: The Predicable Crisis», dans
National Interest, 66, 2001/2002, pp. 83-92.
- CLERIDÈS (G.), « Chypre
réunifiée? », in Politique internationale, 64,
1994, pp. 191-200.
- GILLES (B.), « Vingt-cinq ans après,
où en est la partition de Chypre », in Les Etudes du
CERI, 59, 1999.
- GREEN (P.), « Embracing Cyprus: the Path to
Unity », in The new Europe, London, 2003.
- HANNAY (D.), « Cyprus at the
Crossroads », Studia diplomatica, 3, vol. 50, 1997, pp.
33-41.
- HANNAY (D.), « Cyprus: Missed Opportunities and
the way ahead », in Journal of Southern Europe and the
Balkans, 1, vol. 6, 2004, pp. 7-12.
- KISSINGER Henry, « Chypre : étude de
cas d'un conflit ethnique », Les années de renouveau,
Paris, fayard, 2000.
- KLEBES-PÉLISSIER Anne « Chypre : un conflit
insoluble, Arès, fasc. n°41, vol.17 (1998/10),
pp.59-75.
- Security Dialogue, vol. 35,1, p 27-42,
2004/2003.
- Special issue on Cyprus, Perceptions (Ankara),
2001-09-11), n°3, vol 6, pp. 5-182.
- YAKEMTCHOUK Romain, «Chypre, la réunification
avortée », Revue du Marché Commun et de l'Union
européenne n° 478 2004-2005, pp. 293-297.
- Ministry of Foreign Affairs of the Republic of Cyprus,
United Nations Securty Council and General Assembly Resolutions on Cyprus
1960-2002, Nicosia, Cyprus, 2003.
- YIANGOU George S, «A critical evaluation of the
applicability of the Aland into conflict situation in Cyprus with a view to
achieving peaceful governance», Cyprus Review vol. 14, n°1,
2002, spring), pp. 13-28.
III/ L'UNION EUROPEENNE ET CHYPRE
1. Sources
- CHAMONT (J), Rapport d'information déposé
par la Délégation de l'Assemblée nationale pour l'Union
européenne sur l'adhésion de la République de Chypre
à l'Union européenne, Assemblée Nationale, Paris,
2001.
- « Le défi de l'élargissement : avis
de la commission sur la demande d'adhésion de la République de
Chypre », in Bulletin des Communautés
Européennes, supplément, 1993, pp. 3-36.
- The Press and Information Office, Republic of Cyprus,
Cyprus: On the Way to EU Membership, Nicosia, Cyprus, 2001.
- The Press and Information Office, Republic of Cyprus,
The Republic of Cyprus: an Overview, Nicosia, Cyprus, 2005.
- The Europea stand on the Cyprus Problem, Nicosia,
Cyprus, 2003.
- Assemblée Nationale (France), Rapport
d'information déposé par la Délégation de
l'Assemblée Nationale pour l'Union européenne sur
l'adhésion de la République de Chypre à l'Union
européenne, n°781, présenté par Christian
PHILIP, le 9 avril 2003.
- BARRAU (A), Rapport d'information déposé
par la Délégation de l'Assemblée nationale pour l'Union
européenne sur l'adhésion de la République de Chypre
à l'Union européenne, Assemblée Nationale, Paris,
2002.
- COMMISSION DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES, Le
défi de l'élargissement, avis de la Commission sur la demande
d'adhésion de la République de Chypre, Luxembourg, 1993.
- CONSEIL DE L'EUROPE, European Stand on the Cyprus
Problems Resolutions, Nicosia, 1987.
- DÉLEGATION DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE POUR L'UE,
Rapport complémentaire d'information sur l'adhésion de Chypre
à l'UE présenté par Christian PHILIP,
Assemblée Nationale, Paris, 2003.
- DÉLEGATION DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE POUR L'UE,
Rapport d'information sur l'adhésion de Chypre à l'UE
présenté par Christian PHILIP, Assemblée Nationale,
Paris, 2003.
- DEUDON (Au.), L'intégration de Chypre à
l'Union Européenne : existe-il un avenir au sein de l'Union
Européenne pour un pays divisé tel que Chypre ? , IEP
(Institut des Etudes Politiques) Grenoble, 2001, sous la direction de
Célia HIMELFARD.
- DEVEDJUAN (P), Rapport d'information
présenté à l'AssembléeNationale à la suite
de la mission effectuée à Chypre ; Assemblée
Nationale et la délégation du groupe d'amitié
France-Chypre, Assemblée Nationale, Paris, 1997.
- Dossier : Union européenne : relations
Union européenne -Chypre, La documentation Française, Paris,
2003.
- LE PENSEC (L.), Rapport d'information sur la candidature
de Chypre à l'Union Européenne, Sénat, Paris,
2001.
- Rapport d'information présenté à la
suite de la mission effectuée à Chypre par une
délégation du groupe d'amitié France- Chypre,
Assemblée Nationale, Paris, 1997.
- Rapport régulier de 1998 de la Commission sur les
progrès réalisés par Chypre sur la voie de
l'adhésion : document établi sur la base du document COM,
1998, 1999.
- SAPOUNA (S.), L'adhésion de Chypre à
l'Union Européenne, Paris II, 1999. (mémoire de DEA).
- UNION EUROPÉENNE/ COMITÉ DES RÉGIONS,
Préparer l'élargissement de l'Union européenne: la
décentralisation dans les pays candidates de la première
vague, Luxembourg, 2000.
- UNITED NATIONS ASSOCIATION OF NORTH CYPRUS, Cyprus and
the European Union: The Turkish Cypriot View and Some Selected Articles,
Lefkosa, Cyprus, 1996.
2/Ouvrages et articles
A/ Ouvrages
- BAIER-ALLEN (S.) (ed.), Looking Into The Future of
Cyprus-EU Relations, Baden-Baden, 1999.
- CHARPIN (J.-M.), L'élargissement de l'Union
européenne à l'est de l'Europe : des gains à escompter
à l'Est et à l'Ouest, La Documentation française,
Paris 1999.
- DIETZ (Th.), The European Union and the Cyprus Conflict
: Modern Conflict Postmodern Union, New York, 2002.
- THEOPHANOUS (A), The Cyprus Question and the EU: The
Challenge and the Promise, Intercollege, Nicosia, Cyprus, 2004.
- DREVET (J.-F.), Chypre en Europe, L'harmattan,
Paris, 2000.
- LYCOURGOS (C.), L'association de Chypre à la
CEE, PUF , Paris, 1989.
- SUVARIEROL (S.), Un candidat problématique: Chypre
et l'Union européenne, S1, 2000.
- TENÉKIDÈS (G.), Chypre : histoire
récente et perspectives d'avenir, Paris, 1964.
- THEOPHYLACTOU (D), Identity and nation building: Cyprus
and the EU in comparative perspective, Aldershot, USA,1995.
- TSARDANIDIS (C.G), The Politics of the EEC-Cyprus
Association Agreement 1972-1982, Cyprus Research Centre, Nicosia, 1988.
B/ Articles
- Andreas P. Kyriacou, «A Viable Solution to the Cyprus
Problem in the Context of European Union Accession», in Cyprus
Review, vol 12, n° 1, printemps 2000, pp. 35-59.
- ANTONIOU (A.), « L'union douanière entre la
CEE et Chypre : Une nouvelle expérience en vue », in
Revue du marché commun, 311, nov.1987, pp. 607 - 613.
- BERRAMDANE (A.), « Chypre entre adhésion
à l'Union européenne et réunification », in
Revue de droit de l'Union européenne, n°1, 2003,
pp.87-108.
- BERTRAND (G), « L'adhésion de Chypre
à l'Union européenne : un déblocage du conflit vers
le bas », in Politique européenne, 2001, n°3,
pp. 118-136.
- CATSIAPIS (J.), « La France et la question
chypriote De la guerre d'indépendance à la crise de
1964 », in Etudes Helléniques, Printemps 1996, pp.
15-37.
- CHICLET (Ch.), « Chypre aux portes de l'Union
européenne », in Politique Internationale, 77,
automne 1997, pp. 107-120.
- CONSTANTINOU (D.), « Chypre-CEE :
l'amère expérience d'une association », in La
Nouvelle Revue Internationale, 267, nov.1980, pp.183-193.
- DODD (C. H), «The Cyprus Problem
Accenssion to the European Union and Broader Implication», In
Mediterranean Quarterly, Hiver 2003, , n°1, vol. 11, pp.42-66.
- EVRIVIADES (E), «Cyprus in the European Union:
Prospects for Reunification, Peace with Turkey, and Regional stability»,
in Mediterranean Quarterly, vol. 16, n°3, Summer 2005, pp.
1-16.
- FEATHERSTRONE (K.), «Cyprus and the European Union,
what kind of Membership?», in Cyprus Review, printemps 1995,
n°1, vol.7, pp. 69-76.
- GAUDISSART (M.A), Cyprus and the EU: The Long Road to
Accession, In Cyprus Review , 1996, spring, vol 8, n°1, pp.
7-38..
- GILLES (G.), « Chypre vers une solution
européenne ? », in Questions
internationales n° 1, mai- juin 2003, La Documentation
française, Paris, 2003, pp.74-82.
- GILLES (G.), « L'adhésion de Chypre
à l'Union européenne : Un déblocage du conflit vers le
bas », in Politique européenne, n°3, 2001,
pp.118-136.
- JOSEPH (J.S.), Cyprus and the threshold of the EU, In
Mediterranean Quarterly, printemps 1996, n°2, vol.7, pp.
112-122.
- Joseph S. Joseph, Cyprus and the EU: Searching for a
Settlement in the Light of Accession, in Cyprus Review, Printemps,
1999.pp. 33-57.
- KLÉBES-PÉLISSIER (A.),
« L'adhésion de Chypre à l'Union
européenne », in La Revue trimestrielle de droit
européen, n°3, 2003, p. 411-469.
- MC LAREN (L.M) , « EU enlargement
and the «Cyprus problem», in Journal of common Market
Studies, vol. 38, n°1, 2000, p.131-150.
- MELAKOPIDES (C.), «On The Mediterranean `Fuzzy edge' of
The EU : The Candidacies of Malta, Cyprus and Turkey», in
European Integration, vol. 22, 2000, p. 299-334.
- NUGENT (N.), «Cyprus and the European Union :
A particularly difficult membership application», in Mediterranean
Politics , n°3, vol. 2, Londres, 1996, p.53-75.
- PAPADOPOULOS (T.) & CATSIAPIS (J.), « Chypre
à l'heure européenne », in Politique
internationale, 101, automne 2003, p.257-266.
- PAPANEOPHYTOU (N.), «Cyprus: the way to full European
Union membership», in Cyprus Review, automne 1994, p. 83-96.
- PIRISHS (A.), « Chypre: un défi et une
chance pour l'Europe », in Revue Economique
Française, 1996, 118ème année, n°3-4,
p.1-7.
- REDMOND (J.), «Security implication of the accession of
Cyprus to the European Union», in International Spectator,
n°3, 1995, p.27.
- SUVARIEROL (S.), « La question de
l'adhésion de Chypre à l'Union européenne et le
problème de la RTCN », CEMOTI (Cahiers
d'études sur la Méditerranée orientale et le monde
turco-iranien), n° 31, 2001, pp. 163 - 188.
- TANK (P.), «Re-solving» the Cyprus problem,
changing perceptions of state and societal security» in European
security , n°3, 2002, p.146-164.
- THEOPHANOUS (A.), «Cyprus and the European Union : From
Customs union to membership», in Cyprus Review, n°1, 1995,
p.69-76.
- TOCCI (N.), «Cyprus and the European Union accession
process: inspiration for peace or incentive for crisis?», Turkish
Studies, n°2, 2002, vol.3, p.104-138.
- TOCCI (N.), «Incentives and Disincentives for
Reunification and EU Accession» in Cyprus in Mediterranean
Politics, n°1, 1996, p.151-158.
- VAN VESTERLING (J.), «Conditionality and EU membership:
the case of Turkey and Cyprus», in European Foreign Affairs
Review, n°1, 2000, p. 95-118.
- VANER (S), « Chypre et l'Union
européenne », in Politique étrangère,
n°3, 1996, p. 651-664.
- VANER (S), « La question de l'adhésion de
Chypre à l'Union européenne », in CEMOTI,
n°21, 1996, p. 271-289.
- VANER (S.), « Chypre et l'Union
européenne », in Politique étrangère,
n°3, 1996, p. 651-664.
- VANER (S.), « La question de l'adhésion de
Chypre à l'UE », in CEMOTI, n°21, 1996, pp.
171-289.
- VASSILIOU (G.), «EU Enlargement: Implication for
Europe, Cyprus and the Eastern Mediterranean», in The Mediterranean
Quarterly, n° 1, 2002, pp. 12-20.
- YENNARI (K.), «Building bridges in Cyprus: the Role of
the European Union in the Reconciliation of Two Communities», in
Cyprus review, n°2, 2003, pp. 81-101.
- ZECCHINI (L.), « La triple négociation
entre la Turquie et l'Europe », in Le Monde du 04/11/2002,
p.11.
IV/ L'Union européenne et la
Méditerranée
1/ Sources
- ASSEMBLÉE NATIONALE, Rapport d'information sur le
partenariat euro méditerranéen, Paris, 1999.
- Rapport d'information sur les relations entre l'UE et
les pays tiers méditerranéens, Paris 1995.
2/ Ouvrages et articles
A/ Ouvrages
- BISTOFOLFI (R.), Euro-med une région à
construire, Paris, 1995.
- CATIN (M.), Europe-Méditerranée, vers quel
développement, l'Harmattan, Paris, 1999.
- CHERIGUI (H.), La politique
méditerranéenne de la France : entre diplomatie collective et
leadership, Thèse de doctorat sous la direction de CONAC
Gérard, Strasbourg, 1996.
- CONSEIL DE L'EUROPE, Stratégies en
Méditerranée, Conseil de l'Europe, Strasbourg, 1995.
- DA LAGE (O.), Jeux de go en Méditerranée
orientale, Fondation pour les études de défense nationale,
Paris, 1986.
- DAGUZAN (J.-F.), La Méditerranée: nouveaux
défis, nouveaux risques, Publisud, Paris, 1995.
- DAMDELEN (M.), Scenarios to the Cyprus Problem, European
Union and Sustainable Peace, Nicosie, 1998.
- GILLEPSIE (R.), The euro-med partenership political and
economic perspectives, London, 1997.
- GROUPE D'ÉTUDES ET DE RECHERCHES SUR LA
MÉDITERRANÉE ORIENTALE ET LE MOYEN ORIENT,
Méditerranée occidentale sécurité et
coopération, Paris, 1992.
- LACOSTE (Y.), L'Europe la France et la
Méditerranée vers de nouveaux partenariats, La Documentation
française, Paris, 1993.
- LEVEAU (R.), Le partenariat
euro-méditerranéen La dynamique de l'intégration
régionale, La Documentation française, Paris,
2000.
- Méditerranée le Pacte à
construire, colloque 20-22 juin 1996 à Marseille, FMES (Fondation
Méditerranéenne d'Etudes Stratégiques), Paris
1997.
- Méditerranée: nation en conflits, la
Découverte, Paris, 1989.
- PETIT-LAURENT (PH.), Les fondements politiques de la CEE
en Méditerranée, PUF, Paris, 1976.
- REDMOND (J.), The Next Mediterranean Enlargement of the
European Community Turkey, Cyprus and Malta? , Dartmouth, 1993.
- REVENAL (B.), Méditerranée le Nord contre
le Sud ?, l'Harmattan, Paris,1990.
B/Articles
- AYRES R., «European Integration: the Case of
Cyprus», in Cyprus Review, n° 8 (1), printemps 1996.
- L'Union européenne et la Méditerranée
orientale, Chypre, Grèce, Turquie du sommet d'Helsinki au sommet de
Nice, Etudes Helléniques, n°1, vol 9, printemps 2001, pp.
5-180.
V/Les relations gréco- turques
Ouvrages
- ALEXANDRIS (A.), The Geek Minority of Istanbul and
Greek-Turkish Relations 1918-1974, Center for Asia Minor studies, Athens,
1983.
- BAHCHELI (T.), Greek-Turkish Relations Since 1955,
Westview press, USA, 1990.
- COULOUMBIS (T.) et LYBEROPOULOS (C.), The Troubled
Triangle : Cyprus, Greece, Turkey, ,
Eliamep, Athens, 1998,
- GILLES (B.), Le conflit gréco-turc la
confrontation de deux nationalismes à l'aube du XXIème
siècle, Paris, 2003.
- SÖNMEZOGLU (F.), Türkiye Yunanistan
iliþkileri ve Büyûk Güçler: Kýbrýs
Ege ve diðer sorunlar [Les relations gréco-turques, les
grandes puissances: Chypre, la mer Egée et les autres
problèmes], Istanbul, 2000.
- VANER (S.), Le différend gréco-turc,
l'Harmattan, Paris, 1988.
- VOLKAN (V.), Turks and Greeks Neigbours in
Conflict, Huntingdon, 1994.
- YAKEMTCHOUK (R.), La Méditerranée
orientale dans la politique des puissances : détroits, Chypre :
enjeux gréco-turcs dans la mer Egée: connexions
européennes, Bruxelles, 1987.
VI/Relations internationales
1/Ouvrages
- BILLION ( D), La politique extérieure de la
Turquie. Une longue quête d'identité, Paris, L'Harmattan,
1997.
- BOURRINET (J.), Les relations extérieures de la
Communauté économique européenne, Paris, PUF,
1980.
- CHRISTOS (P.I.), Realpolitik in the Eastern
Mediterranean : from Kissinger and the Cyprus crisis to Carter and the lifting
of the Turkish arms embargo, New York, Pella, 2001.
- FIRAT (M.), 1960-1971 Arasi Türk dýþ
politikasý ve Kýbrýs Sorunu, [La politique
extérieure turque (1960-1971) et le problème chypriote],
Ankara, 1997.
- HELLER (J.), The British Policy Towards the Ottoman
Empire 1908-1914, London, 1983.
- KALORIDIS (G.S.), The Role of the U.N. in Cyprus from
1964 to 1979, New York, 1991.
- NERATIGIL (Z.), The Cyprus Question and The Turkish
Position in International law, Oxford, 1998.
- O'MALLEY (B.), The Cyprus Conspiracy: America, Espionage
and the Turkish Invasion, Londres, 1999.
- SÖNMEZOGLU (F.), Kýbrýs Sorunu
Suginda Amerika Devletlerin'in Türkiye Politikasý 1964-1984,
Istanbul, 1995.
- THOBIE (J.), Enjeux et rapports de force en Turquie et
en Méditerranée orientales, actes de colloques, Paris, 1996.
3/ Articles
- « L'Amérique et l'Europe »,
Commentaire (Julliard), (2003, printemps), n° 101, pp. 5-36.
- BILLION (D.), « Les relations franco-turques
depuis la fin des années soixante : un bilan
contrasté », in CEMIOTI, n° 8, juin 1989, p.
87-107.
- Dossier : Relations Etats-Unis/Chypre : dossier
ouvert en 1977 et clos en 1998, la Documentation française.
- FAVRE (J.-M.), « Le secrétaire
Général des Nations Unies et le problème de Chypre:
éloge de la patience », in CEMOTI,
n°17, janvier-juin 1994, pp. 255-285.
- GILLES (B.), « Les Chypriotes turcs la Turquie et
l'intégration européenne: Un bien étrange
triangle », in Etudes helléniques, n°2, vol. 8,
automne 2000, pp. 87-106.
outils de travail
- GUILHAUDIS (J.-F.), Manuel des Relations
internationales contemporaines, Paris, Litec, 2002.
- L'Encyclopédie Bordas.
- L'Encyclopédie Hachette
- Le grand Atlas de l'Europe, éditions Atlas,
2004.
SELECTION DE SITES INTERNET
- www.cees-europe.fr: Centre
d'études européennes de Strasbourg
- www.ces.eu.int: Le Comité
économique et social européen
- www.coe.int: Le Conseil de
l'Europe
- www.crisisweb.org:
-
www.curia.eu.int/fr/index.htm: La Cour de justice des
Communautés européennes (CJCE)
-
www.europa.eu.int/comm/ : La Commission européenne
- www.europa.eu.int:
Europa : portail de l'Union européenne
- www.europarl.eu.int: Le
Parlement européen
- www.iss-eu.org :
PESC/PESD : Les cahiers de Chaillot.
- www.kypros.org :
République de Chypre
-
www.mfa.gov.tr: Ministère des
Affaires étrangères turc
- www.osce.org: L'organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe (OSCE)
- www.pio.gov.cy: Public Information
Office (République de Chypre)
- www.ue.eu.int: Le conseil de
l'Union européenne.
* 1 Il ouvre la porte de l'Union
européenne aux pays de l'Europe centrale et orientale. Il porte
modification aux traités instituant la Communauté
européenne et l'Union européenne.
* 2 Voir Annexe IX :
tableau comparatif : L'Europe à 15 et celle à 25.
* 3
www.europe.gouv.fr.
* 4 L'accord d'Association
entre la Turquie et la Communauté économique européenne,
surnommé accord d'Ankara, est signé le 12 septembre 1963 et
inclut, comme celui avec la Grèce, et contrairement à ceux
conclus avec le Maroc et la Tunisie en 1969, la perspective d'une
adhésion.
* 5 Commission
européenne/ DG. Presse et communication, D'avantages d'unité
et de diversité, l'élargissement historique de l'UE, 2003,
disponible sur le site de la Commission européenne :
http://europa.eu.int/comm/enlargement.
* 6 Trois
éléments traditionnels constituent ce qu'on appelle un
Etat : le territoire ; la population et l'appareil politique et
administratif. Cependant, certains territoires possèdent ces trois
éléments constitutifs, mais, ils ne sont pas
considérés comme Etat car ils sont sous tutelle ou sous mandat.
Par conséquent, le facteur indispensable pour constituer un Etat est la
souveraineté.
* 7 D'après
Courrier International, « L'Atlas des Atlas »,
mars- avril- mai 2005 : aujourd'hui, dans l'UE, l'acquis communautaire est
la référence -c'est-à-dire un corpus de 80 000 textes
de lois que tout pays désirant d'intégrer l'Europe doit
intégrer dans sa législation sans sourciller. Avec les
critères de Copenhague de 1993 et les décisions prises à
Helsinki en 1999, l'UE a défini les conditions à remplir par les
candidats et les contrôles..
* 8 Etat du monde, La
découverte, Paris, 2006.
* 9 Selon les chiffres
cités dans The Republic of Cyprus, An Overview, publié
à Nicosie en 2005, 80,1% de la population est Chypriote grecque tandis
que les Chypriotes turcs représente seulement 10,9% et 9% de la
population sont d'origine étrangère. Nous conseillons le lecteur
de prendre ces chiffres avec beaucoup de prudence étant donné que
nous ignorons les critères sur les quels est basé ce
recensement.
* 10
www.moi.gov.cy/pio.
* 11 Press and Information
Office, Republic of Cyprus, The Republic of Cyprus, an Overview,
Nicosia, 2005, p.17.
* 12 The Republic of
Cyprus, An overview, Nicosia, 2005
* 13 Ibid.
* 14 Ibid.
* 15 Ibid.
* 16 Selon le programme
électoral d'Akel pour les législatives de mai 2006, Chypre ne
sera pas prête à intégrer la zone euro en 2008.
« Joining the Eurozone The entry into the Euro-zone is a conventional
obligation of the Republic of
Cyprus towards the European Union. However we believe that the
adoption of the Euro should be postponed until after 2008 due to the following
reasons: 1. The large public deficits inherited from the previous government
has forced the Tassos Papadopoulos government to follow a strict fiscal policy
and a policy geared towards tidying up public finances that in some cases
almost came close to being viewed as austerity. During the same period a whole
chain of effects due to the accession to the European Union
were also felt much more intensely. The grave harmonisation tax that was voted
in 20012002-2003 led to a number of results such as to price increases and
higher costs that were also aggravated by the rise in petrol prices
internationally. In order to achieve the fiscal but also growth goals that were
set, the working people were asked to make sacrifices and show self-restraint.
Now that the situation has improved, AKEL-Left-New Forces considers that the
working people must be rewarded for whatever sacrifices they were asked to
make. It is imperative that the opportunity to implement social measures must
be
given, many of which are included in the government programme.
2. The postponement of the entry into the Eurozone in 2009
will enable the positive road of growth and recovery of the economy to be
stabilised and consolidated, for this to have continuity. This will result in
many all-round benefits: economic, social and regarding public finances. The
economy is at a transitional stage of restructuring, at a stage where it is
functioning in new and unknown institutions of the European Union. The economy
is at a stage of assimilation but also harmonisation with European affairs.
This adaptation process will be smoother and more successful if more time could
be provided and this can be achieved with the entry into the Eurozone in 2009.
At the same time the fiscal but also monetary stability of the pound will be
even more strengthened and as a consequence any monetary shocks can be averted
that may have resulted in a misfortunate devaluation of our currency, something
which would have catastrophic consequences on the economy and the working
people.
3. The adoption of the Euro currency is not at all an easy
matter. On the contrary, the best possible organisation and preparation is
called for. What is demanded is planning and information, changes to the
institutional and legislative framework that governs many institutions, change
in the computerisation (accountant, auditory, cashmachines) of all the agencies
and services that are involved in selling goods and providing services. Special
preparation is demanded from banks and cooperative institutions. A great deal
of preparation and organisation will also need to be done by the various
sections of the state and especially the tax collecting agencies, as well as by
the entire retail trade, audit and accounting offices. A necessary period of
time must be provided so that all these matters can be resolved without
provoking problems.
4. A great deal of work will need to be done concerning the
taking of measures for the protection of the consumer from price speculation
and profiteering through the hiking up of prices on the pretext of rounding up
numbers.
5. The Government has decided to introduce the Euro from the
1/1/2008. On the same date an increase in the VAT on foodstuffs is also
expected to rise from 0% to 5%. The introduction of the Euro and the parallel
increase of VAT will lead to a surge in profiteering and price speculation. The
postponement that we as AKEL are calling for will help on the one hand the
taking of preventive measures in order to avoid price speculation and on the
other it would help in the necessary introduction of equalisation measures
geared towards the strata of the population who will be affected most by the
increase in VAT. Se reférer à son programme electoral Why I will
vote for Akel:
www.akel.org.
* 17 The Republic of Cyprus, An
overview
* 18 Chiffres cités dans
L'état du monde 2006, Paris, la Découverte, 2005,
p.526.
* 19 KISSINGER (H),
« Chypre, étude de cas d'un conflit ethnique » in
Les années de renouveau, Fayard, Paris, 2000, p.172.
* 20 Chypre et l'UNFCYP,
l'ONU et les opérations du maintien de la paix, p. 18.
* 21 Se référer
au Chapitre I de la deuxième partie p.
* 22 La France a pris Tunis,
Alger, le Liban et la Grande-Bretagne a pris en main les affaires de la
Palestine, l'Egypte et chypre, etc.
* 23 The Security Council
«Calls upon all States not recognise any Cypriot state other than the
Republic of Cyprus;»
* 24 Ministry of foreign
Affairs of the Republic of Cyprus, United Nations Security Council and
General Assembly Resolutions on Cyprus 1960 -2002, Nicosia, 2003, p.86.
* 25 Selim II : dit
l'ivrogne : Sultan ottoman de 1566 à 1574, fils de Soliman le
Magnifique. Il fut poussé par son vizir à se lancer dans la prise
de Chypre en 1570 alors qu'elle était sous le contrôle des
Vénitiens. Cette conquête répondait à la tradition
ottomane selon laquelle tout sultan devait s'emparer d'un nouveau
territoire.
* 26 MANTRAN Robert,
Histoire de l'Empire ottoman, p. 156.
* 27 Cette tendance
d'indépendance n'était pas une particularité chypriote car
différentes révoltes se sont produites dans les provinces
ottomanes à l'instar de l'Afrique du Nord et de la Syrie, etc.
* 28 HORTON KELLING George,
Countdown to Rebellion, British Policy in Cyprus 1939 - 1955,
London, 1990, p. 2.
* 29 HATEM Elie,
« Chypre à l'heure européenne », document
disponible sur : entrefilets.com/chypre.htm.
* 30 En 1821, l'Empire
ottoman a exécuté l'Archevêque, quelques
évêques et d'autres notables, accusés de vouloir participer
à la Guerre d'Indépendance de la Grèce contre l'Empire
ottoman. En 1856, le gouvernement central se charge de la perception des
impôts dans l'île.
* 31 GILLES (B.), Le
conflit gréco-turc la confrontation de deux nationalismes à
l'aube du XXIème siècle, Paris, 2003, p.76.
* 32 KISSINGER (H), Loc.
cit, p. 173.
* 33MANTRAN (R) [sous la dir.
de], Histoire de l'Empire ottoman, (éd.) Le grand livre du
mois, Paris, 1998, Passim..
* 34 Bureau de presse et
d'Information de la République de Chypre.
* 35 En 1936, le
général Metaxas s'empare du pouvoir en Grèce et instaure,
sans abolir la monarchie, une dictature s'apparentant au fascisme, qui obtient
un large soutien populaire. Cependant, par souci d'indépendance, il
tient le pays à l'écart de la Seconde Guerre mondiale.
Malgré sa neutralité, la Grèce est envahie par les troupes
italiennes à partir d'octobre 1940. Les Grecs leur opposent une
vigoureuse résistance, mais ne peuvent résister à l'assaut
de la Wehrmacht venue renforcer l'armée italienne. Après la
défaite de la Grèce en 1941, l'Allemagne lui impose un
gouvernement dirigé par le général Tsolakoghlou. La
résistance s'organise sous l'égide des communistes, au sein de
l'EAM (Front national de libération) et de son bras armé, l'ELAS
(Armée nationale populaire de libération).
* 36 DREVET (J.F), Chypre
en Europe, l'harmattan, Paris, 2000, p. 107.
* 37 EOKA : sigle de
Ethnike Organosis Kipriotikis Apeleftheroseos, Organisation clandestine
chypriote, fondée en 1954. Dirigée par le général
Grivas, partisan du rattachement de Chypre à la Grèce, l'EOKA
lutta de 1955 à 1959 contre les Britanniques et contribua à faire
accorder à l'île l'indépendance.
* 38 CHICLET (Ch.),
« Chypre aux portes de l'Union européenne », in
Politique Internationale, 77, automne 1997,p. 107
* 39 Voir annexe accords de
Londres et de Zurich.
* 40 Guide de
l'Europe : 2000/ 2001,élargissement de l'Union
européenne, p. 319
* 41 Voir Annexe ( la
constitution chypriote).
* 42 Avec les accords de
Dayton de 1995, la république de Bosnie-Herzégovine est
divisée en deux entités politiques distinctes : la
Fédération de la Bosnie-herzégovine qui regroupe les
Croates et les Bosniaques musulmans et d'autre part la Republica Srpska
(République serbe de Bosnie) constituée par les Serbes
orthodoxes.
* 43 PONS (F), «A qui
profitera l'élargissement ? , in Politique internationale,
n° 98, hiver 2002, passim.
* 44 Makarios :
Evêque de Kition en 1948, il milite pour le rattachement de Chypre
à la Grèce (Enosis). Il est élu en 1950 archevêque
et ethnarque (chef suprême) de l'île, et il n'a jamais cessé
dès lors de réclamer pour celle-ci le droit de
l'autodétermination. Déporté par les Britanniques aux
îles Seychelles, il regagne Chypre au moment de l'indépendance et
devient président de la République en 1959. Il ne réussit
pas à éviter les crises graves entre Grecs et Turcs. En 1974, il
est renversé à la suite d'un coup d'Etat de la grade nationale
commanditée par le régime des colonels qui gouvernent la
Grèce. Il revient au pouvoir au bout de quelques mois, mais entre-temps,
les Turcs ont occupé près de la moitié du territoire
chypriote et l'ethnarque ne pouvait plus exercer son autorité que sur la
partie qui était restée entre les mains des Grecs.
* 45 KISSINGER (H),
Loc.cit., passim.
* 46 Ibid., p.
175.
* 47 Ibid.
passim.
* 48 Cette comparaison avec
Fidel Castro fait allusion à la politique pro-soviétique du
régime castriste depuis les années 60.
* 49 KISSINGER (H), Loc.
cit., p. 175.
* 50 Voir Annexe : la
Résolution du Conseil de sécurité de l'ONU relative
à l'invasion turque.
* 51 En septembre 1980, la
Turquie connaît un nouveau coup d'état militaire suivi d'une forte
répression. Tous les partis sont dissous (surtout l'extrême-gauche
et l'extrême droite). Les militaires occupent les nouvelles organisations
politiques turques et mettent en place un conseil national de
sécurité sous l'égide de Turgut Özal qui essaye par
la suite de concilier la nature démocratique du régime, les
principes fondateurs de l'islam et essaye de donner une issue culturelle au
problème kurde.
* 52 Voir Annexe IV :
Résolution de l'Onu relative à l'autoproclamation de la RTCN.
* 53 THEOPHYLACTOU (D) A.,
Security Identity and Nation Building, Vermont, USA, 1995, p. 3.
* 54 KESSINGER (H),
Loc.cit., p.172
* 55 ANALIS ( D), Chypre,
opération Attila, Anthropos, Paris, 1978, p. 150.
* 56 Cf. à la
troisième partie de ce travail.
* 57 Déclaration
citée par Pierre Blanc d'après la revue de presse faite le 14
décembre sur le site Internet de la RTCN,
www.cypnews.com.
* 58 ATTAC Rhône,
Groupe institutions mondiales, p. 48.
* 59 Titre IX :
L'appartenance à l'Union article I-58 critères
d'éligibilité et procédure d'adhésion à
l'Union.
* 60 Voir annexe Traité
de Rome.
* 61 TUCNY ( E),
L'élargissement de l'Union européenne aux pays d'Europe
centrale et orientale : la conditionnalité politique,
l'Harmattan, Paris, 2000, p. 37.
* 62 Rapport de la
commission présenté au conseil Européen de Lisbonne de
juin 1992 et Bull CE S.3/92 « le défi de
l'élargissement », p.11.
* 63 D'après
l'article I-2 de la constitution européenne intitulé
« Les valeurs de l'union », « l'union est
fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de
liberté, de démocratie, d'égalité, de l'Etat de
droit, ainsi que de respect des droits de l'homme, y compris des droits des
personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes
aux Etats membres dans une société caractérisée par
le pluralisme, la non descrimination.
* 64 Les critères de
Copenhague : Le Conseil européen réuni à Copenhague
en juin 1993 a défini les critères auxquels les pays candidats
à l'entrée dans l'UE doivent satisfaire avant leur
adhésion. Le critère politique : la présence
d'institutions stables garantissant la démocratie, la primauté du
droit, les droits de l'homme, le respect des minorités et leur
protection. Le critère économique : l'existence d'une
économie de marché viable ainsi que la capacité de faire
face à la pression concurrentielle et aux forces du marché
à l'intérieur de l'Union. Le critère de la reprise de
l'acquis communautaire : la capacité du pays candidat de souscrire
aux objectifs de l'Union politique, économique et monétaire.
* 65 L'acquis communautaire est
l'ensemble des principes, des règles et des objectifs de l'Union
européenne que les pays candidats doivent intégrer à leur
propre législation pour pouvoir y adhérer.
* 66 Le défi de
l'élargissement. Avis de la Commission sur la demande d'adhésion
de la République de Chypre. Bulletin des Communautés
européennes, supplément 5/93.
* 67 VANER (S), AKAGüL
(D), L'Europe avec ou sans la Turquie, Editions d'organisation, Paris,
2005, p. 16.
* 68 Cf. la
première partie du présent travail.
* 69 BENRAMDANE (A),
« Chypre entre adhésion à l'Union européenne et
réunification », in revue de droit de l'Union
européenne, n°1, 2003, p. 88.
* 70 Voir la
1ère partie : Le problème chypriote.
* 71 Vaclav Havel, discours
prononcé au Conseil de l'Europe mars 1990.
* 72 KARNOUH ( C) [Et.
al.], « L'européisation du monde et de la
Turquie » in Outre-terre :Turquie-Europe express 2014, la
question de Chypre, N° 10, éd, Erès, Paris, 2005,
p.102.
* 73PRIOLLAND (F.X), SIRITZKY
(D), La Constitution européenne : textes et commentaires,
La documentation française, Paris, 2005, p.26.
* 74 Ibid, p.26.
* 75 Ibid .
passim.
* 76 LEGRAND Alexandre,
« Chypre et l'Europe ou la nouvelle question d'Orient », in
Le supplément de la lettre n°193 de la fondation Robert
Schuman, 20 décembre 2004,
www.robert-schuman.org .
* 77D'après Tassos
Papadopoulos lors d'une intervention à l'occasion du FPA World
Leadership Forum, le 15 septembre 2005 : « we always had a free
economy and society, our institutions and administration were United
Kingdom-oriented since we were a colony of Britain and it took us 8 years to
makes it possible for Cyprus to comply with the requirements of the
EU.» Document dosponible sur le site du Foreign Policy Association:
www.fpa.org.
* 78 BERTRAND (G),
op.cit., p.217.
* 79 Selon le Bureau de
Presse et d'information (PIO), Press Law: The 1989 Press Law
safeguards the freedom of the press, the unhindered circulation of newspapers,
the right of journalists not to disclose the sources of their information and
access to official information. Non-statutory guidelines have been laid down
and journalists are expected to exercise self-regulation in the absence of a
functioning Press Council to deal with complaints or non-compliance with
journalistic standards. Cyprus journalists have their own Code of Conduct and
have set up a committee to monitor its implementation.
* 80 Cette politique de
censure sert à véhiculer les idées du Taksim
(« Division ») de la Turquie et de son
protégé Rauf Denktash longtemps à la tête de
l'autorité Chypriote turque. Depuis l'élection de Mehmet Ali
Talat, nous assistons à une ouverture assez timide de la presse
Chypriote turque.
* 81 JOSEPH (S.J),
« The European Integration Process as a Tool for Conflict
Resolution : Accession to the EU and the Search for à Settlement
of the Cyprus Conflict», in Internatinal Studies Association ,
40th Annual Convention, February 16-20 1999, Washington D.C., USA,
l'intégralité du texte est disponible sur le site:
* 82 DEUDON (AU),
L'intégration de Chypre à l'Union européenne :
existe-il un avenir au sein de l'Union européenne pour un pays
divisé tel que Chypre,( mémoire) IEP, Grenoble, 2001, p. 38.
* 83 « Astonishing
number of Cypriot Students in UK », in Cyprus Mail du 7
janvier 1999.
* 84BLANC (P), La
déchirure chypriote, géopolitique d'une île
divisée, l'Harmattan, Paris, 2000, p. 206.
* 85 DEUDON (Au),
op.cit, p.39.
* 86 Press and Information
Office of the Republic of Cyprus, European Stand on the Cyprus
Problem, Nicosia, Cyprus, 2003, p. 63.
* 87 Il importe de souligner
qu'aujourd'hui, Chypre subit la concurrence des autres pays
méditerranéens dont l'activité touristique constitue le
pilier de l'économie nationale tels que la Tunisie, le Maroc, la Turquie
ou l'Egypte. Les infrastructures touristiques chypriotes peinent à se
moderniser et proposer des prix compétitifs.
* 88 Il importe de signaler
qu'une partie des Chypriotes turcs étaient adhérents de l'Akel.
Cependant, depuis les affrontements des années 60 et finalement la
division de facto de l'île en 1974, ils ont dû partir. L'Akel a
continué ses contacts avec les Chypriotes du Nord en favorisant le
dialogue intercommunautaire. D'ailleurs, il a de bonnes relations avec le parti
de Mehmet Ali talat : le Parti populaire républicain (CHP :
Cumhuriyet Halk Partisi).
* 89 Le gouvernement
Chypriote grec a entamé, en 1968 des négociations
intercommunautaires avec les Chypriotes turcs pour trouver un règlement
négocié en vue d'instaurer un nouveau système
constitutionnel à Chypre, mais en vain à cause de
l'intransigeance des dirigeants Chypriotes turcs sous l'égide de Rauf
denktash. Dans ce contexte, le Secrétaire général de l'ONU
décrit, en 1965, la politique des dirigeants chypriotes turcs comme
suit: «Les dirigeants chypriotes turcs ont adhéré à
une prise de position rigide vis-à-vis de toute mesure qui pourrait
impliquer que des membres des deux communautés vivent ou travaillent
ensemble, ou qui pourrait mettre des Chypriotes turcs dans des situations
où ils auraient à reconnaître l'autorité des
fonctionnaires du Gouvernement. En effet, puisque les dirigeants chypriotes
turcs se sont engagés dans un but politique consistant à
séparer physiquement et géographiquement les deux
communautés, il est peu probable qu'ils encouragent les Chypriotes turcs
dans des activités qui pourraient être interprétées
comme faisant preuve des mérites d'une politique intentionnelle
d'isolement des Chypriotes turcs».
* 90Il est le lieu de
rencontre de tous les partis Chypriotes grecs y compris ceux qui n'ont pas de
députés au Parlement. Les décisions au sein de ce conseil
étaient prises par le vote. En 1977, les grandes formations politiques
ont soutenu l'idée d'une formation bizonale prévue par les
accords de 1977 et 1979. Ce même conseil a voté en janvier 1989
à l'unanimité un projet pour l'établissement d'une
république fédérale, seule solution afin de mettre fin
à la division.
* 91 DE BRESSON Henri,
« Les élections chypriotes grecques renforcent les durs face
à Ankara », in Le Monde du 22/05/2006.
* 92 Membre du Bureau politique
CC du parti progressiste des travailleurs Chypriotes (Akel).
* 93CONSTANTINOU (D),
« Chypre-CEE : l'amère expérience d'une
association », in La Nouvelle revue internationale, n°
267, Paris, novembre 1980, p184.
* 94 Chiffre cité dans
le quotidien grec Apogematini (droite populaire) au lendemain du
référendum.
* 95 Glafcos
Cléridès a participé au combat national de 1955 à
1959 en tant qu'avocat des soldats de l'EOKA.
* 96 BLANC (P), Op.
cit., p.108.
* 97 Ibid., p. 109.
* 98 Ibid., passim.
* 99 Selon un sondage d'opinion
publique effectué par Eurobaromètre au printemps 2002 (pour la
Commission européenne, direction générale de la Presse et
de communication).
* 100 Voir
supra :Chapitre I : Pourquoi Chypre est-elle éligible ?
II.2 : Une religion commune : le christianisme
* 101 Voir supra :
Première partie.
* 102 D'après une
source grecque :
www.RNN.gr , le 17 mai 2006 s'est tenue
une réunion à Genève suite à l'invitation du
Patriarche de Constantinople pour discuter de la succession du primat de
l'Eglise chypriote Mgr L'Archevêque Chrysostomos, qui depuis trois ans
souffre de la maladie d'Alzheimer. A ce propos, aucune date n'a
été fixée pour procéder à l'élection
de son successeur., Le nouvel Archevêque poursuivra-t-il la même
politique de son prédécesseur ou assisterons-nous dans un futur
proche à un remaniement de la position de l'Eglise Chypriote ?
* 103 LARAT (F), Histoire
de l'intégration européenne (1945-2003), la documentation
française, Paris, 2003, p. 66.
* 104 AELE : voit le
jour le 4 janvier 1960 lors de la convention de Stockholm. Elle regroupe alors
sept pays qui ne voulaient pas faire partie de la CEE : l'Autriche, le
Danemark, le Royaume-Uni, la Norvège, le Portugal, la Suède, et
la Suisse, rejoints plus tard par la Finlande, l'Islande et le Liechtenstein.
Le but de cette association est de mettre en place une zone de
libre-échange limitée aux produits industriels et agricoles
transformés sans tarifs douaniers communs vis-à-vis de
l'extérieur et sans mise en place de politiques communes.
* 105 Premier ministre
Britannique de 1957 à 1963, a annoncé le 31 juillet 1961 aux
membres de la Chambre des communes la décision de son gouvernement de
déposer une demande officielle d'adhésion du Royaume-Uni à
la CEE. (Voir Annexe : discours d'Harold Macmillan).
* 106 La Grande-Bretagne
n'était pas la seule à déposer sa candidature à la
CEE, la CECA et à l'Euratom. En effet, elle était suivie par
l'Irlande, le Danemark. Un peu plus tard, l'Autriche, le Portugal, la
Suède et la Suisse finirent par déposer leur candidature pour
rejoindre la CEE.
* 107 De Gaulle est connu
aussi par son sentiment anti-anglais issu de son exil à Londres pendant
la Guerre.
* 108 John Profumo,
ministre de la Guerre de la Grande-Bretagne avait une relation avec une
callgirl : Christine Keeler qui, partageait ses faveurs avec un officier
du renseignement soviétique à Londres. Le ministre a
démissionné immédiatement. H. Macmillan a ouvert une
enquête pour déterminer une implication éventuelle dans les
affaires de sécurité de l'Etat. Cette enquête est
soldée par le rapport Deening qui a innocenté tout le monde.
* 109 Figure
emblématique du Parti travailliste, Premier ministre à deux
reprises : de 1964 à 1973 puis de 1974 à 1976.
* 110 Selon les chiffres des
Nations unies : World Trade.
* 111 ANTONIOU (A),
« L'Union douanière entre la CEE et Chypre : une nouvelle
expérience en vue », in revue du Marché
commun, n°311, novembre 1987, p.610.
* 112 Malgré les
relations très étroites entre l'ex URSS et la classe politique
chypriote, la part soviétique dans les exportations chypriotes a
diminué. En matière de politique étrangère, lAkel -
principal parti chypriote- a été très proche de Moscou
pendant dès les années 60 jusqu'au années 80. La Russie
l'utilisait afin de contrecarrer les intérêts occidentaux et
surtout américains pour empêcher une otanisation de l'île.
Cela n'a pas entraîné l'économie.
* 113 Article 237 :
« Tout Etat européen peut demander à devenir membre de
la Communauté. Il adresse sa demande au Conseil, lequel, après
avoir pris l'avis de la Commission, se prononce à l'unanimité.
Les conditions de l'admission et les adaptations du présent
traité que celle-ci entraîne font l'objet d'un accord entre les
Etats membres de l'Etat demandeur, etc. »
* 114 EC Bulletin,
décembre 1972, p. 92.
* 115 Article 238 :
« La Communauté peut conclure avec un Etat tiers, une union
d'Etats ou une organisation internationale, des accords créant une
association caractérisée par des droits et obligations
réciproques, des actions en commun et des procédures
particulières. Ces accords sont conclus par le Conseil agissant à
l'unanimité et après consultation de
l'Assemblée. »
* 116 BREWIN (Ch), The
European Union and Cyprus, Huntingdon, UK, p. 36.
* 117 Voir Annexe
traité de Rome.
* 118 Art 5 de l'Accord
d'association: «The rules governing trade between the contracting parties
may not give rise to any discrimination between the member states or between
nationals or companies of these states or nationals and companies of
Cyprus.»
* 119 BREWIN
(Ch),op.cit., p. 38.
* 120 TOCCI (N) «
Cyprus and the European Union accession process: Inspiration for peace or
incentive for crisis? », Turkish Studies, Vol.3, No.2, Autumn,
2002, p.114).
* 121 CONSTANTINOU Dinos,
« Chypre-CEE, l'amère expérience d'une
association », in La Nouvelle revue internationale,
n°267, nov. 1980, p.192.
* 122 THEOPHANOUS (A),
The Cyprus Question and the EU : The Challenge and the Promise,
Intercollege, Nicosia, 2004, p. 37.
* 123 DREVET (J. F),
Chypre en Europe, l'Harmattan, Paris, 2000, p. 246.
* 124 KLEBES-PELISSIER (A),
loc.cit., passim.
* 125 Rapport du
Secrétaire général sur sa mission de bons offices à
Chypre, 1ier avril 2003,
www.onu.org.
* 126 SOTIRCHOS (I), La longue
marche de Chypre vers l'Union européenne, p. 124.
* 127 LARAT (F), loc.
cit., p. 35.
* 128 BREWIN (Ch), op.
cit., p. 31.
* 129 D'après
Christophe Chiclet, « face à l'impuissance de l'Onu qui,
malgré les efforts de Perez de Cuellar et BB Ghali, ne parvient pas
à débloquer la situation. Les Chypriotes grecs décident de
mettre tous les oeufs dans le même panier et vont désormais faire
porter leurs efforts en parallèle sur l'ONU et l'UE. »,
p. 109
* 130 Le Conseil de
l'Europe voit le jour le 5 mai 1949 à Londres avec la signature d'un
accord entre les cinq pays membre (La France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, le
Luxembourg et les Pays-Bas) du pacte de Bruxelles signé le 4 mars
1947auxquels se sont joints le Danemark, l'Irlande, l'Italie, la Norvège
et la Suède.
* 131 Conseil de l'Europe,
Assemblée consultative, compte rendu de la sixième session
ordinaire, 26 mai 1954.
* 132LARAT (F), loc .cit.,
p. 28.
* 133 21 octobre 1955 s'est
tenue la 7ème session ordinaire de l'Assemblée
consultative. Le 18 avril 1956, après la déportation de Makarios,
l'affaire chypriote était à l'ordre du jour de l'Assemblée
consultative. Lors de la 8ème session ordinaire du 16 au 21
avril 1956, une séance spéciale est consacrée à
Chypre mais dominée par les Britanniques.
* 134 Conseil de l'Europe,
Assemblée Consultative, Documents-Tome IV, doc. 577, p.5, Note
I.
* 135 KISSINGER (H), loc.
cit., p.171.
* 136 D'après LARAT
(F), loc. cit., [sic] p. 61-62 : « Avec la
décolonisation, l'Europe se recentre sur sa zone géographique
d'origine. Nonobstant, le fait qu'à cause de la Guerre froide et de la
polarisation du continent, les Etats-Unis et l'URSS sont très
présents sur le plan politique, militaire et économique, l'Europe
tourne le dos au grand large après plusieurs siècles de
domination d'une grande partie du monde. Débarrassés du fardeau
des guerres coloniales, les pays membres de la CEE peuvent désormais se
concentrer entièrement sur leur propre développement,
etc. »,
* 137 ANALIS (D),
op. cit., p.11.
* 138 Selon Reuter, le 16
juillet 1974.
* 139 BREWIN (Ch), p. 43.
* 140 Ibid., p.43.
* 141 SAPOUNA (S),
L'adhésion de Chypre à l'Union européenne,
mémoire de DEA, Paris II, 1999, p.1.
* 142 Ibid., p.
31.
* 143 Ibid., p.21.
* 144 THEOPHANOUS( A), op.
cit. , p.32.
* 145 ANALIS (D),
op. cit., p. 11.
* 146 THEOPHANOUS, op. cit.,
p. 34.
* 147 Cf la
deuxième partie : l'accord d'Association, p.
* 148 BREWIN (Ch), op.
cit., p. 40.
* 149 Ibid., p.42.
* 150 ANALIS (D), op. cit.
, p. 34.
* 151 Voir Annexe :
Résolution du 17 novembre 1983.
* 152 The European Stand
on The Cyprus Problem, Nicosia , Cyprus 2003, p. 206
* 153 Manuel des relations
internationales, p. 148.
* 154 Voici la lettre de
George Iacovou : «M. President, On behalf of the Government of the
Republic of Cyprus, I have the honour to inform Your Excellency that Cyprus
hereby submits its application to become a member of the European Economic
Community, in accordance with the provisions of Article 237 of the Treaty
establishing that Community.», Document disponible sur le site du
Ministère des Affaires étrangères chypriote:
www.mfa.gov.cy.
* 155 D'après la
Commission européenne dans un rapport de presse terminée en
novembre 2003 intitulé « D'avantage d'unité et de
diversité, l'élargissement historique de l'Union »:
« Les États membres de l'Union européenne ont des
droits, mais aussi des obligations. Pendant les négociations
d'adhésion, tous les nouveaux États membres ont adopté la
législation européenne existante (l'«acquis
communautaire»). Toutefois, il ne suffit pas d'adopter la
législation de l'Union européenne, il faut aussi la mettre en
oeuvre. La Commission européenne a surveillé attentivement ce
processus, et cette supervision continuera », [sic],
cf. le site de la Commission européenne :
http://europa.eu.int/comm/enlargement.
* 156 Voir Annexe :
décision de la Commission.
* 157D'après
l'Agenda 2000: « The Union is determinated to play a positive
role in bringing about a just and lasting settlement in accordance with the
relevant UN Resolutions. The status quo which is at odds with international
law, threatens the stability of the island, the region and
has implications for the security of Europe as a whole.».
* 158 Anne Klebes-Pelissier,
p.444.
* 159 D'après les
propos d'Ismail Cem, ministre des Affaires étrangères turc en
1999.
* 160 Voir Annexe VII:
Résolution du Parlement européen (5 septembre 2001).
* 161 DREVET (J.F), op.
cit., p.302.
* 162 Cyprus : The
Need For New perspective p. 152
* 163 DREVET (J.F), op
.cit. , p. 252.
* 164 Professeur
d'économie et plusieurs fois ministre, est le chef de l'opposition
socialiste au Parlement depuis 1974. Chef du PASOK (parti socialiste
panhellénique), il devient Premier ministre après la victoire de
son parti en 1981 et se maintient au pouvoir jusqu'en 1989. La victoire du
PASOK aux élections législatives de 1993 entraîne le retour
aux affaires de son dirigeant jusqu'en 1996.
* 165KLEBES PLESSIER (A),
loc. cit, p. 445.
* 166 BREWIN (Ch),
«European Union Perspectives on Cyprus Accession», in Middle
Eastern Studies, vol.36, n°1, January 2000, pp. 28-29.
* 167 BREWIN (Ch), op.
cit., p. 243.
* 168 Selon les conclusions
du Conseil des Ministres du 6 mars 1995: « The council of Ministers,
after re-eximing Cyprus'application in line with its earlier decisions and
conclusions of the Corfu and Essen European Councils and after examing the
report from the EU observer for Cyprus :reaffirms the suitability of
Cyprus for accession to the EU and confirms the EU'will to incorporate Cyprus
in the next stage of its enlargement,», Se referrer au texte integral
de la decision disponible dans The European stand and Cyprus problem,
Nicosia, Cyprus 2003, p. 75.
* 169Dans sa Résolution
du 4 octobre, le Parlment européen decide que « Wheras Cyprus
can consequenttly expect to join the Union at an early stage and wheras any
objection to its accession on account of the particular circumstances existing
on the Island would be both politically and morally untenable,»,
Résouliton intégrale in The european stand on the Cyprus
Problem, p. 127.
* 170 DREVET (J.F.), op.
cit., p. 309.
* 171 BREWIN (Ch), op.
cit., p. 217.
* 172 BERTRAND (G),
« L'adhésion de Chypre à l'Union
européenne : un déblocage du conflit vers le
bas », in Politique européenne, n°3, 2001,
passim.
* 173 Durant la guerre du
Golfe, la base d'Akrotiri appartenant à la Royal Air Force a
été utilisée comme base de relais pour les avions
britanniques. L'espace aérien chypriote a été
utilisé par les Britanniques et les Américains malgré la
non participation de Chypre dans la guerre d'Irak. D'ailleurs, dans un article
paru in Mediterranean Quarterly, Vol. 16 summer 2005, p.14,
l'ambassadeur Chypriote Grec à Washington affirme que « In
the lead up to the war in Iraq, cyprus approved overfliht rights and the use of
its ports and airports for the US and other coalition military
aircraft»
* 174BLANC (P), op. cit.
, p.205.
* 175 BREWIN (Ch), op.
cit., p.218.
* 176 D'après le
Discours du ministre des Affaires étrangères britannique Rt Hon
Douglas Urd à l'occasion de la rencontre des parlementaires pour Chypre
organisée à Edmonton, le gouvernement britannique était
à l'origine de la résolution 541 de l'ONU condamnant
l'autoproclamation de la RTCN, in Friends of Cyprus, printemps
1992.
* 177 www. moi.gov.cy.
* 178 Lors de la citation de
ce chiffre, M. Wright ne fait pas de distinction ethnique.
* 179 La présence de
ressortissants britanniques au Nord de l'île, l'achat de par certains
d'entre eux de propriétés immobilières appartenant
à des Chypriotes grecs et les procédures judiciaires qui ont
suivi sont également facteurs de tension.
* 180 World Report on Cyprus,
1998, p. 7.
* 181 Le Royaume-Uni a
déclaré en 1914 que les Chypriotes sont des citoyens
britanniques. Cette déclaration est suivie d'une vague d'immigration
massive en Angleterre. Ensuite, l'invasion turque a poussé Chypriotes
grecs et turcs à s'exiler en Angleterre. La troisième
génération constitue les descendants de ces deux
générations d'immigrés.
* 182BLANC (P), op. cit.,
p. 207.
* 183 Ibid. , p.
212.
* 184 Ibid. , p.
212.
* 185 Ibid. ,
p239.
* 186 THEOPHANOUS (A), op.
cit. , p.115.
* 187BERTRAND (G.),
op. cit., p. 217.
* 188 VANER (S),
« La question de l'adhésion de Chypre à l'Union
européenne », in p.282.
* 189BLANC (P), op.
cit., p. 239
* 190 D'après Semih
vaner dans son article «la question de l'adhésion de Chypre et
l'Union européenne » : « La Grèce
appuie à fond la demande d'adhésion de Chypre à l'UE, au
risque d'irriter la Turquie. En revanche, on peut s'en douter, cette
dernière y est hostile dans les conditions actuelles. Au sein de l'UE,
on peut éventuellement apercevoir quelques avis différents,
certaines réticences (UK, Pays-Bas, Danemark) mais il s'agit dans
l'ensemble de nuances. Il est toutefois certain que cette question sera
relativement difficile à gérer en raison de la
multiplicité d'intervenants, voire s'agissant du cas du UK des
divergences d'intérêt. », p. 282 [sic]
* 191 BERTRAND (G),
op. cit., p.206.
* 192 In Le Monde du
14 mars 1998.
* 193BLANC (P), op. cit.,
p. 240.
* 194 Ibid., p.
243.
* 195 Lors de sa session du
26 avril 2004, à Luxembourg, le Conseil, prenant acte des
résultants des référendums qui se sont tenus à
chypre a vivement regretté qu'il ne soit plus possible de voir une
île de Chypre unie adhérer à l'UE le 1er mai et
il a également exprimé sa détermination à faire en
sorte que les Chypriotes réalisent bientôt leur destin commun en
tant que citoyens d'une île de Chypre unie au sein de l'Union
européenne.
www.eu.int.
* 196 BREWIN (Ch), op.
cit., p.239.
* 197
« Chypre : l'adhésion pour lever le blocage
gréco-turc », in Les Echos du 28 novembre 1995.
* 198 GÉLIE Philippe,
"Chypre, un casse-tête en quête d'Europe", dans Le Figaro.
17.07.2001, p. 5.
* 199DEL VALLE (A),
« Turquie/ Union européenne : la porte
étroite », in Politique internationale n° 101,
été 2004, passim.
* 200 D'après les
propos de SAVVIDES Phillipos cités dans House of Common/Foreigns Affairs
Commitee, 2005, vol.1, p.2.
* 201 BLANC (P), op.
.cit., p.108.
* 202 Cet avis est
partagé par Xavier le DEN dans son article intitulé
« Chypre et les frontières de l'UE, explications et
implications de l'adhésion d'une île divisé »,
p.15, disponible sur le site les euros villages, études et
recherches.
* 203 D'après un
article paru dans Les Echos le 28 novembre 1995 :
« Alors qu'Ankara a , elle aussi, sonné à la porte
de l'Europe et est censée réaliser à partir du
1er janvier prochain une union douanière avec elle, le
président chypriote, Glafcos Cléridès, voit aujourd'hui
dans un éventuel destin européen -et donc commun de Chypre et de
la Turquie le seul moyen de peser sur le gouvernement turc et d'en finir avec
une situation qui pourrit depuis plus de deux décennies.
* 204 Declaration by the
president of the Republic M. T. P. regarding the referendum of 24th
April 2004, Press and Information Office, republic of Cyprus,
www.moi.gov.
* 205 D'après les
propos de Gerald Butt, journaliste à la BBC News, la Commission a
déclaré que le plan Annan est « unique opportinuty to
bring about a solution to the long-lasting Cyprus issue has been
missed »
* 206 VANER (S), loc.
cit., p.282.
* 207 PÉCHOUX (P. Y),
Etat du monde 2005, Chypre : non à la réunification , la
découverte, pp. 535-536.
* 208 THEOPHANOUS (A), op.
cit., p. 167.
* 209Document fourni par
l'Ambassade de Chypre à Washington DC intituled «Turkey's
Persistent Vetoing of Cyprus'Membership in International Organisation,
Arrangement and Treaties, 2006.
* 210 D'après le
document que j'ai eu de «Embassy of the Republic of Cyprus in Washington
DC, Press and Information office, «Cyprus Governement's Positions on
Turkish Proposals of 24th January 2006.
* 211 VANER (S),
« Chypre ne doit pas être un alibi », in Le
Figaro du 31 août 2005.
* 212
www.europe.gou.fr.
* 213 Alexander Adler, la
preuve par Ankara, In le monde du 31/08/05 p. 13.
* 214CATSIAPIS (J)
« Chypre à l'heure européenne », in
Politique internationale, p. 258
* 215 EVRIVIADES (E.L),
« Turkey and the EU, Why Cyprus, Perhaps Surprisingly Wants
Turkey to Join the Club», in European Affairs, vol. 6, n°4,
2005, USA, pp. 55-56.
* 216 Id.
« Cyprus reaches out, we support Turkey's EU Bid », in
The Washington Times, October 11, 2005.
* 217 Discours de T.
Papadopoulos au FPA World leadership, Forum, september, 15, 2005, document
fourni par l'ambassade de Chypre à Washington D.C et disponible
également sur le site du Foreign Policy Association :
www.fpa.org.
* 218 D'après
EVRIVIADES (E.L), «The history of the European Union teaches us that
it solves problems by embracing them. The example of Turkey could once again
prove that point.», [sic], loc. cit. , p.56.
* 219 EVRIVIADES (E.L),
loc. cit., p. 56.
* 220BERTRAND (G),
« La solution au problème identitaire », in
C.EMOTI, Texte intégral disponible sur le site :
www.cemoti.fr.
* 221 D'après Pierre
Gerbet, le Président Bush a appuyé publiquement la candidature
turque dans l'intérêt de l'Alliance atlantique, document
disponible sur le site de la Construction européenne :
www.ena.lu.
|