UNIVERSITÉ D'ÉTAT D'HAÏTI (UEH)
FACULTÉ DES SCIENCES HUMAINES
(FASCH)
Département de PSYCHOLOGIE
|
MILIEU FAMILIAL ET RÉUSSITE SCOLAIRE
« Du rôle des interactions
parents-adolescents axées sur l'école dans la réussite
scolaire de l'adolescent haïtien vivant en milieu
défavorisé »
|
|
Mémoire réalisé par : Jimmy
CALIXTE
Sous la direction du professeur Ronald JEAN JACQUES
En vue de l'obtention du grade de licencié en
Psychologie
Port au Prince
@Avril 2008
|
« Chercher à appréhender
l'échec scolaire, c'est chercher à identifier la chaîne des
relations qui se nouent autour des points d'un examen jugés
insuffisants » (Simon Gasiberege, 1996, pg.17 in revue
CONTEXTE)
REMERCIEMENTS
Au terme de cette entreprise, je tiens tout d'abord à
remercier DIEU pour m'avoir donné le courage et la
détermination nécessaire pour finaliser ce travail de recherche
qui compte tant pour mon avenir intellectuel et professionnel.
En second lieu, je remercie le professeur Ronald JEAN JACQUES
qui a accepté de me guider, de m'accompagner dans la réalisation
de ce travail. Ses mots d'encouragement, ses remarques tant
méthodologiques qu'orthographiques, ses explications m'ont
été d'une très grande aide.
Je ne saurais ne pas remercier mes parents (Mr. et Mme Fritz
CALIXTE) et les autres membres de ma famille (Thélémaque,
César, Joanne, Régine) pour leur accompagnement tout au cours de
ce cycle d'étude. Un remerciement spécial à mon
père et à Nounouche PRINCE qui a su toujours dans les moments de
découragement me motiver au cours de la réalisation de ce
travail.
Je remercie tous les professeurs qui ont contribué
à ma formation à la FASCH et je remercie particulièrement
tous ceux qui m'ont marqué d'une façon ou d'une
autre : Jacques GOURGUE, Charles VORBE, Edwige MILIEN, Carmène
C. FLAMBERT, Marjory C. MATHIEU. Gary PERODIN, Nelson SYLVESTRE.
Je présente mes remerciements aux amis (faschiens ou
non) qui ont toujours partagé avec moi les moments de joie ou de
frustrations au cours de cette entreprise qui paraissait fastidieuse à
certain moment. Il s'agit principalement de : Grégory
AURÉLIEN, Balthazar JACQUES, Michel ANTOINE, Luné Roc PIERRE
LOUIS (ZAGO) (« Les Honorables Parlementaires »),
Leopold Jr. FENELON. Jhon Kersnid JUSTAFORT, Jeannot Jr. MICHEL.
(« Le Conseil des sages »)., Ricar LAURORE- Marie
Thérèse FREDERIQUE, Vanessa Raymond (« Les
dissidents »), Vladimir JEAN CHARLES, Raoul R .VINCENT, Monod
ALPHONSE, Géraldy BOISROND, Patrick GERBIER, Ghemps DESAUGUSTES. Un
remerciement spécial à ceux et celles qui m'ont apporté
leur aide technique. Il s'agit de : Charles Henry VALBRUNE, Peterson
PIERRE (AUF), Morphé JOSUE, Christelle QUERETTE, Esaie LOUIS.
Et enfin un grand remerciement à tous ceux et celles
qui ont contribué à leur manière en vue de rendre ce
travail possible.
Introduction Générale
Chapitre I :
L'ADOLESCENCE
8
1.1- Historique
8
1.2- Définitions
9
1.3- les caractéristiques de cette
période
10
1.4- Le développement de la socialisation
à l'adolescence : Le milieu familial
11
1.4.1- Les relations Parents-Adolescents :
Attachement et contrôle
11
1.4.1.1- Attachement
12
1.4.1.2-Le contrôle parental
13
1.4.1.3- Les pratiques éducatives ou styles
parentaux
14
1.5- Synthèse
15
Chapitre II : LA RÉUSSITE
SCOLAIRE
17
2.1 - La Notion de réussite
scolaire
17
2.2 -Réussite scolaire et Milieu familial
(les considérations socioculturelles)
19
2.2.1- Origine sociale et réussite
scolaire
19
2.2.1.1-L'approche actionnaliste
20
2.2.1.2-L'approche culturaliste
21
2.2.2 -Facteurs Familiaux internes et
Réussite scolaire
25
2.2.2.1-Les Pratiques éducatives (Contexte
scolaire)
25
2.2.3- Les facteurs sociodémographiques et
Réussite scolaire
29
2.2.3.1- Le niveau d'étude des parents
29
2.2.3.2-Sexe des élèves
30
2.3 - Synthèse
35
Chapitre III : Interactions
parents-adolescents axées sur l'école
38
3.1 - Définitions
générales
38
3.2 - Les Approches
39
3.2.1 -Approche de Ryan et Adams (Le modèle
de relation Famille-école)
39
3.2.2 -Approche D'Epstein
40
3.2.3 -Approche de Deslandes
41
3.3 -Le rôle des interactions parents
adolescents axées sur l'école dans la réussite scolaire de
l'adolescent
41
3.4 - Les facteurs qui influencent les interactions
parent-adolescents axées sur l'école
44
3-4-1 : Les Facteurs socio
démographiques
44
3.4.1.1 -Niveau d'étude des parents
44
3.4.1.2 - Le niveau socio économique des
parents
45
3.4.1.3 -La structure familiale
46
3.4.1.4 -Âge des enfants et sexe des
parents
46
3-4-2- Les Facteurs scolaires.
46
3.4.3 - Les Facteurs Familiaux
47
3.4.3.1- Les aspirations des parents
47
3.4.3.2- La disponibilité des parents
47
3.4.3.3- Facteurs psychologiques
48
3.4.2.4-Les Pratiques parentales de base (style
parental)
48
3.5 -Synthèse
49
Problématique
53
CHAPITRE IV: CADRE METHODOLOGIQUE
4.1- Objectif de la recherche.
57
4.2- Définition opératoire des
variables
57
4.2.1- Variables dépendantes :
Réussite scolaire
57
4.2.2-Variables indépendantes :
Interactions constructives parent-adolescents axées sur
l'école
58
4.3-Méthode
59
4.3.1- Milieu de recherche et Échantillon de
recherche
59
4.3.2- Technique d'échantillonnage/ Mode de
recrutement
60
4.3.3- Outils de collecte des données
60
4.3.4 -Mode de traitement des données
62
CHAPITRE V : PRESENTATION ET ANALYSE
DES DONNEES
65
5.1 : Présentation des données
du Questionnaire
65
CHAPITRE VI : DISCUSSION DES
RÉSULTATS
84
6.1-Les pistes d'explication
86
6.1.1- Les facteurs individuels
86
6.1.2-Les Facteurs Scolaires
90
Synthèse
91
CONCLUSION GENERALE
93
Annexe
INTRODUCTION GENERALE
Nous n'avons jamais cessé d'entendre dans notre
entourage des parents qui se plaignent du fait que leurs enfants ont
apporté un mauvais carnet à la fin du mois ou du trimestre. Il
arrive de lire sur leurs visages la tristesse ou la déception. On a tout
simplement l'impression que c'est le parent qui a échoué.
Ce constat nous a permis de comprendre que la réussite
(ou l'échec) scolaire représente un élément
fondamental et pour l'apprenant haïtien et pour ses parents. Plusieurs
études réalisées dans le milieu ont mis l'accent sur la
réussite scolaire comme un élément clé de
réussite sociale pour l'apprenant et son entourage. Les recherches
ont abordé la question en rapport avec des facteurs scolaires (milieu de
classe, pratique de classe, etc. ) ou encore en rapport avec les
problèmes linguistiques qui se posent dans le milieu
haïtien1(*). D'autres
enfin mettent l'accent sur les problèmes sociaux (niveau d'étude
des parents, niveau économique, les pratiques culturelles, etc.).
Très peu sont les travaux qui ont mis l'accent sur
l'implication directe du milieu familial dans la réussite scolaire du
jeune. Cet aspect parait évident puisque la réussite scolaire
(ou l'échec scolaire) touche directement l'apprenant et ses parents,
viennent ensuite les décideurs. Cependant, pour nous, l'enjeu est de
savoir quelle contribution apportent les parents pour que cette réussite
puisse-t-elle être effective. Cela dit, nous nous sommes posé la
question suivante : si la réussite scolaire s'avère importante
pour les parents, comment ces derniers contribuent-ils dans cette
réussite ? De cette interrogation notre recherche a pris
naissance.
Nous nous sommes dit qu'il serait important d'étudier
ce phénomène en vue de pointer du doigt un aspect assez important
dans la formation de l'apprenant haïtien, nous voulons dire la
participation parentale dans le suivi scolaire. Ce travail a aussi pour
prétention de montrer que le milieu familial a un très grand
rôle à jouer dans la réussite scolaire des enfants. Il veut
aussi montrer la complexité qui entoure la note retrouvée dans
les bulletins scolaires des apprenants tous les mois ou tous les trimestres.
Objectif du travail :
L'objectif principal de ce travail est de voir l'influence de
la participation parentale dans la réussite scolaire de l'adolescent.
Nous voulons évaluer plus spécifiquement le
rapport qui existe entre le niveau d'interaction axé sur l'école
(niveau de supervision, d'encadrement des enfants les activités
scolaires) dans la réussite scolaire de l'adolescent vivant en milieu
défavorisé. Cette étude tiendra compte des facteurs
sociodémographiques comme étant des éléments de
contexte.
Subdivision du travail
Ce travail sera charpenté comme suit : nous aurons
dans un premier temps notre cadre théorique et conceptuel qui
aura : une présentation de la période de vie
concernée dans cette recherche, nous voulons parler de l'adolescence.
Ensuite, nous présenterons la première variable de notre
recherche, à savoir la réussite scolaire. Cette variable sera
abordée sur plusieurs angles. Puis nous présenterons la seconde
variable qui est : les interactions parents adolescents axés sur
l'école. De là, nous présenterons une définition du
concept, les différentes approches qui existent sur la question, le
rapport qui existe entre les différents niveaux d'interaction et la
réussite scolaire. Suivra ensuite notre cadre méthodologique,
dans cette partie nous allons présenter les grandes lignes du travail
empirique, opérationnaliser nos deux variables. Nous présentons
les outils qui seront utilisés, les procédures de passation et
notre grille d'analyse (ou de traitement). Suivra la présentation des
données, la discussion des résultats et enfin, la conclusion qui
tentera d'élucider notre questionnement fondamental.
Chapitre I : L'ADOLESCENCE
L'adolescence une période dans la vie de
l'individu
Du latin « adolescere » qui signifie
l'être qui grandit ou qui est en train de grandir. L'adolescence
constitue une importante période de transition dans le cours du
développement humain. Elle est considérée comme une
période centrale dans le développement de l'individu. Cette
période se caractérise par de nombreuses et importantes
transformations qui touchent tous les aspects du développement.
Dans ce chapitre, nous n'avons pas la prétention de
présenter de façon détaillée les différents
aspects qui caractérisent l'adolescence. Notre objectif sera de faire
une présentation synthétique des différentes
caractéristiques de cette période de la vie de l'individu. Nous
accentuerons notre réflexion plus spécifiquement sur les
différents paramètres qui caractérisent la relation
existant entre l'individu et son milieu familial au cours de cette
période.
1.1- Historique
Pendant longtemps, principalement au cours des périodes
précédant la Renaissance, le concept d'adolescence n'était
pas utilisé pour décrire une période spécifique de
développement. Dans la Rome antique par exemple, on ne retenait que
trois étapes de développement de l'individu. Il s'agissait de
l'enfance, de l'âge adulte et de la vieillesse. Il a fallu attendre
la Renaissance, avec les travaux du pédagogue Cormenius (1552-1670) pour
voir apparaître dans la littérature le
terme « adolescence ». En dépit du fait qu'au
cours de la Renaissance, il y avait un certain intérêt pour
l'adolescence, ce n'est qu'au 19ème siècle, plus
précisément avec la Révolution industrielle lorsque le
contrôle de la famille sur les adolescents se prolongea pour
s'étendre progressivement jusqu'au mariage, qu'on allait voir
apparaître dans la littérature, la conception de l'adolescence
telle que nous la connaissons aujourd'hui. (Claes, 1983).
1.2- Définitions
Si l'adolescence est devenue à partir de la
révolution industrielle une préoccupation pour les scientifiques,
il apparaît de façon très prononcée dans la
littérature que les définitions de l'adolescence varient.
Autrement dit, il est très difficile de trouver une nette
définition du concept d'adolescence. Les définitions varient
selon que l'on se situe dans une perspective psychologique, sociologique ou
biologique (Cloutier, 1982).
Sur le plan psychologique, Store & Church (1973, pg 21)
présentent l'adolescence comme :
« Un état d'esprit, une manière
d'être qui débute à peu près à la
puberté et se termine lorsque l'individu a acquis son
indépendance d'action. C'est à dire lorsqu'il est socialement et
émotionnellement mûr et qu'il possède l'expérience
et la motivation nécessaire à la réalisation du rôle
d'adulte »
Dans une perspective psychanalytique, l'adolescence est vue
comme une période où l'individu laisse les figures d'attachement
infantile pour se tourner vers d'autres figures d'attachement (Blos, 1979).
Dans une perspective plutôt sociologique, un
auteur comme Lutte (1988) considère l'adolescence comme une
période de marginalisation et de subordination imposée à
un groupe d'âge qui possède toutes les caractéristiques
pour être vu comme adulte.
Les différentes définitions que nous venons de
mentionner montrent très clairement qu'il n'est pas aisé de
trouver une définition de l'adolescence. Dans le cadre de notre travail,
nous retenons la définition de Bee (1989) de l'adolescence.
L'adolescence se définit comme une
: « Période de transition durant laquelle, l'enfant
change physiquement, mentalement et cognitivement pour devenir
adulte » (Bee, 1989 pg 248). Il importe par ailleurs de
souligner que l'adolescence est tout aussi marquée par des changements
au niveau des relations que l'individu adolescent entretient avec son milieu
(Claes, 1983; 2003).
L'adolescence représente donc une période
où l'individu fait face à des réalités nouvelles
sur le plan physiologique, psychologique et social. En psychologie du
développement, de nombreux auteurs (Claes, 1983; Cloutier, 1985) ont
adopté le concept de « tâches
développementales » pour rendre compte de ces nouvelles
réalités. Lequel concept, comme le souligne Claes (2003) renvoie
à l'idée que l'individu n'est pas un spectateur passif des
changements qui s'opèrent, mais un acteur engagé activement dans
la construction de sa propre vie.
Dans les lignes qui suivent, nous allons présenter les
différentes transformations qui s'opèrent chez l'individu sur le
plan physiologique, cognitif, identitaire et social. Les trois premiers aspects
seront présentés de façon très synthétique,
nous mettrons l'emphase sur les nouvelles réalités sociales,
notamment sur les nouvelles relations que l'individu jeune entretient avec son
milieu au cours de cette période.
1.3- les caractéristiques de cette période
L'éclosion de la puberté qui inaugure
l'adolescence entraîne chez l'individu des changements sur le plan
physiologique et morphologique. En effet, cette période est
caractérisée par le développement du système
de reproduction, l'apparition des caractéristiques sexuelles secondaires
et des modifications au niveau de l'ossification (squelette).Ces
différentes modifications physiques et morphologiques vont engendrer
chez l'individu jeune des changements sur le plan personnel et social. En
effet, ces modifications vont nécessiter une reconstruction de l'image
corporelle, la maturation de l'appareil génital va favoriser
également l'engagement de l'individu jeune dans des relations
allosexuelles2(*) (Claes,
2003).
Sur le plan cognitif, cette période est
caractérisée par l'accès à l'intelligence formelle,
à l'abstraction (Piaget, 1963). Cette nouvelle capacité va
favoriser chez l'individu jeune des interrogations nouvelles sur soi, sur
l'avenir, sur le milieu dans lequel il vit et évolue.
Sur le plan identitaire, l'adolescence représente une
période au cours de laquelle l'identité personnelle,
c'est-à-dire l'ensemble des croyances, des sentiments et des projets
rapportés à soi, subit une évolution importante.
L'individu au cours de cette période cherche à se construire en
tant qu'individu, à se définir en tant que personne. Il se livre
comme le souligne Erickson (1972) dans la quête d'une définition
de soi.
1.4- Le développement de la socialisation à
l'adolescence : Le milieu familial
Cloutier (1985) définit la socialisation comme le
processus d'acquisition de comportements, d'attitudes et des valeurs
nécessaires à l'adaptation sociale de l'individu. Le
développement de la socialisation à l'adolescence est
marqué par les relations au sein du cercle familial (intra familial)
mais surtout par les relations avec les individus rencontrés en dehors
du cercle familial
En psychologie du développement, les relations
familiales et les relations avec les groupes des pairs représentent les
deux univers autour desquels s'articule la socialisation de l'adolescent. Les
relations familiales sont caractérisées par deux
éléments essentiels : L'attachement et le contrôle
parental. Tandis que les relations avec le groupe des pairs se basent sur des
liens de réciprocité et de mutualité (Claes, 2003).
Dans la socialisation de l'adolescent, les parents ont surtout
pour fonction de favoriser chez l'individu jeune le respect des normes sociales
qui favorisent leur pleine intégration dans la société.
Par ailleurs, il importe de souligner qu'établir une relation
chaleureuse avec l'adolescent demeure une fonction parentale tout aussi
importante au cours de cette période (Cloutier, 1982).
1.4.1- Les relations Parents-Adolescents : Attachement
et contrôle
Avant les années 1970, les théoriciens de
l'adolescence décrivaient la relation entre parent et adolescent en
terme de relations conflictuelles. A. Freud (1958) et Blos (1967) ont soutenu
que les conflits entre parents et adolescents constituent la norme qui domine
la vie familiale des adolescents. À partir des années 1970, de
nombreuses études empiriques réalisées sur les relations
parents adolescents se sont démarqué de cette conception (Rutter
et al.1976; Steinberg, 1990). Ces travaux ont souligné qu'il existe
effectivement un réaménagement majeur dans les relations parents
adolescents, mais que cela ne s'accompagne pas forcément de conflit.
Dans les recherches (Baumrind, 1971; Maccoby et Martin, 1983;
Claes 2003) les relations entre parents et adolescents sont décrites en
terme d'attachement et de contrôle parental.
1.4.1.1- Attachement
Les liens d'attachement à l'adolescence
représentent l'un des éléments les plus importants dans la
relation que les parents entretiennent avec leurs enfants au cours de
l'adolescence. L'attachement se rapporte d'après la théorie
élaborée par Bowlby (1969) sur la question, comme le type de lien
affectif que l'enfant développe avec ses géniteurs,
principalement avec sa mère. Ainsworth et al. (1978) dans la
continuité de la théorie de Bowlby font une description de ces
différents types d'attachement. Ils ont identifié trois types de
lien d'attachement : sécurisant, ambivalent et l'attachement
esquivé.
Les études ont montré que ces patrons
d'attachement sont liés à différentes modalités
d'ajustement social. Les enfants qui ont un attachement sécurisant avec
leur mère bénéficient de plusieurs avantages à tous
les âges. Ces enfants démontrent plus de coopération et
moins d'agressivité que les enfants qui souffrent d'un attachement
anxieux avec leur mère. Rice (1990), a observé que la
qualité des liens d'attachement parental à l'adolescence est
liée à divers indicateurs de bien être psychologique et
d'adaptation personnels. Ces adolescents sont plus persévérants
pour résoudre des problèmes. Ils ont généralement
des relations plus harmonieuses avec les pairs et sont souvent plus
aimés de leurs amis que les enfants ayant un attachement anxieux (Colin,
1996).
.
D'autres études (Allen et al. 1998; Claes et Lacourse,
2001) ont montré que la qualité des liens d'attachement entre
parent et adolescent est associée à la capacité
d'adaptation et de développement social de l'adolescent. L'attachement
parental est aussi considéré comme un puissant facteur de
protection contre les maladies mentales et l'engagement des adolescents dans
des comportements déviants.
Par ailleurs, le rôle des parents dans l'adaptation
sociale des adolescents ne se limite pas uniquement au simple fait de supporter
le jeune sur le point émotionnel ou affectif. Les parents dans leur
relation avec leurs enfants ont pour but comme le souligne Claes (2003) de
promouvoir et de veiller au respect des règles et des normes sociales.
Pour accomplir cette tâche, les parents établissent des principes
que le jeune doit respecter. Cette fonction parentale dans la
littérature porte le nom de contrôle
parental.
1.4.1.2-Le contrôle parental
Le contrôle parental réfère aux
règles fixées par les parents pour veiller à ce que les
enfants respectent les règles et les normes sociales et aux sanctions
établies pour remédier au non respect de ces règles. Dans
la littérature, les études ( Baumrind, 1971 ; Claes, 2003)
réalisées sur cette question tentent de voir dans la relation
entre parent-adolescent les effets des différents niveaux de
contrôle parental (excès de contrôle, faible contrôle
ou absence de contrôle) sur le processus de socialisation du jeune et sur
son développement personnel.
En effet, les études ont montré que
l'excès de contrôle a des incidences négatives sur
l'adaptation psychosociale de l'adolescent. Comme incidences négatives,
Dishion (1990) souligne le retrait social, l'inhibition et un faible
estime de soi. Néanmoins, les études montrent que l'absence
de contrôle ou le laxisme parental de son coté a également
des effets négatifs sur les résultats scolaires (Dornbusch et
Wood, 1989).
En résumé, nous pouvons dire que les relations
entre parents et adolescents sont marquées par deux
éléments essentiels : L'attachement et le contrôle.
Ces deux éléments dans la dynamique familiale vont influencer le
développement psychosocial de l'individu jeune et son adaptation dans la
société. Ces deux éléments vont se fusionner pour
donner les pratiques éducatives ou les styles parentaux. Ce concept
traduit le comportement des parents dans la relation que ces derniers
entretiennent avec leurs enfants.
1.4.1.3- Les pratiques
éducatives ou styles parentaux
Baumrind (1971) a regroupé ces pratiques
éducatives en considérant les deux dimensions de la relation
parent-adolescent citée plus haut, à savoir : L'attachement ou la
sensibilité (« responsiveness ») et le
contrôle ou l'exigence (« demandingness ».
En combinant ces deux dimensions, Baumrind a défini
trois types de pratiques parentales : autoritaire, structurant ou
démocratique et permissif.
Les parents autoritaires, sont décrits comme
étant très exigeants et peu sensibles; les parents
démocratiques ou structurants, sont très exigeants et très
sensibles, les parents permissifs, eux manifestent un faible niveau d'exigence
et un haut niveau de sensibilité.
Plusieurs études (Maccoby & Martin, 1983;
Steinberg, Mounts et al. 1991; Gray & Steinberg, 1999) ont utilisé
le modèle de Baumrind pour expliquer dans la dynamique familiale les
variations retrouvées dans les patterns de développement des
enfants, notamment en ce qui concerne l'adaptation psychosociale, la
réussite scolaire et les problèmes de comportements
rencontrés chez les adolescents. Toutes ces études ont conclu
que les enfants élevés dans des foyers où les parents
exercent une pratique éducative démocratique ont de meilleurs
résultats scolaires, une meilleure adaptation psychosociale et sont
moins impliqués dans des activités déviantes.
1.5- Synthèse
L'adolescence constitue dans la vie de l'individu, une
période de transition entre l'enfance et l'âge adulte. Cette
période est marquée par des changements au niveau de plusieurs
sphères de la vie de l'individu. Nous pouvons citer entre autres
changements : Les modifications morphologiques et physiologiques, les
changements cognitifs et identitaires. Ces différents changements vont
modifier, à leur tour, le rapport que l'individu jeune entretient avec
son environnement social, notamment avec le milieu familial.
Les relations que l'individu entretient avec son milieu
familial vont connaître des réaménagements majeurs au cours
de l'adolescence. Au cours de cette période, l'individu va donner plus
de priorité aux relations qu'il entretient en dehors du cercle familial.
En dépit de cette priorité accordée aux relations extra
familiales, la relation que ce dernier entretient avec le milieu familial
continue d'avoir une place importante dans la vie de ce dernier. Les liens
d'attachement et le niveau de contrôle que les parents exercent sur
l'adolescent dans leur dynamique d'interaction jouent un très grand
rôle dans le processus de socialisation du jeune et dans son
équilibre émotionnel.
Ces deux aspects, à savoir l'attachement et le
contrôle parental vont se fusionner pour prendre forme à
l'intérieur du milieu familial dans les pratiques éducatives
parentales. Pratiques qui caractérisent le comportement des parents dans
leur relation avec leurs enfants.
Ces pratiques éducatives communément connues
sous le vocable de « styles parentaux » sont très
importantes dans la mesure où ils caractérisent la façon
dont les parents interviennent dans leur rapport avec l'adolescent. En effet,
selon que ces pratiques sont autoritaires, démocratiques ou
permissives, ils vont avoir des incidences marquées sur le
développement psychosocial du jeune, sa capacité d'adaptation
sociale, sa performance scolaire et son engagement dans des activités
déviantes. (Steinberg, Mounts, Lamborn& Dornbusch, 1991; Steinberg
et al., 1992; Steinberg et al, 1994, Claes & Lacourse, 2001)
Le milieu familial constituera un espace de
sécurité, de support et d'aide pour l'adolescent dans la
construction et la réalisation de soi. La famille, plus
spécifiquement les parents auront pour tâche de guider le jeune
dans ses différentes activités qui assureront son
épanouissement personnel et son intégration sociale. Il sera
question pour les parents de veiller sur le fonctionnement du jeune à
l'intérieur des différents canaux sociaux, principalement sur son
fonctionnement à l'intérieur de l'institution scolaire. Cette
tâche paraît être fondamentale, puisque la réussite et
la bonne adaptation scolaire du jeune sont très importantes pour sa vie
adulte future.
Ce rôle attribué à la famille (aux
parents) représente un point d'intérêt de
prédilection dans les nouvelles recherches qui se réalisent en
éducation (Deslandes et Bertrand, 2003; Deslandes et Cloutier, 2005). La
participation ou l'implication des parents dans les activités scolaires
des adolescents semble avoir un rôle significatif dans la réussite
scolaire de ces derniers. A travers l'encadrement apporté à
l'adolescent dans ses différentes tâches scolaires, les parents
aident ce dernier à améliorer son rendement et à surmonter
ses difficultés scolaires (Ryan et Adams, 1995; 2000).
Chapitre II : LA RÉUSSITE SCOLAIRE
Dans le dictionnaire de l'évaluation et de recherche en
éducation, de Landsheere (1992, pg 91) donne de l'échec scolaire
la définition suivante : « Situation où un
objectif éducatif n'a pas été atteint »
De cette définition, de Landsheere présente la
réussite scolaire comme : « une situation où un
objectif éducatif a été atteint ».
Crahay (1996), mentionne qu'au cours des années 50, le
terme d'échec (ou de réussite) scolaire était
utilisé pour désigner la situation scolaire des enfants issus de
bonne famille3(*), qui normalement était destiné à
poursuivre de longues études. Comme le souligne l'auteur, il a
fallu attendre les années 60 pour voir apparaître dans la
communauté scientifique de nombreux articles consacrés aux
thèmes d'échec et de réussite scolaire.
2.1 - La Notion de réussite scolaire
Il apparaît de façon très prononcée
dans la littérature, qu'il existe une certaine difficulté
à saisir le sens exact du concept de « réussite
scolaire ». Baby (2002, pg 1) dans un article intitulé :
Notes pour une écologie de la réussite scolaire au
Québec, souligne très bien cette difficulté,
lorsqu'il déclare que :
« Dans l'état actuel des choses,
« réussir » à faire le point sur la
réussite scolaire, pourrait bien résider d'abord dans la
capacité de celui qui se lance dans cette aventure de surmonter les
ambiguïtés de la question. »
L'auteur montre précisément, qu'il existe pas
mal d'ambiguïtés qui entourent la notion de réussite
scolaire.
Ces difficultés, comme le mentionne Baby (2002) et
bien d'autres auteurs avant lui comme St Aman (1993), et Bouchard (1996)
proviennent de la notion de réussite même.
En effet, St Aman (1993) souligne que la notion de
réussite se subdivise en trois concepts : la réussite
scolaire, la réussite éducative et la réussite sociale.
La réussite scolaire renvoie :
« À l'atteinte d'objectifs de
scolarisation, liés à la maîtrise de savoirs
déterminés. C'est à dire au cheminement parcouru par
l'élève à l'intérieur du réseau
scolaire » (St Amant 1993, pg 2 ; Bouchard et St Aman, 1996, pg
4).
La réussite éducative quant à elle
renvoie :
« À l'atteinte d'objectifs liés au
processus, d'acquisition, d'attitudes, de comportements et de
valeurs » (Bouchard et St Aman, 1996 pg 4). Elle est donc
la résultante du processus de socialisation scolaire.
Et la réussite sociale suppose une correspondance entre
la formation à l'école et la place occupée dans la
société. (St Aman, 1993 pg 2).
Bouchard et St Aman, résument la notion de
réussite sociale comme suit :
· (...) réussit celui ou celle qui acquiert
certains savoirs définis, ainsi que certaines valeurs et attitudes qui
vont lui permettre de s'insérer socialement et de participer pleinement
aux transformations sociales. » (Bouchard et St Aman,
1996 pg 4)
Par ailleurs, Baby (2002) souligne les nuances qui font donc
de la réussite scolaire une notion ambiguë. L'auteur mentionne que
la définition que peut prendre la notion de réussite scolaire
varie suivant l'objectif des acteurs impliqués dans le système
scolaire. En effet, pour lui, certains acteurs (comme les enseignants par
exemple) se situent à l'intérieur du cheminement scolaire,
d'autres (le ministère de l'éducation) à son terme.
Pour ceux qui se situent à l'intérieur du
cheminement scolaire. Réussir signifie, obtenir la note de passage et
plus pour chaque matière Baby 4(*)(2002, pg 1) L'auteur parle alors de
« réussite en cours de route » ou de
« réussite scolaire proprement dite ».Tandis
que pour ceux qui se situent à son terme, réussir signifie,
obtenir un diplôme qui caractérise la fin d'un cycle
d'étude. L'auteur parle alors de « réussite en fin
de compte ». Pour Baby, lorsqu'on parle de réussite
scolaire il convient de préciser de quelle réussite que l'on
parle. Dans le cadre de ce travail, nous définirons la réussite
scolaire comme :
« L'atteinte d'un objectif éducatif,
défini par la performance ou le rendement scolaire de
l'élève »
Pour des raisons opérationnelles, dans notre travail
nous parlerons plutôt de « réussite scolaire proprement
dite » ou de « réussite en cours de
route ». Nous retiendrons comme indicateur de performance ou de
rendement la moyenne générale retrouvée dans les bulletins
scolaires de l'élève.
2.2 -Réussite scolaire et Milieu familial (les
considérations socioculturelles)
Dans la littérature, nous retrouvons
plusieurs auteurs qui ont étudié le rapport entre le milieu
socioculturel et la réussite scolaire de l'apprenant (Coleman, 1966;
Bourdieu et Passeron, 1970; Jencks et al 1972;). Ces études sont
souvent réalisées sur des thématiques qui diffèrent
selon la vision théorique de l'auteur. Cependant, le milieu familial
reste un dénominateur commun dans toutes ces recherches. Dans les lignes
qui suivent, nous allons voir les différents paramètres
socioculturels soulevés par les auteurs comme facteurs qui influencent
la réussite scolaire de l'élève.
2.2.1- Origine sociale et
réussite scolaire
L'effet de l'origine sociale sur la réussite scolaire
est un sujet qui n'est pas nouveau. La littérature en sociologie de
l'éducation a fait état de nombreux résultats de
recherches.
Si avant les années 60, la réussite (ou
l'échec) scolaire était souvent expliquée à partir
de la notion de « don » ou du statut de l'école
fréquentée, le Rapport Coleman (1966) intitulé :
« equality of educational opportunity research » a
réorienté la question et a ouvert la voie à de nouvelles
modes d'approches.
Coleman insiste précisément dans son rapport sur
le fait que la fréquentation d'une « bonne » ou
d'une « mauvaise » école importe peu dans la
performance de l'élève. C'est au contraire le milieu familial qui
peut être préjudiciable à la performance de ce dernier.
Les études qui s'inscrivent dans cette même
perspective concluent que les facteurs sociaux exercent plus d'influence sur la
réussite scolaire des élèves que les facteurs scolaires
(Anderson et al. 1989 ; Flynn, 1999).
En dépit du fait que toutes ces études admettent
de façon unanime que les facteurs sociaux sont déterminants dans
la réussite scolaire de l'élève, nous constatons
cependant, lorsqu'il faut trouver les facteurs clés de l'origine sociale
qui agissent sur la réussite scolaire, les approches diffèrent.
Certains soutiennent que les facteurs socio-économiques sont
déterminants (Les actionnalistes), d'autres les facteurs culturels (Les
culturalistes).
2.2.1.1-L'approche
actionnaliste
L'approche actionnaliste insiste sur l'influence des facteurs
économiques sur la réussite scolaire de l'apprenant. Des auteurs
comme Boudon (1973) et Bisseret (1974) soulignent que le degré de
pouvoir économique engendre un système d'attitudes de l'apprenant
vis à vis de l'école. Ces auteurs avancent que la position de
l'élève dans le système économique confère
à ce dernier la possession ou non de « l'avoir » et
du « savoir ». La possession autorise des projets lointains
et des plans précis d'exécution, tandis que la non possession
autorise des projets à court terme, dont la réalisation semble
aléatoire. Cette conception soutient que les apprenants issus d'un
milieu socio-économique faible réussissent moins bien à
l'école que ceux issus d'un milieu économiquement aisé.
Nous devons souligner que les actionnalistes n'ignorent pas
l'incidence des facteurs culturels sur la réussite scolaire des
élèves, mais selon ces derniers ces facteurs sont situés
à un second plan.
2.2.1.2-L'approche culturaliste
Selon les culturalistes, le niveau socioculturel de la
famille, l'héritage légué par l'environnement social sont
autant d'éléments qui favorisent ou non la réussite
scolaire de l'apprenant.
Des auteurs comme Bourdieu et Passeron (1970) et Baudelot et
Establet (1972) soutiennent que l'échec scolaire résulte de la
distorsion entre la culture familiale et la culture privilégiée
par l'école. Bourdieu et Passeron (1970) avancent que la culture
privilégiée par l'école est celle de la classe
dominante.
Pour Bourdieu (1966, pg
326) :« L'héritage culturel qui diffère selon
les classes sociales, est responsable de l'inégalité initiale des
enfants devant l'épreuve scolaire et, par là, des taux
inégaux de réussite » Ce dernier nous invite
à comprendre que l'héritage culturel des élèves
détermine la performance scolaire de l'apprenant à
l'intérieur du système scolaire.
Toujours selon Bourdieu (1966), les parents transmettent
à leurs enfants un système de valeurs qui contribue à
définir, entre autres choses, les attitudes à l'égard du
capital culturel et à l'égard de l'institution scolaire. Bourdieu
soutient que l'inégalité des chances de réussite à
l'école est liée justement à la possession ou la non-
possession des normes et des valeurs propres au milieu scolaire.
La présentation que nous venons de faire sur
l'influence des conditions économiques et culturelles sur le destin
scolaire de l'enfant, est globale. Cependant, comme le montrent Bastin et
Roosen (1991) cette influence se regroupe à l'intérieur de quatre
groupes de paramètres : Le langage, les pratiques culturelles,
les aspirations et les systèmes de valeurs. Le poids de ces
paramètres dans le destin scolaire de l'élève, peut varier
d'un auteur à un autre.
· Le langage
Des auteurs soutiennent que le langage représente un
des éléments du milieu socioculturel qui influence la
réussite scolaire des enfants. Ces auteurs mentionnent que
l'inégalité des chances de réussite à
l'école est liée à la possession ou non dans le milieu
familial d'un code linguistique qui est le même que celui priorisé
par l'école.
Bourdieu et Passeron (1970) dans La
reproduction ont fait une approche sociolinguistique dans leur
tentative d'explication de l'échec (ou de la réussite) scolaire.
Ces auteurs ont fait le constat que l'échec scolaire croît
à mesure que l'on va vers des classes sociales qui s'éloignent de
la langue d'enseignement. Les enfants qui proviennent des milieux
socioculturels défavorisés réussissent moins bien à
l'école, tandis que, les enfants issus des milieux favorisés
socio culturellement réussissent normalement. Selon ces auteurs, cette
situation est liée au fait que l'école, reproduit la culture de
la classe dominante. Donc, les enfants issus des classes favorisées
possèdent le capital linguistique requis par l'école, tandis que
ceux provenant du milieu défavorisé ne le possèdent
pas.
Bernstein (1975) aborde la question dans une logique similaire
à celle de Bourdieu et de Passeron. L'auteur souligne que le bain
linguistique dans lequel l'enfant est plongé dès ses premiers
mois détermine son adaptation à la langue de l'école.
L'auteur souligne qu'il existe en fonction des milieux socioculturels deux
types de langues caractérisés par deux types de code
linguistique. Une langue « riche », par son lexique,
par sa syntaxe, par ses nuances affectives et logico verbales. Cette langue
correspond à un « code élaboré » du
langage. Et une langue « pauvre », qui est avant tout un
support d'échanges immédiats, concrets et peu soucieux de
l'implicite du discours et des nuances d'expression. Cette langue correspond
à un « code restreint » du langage.
Selon Bernstein, le « code
élaboré » correspond précisément à
celui des apprentissages scolaires et se retrouve dans la langue parlée
dans les familles de niveau socioculturel élevé. Tandis que le
« code restreint » qui n'est pas celui de l'école,
se retrouve dans la langue parlée dans les familles socio culturellement
démunies. Ainsi, selon l'auteur, l'échec scolaire des enfants
provenant des milieux défavorisés peut trouver leur explication,
dans l'existence dans ces milieux d'un code linguistique, différent de
celui de l'école. Ainsi comme le soulignent Bastin et Roosen
(1991, pg 45) : « Le langage s'érige-t-il en
critère de sélection dès les premières
années d'école (...) »
· Les pratiques culturelles
Les pratiques culturelles sont considérées comme
l'un des paramètres qui retentissent sur
la manière dont les enfants réussissent à
l'école. Litt (1980) et bien d'autres auteurs (Carron et Chau, 1998)
considèrent comme des indicateurs pertinents des pratiques culturelles
ayant rapport avec la réussite : la présence d'une
bibliothèque familiale, la fréquentation du musée et du
théâtre, la lecture des journaux, l'utilisation de l'ordinateur,
de l'Internet...
Bien des recherches, ont considéré ces
éléments culturels dans leur tentative d'explication de la
performance de l'élève à l'intérieur du
système éducatif.
Carron et Chau (1998) ont remarqué que le manque de
contact avec le monde écrit était un des paramètres qui
expliquait l'échec scolaire dans ces pays (Mexique (Puebla), Chine
(Zhejiang), Inde (Madyapradesh) et Guinée). Près de 50 à
65 % des parents interrogés au cours de l'enquête mentionnent
qu'ils ont moins de 10 livres à la maison. Ces livres sont
généralement des bandes dessinés et des livres scolaires.
Carron et Chau décrivent la situation de ces zones comme suit :
« (...) peu nombreux sont les
élèves qui disposent d'un bureau à leur usage personnel.
Les enfants ont peu de contact avec le monde de l'écrit en
dehors de l'école, à cause de la rareté du matériel
de lecture. » (Carron et Chau, 1998, pg 91).
Si nous extrapolons, nous pouvons mentionner que pas mal de
recherches ont bien montré que l'existence de livres dans l'entourage
immédiat de l'enfant représente un facteur significatif dans le
processus d'apprentissage de la lecture. Processus :
« Fondateur pour la vie scolaire de l'enfant et pour l'adaptation
des gens en société » (Jean Jacques, 2001 pg
54)5(*). Il paraît
donc évident que l'absence de contact avec le monde de l'écrit
joue sur la réussite scolaire de l'élève.
· Les aspirations et Les systèmes de
valeurs
Boudon (1973) explique la relation entre la position sociale
et le cursus scolaire de l'élève par une différenciation
des champs de décision. Pour Boudon, les aspirations et les attentes de
l'élève sont liées au rapport rationnel que l'apprenant
fait entre le coût et les bénéfices de l'étude. Pour
Boudon, si au cours des classes primaires c'est l'héritage culturel qui
oriente les études. En secondaire, ce sont les choix professionnels des
individus, calculés en termes de coûts et de
bénéfices. Pour Boudon, plus l'élève vit dans une
classe économiquement défavorisé, moins il a des
aspirations et des attentes élevées par rapport à
l'école.
Pour certains auteurs, comme Litt (1980) l'origine sociale
conditionne la réussite scolaire à travers les systèmes de
valeurs et les aspirations ou les attentes des élèves. Litt
soutient que le choix des filières, la décision de poursuivre ou
non des études post secondaires, les perspectives professionnelles sont
liés étroitement à la position sociale des
élèves.
Grootaers (1980) souligne dans la condition scolaire et
l'échec, que l'échec des élèves provenant des
classes sociales « inférieures » est lié
au fait que le système de valeur priorisé par l'école est
celui des classes « supérieures ». L'organisation
scolaire, ses règles et ses activités, sont
étrangères au système de valeurs retrouvées dans
leur milieu d'origine.
Par ailleurs, Bastin et Roosen (1991) soulignent que plus on
descend dans la hiérarchie sociale, plus on rencontre des
systèmes de valeurs précisément associés à
des probabilités décroissantes de survie et de réussite
dans le système scolaire. Ces auteurs soulèvent clairement le
fait que les systèmes de valeurs propres à chaque classe sociale
favorisent la réussite ou l'échec de l'élève.
Mais face à cette thèse, l'on ne peut
s'empêcher de poser certaines questions. Comment certains enfants issus
d'un milieu socio économiquement et socio-culturellement
défavorisé arrivent-ils à réussir à
l'école ? Comment expliquer l'échec de certains enfants
issus de milieu favorisé (économiquement et
culturellement) ? Tout semble suggérer que, même dans les
conditions d'égalité des chances devant l'éducation,
certains enfants, quelque soit leur milieu, réussissent moins bien
à l'école que d'autres. Donc, vouloir expliquer la
réussite scolaire des élèves par les seuls facteurs
sociaux nous semble incomplet. Ceci devient particulièrement observable
quand s'ajoute à cette dernière des variables comme le sexe des
enfants, la structure familiale et les pratiques éducatives
utilisées par les parents.
Fusch (1996) de son coté pense que les facteurs
familiaux internes (pratiques éducatives, participation parentale, etc.)
peuvent avoir une influence sur le comportement de l'enfant et sur sa
réussite à l'école.
2.2.2 -Facteurs
Familiaux internes et Réussite scolaire
Si les auteurs précédents tentent de faire le
lien entre les différents éléments de l'environnement
socio culturel et la réussite scolaire du jeune. D'autres auteurs
orientent leur recherche plutôt vers les facteurs familiaux internes ou
endogènes (Steinberg; 1992, Fusch, 1996; Potvin et al. 1999; Deslandes
et Lafortune, 2001, Deslandes et Cloutier, 2005). L'objectif de ces auteurs est
de tenter de voir l'influence des différentes dimensions propres au
cercle familial sur la réussite scolaire de l'enfant et de l'adolescent.
2.2.2.1-Les Pratiques
éducatives (Contexte scolaire)
Les recherches qui portent sur les pratiques éducatives6(*) des parents visent à décrire les
caractéristiques qui différencient les parents entre eux et
associent ces caractéristiques aux différences de comportements
observés chez les enfants. Elles tentent également de faire le
lien entre ces différents types de « pattern
parentaux » et l'adaptation psychosociale des enfants et des
adolescents.
Darling et Steinberg (1993) précisent que les styles
d'éducation des parents sont des constellations d'attitudes et
d'expressions non verbales qui définissent la relation entre parents et
enfants, au gré de différentes situations.
En ce qui a trait plus particulièrement au
décrochage (ou à la réussite) scolaire, Darling et
Steinberg (1993) décrivent les pratiques parentales comme des
comportements qui consistent par exemple à suivre et à aider
l'enfant dans ses travaux à la maison et à participer aux
activités scolaires.
a) Rôle des pratiques éducatives dans la
réussite scolaire
Steinberg et al (1989), dans le cadre d'une étude
américaine portant sur le lien entre le style parental
démocratique et les résultats scolaires ont identifié
trois dimensions du style parental démocratique en rapport avec la
réussite scolaire. Il s'agit de : L'engagement parental,
l'encadrement parental et l'encouragement à l'autonomie. Les parents
engagés sont décrits comme des personnes ressources pour les
enfants et les adolescents lorsqu'ils ont un problème, Ils
réservent du temps pour ces derniers et discutent avec eux.
L'encadrement parental est caractérisé par le fait que les
parents sont au courant des allées et venues de son enfant et de la
gestion du temps de ce dernier. L'encouragement à l'autonomie consiste
à développer l'esprit critique chez l'adolescent. Cet
encouragement se fait par la possibilité que les parents offrent
à leurs enfants de questionner leurs décisions (Deslandes et
Potvin, 1998). Ces derniers sont arrivés à la conclusion que
le style parental démocratique caractérisé par des hauts
niveaux d'engagement, d'encadrement parental et d'encouragement à
l'autonomie est en lien avec les meilleurs résultats scolaires.
Lamborn et al (1991) de leur coté ont
réalisé une grande étude auprès d'un grand groupe
d'adolescents (n=41100) américains sur le rapport entre les pratiques
éducatives et l'adaptation psychosociale de ces derniers. Leurs
résultats indiquent que les jeunes qui vivent dans un milieu permissif
indulgent présentent un sens élevé de confiance en soi,
mais ont un taux plus élevé d'abus de drogues et de mauvaises
conduites à l'école. Ils sont également moins
impliqués dans leurs activités scolaires.
Plus loin, Steinberg et Mounts (1991) ont
réalisé une étude, similaire à celle de Lamborn
(n=10000), mais auprès d'une population, d'origines
ethniques différentes. Ils sont arrivés à la conclusion,
que, indépendamment de leurs origines ethniques, les adolescents
élevés par des parents chaleureux et fermes (style
démocratique) réussissent généralement mieux
à l'école que leurs camarades venant de foyers autoritaires ou
permissifs.
Rumberger et al. (1993) estiment que les décrocheurs
proviennent davantage des foyers caractérisés par un style
parental permissif. Doucet (1993) démontre que les élèves
identifiés, comme étant potentiellement décrocheurs,
perçoivent leurs parents comme étant plus permissifs. Ces
résultats démontrent aussi que les familles des
élèves identifiés comme n'étant pas à risque
de décrocher ont plus tendance à être démocratiques
ou structurantes.
Toutes les études mentionnées plus haut montrent
sans aucun doute qu'il existe un rapport significatif entre le style parental
(ou pratiques éducatives parentales) démocratique et la
réussite scolaire.
Par ailleurs il est important de souligner que certaines
recherches, comme celles de Dornbusch et al. (1992), soutiennent que
contrairement à la conclusion de l'étude de Steinberg et Mounts,
le style parental démocratique n'est pas prédictif de
réussite scolaire dans toutes les communautés culturelles. Les
auteurs avancent que dans la population noire américaine
défavorisée, le style parental autoritaire semble donner de
meilleurs résultats en terme de rendement scolaire que le style
démocratique.
Il faut mentionner que les pratiques parentales en ce qui a
trait à la réussite scolaire, varient selon les recherches en
fonction du sexe de l'élève et des parents. (Potvin et al. 1996;
Deslandes et Cloutier, 2005)
b) Pratiques parentales et réussite
scolaire en fonction du sexe de l'élève et des
parents
Litton et Romney (1991) ont effectué une importante
recension critique des recherches réalisées entre les
années 1952 et 1987. Les résultats indiquent que les
garçons sont davantage sujets à des punitions corporelles que les
filles. Les études soulignent que les pères ont une
tendance plus marquée que les mères à agir
différemment dans leurs pratiques éducatives selon qu'il s'agit
d'une fille ou d'un garçon. Cette analyse révèle aussi que
les différences suivant le sexe, diminuent avec l'âge.
D'après l'analyse de certains chercheurs (Maccoby, 1974 Simon et al,
1991) les parents ont tendance à utiliser davantage le style autoritaire
avec les garçons, en particulier les punitions corporelles et les
réprimandes. Tandis que, les filles sont disciplinées avec
davantage de raisonnement et d'induction.
Potvin et al. (1996) à partir des trois dimensions du
style parental décrites par Steinberg, dans une étude sur les
facteurs de risque d'abandon scolaire des adolescents
québécois, sont arrivés à la conclusion, que
lorsque l'étude des pratiques éducatives prend en compte, le sexe
de l'enfant, l'engagement parental semble prédire la réussite
chez les filles, tandis que chez les garçons, ce sont surtout
l'encadrement et l'encouragement à l'autonomie qui prédisent la
réussite.
Deslandes et Cloutier (2005) dans leur étude sur
les pratiques parentales et la réussite scolaire en fonction de la
structure familiale et du genre des adolescents, révèlent
que les mères manifestent le même niveau d'engagement,
d'encadrement et d'encouragement à l'autonomie auprès des
garçons et des filles (Toutes structures familiales confondues). Tandis
que selon la perception des adolescents, pour ce qui est des pratiques
éducatives des pères, ils perçoivent que ces derniers
exercent moins de supervision et d'encouragement à l'autonomie
auprès des garçons. Ils sont donc plus permissifs envers ces
derniers.
Ces recherches soulignent le fait que les pratiques
éducatives parentales varient suivant le sexe des élèves.
Elles révèlent aussi que les pratiques éducatives des
parents paraissent être plus permissifs à l'égard des
garçons. Ce fait peut expliquer clairement un risque plus
élevé d'échec scolaire chez les garçons que chez
les filles. (Potvin et al. 1996).
Toutefois, il est important de souligner que dans le milieu
haïtien nous n'avons pas trouvé de recherches qui ont établi
le lien entre les pratiques éducatives parentales et le sexe de
l'enfant. La majorité des études rapportent uniquement que dans
les foyers haïtiens, les pratiques éducatives autoritaires priment.
(Sabatier et Tourigny, 1990 ; Bijoux, 1990; 1995).
Emedi (1997) dans une étude sur le rapport entre
l'origine ethnique et le rendement scolaire dans les communautés
culturelles québécoises, mentionne que les pratiques
éducatives des parents de la catégorie
« créole»7(*) semblent être à coté du niveau de
scolarité de la mère, le statut de l'école
fréquentée, l'un des éléments explicatifs du faible
rendement scolaire de ce groupe ethnique.
Par ailleurs, il convient de souligner que l'influence des
pratiques éducatives des parents sur la réussite scolaire des
enfants et des jeunes se situe dans l'implication de ces derniers dans la
formation scolaire des enfants. Autrement dit, ces pratiques
représentent l'un des éléments qui influencent
l'implication et la participation des parents dans l'apprentissage de leurs
enfants.
2.2.3- Les facteurs sociodémographiques et
Réussite scolaire
Outre les facteurs socioculturels et les pratiques
éducatives, les facteurs démographiques tels : le niveau
d'étude des parents, le sexe de l'enfant et des parents et la structure
familiale sont autant de facteurs démographiques qui jouent sur la
réussite scolaire.
2.2.3.1- Le niveau
d'étude des parents
Le rapport entre le niveau d'étude des parents (surtout
de la mère) et la réussite scolaire est un sujet très
priorisé dans la littérature scientifique (Muller & Kerbow,
1993 ; Ryan & Adam, 1995 ; Bronkhart, 1998). Ces auteurs tentent de
montrer comment les variables socioculturelles dans le contexte familial sont
des éléments qui jouent sur la réussite scolaire à
l'adolescent. Parmi ces variables socioculturelles liées au contexte
familial, on peut mentionner le niveau d'étude des parents.
Scott Jones (1995) en analysant la question de la relation
entre le résultat scolaire des adolescents et le niveau d'étude
des parents, avance que les parents à partir de leur propre histoire
à l'école et de leur propre réussite, jouent un rôle
de modèle et enseignent à leurs enfants la valeur de
l'éducation. Ce dernier renforce la croyance de l'enfant dans
l'école et consolide son engagement scolaire. Bronkhart (1998) souligne
que le niveau d'éducation des parents a une incidence significative sur
le résultat scolaire des adolescents, spécialement dans les
matières de sciences exactes comme les mathématiques, les
sciences physiques, etc.
Dans une étude réalisée par Fusch et al
(1999) à partir des données du National Longitudinal survey
of adolescent health (Add Health) sur les associations directes et
indirectes entre : les variables socioculturelles, les
caractéristiques individuelles des parents, les relations familiales en
général, les interactions parents-enfant, les interactions
centrées sur l'école, les caractéristiques individuelles
et la réussite scolaire à l'adolescent (n = 2321). Ces auteurs
ont pu trouver qu'il existe une association directe entre le niveau
d'étude des parents et la réussite scolaire à
l'adolescence.
D'après ces chercheurs, ce lien est du au fait que le
niveau d'étude des parents est une variable qui va au delà du
cercle familial, en ce sens que le niveau d'étude des parents joue sur
le milieu socioculturel dans lequel évolue l'enfant. Dans une logique
sociologique, nous pouvons dire que le capital culturel détenu par les
parents favorise la réussite de leurs enfants.
Ces auteurs présentent plus clairement ce fait en
avançant que : « Les parents d'un haut niveau
d'étude vivent dans une communauté ou leurs enfants sont en
contact avec d'autres enfants issus eux aussi de parents qui ont un haut niveau
d'étude ». (Fuchs et al. 1999, pg 25). Alors, le niveau
d'éducation des parents place les élèves dans un contexte
socioculturel qui favorise ou non leur réussite. Cette étude
trouve toute sa pertinence dans le contexte haïtien. Selon l'étude
du MEF et de l'IHSI (2005), les enfants des chefs de ménage n'ayant
aucun niveau d'étude parviennent en moyenne à achever tout au
plus la 5ème année fondamentale alors que ceux dont le
père ou la mère ont un niveau d'étude élevé
franchissaient largement l'entrée du secondaire (7ème
année fondamentale), voire dépassent le troisième cycle de
l'école fondamentale lorsque leurs parents ont entre 7 et 13 ans
d'études réussies. (MEF et IHSI, 2005 pg 160)
2.2.3.2-Sexe des
élèves
Le rapport entre la réussite scolaire et le sexe de
l'apprenant a été abordé dans la majorité des
études qui tendent à rechercher les éléments
explicatifs de la réussite ou de l'échec scolaire. (Bastide,
1992 : Veillette et al. 1993).
Bastide (1992) dans une étude réalisée en
France auprès des enfants immigrés, a révélé
que la réussite scolaire des filles, est, dans l'ensemble un peu
supérieur à celle des garçons. 40% contre 26%. Veillette
et al. (1993) dans une enquête réalisée au Québec,
démontrent que les filles sont proportionnellement plus nombreuses que
les garçons à décrocher un diplôme d'étude
secondaire et à accéder au collégial.
Les raisons qui expliquent la meilleure réussite
scolaire des filles résideraient selon Emedi (1997) dans le fait que
celles-ci sont plus motivées et ont un plus grand désir
d'apprendre. Elles travaillent plus fort pour assurer leur réussite
scolaire contrairement aux garçons qui consacrent plus de temps aux
activités parascolaires (exemple : sport).
Par contre, des études menées plutôt aux
États Unis (Benbow et Stanley, 1980; Meece et al. 1982) auprès
des élèves de 13 ans dans le but de vérifier les
écarts de rendement entre les garçons et filles en
mathématiques, indiquent que les garçons sont plus susceptibles
d'obtenir de meilleures notes.
Ces études nous montrent clairement que, si de
façon globale, les filles réussissent mieux que les
garçons, dans les matières de sciences dites pures, la tendance
semble être renversée. Par ailleurs, si dans les pays
développés, les filles paraissent être les mieux
placées en ce qui a trait à la réussite scolaire. Dans les
pays en voie de développement, la situation est nettement
différente.
Dans l'enquête réalisée par le MEF et
L'IHSI (2005), le nombre de garçons qui réussissent à
l'école est supérieur à celui des filles.
Il convient de signaler, que les écarts sont
relativement faibles d'une année académique à l'autre
(Entre 4 et 6 points de pourcentage). Mais il existe une forte
disparité entre les milieux de résidence. Autrement dit, les
disparités de réussite entre les sexes sont plus ou moins
importantes selon le milieu de résidence de l'élève. En
effet, les profils de disparité entre les sexes diffèrent
sensiblement des milieux urbain et rural. L'écart paraît
être plus grand dans les zones rurales, mais aussi à
l'intérieur du milieu urbain entre les milieux favorisés et les
milieux défavorisés.
Les travaux de Caron et Chau (1998) ont appuyé la
réalité décrite dans cette enquête. Cette
disparité est liée selon cette même étude aux
rôles sociaux attribués aux filles dans les pays en voie de
développement. L'enquête du MEF et de l'IHSI (2005) souligne ce
fait. En effet, l'affectation des filles aux tâches domestiques ou leur
mobilisation comme aides familiales de leurs mères, à mesure
qu'elles grandissent réduit le temps qu'elles peuvent consacrer aux
études. La situation paraît être plus prononcée dans
le milieu rural.
Nous pouvons ajouter à tout ceci que cette
disparité pourrait être liée à la mentalité
traditionnelle des parents qui tendent à prioriser la formation des
garçons que celle des filles (surtout dans le milieu rural). Comme le
souligne Diallo (2001) dans une étude sur la problématique de
l'abandon scolaire au Mali :
« En Occident, si l'éducation des filles
s'avère un moyen privilégié de mobilité sociale,
en
Afrique par contre, particulièrement au Mali,
où la société est essentiellement patriarcale,
elle repose sur les valeurs culturelles, traditionnelles
et les stéréotypes de sexe. Il est de règle que les
mères apprennent à leurs filles à devenir des
épouses modèles. La scolarisation des filles,
phénomène nouveau, est perçue par certains comme une
trahison de la culture traditionnelle » (Diallo, 2001 pg
59).
Le point de vue de Diallo souligne assez clairement les
contraintes socioculturelles qui pourraient donner des pistes d'explication
à la disparité des sexes devant la réussite à
l'école.
2.2.3.3-Structure
familiale
Brofenbrenner (1979) considère la structure familiale
comme un microsystème qui comprend un ensemble d'activités de
rôles, et de relations interpersonnelles jouées par des personnes
dans un environnement donné, avec des caractéristiques physiques
et matérielles particulières.
Cette conception de la structure familiale de Brofenbrenner,
nous invite à comprendre que la structure familiale ne renvoie pas
uniquement à la question de la fonction de chacun des membres qui
constituent l'univers familial, mais, elle renvoie aussi aux rapports que
chacun de ces membres entretiennent entre eux.
Dans le dictionnaire de la Psychologie (1991) la famille est
définie comme un groupe d'individus unis par des liens
transgénérationnels. Dans la société occidentale
elle a pour fonction exclusive d'assurer la sécurité de ses
membres ainsi que l'éducation des enfants. Elle représente
l'institution de socialisation par excellence.
Par ailleurs, des auteurs comme Rousseau et Leblanc (1992)
présentent la structure familiale comme un facteur déterminant de
l'abandon scolaire chez les adolescents. En effet, outre, les incidences
abondamment décrits, du statut socio-économique et culturel sur
la réussite scolaire (Coleman, 1966; Bourdieu et Passeron, 1970; Jencks
et al.1972), l'étude du succès scolaire des enfants a
également porté sur la nature de la structure familiale (Amato,
1997, Ryan et Adams, 2000).
Aux Etats Unis, Demo et Acock (1996) à partir des
données de la National survey of family and households ont
examiné les différences d'adaptation socio affective, du
rendement scolaire et du bien être général chez les jeunes
adolescents. Cette étude prend en compte quatre groupes d'adolescents.
Ceux qui vivent :
a) dans une famille issue d'un mariage encore intact
b) dans une famille mono parentale résultant d'un
divorce
c) dans une famille recomposée
d) dans une famille mono parentale dirigée par une
mère qui a toujours été seule.
Les résultats de l'étude révèlent
que les enfants issus d'un mariage encore intact sont ceux qui ont obtenu les
meilleurs résultats pour les indicateurs de bien être et de
réussite scolaire. Tandis que, ceux, qui vivent dans une famille mono
parentale dirigée par une mère toujours seule,
réussissaient un peu moins bien à l'école.
Cette étude révèle, que les enfants qui
vivent dans une structure familiale mono parentale, présentent une plus
forte tendance à l'échec que ses camarades qui vivent dans une
structure familiale biparentale
Par ailleurs, Coleman (1988) a échafaudé une
théorie pour justifier la différence entre les diverses
catégories de famille. Il distingue trois formes de capital que peut
posséder une famille. Le capital financier qui englobe
l'ensemble du patrimoine et du pouvoir d'achat de la famille. Le capital
humain concerne la force de l'influence qui découle du niveau
d'instruction des parents. Le regroupement de ces deux formes de capital
traduit les contraintes et les possibilités fondamentales qui
caractérisent la famille. Enfin, il y a le capital social, qui
se rapporte à la densité des interactions entre les parents,
leurs enfants et le système scolaire. L'auteur soutient que les
relations sociales qui caractérisent ce capital offrent les moyens
grâce auxquels se développe le capital humain. Sans une relation
positive entre les parents et les enfants, il n'existe que peu de
mécanismes, voire aucun pour transmettre le capital humain et financier
disponibles aux enfants.
Coleman (1988) donne comme exemple la structure familiale en
tant que moyen de renforcer le capital social de la famille. La
préoccupation de l'auteur est surtout liée au déficit
structurel du à l'absence d'un membre de la famille. Ce déficit
réduit selon l'auteur, le capital social dont bénéficie
l'enfant pour maintenir son développement. Dans ce cadre de
référence, l'auteur mentionne que comparativement aux familles
biparentales, les familles mono parentales sont considérées comme
ayant moins de temps à investir dans les interactions parent-enfant. En
effet, plusieurs études ont montré que les enfants qui
grandissent dans un ménage monoparental reçoivent moins
d'encouragement et moins d'aide pour faire leurs devoirs que les enfants qui
vivent dans une famille biparentale (Dornbusch et al. 1985; Deslandes et
Cloutier, 2005).
Dans une étude longitudinale des relations
familiales et du succès scolaire chez les enfants des familles mono
parentales et biparentales (n=1321 Ménages biparentaux et 197
ménages mono parentaux), Adams et Ryan (2000) révèlent le
fait similaire. L'étude révèle que la structure de la
famille mono parentale, est du moins en partie problématique en ce qui a
trait à la réussite scolaire des enfants. A statut
économique égal, la réussite scolaire revient toujours aux
familles biparentales. Les auteurs soulignent que cette situation n'est pas due
au fait que, les parents seuls en tant que groupe, ne réussissent pas
à être de bons parents. Néanmoins, elle est liée
: « aux défis complexe, auxquels ils doivent faire
face, étant donné l'effort qu'ils doivent déployer pour
maintenir le bien être matériel et social des membres de la
famille » (Adams et Ryan, 2000 pg 28).
Autrement dit, ces parents, par le fait qu'ils sont seuls
doivent mobiliser toutes leurs ressources pour subvenir aux besoins socio
économiques de la famille. Ils n'ont donc pas le temps, pour superviser,
communiquer et aider les enfants dans les taches scolaires.
Au Canada, Deslandes et Cloutier (2005), dans une étude
menée sur les pratiques parentales et la réussite scolaire en
fonction de la structure familiale et du genre des adolescents (n=498) ont
trouvé que les adolescents qui vivent dans des familles non
traditionnelles 8(*)(tous
genres confondus) sont désavantagés que ceux des familles
traditionnelles9(*) à
certains niveaux scolaires. Ce désavantage se retrouve surtout dans les
résultats en français et dans le temps consacré aux
devoirs.
En résumé, ces études
révèlent que les enfants, qui vivent avec leurs deux parents sont
avantagés sur le point scolaire que ceux vivant avec un seul parent.
Il importe de souligner que ces études ne prennent pas
en compte la réalité de la structure familiale élargie. En
effet, cette dernière, paraît représenter une autre
réalité, surtout dans les pays en voie de développement.
L'enfant, en dépit de l'absence de l'un des parents biologiques (le
père généralement), dans la famille élargie
bénéficie dans ses travaux scolaires de l'aide d'autres membres
qui vivent à l'intérieur de la structure.
2.3 - Synthèse
La réussite scolaire, parait dans la littérature
comme un concept très difficile à cerner. La définition de
ce concept varie suivant les objectifs visés par les acteurs
impliqués dans l'action éducative. Pour certains, elle se
définit à partir des notes obtenues par l'élève.
Pour d'autres, elle se définit par la clôture d'un cycle par
l'élève (obtention du diplôme). Pour des auteurs comme
Bouchard et St Amand (1996), elle doit viser l'intégration sociale de
l'apprenant. Elle est donc constituée de plusieurs
éléments. Comme l'acquisition de savoirs, d'attitudes et de
comportements qui permettront à l'individu d'intégrer la
sphère sociale.
Par ailleurs, la réussite scolaire est abordée
en relation avec plusieurs autres variables, parmi lesquelles nous pouvons
citer : l'origine sociale, les facteurs familiaux internes et les facteurs
sociodémographiques.
Le rapport entre l'origine sociale et la réussite
scolaire (ou l'échec) est abordé sur différents angles par
les auteurs. Certains priorisent les facteurs économiques, d'autres les
facteurs culturels.
La considération des facteurs économiques prend
beaucoup de sens dans la mesure, où ils expliquent le poids des rapports
économiques dans le fonctionnement du système social et
particulièrement dans la performance de l'élève dans le
système scolaire. Le rapport coût -risque- bénéfice
mentionné par Boudon (1971) , traduit l'importance fondamentale
accordée à une éducation rentable. Ces
considérations soulignent aussi la force de l'imposition des contraintes
économiques sur la performance de l'élève. Cette
conception apportait déjà des informations sur l'influence du
milieu familial sur le rendement scolaire des enfants et adolescents.
De la conception actionnaliste on est passé à la
conception culturaliste. Cette conception offrait la possibilité de
faire le rapport entre les aspects culturels propres à l'environnement
familial et la réussite scolaire de l'apprenant. Cette conception
souligne l'implication des différents éléments culturels
(langage, systèmes de valeurs, pratiques culturelles) dans la
réussite scolaire de l'élève. Ils soulignent l'importance
du capital culturel dans la performance de l'élève. Ils mettent
aussi beaucoup l'accent sur l'inégalité des chances des individus
à l'intérieur du système scolaire (Bourdieu et Passeron,
1970 ; Bernstein, 1975 ; Baudelot et Establet, 1979 ; Litt 1980) et
le rôle de l'école dans la reproduction de la culture de
l'idéologie dominante.
Cependant, en dépit du fait que certains auteurs
priorisent l'un ou l'autre de ce groupe de facteurs. Il parait évident
comme le soulignent Bastin et Roosen (1991) que tous ces facteurs interviennent
ensemble soit pour handicaper ou favoriser la réussite scolaire.
En dépit de sa pertinence, cette thèse
paraît incomplète pour expliquer l'échec scolaire ou la
réussite scolaire de l'élève. De ce constat, les analyses
évoluaient très rapidement pour passer des éléments
socioculturels aux éléments sociodémographiques, pour
aboutir très récemment aux facteurs familiaux internes tels : les
pratiques éducatives et les interactions parents - adolescents
axées sur l'école.
Les études (Steinberg; 1992, Fusch, 1996; Potvin
et al. 1999; Deslandes et Lafortune, 2001, Deslandes et Cloutier, 2005)
au cours de ces dix dernières années ont montré que dans
le contexte scolaire, les pratiques éducatives des parents demeurent un
aspect du milieu familial qui joue sur la réussite scolaire des
adolescents. Ces études sont arrivées à la conclusion que
la réussite scolaire est positivement influencée par des
pratiques éducatives démocratiques.
Chapitre III : Interactions parents-adolescents
axées sur l'école
Au cours de ces dernières années, plusieurs
recensions des écrits, synthèses de recherches ont mis l'accent
sur le rôle de la participation parentale reliée au suivi scolaire
dans la performance scolaire des enfants et des adolescents (Deslandes et
Potvin, 1998; Deslandes et Lafortune, 2001; Deslandes et Cloutier, 2005.). Ces
recherches ont eu pour visée, d'explorer les habilités que les
parents doivent avoir et les conditions que la famille doit offrir à
l'enfant et à l'adolescent pour pouvoir s'épanouir et
réussir à l'école.
Les interactions entre parents-adolescents axées sur
l'école représentent l'une des dimensions de la participation
parentale retenue par les auteurs.
3.1 - Définitions générales
Le vocabulaire de la psychologie (1973) définit le
concept d'interaction comme toute action mutuelle entre les membres d'une
population. Elle est directe dans la mesure où il agit directement par
des stimulations provenant des individus ou des substances qu'ils
émettent.
De cette définition, nous pouvons inférer que
les interactions entre parents et adolescents axées sur l'école
peuvent être comprises comme une action dynamique entre les parents et
les adolescents autour de l'école.
Dans le dictionnaire de la psychologie Doron et Parot (1991)
nous retrouvons des éléments qui clarifient la question.
L'interaction y est considérée comme un ensemble d'actions
conjointes réalisées par les membres d'un groupe poursuivant un
même but.
Cette définition souligne que l'interaction, si elle
regroupe un ensemble d'actions, s'articule autour d'un but défini par
les acteurs qui sont en interaction. Ainsi, nous pouvons avancer que les
interactions entre parents et adolescents axées sur l'école
peuvent être vues comme un ensemble d'actions qui tournent autour d'un
seul but, qui est la réussite scolaire de l'adolescent.
Comme le souligne, Camau et Claes (1996) les interactions
parent- adolescent axées sur l'école peuvent être
vues comme une dimension de la participation parentale qui est
concrètement une activité d'encadrement et de supervision
des activités académiques hors du milieu
scolaire.
3.2 - Les Approches
3.2.1 -Approche de Ryan et Adams (Le modèle de
relation Famille-école)
Ryan et Adams (1995) ont présenté un
modèle qui décrit les interactions parent-enfant axées sur
le milieu scolaire. Il s'agit du modèle de la relation
famille-école.
L'objectif de ce modèle est d'essayer à partir
du constat de la divergence qui existe à l'intérieur du
« courant familial » de tenir compte de toutes les
variables que les chercheurs ont utilisées ou pourraient utiliser dans
leurs travaux sur les processus familiaux internes. Autrement dit, ce
modèle se donne pour tâche de concilier les différentes
théories utilisées dans ce courant. Ils (Ryan et Adams)
présupposent que toutes les caractéristiques des membres de la
famille interagissent d'une façon telle que n'importe quelle
variable peut jouer sur toutes les autres et être en retour
influencée par elles.
Le modèle suppose également que chacune des
caractéristiques occupe une position dans un continuum de
proximité avec les résultats scolaires de l'enfant. Certains
étant plus intimement et plus étroitement reliés que
d'autres aux résultats scolaires. Les auteurs, dans ce modèle
s'intéressent principalement à l'influence des relations
interpersonnelles au sein de la famille sur le résultat scolaire de
l'adolescent.
Concrètement, comme les auteurs l'ont
présenté. Ce modèle est composé d'une série
de niveaux qui s'enchaînent, chacun détermine une classe
particulière de variables. Chaque niveau est
déterminé par un nombre qui est en rapport à la
distance qui le sépare du niveau zéro (0) qui est le
résultat scolaire de l'enfant. Les interactions entre parent - enfants
axées sur l'école se trouvent au deuxième niveau, mais les
auteurs soulignent que dans la pratique, ils sont au centre et intègrent
les interactions générales entre parents-enfants.
Selon les auteurs, ce type d'interaction obéit
donc, au même principe d'interaction que les parents entretiennent avec
leurs enfants en général. Autrement dit, les interactions
parent-enfant axées sur l'école sont essentiellement
influencées par le type de relation que l'adolescent entretient avec ses
parents dans le milieu familial.
Selon ce modèle, les interactions parent-enfants sont
définies en terme de positive ou constructive, ce qui
présuppose des interactions négatives. Selon ces auteurs, le
niveau deux (2) met l'accent sur la façon dont les parents interagissent
avec leurs enfants en ce qui concerne les activités scolaires. Mais
comme toute, interaction elle implique les mêmes dimensions. Ainsi, les
auteurs parlent d'intervention constructive et négative dans les
interactions liées à la réalité scolaire. Adams et
Ryan concluent que la réussite scolaire est favorisée par des
interactions constructives entre parents et adolescents axées sur
l'école.
3.2.2 -Approche D'Epstein
Epstein (2001) considère les interactions parents
-adolescents axées sur l'école comme une dimension de la fonction
parentale (Parenting). Ces interactions peuvent être vues comme
l'engagement des parents dans le travail scolaire des adolescents à
travers l'encadrement, la supervision et l'aide qu'ils apportent à
l'adolescent. Par ailleurs, Epstein considère que le soutien affectif
est considéré comme un élément tout aussi important
dans les interactions entre parents et adolescents axées sur
l'école. Ce mode de soutien s'exprime par des encouragements, des
compliments et par l'utilisation de mots valorisants dans les discussions
axées sur les activités académiques.
3.2.3 -Approche de Deslandes
Deslandes de son coté (1996; 2001; 2003) à
partir des analyses factorielles qui lui ont permis d'identifier les cinq
dimensions de la participation parentale en rapport avec le suivi scolaire.
Elle décrit les interactions entre parent -enfant axées sur
l'école, comme une interaction qui tourne autour des différentes
activités scolaires de l'enfant ou de l'adolescent. L'auteur
présente une classification des interactions entre parent-enfants
(adolescents) en trois catégories d'indicateurs.
? Les
indicateurs d'interaction qui concernent le milieu scolaire (Travaux
réalisés en classe, les résultats des examens,
questionnement sur les amis et les enseignants).
? Les
indicateurs d'interaction de supervision liées au suivi scolaire. (Les
parents demandent à l'enfant ou à l'adolescent s'il a fait ses
devoirs, s'il a étudié ses leçons, s'il a des
difficultés dans certaines matières.)
? Les
indicateurs d'interaction qui concernent l'importance de l'école
(importance de l'école pour l'avenir, pour la vie de l'enfant ou de
l'adolescent.)
3.3 -Le rôle des interactions parents
adolescents axées sur l'école dans la réussite scolaire de
l'adolescent
La pertinence de cette dimension dans la performance scolaire
du jeune est soulevée par certains auteurs comme : Muller et Keith
(1993); Epstein, Salina et Jackson (1995) ; Potvin et Deslandes
(1998) ; Deslandes et Lafortune (2003).
Muller et Keith (1993) ont souligné que
l'implication des parents dans les études de leurs enfants
à travers les discussions centrées sur les
expériences scolaires de ce dernier représente un
élément essentiel qui motive et qui favorise la réussite
scolaire de l'élève.
Potvin et Deslandes (1998) ont souligné que les
adolescents dont les parents apportent du soutien affectif
(encouragement, félicitation, aide dans les devoirs) ont une
probabilité plus élevée de réussir à
l'école et de poursuivre des études supérieures. Il en est
de même pour ceux dont les parents exercent une supervision
adéquate. Les résultats des études réalisées
par ces auteurs montrent aussi que les adolescents dont les parents exercent un
encadrement adapté ont moins de difficulté comportementale
à l'école.
Toujours dans la même perspective de recherche,
Deslandes (2001) avance que plus les parents participent et interagissent avec
les adolescents sur les activités scolaires plus les adolescents ont de
meilleurs résultats, un faible taux d'absence, peu de difficultés
comportementales, une perception plus positive de la classe et du climat
scolaire.
Deslandes et Lafortune (2003) rapportent les effets
bénéfiques dans les résultats en mathématiques des
travaux interactifs, construit à partir d'un modèle
élaboré par Epstein, Salina et Jackson (1995). Ce modèle
selon les auteurs a favorisé une meilleure interaction entre les
adolescents et leurs familles. Les parents jouent un rôle de soutien
social en discutant du contenu des travaux avec les jeunes, en interagissant et
en les observant. Les expérimentations réalisées à
partir de ce modèle ont montré l'apport bénéfique
des interactions parents-adolescents axées sur l'école dans la
réussite en mathématiques des enfants et des jeunes.
Ces différentes études soulignent que les
interactions parents/adolescents axées sur l'école par les
différents éléments qu'ils apportent dans la vie de
l'adolescent jouent un rôle fondamental dans la réussite scolaire
de ce dernier.
Les travaux de Deslandes et Marcotte (2003) permettent de voir
le rôle des interactions entre parents et adolescents sur deux plans. Un
plan comportemental et un plan verbal.
· Plan comportemental
Sur le plan comportemental, elles (ces interactions) se
caractérisent par les aides que les parents apportent aux enfants dans
leurs devoirs (aide l'adolescent à faire ses devoirs, aide l'enfant dans
ses leçons, participent dans les réunions de parents). Des
études qui ont précédé les travaux de
Deslandes et Marcotte ont souligné le rôle de cette
dimension de la participation parentale dans la réussite scolaire
des adolescents (Epstein, 2001).Il importe de souligner aussi le
rôle de la supervision parentale comme l'une des dimensions
comportementale des interactions qui joue un rôle significatif dans la
réussite scolaire des adolescents. Les recherches ont montré
(Deslandes et Potvin, 1996 ; Deslandes et Cloutier, 2005) que cette
dimension joue sur la performance scolaire des adolescents. En effet les jeunes
qui rapportent un niveau optimal ou élevé de supervision de
leurs parents ont de meilleures notes que leur compagnon qui rapporte un faible
niveau de supervision de leurs parents. Des auteurs comme Lam (1997), souligne
que les adolescents qui passent plus de temps seuls à la maison
après l'école ont significativement les notes les plus bas
· Plan Verbal (non comportemental)
Les différents types d'intervention verbaux relatifs
aux interactions entre parents et adolescents axées sur l'école,
consistent à valoriser l'adolescent, à le motiver et à le
supporter psychologiquement.
Sur le plan non verbal, ces interactions se
caractérisent par des encouragements, des compliments, des discussions
sur le choix à faire, sur l'actualité ou les projets d'avenir.
Ces différents aspects non comportementaux, ont été
soulignés bien avant comme des éléments pertinents par des
auteurs comme Lahire (1998) qui ont mis l'accent sur le rôle de la
communication parentale comme un élément central qui favorise la
réussite scolaire des enfants provenant de milieux
défavorisés
En outre, il importe de souligner que dans la
littérature très peu d'auteurs ont présenté de
façon détaillée les effets plus
bénéfiques de l'un ou l'autre de ces deux plans. Les
auteurs envisagent toujours l'influence des interactions de façon
globale. Autrement dit, les auteurs n'ont pas souligné par ces deux
plans, des patrons parentaux qui jouent un rôle plus déterminant
sur la performance et la réussite scolaire de l'adolescent. Si nous
restons dans la logique interactionniste, nous dirons en nous basant sur les
différentes études que le rôle des interactions parents
adolescents axées sur l'école dans la réussite
scolaire des adolescents est global.
3.4 - Les facteurs qui influencent les interactions
parent-adolescents axées sur l'école
A part les bénéfices des interactions
parents-adolescents axées sur l'école, les auteurs tentent aussi
de trouver les facteurs qui favorisent ou qui font obstacles à ces
interactions. Nous pouvons les regrouper en trois catégories. Le niveau
d'étude et socio économique des parents, les facteurs socio
démographiques (Structure familiale, le sexe des parents et des enfants,
l'âge de l'enfant) ; les facteurs scolaires (méthodes
pédagogiques, stratégies d'implication utilisés par
l'école) et les facteurs familiaux internes (aspirations des parents,
les variables psychologiques parentales, la gestion du temps ou la
disponibilité des parents.
3-4-1 : Les Facteurs socio
démographiques
3.4.1.1 -Niveau
d'étude des parents
Carron et Chau (1998) ont souligné que certaines
variables socio démographiques comme le niveau d'éducation des
parents influencent l'aide que ces derniers apportent à leurs enfants
dans les activités scolaires. Ces auteurs soulignent que dans les
milieux défavorisés la communication entre parents et enfants (ou
adolescents) en rapport avec l'école est handicapée par le niveau
d'étude des parents. Le niveau d'étude des parents les
empêche de comprendre le fonctionnement du milieu scolaire et les
empêche d'interagir de manière appropriée avec leurs
enfants.
Par ailleurs, Favre al. (2004) dans une
étude intitulée : Famille, école et
collectivité. La situation des enfants du milieu populaire,
soulignent comme Carron et Chau, que le niveau d'étude des parents et
leur échec scolaire est autant de paramètres qui influencent la
présence ou l'absence d'interactions entre l'enfant et ses parents
autour des activités scolaires.
Les auteurs en abordant ce problème dans le contexte
des milieux populaires parlent d'un déficit du « capital
humain » au niveau des familles issues de ces milieux. Selon ces
auteurs, ce déficit se traduit par un sentiment d'impuissance des
parents dans l'aide qu'ils peuvent apporter aux enfants. Les auteurs notent que
le manque d'interaction dans ces milieux est dû au fait que
pour : « certains de ces parents, et très
clairement la majorité, l'école ne prend pas place dans leur
projet, soit qu'elle leur est étrangère (ils sont
généralement analphabète, donc n'ont jamais
été à l'école)10(*) soit qu'elle renvoie à leur propre
échec. » (Favre et al. 2004, pg 8).
Ainsi, le manque de niveau d'instruction des parents, les
place dans une situation où ils ne connaissent pas trop la
réalité scolaire et par conséquent réduit leur
capacité d'interaction entre eux et leurs enfants sur l'environnement
scolaire. A tout ceci, s'ajoute dans certains pays, une différence entre
la langue parlée à la maison et la langue d'enseignement. Cette
situation rend encore plus difficile cette possibilité d'interaction.
3.4.1.2 - Le niveau
socio économique des parents
Borus et Carpenter (1984), en abordant l'influence du niveau
socio économique des parents sont arrivés à la conclusion
que les familles vivant sous le seuil de la pauvreté éprouvent
souvent de grandes difficultés à offrir leur soutien pour les
devoirs et les leçons, cette incapacité augmente ainsi les
risques d'échec et de redoublement des enfants vivant dans les milieux
défavorisés.
Plus loin, Favre et al (2004), soulignent qu'à part le
niveau d'étude, la situation économique de ces parents influence
aussi les interactions entre parents-enfants axées sur l'école.
En effet, les auteurs notent que les difficultés matérielles et
sociales ainsi que les aléas de la vie font que certains parents dans
les milieux populaires ne peuvent pas porter une très grande attention
aux activités scolaires de leurs enfants. Ainsi, ces parents sont peu
disponibles parce qu `ils doivent mobiliser toutes leurs ressources pour
subvenir aux besoins de la maisonnée. Dans ce cas, ils disposent de peu
de temps pour les enfants. Mais il importe de souligner que ce problème
se pose aussi dans des milieux favorisés ; peut être que
les mobiles qui engendrent cette indisponibilité sont
différents.
Nous pouvons comprendre la conclusion de cette situation
à partir de la complémentarité qui existe dans les milieux
défavorisés entre le niveau économique des parents et leur
niveau d'éducation. Ainsi, à l'inexistence des moyens socio
économiques s'ajoute le faible niveau d'éducation des parents.
Cette situation rend alors difficile la participation des parents dans les
activités de suivi scolaire.
3.4.1.3 -La structure
familiale
Deslandes et Bertrand (2003), dans une revue sur l'état
d'avancement des connaissances sur les relations école- famille,
soulignent que le degré de participation des parents dans les
activités scolaires de leurs enfants varie suivant la structure
familiale dans laquelle vit l'enfant. Les auteurs soutiennent qu'à
niveau socio économique et culturel égal les familles
biparentales (familles traditionnelles) participent davantage au suivi scolaire
à la maison et à l'école que les familles
monoparentales
3.4.1.4 -Âge des
enfants et sexe des parents
Par ailleurs, les études ont montré que les
interactions entre parents et enfants axées sur l'école diminuent
avec l'âge. (Eccles & Harrold, 1993 ; Deslandes et Bouchard,
2003). Les auteurs indiquent que le niveau d'implication des parents diminue au
fur et à mesure que l'apprenant avance dans le système
éducatif; De même, Deslandes et Cloutier (2005) ont
souligné l'influence du sexe. Selon les travaux de ces auteurs, la
mère interagit davantage avec l'adolescent sur une base quotidienne et
communique plus souvent avec ce dernier sur ses projets d'avenir.
3-4-2- Les Facteurs scolaires.
Les facteurs liés au contexte scolaire. Tels : les
méthodes pédagogiques et les stratégies utilisées
par l'école peuvent influencer l'implication des parents dans
l'apprentissage scolaire de leurs enfants.
Dans une recherche portant sur la collaboration
école-famille dans l'apprentissage des mathématiques selon la
perception des adolescents, Deslandes et Lafortune (2003) soulignent
que les parents rapportent qu'il existe une différence entre la
méthode pédagogique qu'on utilisait lorsqu'ils étaient
à l'école (méthode traditionnelle) et celle qu'on utilise
actuellement dans les écoles (méthode pédagogique
nouvelle). Cette différence de méthode représente un des
éléments qui fait obstacle à l'implication des parents
dans les activités scolaires de leurs enfants. Comme l'avancent les
auteurs : « Ces derniers (les parents) craignent que les
méthodes de résolution de problèmes qu'ils utilisent,
nuisent à l'apprentissage de leurs enfants » (Deslandes
et Lafortune, 2003, pg 651).
Par ailleurs, les stratégies utilisées par
l'école pour impliquer les parents dans l'apprentissage de leurs enfants
sont aussi un facteur scolaire déterminant dans l'implication des
parents dans les activités scolaires des enfants. Swap (1987) souligne
que les enseignants tendent à impliquer les parents quand les enfants
sont dans une situation scolaire problématique. Dans ce cas de figure,
les parents ont tendance à limiter uniquement leur participation dans
l'unique fait d'intervenir lorsque les enfants sont en difficulté
à l'école.
3.4.3 - Les Facteurs Familiaux
D'autres facteurs propres au milieu familial semblent jouer un
rôle déterminant dans l'implication des parents dans les
activités scolaires des enfants. Des recherches ont montré que
les aspirations des parents, leur disponibilité, les variables
psychologiques sont autant de facteurs qui influent sur la participation des
parents dans les activités scolaires de leurs enfants. (Eastman,
1988 ; Hoover-Dempsey et Sandler, 1997 ; Fin, 1998 ; Fan et
Chen, 2001).
3.4.3.1- Les
aspirations des parents
Eastman (1988) mentionne que les parents qui ont des
aspirations scolaires réalistes, tendent à apporter une aide plus
substantielle et significative à son enfant. Ces derniers interagissent
mieux avec leurs enfants, les rassurent et les mettent en confiance. L'auteur
souligne que ce type d'aspiration des parents favorise la réussite
de l'enfant.
3.4.3.2- La
disponibilité des parents
Swap (1987) mentionne que le manque de temps des parents
constitue l'une des barrières les plus courantes à l'implication
des parents dans les activités scolaires. Cette considération
prend en compte et les familles modestes et les familles qui sont
favorisées économiquement et culturellement. Fin (1998) souligne
de son coté que la disponibilité des parents pour leurs enfants
paraît être un élément qui influe sur la
participation de ces derniers dans les activités scolaires de leurs
enfants.
3.4.3.3- Facteurs
psychologiques
Par ailleurs, Hoover-Dempsey et Sandler (1997) ont
souligné l'influence de certaines variables psychologiques sur la
participation parentale. En effet, ces auteurs ont conçu un
modèle théorique du processus de participation parentale qui
suggère que la décision du parent de participer au suivi scolaire
varie en fonction de la compréhension de son rôle parental, de son
sentiment d'auto efficacité par rapport à l'aide apportée
à son enfant. Pour eux, la compréhension du rôle parental
et le sentiment de compétence parentale à intervenir pour
favoriser la réussite scolaire expliquent la décision initiale du
parent de participer dans les activités scolaires de leurs enfants.
Les études de Sheldon (1999) basées sur le
modèle théorique de Hoover-Dempsey et Sandler ont pu
révéler que la compréhension du rôle parental se
présente comme le meilleur prédicateur de la décision
parentale de s'impliquer dans les activités scolaires de son enfant
.Autrement dit, plus les parents croient qu'ils devraient être
impliqués dans l'éducation de leurs enfants, plus ils
s'impliquent.
3.4.2.4-Les Pratiques
parentales de base (style parental)
Les études qui étudient la dimension de la
fonction parentale dans la réussite scolaire ont montré qu'il
existe une certaine corrélation entre certaines dimensions du style
parental et celles de la participation parentale.
Des auteurs (Potvin et al. 1999 ; Deslandes et Cloutier,
2005) mentionnent que dans les milieux où les pratiques
éducatives démocratiques dominent, nous assistons à un
plus grand engagement des parents dans l'apprentissage des enfants et des
adolescents. En effet, les milieux familiaux caractérisés
par un niveau d'engagement, d'encadrement et d'encouragement à
l'autonomie offrent beaucoup plus de soutien affectif, interagissent beaucoup
plus avec les enfants .Bref, les parents structurants s'impliquent beaucoup
plus dans l'apprentissage de leurs enfants que les parents autoritaires ou
permissifs ( Deslandes & Cloutier, 2005).
3.5 -Synthèse
Au cours de ce survol théorique (revue de la
littérature) nous avons présenté l'adolescence. Nous
avons abordé les différentes caractéristiques liées
à cette période de vie et nous avons mis l'accent sur les
relations que l'adolescent entretient avec son environnement notamment avec son
milieu familial. Nous nous sommes positionnés en dernier lieu pour
montrer l'influence du milieu familial sur le développement social de
l'adolescent.
Nous avons vu ensuite les différentes conceptions de la
réussite scolaire. Conceptions, comme nous l'avons dit, qui varient
suivant les acteurs impliqués dans le système éducatif.
Nous avons ensuite exploré les différents éléments
qui peuvent jouer sur la réussite scolaire. Dans cette rubrique nous
avons mentionné : Les facteurs sociaux (origine sociale, facteurs
culturels, économiques) - Les facteurs démographiques (sexe,
âge, niveau d'étude des parents)- les facteurs familiaux
internes : les pratiques parentales/les styles parentaux, la participation
parentale reliée au suivi scolaire et les interactions entre parents et
adolescents centrées sur l'école. A ce niveau nous avons mis
l'accent sur notre principale variable d'étude à savoir les
interactions entre parent/adolescent axé sur l'école. Nous avons
tout d'abord défini le concept interaction, pour ensuite circonscrire
notre définition aux interactions parents/adolescents axées sur
l'école.
Nous avons vu que la notion d'interaction désigne
dans le contexte scolaire une action dynamique entre les parents et les
adolescents autour de l'école. Nous avons aussi vu que les interactions
sont articulées autour d'un but, qui est dans le contexte scolaire la
réussite de l'apprenant. Nous avons ensuite vu le rôle de ces
interactions dans la réussite scolaire des adolescents. Nous avons
exploré à travers les recherches les différents effets
bénéfiques de ces interactions sur la réussite scolaire
des adolescents. Ensuite, nous avons mentionné les différents
facteurs qui influencent les interactions parent/adolescents axées sur
l'école. Nous avons mentionné entre autres facteurs : les
facteurs sociodémographiques tels : Le niveau d'étude des
parents-le niveau socioéconomique des parents-la structure familiale-
l'âge des enfants et le sexe des parents.
Au cours de ces dernières années plusieurs
recherches, synthèses de recherches ont mis l'accent sur le rôle
du milieu familial dans la réussite scolaire des adolescents.
Cette nouvelle préoccupation découle d'un
ensemble de travaux qui se sont réalisés au cours des
années 60, période de la parution du
« fameux »rapport Coleman. Ce rapport comme nous
l'avons mentionné au cours de notre recension des écrits sur la
question a ouvert la voie vers une nouvelle compréhension des
paramètres qui peuvent favoriser la réussite scolaire des
enfants. Le rapport Coleman a mis l'accent sur le milieu familial de
l'apprenant comme facteur qui détermine sa réussite scolaire.
Désormais, le milieu familial est devenu une
thématique de prédilection dans les recherches récentes
réalisées sur la réussite scolaire. Des sociologues comme
Bourdieu et Passeron (1970); Bernstein (1972) ; Boudon (1973,1975) et ont
mis l'emphase sur les paramètres culturels et économiques propres
au milieu de l'enfant comme facteurs qui favorisent la réussite scolaire
de l'apprenant. D'autres auteurs (Dornbusch et al 1990 ; Steinberg et al.
1991, 1992 ; Deslandes et Lafortune 2003) mettent l'accent sur des
facteurs familiaux internes ou endogènes comme : les pratiques
éducatives et les interactions parents enfants (ou adolescents)
axées sur l'école.
Pour ce qui a trait aux interactions parents adolescents
axées sur l'école, des auteurs comme Ryan et Adams (1995) ont
souligné que ces interactions lorsqu'elles sont constructives favorisent
la réussite scolaire du jeune. Ces auteurs soutiennent aussi que ces
interactions sont influencées par des variables propres au milieu
socioculturel. Nous pouvons citer entre autres variables : le niveau
d'étude des parents et le statut économique des parents.
Deslandes (1996; 2001; 2003), de son côté, a fait une description
systématique des indicateurs d'interactions. Elle présente une
classification des interactions entre parent-enfants (adolescents) en trois
catégories d'indicateurs.
? Les
indicateurs d'interactions qui concernent le milieu scolaire (Travaux
réalisés en classe, les résultats des examens,
questionnement sur les amis et les enseignants).
? Les
indicateurs d'interactions de supervision liées au suivi scolaire. (les
parents demandent à l'enfant ou à l'adolescent s'il a fait ses
devoirs, s'il a étudié ses leçons, s'il a des
difficultés dans certaines matières.)
? Les
indicateurs d'interactions qui concernent l'importance de l'école
(importance de l'école pour l'avenir, pour la vie de l'enfant ou de
l'adolescent.).
Les interactions parents-adolescents axées sur
l'école décrivent de façon claire et concrète le
rôle de l'engagement, du support et de l'encadrement apportés par
les parents aux enfants dans leurs différentes tâches
académiques. Ce type d'interaction prend beaucoup de sens, dans la
mesure où elles apportent des précisions pratiques sur
l'implication des parents dans la formation scolaire des enfants.
Déjà des auteurs comme Ryan et Adams (1995; 2000) situaient ces
modes d'interactions au centre des différents éléments qui
influençaient le résultat scolaire des enfants.
Les interactions parents/adolescents axées sur
l'école représentent une des dimensions des facteurs familiaux
internes qui jouent sur la réussite scolaire des adolescents. Ces
influences sont multiples et dépendent d'un ensemble de
paramètres comportementaux (aide dans les devoirs) et verbaux
(discussion centrées sur l'école). Des auteurs comme Adams (1995)
et Deslandes (2003) ont souligné le rôle bénéfique
de ces interactions dans la réussite scolaire des adolescents. Cependant
les auteurs n'ont jamais pu pointer du doigt les paramètres de ces
interactions qui influencent le plus la réussite scolaire des
adolescents.
Par ailleurs on a pu recensé dans la littérature
un ensemble de facteurs qui font obstacle à ces interactions. Nous
pouvons souligner entre autres facteurs : Les facteurs
sociodémographiques, psychologiques, scolaires et familiaux. Toutefois
l'ensemble de ces facteurs n'enlève en rien l'incidence de ces
interactions sur la réussite scolaire des adolescents. L'ensemble de ces
facteurs intervient comme des variables exogènes qui nécessitent
un niveau de contrôle dans les études qui se portent sur cet
aspect des facteurs familiaux internes. Elles sont transversales, mais comme le
souligne Lahire (1998), les interactions entre parents et adolescents par
l'incidence qu'elles ont sur le fonctionnement de l'individu se placent comme
un élément plus déterminant sur la réussite
scolaire des adolescents que ces variables exogènes.
Problématique
Le bouleversement qu'a connu le monde occidental depuis la
Révolution industrielle, a sans doute conféré à
l'école une place de choix dans la lutte contre
l'inégalité des chances pour la vie. L'école
représente l'une des institutions sociales de base, responsable du
mécanisme de production et de reproduction sociales. L'école
représente l'institution sociale par excellence de vulgarisation de
connaissances et de savoirs. Elle est le noyau de production de ressources
intellectuelles qui ont pour tâche de créer les différents
outils qui vont favoriser le développement et l'évolution
culturelle et technologique de la société.
Le rôle central que la société
d'aujourd'hui confère à l'école, fait d'elle
l'élément central de mobilité et-ou d'insertion sociale.
En effet, l'individu contemporain pour pouvoir s'intégrer pleinement
dans la sphère sociale doit passer par l'école, et encore faut-il
réussir. Comme le souligne Boudon (1973), la société
moderne est basée sur un système méritocratique. Ce
constat sous-entend théoriquement, que l'accès à la
position sociale est largement déterminé par le niveau scolaire.
De ce point de vue, plus on a un niveau d'instruction élevé, plus
la société nous offre la possibilité d'avoir un statut
social élevé.
Cette conception de l'école si elle est
générale, prend un sens tout à fait particulier dans des
pays en voie de développement comme Haïti, plus
spécifiquement dans les classes sociales les moins favorisées
culturellement et économiquement. « Envoyer un enfant à
l'école » dans ces milieux est perçu par les parents
comme un investissement qui assurera à la fois leur ascension sociale et
celle de l'enfant lui-même. La maîtrise de l'écriture et de
la lecture représente un moyen de mobilité
socio-économique et pour les parents et pour l'enfant. Laguerre (1982 pg
90) soutient que :
« La stratégie de mobilité
socio-économique à travers l'école est vue par la plupart
des habitants (des quartiers urbains) comme la meilleure voie ouverte pour
leurs enfants et ils font tout ce qu'ils peuvent pour faciliter l'accès
à l'éducation »
La formation formelle représente et pour l'individu
haïtien et pour son entourage familial un enjeu majeur. Cependant, en
dépit du fait que les parents traduisent une forte volonté
d'instruire leurs enfants, les recherches réalisées dans le
milieu haïtien révèle que le pourcentage d'échec
augmente d'un cycle fondamental à un autre. Nous pouvons prendre pour
illustration, une étude réalisée récemment par le
Ministère de l'Économie et des Finances (MEF) et l'Institut
Haïtien de Statistique et d'Informatique (IHSI) en 2005 sur les conditions
de vie en Haïti. Cette étude révèle que le
pourcentage de réussite passe de 84% en 1ère
Année fondamentale, à 50% à l'école primaire
et atteint le quart au niveau des trois cycles de l'école fondamentale
(9ème année fondamentale).
Plusieurs recherches réalisées dans le milieu
haïtien ont abordé la problématique de l'échec
scolaire dans le système éducatif haïtien. Des chercheurs
(Jean Jacques 1995 ; Latortue 1998) ont posé le problème en
rapport avec le bilinguisme. D'autres recherches (FONHEP, 1999) ont
abordé la question en rapport avec le climat interne de l'école,
les pratiques scolaires, les attitudes des enseignants, etc. En dépit de
la pertinence de ces recherches des questions demeurent ; notamment, la
question de l'implication du milieu familial dans la formation des enfants.
Quelle influence exerce le milieu familial sur la réussite (ou
l'échec) scolaire de l'enfant haïtien ? Si la réussite
scolaire de l'enfant haïtien est déterminante pour l'avenir
socio-économique de ses parents, l'enjeu est de savoir comment les
parents participent-ils à la construction de cette
réussite ? Telles ont été nos premières
interrogations.
Pour aborder ce problème, nous avons retenu le point de
vue des sociologues de l'éducation sur la question. Dans cette
perspective, ce problème a été abordé en rapport
avec l'origine sociale des parents. Des auteurs d'horizons divers ont soutenu
que l'origine sociale demeure l'élément essentiel à la
réussite scolaire de l'enfant. En Amérique du Nord, Coleman
(1966); de Jencks et al. (1972) soutiennent que la réussite scolaire des
élèves est tributaire de l'origine sociale de ces derniers. En
France, Bourdieu (1985) révèle le fait similaire. Il conclut que
l'école, en reproduisant la culture de la classe dominante, place
l'enfant issu de la classe dominée dans un contexte scolaire où
il a plus de chance d'échouer que de réussir.
D'autres auteurs, tels Scott Jones (1995) et Bronkhart (1998)
rapportent que le niveau d'étude des parents est étroitement
lié à la réussite des élèves. Carron et
Châu (1998) ont rapporté le même fait dans une étude
réalisée dans quatre pays en voie de développement
(Mexique (Puebla); Chine (Zhejiang); Inde (Madhyapradesh) et en
Guinée).
En dépit de la pertinence de cette thèse, elle
semble laisser pas mal de questions sans réponses. Selon cette
thèse, les enfants qui devraient normalement réussir à
l'école sont ceux qui proviennent d'un milieu favorisé
culturellement et économiquement. Des auteurs comme Diallo (2001) ;
Deslandes et Cloutier (2005) ont souligné les limites de cette
conception. Selon ces auteurs, cette thèse ne peut expliquer la
réussite scolaire des enfants issus des milieux
défavorisés, de même que, l'échec des enfants issus
des milieux favorisés.
Ces auteurs ont donc mentionné de leur coté,
l'importance des facteurs internes propres au milieu familial. Selon ces
auteurs, la façon dont les parents exercent leur métier de parent
influe sur la réussite scolaire. Ces pratiques selon qu'elles sont
autoritaires, démocratiques ou permissives orientent la performance
scolaire des enfants. Mais que dire des interactions entre parents et
adolescents axées sur l'école ? Ou plus explicitement,
quelle incidence a l'encadrement des activités académiques des
enfants par les parents sur la réussite scolaire de ces derniers
(enfants) ?
Pour explorer d'autres pistes d'explication, nous avons
retenu la conception écologique, développée par des
auteurs comme : Epstein et al. (1993) ; Potvin et al. (1996); Deslandes et
Cloutier, (2005). Ces auteurs ont souligné le rôle de la
participation parentale dans le suivi scolaire des enfants comme étant
un élément fondamental dans la réussite scolaire de ces
derniers.
Lahire (1998) de son coté mentionne que dans des
contextes sociaux bien spécifiques, certaines dimensions de la
participation parentale semblent plus importantes que d'autres. Dans le cas des
milieux populaires par exemple, ce dernier dans un article
intitulé : « La réussite scolaire en milieux
populaires où les conditions sociales d'une schizophrénie
heureuse » présente une analyse qui vise à montrer
le rôle de la participation parentale à travers la communication
entre parent et enfant dans la réussite scolaire de l'enfant.
À partir d'une relation entre l'école et la
famille, Lahire explique que l'échec scolaire en milieux populaires est
lié à une double solitude que vit l'élève. La
première est due au fait que l'élève transporte à
l'école un capital culturel familial qui n'a pas de valeur. La seconde,
est due au fait que l'élève en revenant de l'école
transporte un savoir qui n'a pas de valeur dans l'univers familial (puisque
généralement les parents sont analphabètes). Dans les deux
cas, l'enfant se retrouve seul.
Lahire soutient que les enfants qui réussissent sont
ceux dont les parents ont brisé cette seconde solitude, en créant
un espace d'écoute, de réalisation de soi au sein de la
configuration familiale. Il mentionne que cet espace peut se créer sur
une base affective (écoute attentive des parents, communication
axée sur l'école) et utilitaire (écrire et lire des
lettres pour les parents).
Ryan et Adams (1995) et Deslandes (1996 ; 2001 ;
2003) dans une perspective interactionniste voient la question sur un angle
plus large. Ces derniers mettent l'emphase sur les différents
éléments d'interaction entre parents et adolescents axés
sur l'école. À part la communication que Lahire a
souligné, ces derniers soulignent : le support et l'aide dans les
devoirs, la communication axée sur les difficultés
rencontrées à l'école et sur les aspirations scolaires des
enfants. Les auteurs soulignent que les interactions entre parents et
adolescents axées sur l'école représentent les dimensions
verbales et non verbales de la participation parentale qui influent sur la
performance scolaire de l'enfant. De cette conception théorique, nous
avons clarifié notre question de recherche comme suit :
comment les interactions parents-adolescents axés sur
l'école peuvent elles influencer la réussite scolaire des jeunes
vivants en milieu défavorisé ? Comment
l'engagement, le contrôle, l'encadrement et la supervision des
activités scolaires par les parents peuvent-ils influencer la
réussite scolaire du jeune ?
En relation à ce questionnement, nous inférons
l'hypothèse suivante :
Hypothèse générale :
Plus le niveau d'interactions constructives entre
parents/adolescents axé sur l'école est élevé plus
la réussite scolaire de l'apprenant sera élevée
Chapitre IV : CADRE
MÉTHODOLOGIQUE
Dans ce chapitre nous allons présenter les grandes
lignes qui guideront notre travail de recherche. Il présentera les
démarches méthodologiques qui nous permettront de vérifier
dans la réalité notre hypothèse de
recherche.
4.1- Objectif de la recherche.
Nous rappelons que cette recherche vise à saisir le
lien qui existe entre les interactions parents-adolescents axées sur
l'école et la réussite scolaire de ces jeunes. Elle consistera
plus spécifiquement à évaluer le rapport qui existe entre
les interactions constructives axées sur l'école et la
réussite scolaire de l'adolescent vivant en milieu
défavorisé.
4.2- Définition opératoire des variables
Hypothèse de recherche : Plus le
niveau d'interactions constructives entre parents/adolescents est
élevé plus la réussite scolaire de l'apprenant sera
élevée
4.2.1- Variables dépendantes :
Réussite scolaire
Dimension : La réussite scolaire
se définit comme L'atteinte d'un objectif éducatif,
défini par la performance ou le rendement scolaire de
l'élève. Elle est indiquée par la moyenne
générale obtenue au cours du dernier contrôle de la
période de l'année académique 2006-2007
Modalités
Cette variable comporte trois modalités
Réussite scolaire
faible (V.D M 1)
Réussite scolaire moyenne (V.D M2)
Réussite scolaire
élevée (V.D M3)
Les Indicateurs
Indicateurs V.D M1 : moyenne générale
comprise ente 1 et 4.99
Indicateurs V.D M2 : moyenne générale
comprise entre 5 et 6.99
Indicateurs V.D M3 : moyenne générale
comprise entre 7 et 9
4.2.2-Variables indépendantes : Interactions
constructives parent-adolescents axées sur l'école
Dimension
Cette variable renvoie à la façon dont les
parents interagissent avec l'adolescent en rapport avec le suivi scolaire de ce
dernier.
Modalités
Cette variable comporte trois modalités
Interactions axées sur le milieu scolaire
Interactions axées sur la supervision scolaire et
l'aide dans les taches scolaire
Interactions axées sur l'importance de l'école
Les Indicateurs
Indicateurs V. Ind M1 :
Questionne l'adolescent à propos de l'école
Discute avec l'adolescent sur les cours
Parle et discute avec l'adolescent quand il a de mauvais
résultats
Se présenter avec l'adolescent dans les
activités scolaires qui nécessitent la présence des
parents (Réunion des parents, etc.)
Indicateurs V. Ind M2 :
Aide l'adolescent dans ses devoirs (ou paie des
leçons)
Encourage l'adolescent dans ses activités scolaires
Aide l'adolescent à planifier son temps pour les
activités scolaires (devoirs, travail, taches familiales).
Demande à l'adolescent s'il a fait son devoir
(s'informer sur les tâches scolaires)
Interroge l'adolescent à propos des résultats
scolaires
Indicateurs V Ind. M3
Discute avec l'adolescent sur le rôle de l'école
dans la vie
Discute avec l'adolescent sur ses projets d'avenir (travail,
étude)
Félicite l'adolescent quand il a
de bons résultats
4.3-Méthode
Notre recherche est de nature quantitative. Nous avons fait
choix de cette méthode parce que nous estimons qu'elle facilite
l'opérationnalisation des variables, d'autant plus qu'elle permet aussi
une plus grande facilité dans la comparaison des énoncés
et dans le traitement des données.
4.3.1- Milieu de recherche
et Échantillon de recherche
Notre recherche se réalise dans une école
privée de Port-au-Prince, la capitale d'Haïti (Grand
Collège Universel, situé à Canapé vert). Notre
échantillon sera constitué uniquement d'élèves de
la 9ème année fondamentale. Nous avons fait
choix de cette classe, uniquement parce que nous estimons que cette classe
constitue une classe charnière dans le système éducatif
haïtien (Elle clôture le cycle fondamental). Alors nous pensons
qu'il serait intéressant de voir à partir de notre étude
l'influence du milieu familial dans la réussite scolaire des adolescents
de la 9ème
année fondamentale.
4.3.2- Technique d'échantillonnage/ Mode de
recrutement
Nous avons recruté tous les élèves de la
classe pour réaliser notre travail. A partir du registre de
l'école on a fait trois catégories (ou strates).
1- les apprenants à moyenne
générale faible
2- apprenants à moyenne générale moyenne
3- apprenants à moyenne générale
élevée
Ce procédé se rapproche de la technique
d'échantillonnage par strates (technique d'échantillonnage
probabiliste). Ainsi les apprenants sont choisis à partir de leur
moyenne générale et ce choix est fait de façon
aléatoire.
Taille de l'échantillon
Nombre de Fille
|
Nombre de Garçon
|
30
|
33
|
4.3.3- Outils de collecte des données
1- Le Questionnaire
Le questionnaire représente l'un des outils les plus
utilisés actuellement dans les recherches en sciences humaines. Cette
utilisation fréquente est due à la passation et au traitement
facile de l'outil.
Dans notre travail, nous comptons utiliser le questionnaire
comme outil de collecte de données. Notre questionnaire comporte deux
parties. La première partie renferme les informations socio
démographiques et les caractéristiques de la famille de
l'adolescent (âge, sexe, niveau de scolarité des parents,
catégorie socio professionnelle des parents, structure familiale). Cette
partie sert à classifier les répondants. Elle nous permettra
aussi de voir, au cours de notre analyse l'influence du microsystème
familial (les éléments de contexte liés aux
caractéristiques de l'environnement familial) sur les variables
étudiées
La deuxième partie comporte les items qui nous
permettront de vérifier les indicateurs d'interactions
parents-adolescents axées sur l'école. Ces items sont
présentés sous le format type likert a quatre catégories.
Les items permettent de voir à partir de la perception des adolescents,
les interactions qu'ils entretiennent avec leurs parents en ce qui concerne
l'école. Nous avons utilisé les items proposés Potvin et
al (2001) dans leur recherche sur le rapport entre le milieu familial et la
réussite éducative des adolescents. Et les items
proposés par Deslandes et Cloutier (2005) dans leur recherche
sur les pratiques parentales et la réussite scolaire en fonction de
la structure familiale et du genre des adolescents (2005). Les
catégories de réponses qui traduisent l'attitude des parents sont
: 1) Jamais 2) Parfois 3) Souvent 4) Toujours. A
partir de ces différentes catégories nous
établirons un indice de traitement. Cet indice sera coté en
points, comme le présente la logique des échelles Likert
(échelle additionnée). Le questionnaire est divisé en
trois catégories de questions. Ces trois catégories recouvrent
les trois modalités de notre variable indépendante.
Les réponses sont quotées comme suit :
Jamais 1 point,
Parfois 2 points, Souvent 3 points ;
Toujours 4 points. Pour déterminer le niveau
d'interaction auto rapporté par les adolescents, nous ferons la somme
des points obtenus par ce dernier à partir des réponses
émises.
Les Items :
Nous utilisons la technique qu'on appelle dans la
littérature scientifique : « la technique des
items a choix forcé », ces items visent à demander au
répondant de choisir parmi les réponses celles qui correspondent
le mieux à son choix. Nous avons fait choix de cette technique parce
qu'elle « Oblige le sujet à faire des choix qu'il aurait
esquivés si les items avaient été présentés
dans un format classique » (Lareault et Grégoire, 2005).
Nous minimisons ainsi le risque d'avoir des questions non répondues.
Les items peuvent être classés en deux groupes.
Ceux qui visent à obtenir la perception des adolescents des
différents types d'interactions des parents ( item 1,2,3,4,5,6,7,8,
9,10, 11) et ceux qui visent à vérifier l'exactitude des
réponses des répondants, la cohérence interne du
questionnaire et aussi pour avoir le point de vue des parents (item 8,12,7). La
cotation des items qui servent à vérifier la réponse des
participants (8 inversion de 6 ; 12 inversions de 2 ; 13 inversion 7)
est inversée. Toujours=1 point,
Souvent=2 points, Parfois=3 points,
Jamais=4 points.
2- L'entrevue
Dans le but de vérifier la véracité des
informations rapportées par les adolescents sur les interactions
parents-adolescents axées sur l'école, et pour avoir le point de
vue des parents, nous avons construit un canevas d'entrevue pour parent. Ce
canevas d'entrevue est articulé autour des différentes
modalités liées aux interactions constructives axées sur
l'école. Les questions générales mettent l'emphase sur les
modalités et les questions spécifiques sur les indicateurs.
4.3.4 -Mode de traitement
des données
Pour le traitement des données, nous utiliserons le
bureautique graphique EXCELL. Au prime abord, nous coderons les réponses
à partir des critères d'indice retenus. Nous établirons le
niveau de perception des adolescents de la façon dont les parents
interagissent avec eux en rapport avec les activités scolaires. Comme
notre questionnaire s'inspire de la logique de l'échelle de Likert, qui
est une échelle ordinale, ce niveau de perception sera
déterminé par le nombre de points impartis à chacune des
réponses du répondant.
Grille de traitement du questionnaire
Nous faisons la somme des points associés à
chaque réponse de chaque modalité, ensuite la somme totale. Cette
somme, selon le nombre de point obtenu par l'apprenant, définit le
niveau d'interaction (constructive élevé- moyenne- faible). Le
niveau d'interaction sera mis en rapport avec la moyenne générale
de l'élève retrouvée dans le registre de
l'école.
Unité de traitement
13-25 points (interactions faibles)
26-38 points (interactions
modérées)
39-52 points (interactions
élevées)
Procédure de Passation
Avant de passer le questionnaire, nous avons utilisé le
registre de la classe pour classifier les répondants à partir de
leur moyenne. Sur chaque questionnaire se trouve un code qui identifie
chaque répondant. Ce code est aussi noté à coté de
la moyenne de l'élève dans le registre (copie). La distribution
ne se fait pas au hasard, on donne à chaque élève le
questionnaire qui a un code qui correspond à sa moyenne (passation en
groupe ou collective). On donne comme consigne à l'élève
de ne pas changer de questionnaire avec son camarade.
Pour la passation proprement dite, la direction de
l'école nous a accordé une heure avant les
récréations. Dans un premier temps, nous expliquons au
répondant que le questionnaire comporte deux (2) parties. Comme
consigne, nous disons aux répondants : « Dans
la première partie, vous devez encercler les différentes
réponses qui traduisent votre situation et celle de vos parents.
Dans la deuxième partie vous devez encercler à coté de
chaque phrase, le chiffre qui correspond le mieux au rapport qui existe
entre vos parents et vous en ce qui concerne tes activités
scolaires ».
A la fin de la séance comme au début nous
mentionnons aux répondants que ces informations sont confidentielles et
en plus ce n'est pas une évaluation il n'y a donc pas de bonnes ou de
mauvaises réponses.
Avantage et Limite
Le questionnaire représente un outil qui donne
l'avantage de recueillir dans très peu de temps un maximum
d'informations auprès d'un échantillon très large. Ce sont
ces raisons qui nous ont poussé à choisir cet outil dans le cadre
de ce travail.
Cependant, dans ce travail nous avons fait face à un
ensemble de problèmes liés au questionnaire. Le niveau
socioculturel des adolescents a joué sur la compréhension de ces
derniers des différents items du questionnaire. En dépit du fait
que le questionnaire a été pré testé deux fois en
vue d'éliminer les biais liés à la compréhension
des items, le problème s'est présenté au cours de la
passation. Ce problème a sans aucun doute joué sur le choix des
répondants. Comme autre problème, nous pouvons citer le temps
imparti par l'école pour réaliser l'activité. Comme
c'était avant les récréations, il arrive que les
répondants n'aient pas eu le temps de remplir complètement le
questionnaire avant les récréations. Au son de la cloche les
élèves sont devenus moins concentrés et remplissent le
questionnaire avec moins de soins. Il est important de souligner que l'heure de
passation a été prédéfinie par la direction de
l'école, en fonction de leur agenda. Nous n'avons pas eu la
possibilité de faire une proposition.
CHAPITRE V : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES
5.1 : Présentation des données du
Questionnaire
PORTRAIT SOCIO
DEMOGRAPHIQUE DES REPONDANTS
N=63 (Graphe1)
N=63
(Graphe 2)
Les graphes ci dessus présentent les
données relatives à l'âge et au sexe des répondants.
Les résultats du graphe 1 font voir la répartition des
participants de notre travail selon leur âge. L'observation des
résultats montre que les sujets âgés entre 16 et 17
ans sont dominants dans notre population d'étude, soit 58.73 % de la
population totale. Contre 23.80 % pour les sujets âgés entre
14-15ans et 17.46% sujets ayant plus de 17 ans.
Au niveau du deuxième tableau, nous pouvons constater
que le pourcentage de garçons est supérieur dans notre
population. En effet nous avons 52.38% de garçon pour 47.61 % de
filles
N=63
(Graphe 3)
Répartition de la population selon la Structure
familiale
42.85%
39.68%
17.46%
Traditionnelle ou
nucléaire
Monoparentale
Autre structure
familiale (Famille
élargie)
Dans le cadre de notre recherche, nous avons pris en compte
trois structures familiales. La structure familiale traditionnelle ou
nucléaire, la structure famille non traditionnelle ou monoparentale et
la structure familiale élargie qui rentre dans le cadre de notre
travail à l'intérieur des structures familiales non
définies. Selon le graphe ci-dessus (tableau 3) nous pouvons
constater que la majorité des adolescents présents dans
notre recherche provient d'une structure familiale non traditionnelle ou
monoparentale (42.85 %), vient ensuite, à un pourcentage
légèrement plus bas, la structure familiale traditionnelle ou
nucléaire (39.68%), puis en dernier lieu la structure familiale
élargie (17.46 %)
N=63
(Graphe 4)
Repartition de la population selon le niveau d'etude
des parents
13%
49%
8%
30%
Primaire
Secondaire
Universitaire
Analphabéte
Le diagramme en secteur présenté ici, nous donne
une idée du niveau d'étude des parents des adolescents de notre
population. Selon ce diagramme en secteur nous pouvons constater que la
majorité des parents des adolescents de notre échantillon (70%)
a fréquenté l'école. Nous avons en effet, 49% des parents
qui ont atteints le niveau secondaire, 13% le niveau primaire et 8% le niveau
universitaire.
N=
63
Graphe (5)
Au niveau de la profession des parents, nous pouvons constater
à partir de ce graphe que la grande partie des parents de notre
échantillon s'adonne à une activité
génératrice de revenus
(92%). En effet 43% des parents de notre échantillon
pratique le commerce, 19 % sont des ouvriers, 11% sont des professionnels et
14% de la population d'étude pratique qui n'a pas été
mentionnée dans le questionnaire.
PORTRAIT SCOLAIRE DES REPONDANTS
N=63
(Graphe 6)
D'après le graphe ci-dessus relatif aux
caractéristiques scolaires des répondants. Nous pouvons constater
que la grande partie des adolescents de notre échantillon a pu
réussir au cours du contrôle retenu par cette étude. En
effet comme nous pouvons le voir dans le diagramme en secteur, 74.59% des
adolescents de notre population ont eu une moyenne comprise entre 5 et 9.
Uniquement 25.39% des apprenants ont échoué au cours de ce
contrôle
· Présentation des éléments
liés aux variables de l'étude et Rapport entre la réussite
scolaire et le niveau d'interaction
Tableau de présentation des données
sur les éléments de contexte et les variables d'étude
(tableau 1)
Variable
Parent-Adolescent
|
Age de l'adolescent
|
Sexe de l'adolescent
|
Structure
familiale
|
Niveau d'interaction parent -adolescent perçu par
l'adolescent
|
Niveau d'interaction parent-adolescent perçu par
les parents
|
Niveau d'étude des parents
|
Profession des parents
|
Moyenne générale de
l'adolescent
|
A
|
15 ans
|
masculin
|
monoparentale
|
modéré
|
faible
|
Primaire incomplet
|
commerçante
|
moyenne
|
B
|
15 ans
|
féminin
|
monoparentale
|
faible
|
faible
|
Primaire complet
|
Commerçante
|
moyenne
|
C
|
16 ans
|
féminin
|
élargie
|
modéré
|
modéré
|
Étude supérieure
|
Infirmière
|
moyenne
|
D
|
17 ans
|
masculin
|
nucléaire
|
faible
|
faible
|
Primaire complet
|
Commerçante
|
faible
|
E
|
15 ans
|
féminin
|
nucléaire
|
faible
|
faible
|
Primaire complet
|
Commerçant
|
moyenne
|
F
|
16 ans
|
masculin
|
monoparentale
|
faible
|
modéré
|
Primaire Incomplet
|
Chômeuse
|
faible
|
G
|
17 ans
|
masculin
|
monoparentale
|
élevé
|
élevé
|
Primaire Incomplet
|
Commerçante
|
moyenne
|
H
|
17 ans
|
masculin
|
nucléaire
|
modéré
|
modéré
|
Primaire complet
|
Commerçante
|
moyenne
|
I
|
15 ans
|
masculin
|
monoparentale
|
élevé
|
élevé
|
Secondaire complet
|
Technicienne de laboratoire
|
élevé
|
J
|
15 ans
|
féminin
|
monoparentale
|
faible
|
faible
|
Secondaire Incomplet
|
Esthéticienne
|
moyenne
|
Tableau de présentation des
éléments d'analyse (tableau 2)
Eléments
Parent-
Adolescent
|
Perception des deux acteurs du niveau d'interactions
Parent-adolescent et rapport avec la moyenne générale
|
Accompagnement parental
|
Supervision parentale
|
Disponibilité parentale
|
Discussion sur les projets d'avenir en rapport avec
l'école
|
A
|
Discordance de perception du niveau d'interaction
Parent-adolescent
Discordance entre la moyenne générale et le niveau
d'interaction perçu par le parent
|
Faible Accompagnement des parents dans les activités
scolaires de l'adolescent
Absence d'aide dans les devoirs
|
Faible niveau de supervision des activités scolaires par
la mère de l'adolescent.
|
Indisponibilité
Des parents pour le suivi scolaire
|
Absence de discussion sur les projets d'avenir de l'adolescent
|
B
|
Concordance de perception des deux acteurs du niveau
d'interaction parent-adolescent
Discordance entre les deux perceptions et la moyenne
générale
|
Faible accompagnement parental dans le suivi scolaire
Absence d'aide dans les devoirs
|
Faible niveau de supervision des activités scolaires des
enfants
|
Indisponibilité de la mère de l'adolescent pour le
suivi scolaire
|
Absence de discussion sur les projets d'avenir
|
C
|
Concordance de perception des deux acteurs du niveau
d'interaction parent-adolescent
Concordance entre la moyenne générale et le niveau
d'interaction parent-adolescent
|
Accompagnement
modéré des parents dans les activités
scolaires de l'adolescent.
Aide dans les devoirs de façon
irrégulière
|
Supervision des activités scolaires de l'adolescent par
les grands parents de l'adolescent
|
Indisponibilité de la tante de l'adolescent.
Disponibilité des grands parents
|
Discussion sur les projets d'avenir avec la tante de
l'adolescent
|
D
|
Concordance de perception des deux acteurs du niveau
d'interaction parent-adolescent
Concordance entre la moyenne générale et le niveau
d'interaction parent-adolescent
|
Faible accompagnement parental dans le suivi scolaire
Absence d'aide dans les devoirs
|
Faible niveau de supervision des activités scolaires des
enfants
|
Disponibilité du responsable de l'adolescent, absence de
coopération avec l'adolescent
|
Absence de discussion sur les projets d'avenir
|
E
|
Concordance de perception du niveau d'interaction
Parent-adolescent
Discordance entre les deux perceptions et la moyenne
générale
|
Faible accompagnement
Parental dans le suivi de scolaire de l'adolescent
Absence d'aide dans les devoirs
|
Supervision des activités scolaires de l'adolescent de
façon coercitive
|
Indisponibilité du père de l'adolescent
|
Discussion sur les projets d'avenir sur une base
irrégulière
|
F
|
Discordance de perception du niveau d'interaction
Parent-adolescent
Discordance entre la moyenne générale et
le niveau d'interaction perçu par le parent
|
Faible accompagnement
Parental dans le suivi de scolaire de l'adolescent
Absence d'aide dans les devoirs
|
Supervision des activités scolaires de l'adolescent
|
Disponibilité de la mère de l'adolescent
|
Discussion sur les projets d'avenir
Conseille l'adolescent
|
G
|
Concordance de perception des deux acteurs du niveau
d'interaction parent-adolescent
Discordance entre les deux perceptions et la moyenne
générale
|
Accompagnement parental élevé dans le suivi
scolaire
Aide constant dans les devoirs
|
Supervision régulière des activités
scolaires de l'adolescent par sa mère
|
Disponibilité de la mère de l'adolescent
|
Discussion sur les projets d'avenir sur une base
régulière
|
H
|
Concordance de perception des deux acteurs du niveau
d'interaction parent-adolescent
Concordance entre les deux perceptions et la moyenne
générale
|
Accompagnement parental modéré dans le suivi
scolaire
Aide dans les devoirs
|
Supervision régulière des activités
scolaires de l'adolescent par sa mère
|
Disponibilité de la mère de l'adolescent
|
Discussion sur les projets d'avenir.
Conseille l'adolescent sur les choix d'étude à
faire
|
I
|
Concordance de perception des deux acteurs du niveau
d'interaction parent-adolescent
Concordance entre les deux perceptions et la moyenne
générale
|
Accompagnement parental élevé dans le suivi
scolaire
Aide constant dans les devoirs
|
Supervision régulière des activités
scolaires de l'adolescent par sa mère
|
Disponibilité de la mère de l'adolescent pour le
suivi scolaire de l'adolescent
|
Discussion sur les projets d'avenir sur une base
régulière
|
J
|
Concordance de perception des deux acteurs du niveau
d'interaction parent-adolescent
Discordance entre les deux perceptions et la moyenne
générale
|
Faible accompagnement parental
|
Faible niveau de supervision. Style parental permissif
|
Indisponibilité de la mère de l'adolescent pour le
suivi scolaire de l'adolescent
|
Absence de discussion sur les projets d'avenir
|
Tableau 1
Dans ce tableau nous retrouvons les différents
éléments sociodémographiques. Tels que : le sexe de
l'adolescent, son âge, la structure familiale dans laquelle il
évolue, la profession des parents des adolescents et leur niveau
d'étude. Dans la partie centrale du tableau nous présentons le
niveau de perception des deux acteurs (parent et adolescent) de la
participation parentale dans les études. Puis dans la dernière
colonne nous présentons les différentes notations de la moyenne
générale des élèves. Ce tableau nous permettra de
saisir rapidement le contexte environnemental de chaque adolescent et le
rapport entre la perception et la moyenne générale des dix (10)
apprenants.
Tableau 2
Le second tableau, présente les éléments
d'analyse. Il contient : le rapport entre la perception des parents et
celle des adolescents de la participation parentale, du niveau
d'accompagnement et de supervision parental. En dernier lieu, le niveau de
disponibilité et les discussions axées sur les projets d'avenir
de l'adolescent. Ce tableau nous permettra d'analyser le lien qui existe entre
les différentes modalités des interactions parent -adolescent
axées sur l'école et la réussite scolaire de l'apprenant
(adolescent).
· Analyse des données
Les données montrent que la perception des parents et
des adolescents de la participation parentale dans les études est la
même (dans la majorité des cas) . Sur les dix (10) sujets, huit
(8) d'entre eux ont la même perception que leur parent du niveau
d'interaction axé sur l'école. Du coté de l'accompagnement
parental, nous pouvons constater que les parents accompagnent très peu
les adolescents dans leurs tâches scolaires (aide dans les devoirs par
exemple). Six (6) des dix parents témoignent d'un faible niveau
d'accompagnement.
En revanche, les parents supervisent en majorité les
activités scolaires des adolescents, et sont aussi en majorité
disponibles à la maison. En majorité, ils discutent avec leurs
enfants sur leurs projets d'avenir. Alors la question que nous devons nous
poser est la suivante : qu'est ce qui explique ce faible niveau
d'accompagnement des parents dans les suivis scolaires, en dépit du fait
que nous pouvons constater à travers le niveau de supervision, de
disponibilité et de conversation axées sur les projets d'avenir,
ils sont très présents ? Autrement dit, qu'est ce qui
explique ce faible niveau d'accompagnement des activités scolaires des
adolescents de notre échantillon ? Comme nous sommes dans le
contexte d'un pays où le niveau d'étude des habitants est
très peu avancé, pourrions nous inférer que le niveau
d'étude des parents peut jouer sur leur niveau
d'accompagnement ?
· Le niveau d'étude des
Parents
Les données retrouvées au niveau du tableau
présentant les éléments de contexte, montrent clairement
que la plupart des parents n'ont en grande majorité
complété que le primaire. Or, dans le cadre de notre
étude, la classe concernée est la 9ème
année fondamentale. Ce qui revient à dire que
les parents n'ont pas le niveau d'étude requis pour accompagner
l'adolescent dans leurs études. Nous pouvons donc avancer que le niveau
d'étude des parents apparaît comme un élément
pouvant expliquer le faible niveau d'accompagnement des parents dans la
formation de leur adolescent.
Par ailleurs, nous devons tout aussi bien, souligner
également que la moyenne générale des adolescents ne
concorde pas dans la majorité des cas avec le niveau d'interaction
parent-adolescent axé sur l'école. En effet sur les 10 sujets, la
moyenne générale de 6 d'entre eux est discordante avec le niveau
d'interaction parent-adolescent axé sur l'école. Selon les
données théoriques le niveau d'interaction devrait être
proportionnel avec la moyenne générale. Alors, qu'est ce qui
pourrait expliquer cette discordance ? Quels sont les
éléments qui peuvent influencer la moyenne générale
de l'apprenant de sorte qu'elle soit discordante avec les interactions
parent-adolescent axées sur l'école ?
Dans le contexte de l'étude nous pouvons avancer que
cette discordance peut être liée, comme nous le verrons au cours
de notre discussion au(x) :
· Capacités individuelles de
l'élève
Des auteurs comme Fusch (1996) ont souligné l'incidence
des facteurs individuels sur la formation des adolescents. En effet, les
habilités personnelles des adolescents, leur capacité
intellectuelle, leur motivation sont autant d'éléments qui
pourront expliquer cette discordance entre le niveau d'interaction parent
-adolescent axé sur l'école et la moyenne
générale.
· Statut de l'école
fréquenté
L'enquête a été réalisée
dans une « petite école11(*) » de la capitale. En effet, les
carences disciplinaires et la faiblesse du corps enseignant peuvent être
l'un des éléments pouvant expliquer cette discordance.
Par ailleurs devrions-nous souligner que certains composants
des interactions parent - adolescent axées sur l'école ont des
incidences plus significatives que d'autres sur la réussite scolaire de
l'apprenant. Nous pouvons citer comme composant central, les discussions
parent -adolescent axées sur l'importance de l'école
(communication Parent-adolescent).
· Communication Parent-adolescent axée sur
l'importance de l'école
Des auteurs comme Lahire (1998) ont souligné que les
discussions axées sur l'importance de l'école
représentent dans la configuration familiale un des
éléments valorisant de l'étude. Elles représentent,
d'après ce dernier, un élément qui joue sur la
réussite scolaire de l'apprenant des milieux populaires. Cet
élément peut dans une certaine mesure expliquer cette
discordance entre la moyenne générale et le niveau d'interaction.
En effet dans le tableau présentant les éléments
d'analyse, nous pouvons remarquer que la majorité des parents discutent
avec leurs enfants sur leurs projets d'avenir en rapport avec l'école.
La présentation que nous venons de faire tient compte
uniquement les dix (10) adolescents dont nous avons pu rencontrer les parents.
En vue de donner un point de vue global de la tendance qui prédomine
dans la population étudiée, nous présentons les
données provenant des soixante - trois (63) adolescents.
Ce rapprochement se fait à partir des données
retrouvées sur le terrain. Nous avons classé les adolescents de
notre échantillon en trois catégories : catégorie des
interactions (d'accompagnement scolaire) faibles - catégorie des
interactions (accompagnement scolaire) modérées et enfin la
catégorie des interactions (d'accompagnement scolaire)
élevé. Dans chaque catégorie nous vérifions le
pourcentage des adolescents qui ont une moyenne générale faible,
ceux qui ont une moyenne générale modérée et ceux
qui ont une moyenne générale élevée.
Dans notre travail, nous tenons à rappeler que la
réussite scolaire est examinée sous l'angle de la moyenne
générale. Pour ce qui a trait au niveau d'interaction, il est
examiné sous l'angle du niveau d'accompagnement, d'encadrement et de
supervision des activités scolaires des adolescents par leurs
parents.
§ Interaction Faible et Réussite
scolaire
Catégorie Interaction
Faible
|
|
|
% à l'échantillon
spécifique (Interaction faible)
Dans la catégorie des adolescents de l'étude (n
= 8) qui rapportent que leurs parents interagissent très peu ou pas sur
les questions scolaires (accompagnement scolaire/Interaction faible). Le
rendement scolaire faible ne prédomine pas.
En effet, selon les données, dans cette
catégorie, 6 adolescents sur 8 ont une moyenne comprise entre 1 et 4.
Autrement dit, la majorité de ces adolescents ont réussi au cours
du contrôle où cette étude a été
réalisée (voir graphe). Dans cette catégorie, selon notre
hypothèse on s'attendrait à ce que le nombre d'adolescent qui n'a
pas réussi ne soit pas supérieur à ceux qui ont
réussi. Tel n'a pas été le cas. Le pourcentage des
élèves de cette catégorie qui n'ont pas réussi est
très inférieur par rapport à ceux qui réussissent.
Les données retrouvées sont contraires à
celles avancées dans la littérature. En effet, les adolescents
de notre échantillon qui vit dans un milieu où leurs parents
n'encadrent pas leurs activités scolaires, n'ont pas obtenu une moyenne
faible au cours de la période retenue pour cette étude. Nous
pouvons avancer qu'il n'existe pas au niveau de cette catégorie une
concordance entre le niveau d'interaction (d'accompagnement scolaire) et la
réussite scolaire des adolescents.
Cette ambiguïté peut être due comme le
souligne Diallo (2001) au fait que ce groupe d'adolescents a
développé des stratégies qui leur ont permis de compenser
ou de réparer l'absence ou le manque d'encadrement parental dans les
tâches-activités scolaires
Interaction Modérée et Réussite
scolaire
Catégorie Interaction
Modérée
|
|
|
% Par rapport à
l'échantillon spécifique
Au niveau de la catégorie des adolescents qui auto
rapportent qu'ils interagissent certaines fois avec leurs parents sur
l'école ou qui reçoivent un accompagnement scolaire limité
ou saisonnier (n=39). 24 d'entre eux (soit près de 62%) ont une moyenne
générale comprise entre 5 et 6 au cours du dernier
contrôle. Le rapport entre le niveau d'interaction et la réussite
scolaire est concordant. Autrement dit, lorsque le niveau d'accompagnement est
limité ou non régulier la grande majorité des adolescents
arrivent en majorité à avoir une moyenne générale
comprise entre 5 et 6 (moyenne générale modérée).
Nous pouvons avancer qu'au niveau de cette catégorie,
la réalité correspond aux éléments retrouvés
dans les recherches, notamment dans le modèle écologique:
famille-école, développé par Ryan et Adam (1996 ;
2000). Selon ce modèle, plus un élève reçoit de
l'accompagnement de ses parents, plus sa réussite (son rendement
scolaire) sera meilleure. Plus clairement selon cette conception la moyenne de
l'élève est proportionnelle avec le niveau d'encadrement
retrouvé. De là, lorsque l'enfant ne reçoit pas
d'encadrement, il ne va pas réussir. Lorsque l'encadrement est moyen ou
saisonnier la réussite scolaire sera elle aussi moyenne. Lorsqu'il est
élevé, elle (la réussite) sera élevée.
§ Interaction élevée et
Réussite scolaire
% Par rapport à l'échantillon
spécifique
Catégorie Interaction
Élevée
|
|
|
Dans la catégorie des adolescents (n=16) qui rapportent
que leurs parents les encadrent de façon régulière dans
leurs activités scolaires (Interaction élevée). Le
rendement scolaire élevé n'est pas dominant. En effet, dans cette
catégorie, nous remarquons qu'il n'y a qu'un seul adolescent à
avoir un rendement scolaire compris entre 7 et 9. On s'attendrait selon notre
charpente théorique à ce que ce pourcentage au niveau de cette
catégorie soit le plus élevé. La majorité des
adolescents de cette catégorie ont une moyenne comprise entre 5 et 6
(62.50%).
Ces données sont très différentes de ce
que nous attendions. Elles sont très différentes de ce que les
points de vue théoriques prédisent. On devrait s'attendre dans
cet échantillon (population des adolescents qui ont un accompagnement
scolaire parental élevé) à ce que le pourcentage des
adolescents qui ont une moyenne comprise entre 7 et 9 soit plus
élevé que les autres indicateurs de rendement (faible ou
modéré). Au contraire, nous avons retrouvé la
réalité inverse. Il est vrai qu'à ce niveau cette moyenne
paraît être très difficile à atteindre par la grande
majorité des apprenants.
.
CHAPITRE VI : DISCUSSION DES RÉSULTATS
A la lumière des résultats obtenus sur le
terrain au niveau du rapport entre la réussite scolaire et le niveau
d'interaction (plus spécifiquement le niveau d'interaction faible et
élevé). Nous pouvons avancer que notre proposition de
départ a été infirmée. Lorsque nous regardons le
rapport entre les deux variables, nous constatons que le niveau d'interaction
n'est pas proportionnel à la réussite scolaire des apprenants
(des adolescents). Autrement dit, les données retrouvées sur le
terrain sont différentes à ce que nous attendions. Nous avons
pensé comme Ryan et Adams (1995) que la réussite scolaire des
apprenants allait s'améliorer à mesure que nous avançons
vers des interactions constructives élevées.
Du point de vue spécifique, les dix (10) cas
étudiés nous ont permis de voir que la réussite scolaire
ne concorde pas dans tous les cas avec le niveau d'interaction. Nous avons pu
voir de façon générale, en dépit du fait que la
perception des deux acteurs (parents et adolescents) se concorde, la moyenne
générale correspond très rarement aux deux perceptions.
Du point de vue général, la tendance est la
même. Au niveau de la population des adolescents qui auto rapportent un
niveau d'interaction faible le pourcentage de moyenne générale
modérée (75%) est le plus élevé, c'est le
même constat au niveau de la population des adolescents qui auto
rapportent un niveau d'interaction modéré (61.53%) de même
qu'au niveau des interactions élevées (62.50%). Les
résultats retrouvés au niveau du rapport entre les interactions
élevées et la réussite scolaire présente une
réalité similaire. Nous disons similaire, dans la mesure que ces
résultats traduisent une réalité contraire à ce que
nous attendions. Le taux de moyenne générale faible croît
(comme nous l'avons vu tantôt) à mesure que nous avançons
vers des interactions élevées ; par contre le taux de
moyenne générale élevé décroît
à mesure que nous avançons vers des interactions
élevées. Le taux de moyenne générale
élevée passe de 12.50% au niveau des interactions faibles
à 10.25 % au niveau des interactions modérées pour
atteindre 6.25 % au niveau des interactions élevées. Selon la
réalité retrouvée dans l'enquête, plus les
adolescents estiment que leurs parents sont engagés, impliqués
dans leur formation moins ils sont performants à l'école.
Au niveau des interactions modérées nous pouvons
constater une diminution du taux de réussite moyenne lorsque nous
faisons une comparaison avec les autres niveaux d'interaction. En effet, nous
voyons que le taux de réussite moyenne passe de 75 % au niveau des
interactions faibles à 62.50% au niveau des interactions moyennes pour
atteindre un taux de 61.53 % au niveau des interactions élevées.
Autrement dit, de façon globale (tous les niveaux d'interaction
confondus) nous nous attendions à ce que le pourcentage de
réussite moyenne soit le plus élevé au niveau des
interactions modérées, de même pour le rapport entre les
autres niveaux d'interaction (Faible et élevé) et les autres
niveaux de réussite (Faible et élevé). Tel n'a pas
été le cas.
Face à cette réalité, la question qui se
pose est la suivante : qu'est ce qui pourrait expliquer cette
différence entre les résultats retrouvés dans les
recherches et les résultats retrouvés sur le terrain ?
Qu'est ce qui pourrait expliquer cette non proportionnalité ou
cette non concordance entre les niveaux d'interaction et la réussite
scolaire des apprenants ? Quels sont les facteurs ou les
éléments de contexte qui peuvent jouer sur les deux variables de
l'étude pour engendrer la non confirmation de notre attente
théorique ?
Face à ces interrogations nous avons pensé
ouvrir la voie à de nouvelles pistes d'explication qui peuvent expliquer
la non confirmation de notre attente de départ. Ou encore trouver
d'autres éléments liés au contexte social, scolaire
et environnemental des adolescents qui pourraient influencer la relation entre
les deux variables de l'étude (interaction parent/adolescent axé
sur l'école et réussite scolaire).
Dans cette optique, nous avons exploré, à partir
de la littérature les pistes, qui peuvent donner des explications
pertinentes et solides à ce phénomène. Nous avons retenu
certaines pistes qui paraissent avoir du sens dans la réalité
haïtienne.
Notre première piste d'explication se rapporte aux
caractéristiques individuelles des adolescents. Dans cette rubrique nous
avons noté : les habilités intellectuelles et individuelles
des adolescents, les caractéristiques personnelles de ces derniers (leur
intérêt ainsi que leur goût pour l'étude. La
place que ces derniers accordent à l'école dans leur
projet de vie, la motivation qu'ils ont pour apprendre, l'aspiration scolaire
de ces derniers, leur niveau d'autonomie face aux tâches scolaires). Nous
avons ensuite les facteurs scolaires. Nous verrons les différents
éléments qui se trouvent dans le milieu scolaire haïtien qui
peuvent favoriser la réussite scolaire des adolescents (nous parlons de
réussite scolaire en cours de route, ou réussite scolaire
basée sur le rendement).
6.1-Les pistes d'explication
6.1.1- Les facteurs individuels
· Aspiration scolaire des adolescents
Dans une étude sur la problématique de l'abandon
scolaire des filles au Mali, Diallo (2001) constate qu'en dépit des
contraintes environnementales (socioculturelles, économiques) certaines
filles parviennent à compléter au moins le cycle de
l'enseignement fondamental. Diallo attribue cette
réussite à l'aspiration scolaire de ces filles qui, comme il l'a
avancé, est motivée par le fait qu'elles veulent
être « autre chose » que ce que la
société leur offre. Ce sont, selon le propre
concept de Diallo, des filles « résistantes ou
persistantes ». Dans une logique similaire à celle de la
réalité soulevée par Diallo, Bouchard et St Amant, bien
avant elle (1996), soutiennent que c'est cette résistance qui
amène les élèves des milieux populaires à
réussir l'école. En effet, selon ces derniers, les apprenants des
milieux populaires vont mettre en place des stratégies pour pouvoir
sortir du plan social que la société leur offre. Le désir
de sortir de la situation sociale, dans laquelle ces élèves
vivent, a amené ces derniers à développer des
stratégies pour résister aux conditions défavorables
(économiques et culturelles) de leur milieu.
Cette réflexion parait être assez
intéressante dans la recherche de pistes d'explication concernant la
réussite scolaire des adolescents qui vivent dans un contexte hostile
à l'apprentissage comme celui des milieux populaires ou
défavorisés d'Haïti. En effet, l'adolescent haïtien qui
vit dans un milieu défavorisé développe un ensemble de
stratégies pour pouvoir réussir à l'école. Ces
stratégies sont dues au fait qu'il doit réussir à
l'école pour pouvoir comme l'élève malien sortir de la
situation sociale dans laquelle il se trouve. C'est dans cette optique que nous
pouvons avancer que la réussite scolaire peut trouver des
éléments d'explication dans le fait que l'élève
aspire à aller le plus loin possible dans ses études. Dans
le contexte des milieux populaires, le niveau d'aspiration scolaire de
l'individu va le rendre plus résilient par rapport aux
difficultés qu'il va rencontrer dans son environnement. Par
résilience, nous entendons ici comme LePage (1997) la capacité
que l'élève a pour affronter les barrières afin de
réussir à l'école. Il s'agit dans le cas
précis de notre étude l'ensemble des stratégies mises en
place par l'adolescent (le travail en groupe, le prêt de livres, le
copiage d'un livre dans un cahier pour pouvoir étudier) pour surmonter
les conditions environnementales défavorables, qui peuvent handicaper sa
réussite. Ces conditions peuvent exister tant au niveau de la famille,
lorsque les parents n'ont pas la capacité culturelle ( niveau
d'étude ) ou économique (faible revenu) pour aider
l'élève, qu'au niveau de l'école, quand est
manifesté de la part des enseignants un manque
d'intérêt et d'attention vis-à-vis du contenu qu'ils
enseignent.
L'aspiration scolaire parait donc être une variable
assez importante dans la recherche d'éléments qui peuvent
influencer les deux variables de notre étude. Puisqu'en fait elle
représente un élément assez central qui permettra à
l'individu d'être motivé par rapport aux tâches
académiques. Un parent peut très bien encadrer son enfant,
interagir de façon très constructive avec lui, pour ce qui a
trait à sa formation, mais si ce dernier, surtout dans les milieux
défavorisés, n'a pas une aspiration scolaire
élevée, un rêve, un projet qui nécessite la
réussite à l'école, cette démarche des parents aura
très peu d'effet. L'aspiration scolaire de l'apprenant est donc un
élément qui va augmenter la motivation de ce dernier pour
réussir à l'école.
· La motivation scolaire
Le terme de motivation scolaire fait
généralement référence au comportement positif d'un
individu dans l'exécution d'une tâche. L'intérêt
manifesté pour un travail, la qualité et la quantité de la
production d'un élève est autant de facteurs qui peuvent
permettre d'attribuer à un élève l'épithète
« motivé ».
Pour des cognitivistes comme Tardif (1992), la motivation
traduit dans le contexte scolaire : l'engagement, la
persévérance et la participation de l'élève
dans une tâche. Elle est donc, toujours selon la perspective
cognitiviste, un processus de décision où l'individu choisit
d'agir en vue de contrôler son environnement tout en s'engageant (Diallo,
2001).
La motivation selon la source qui l'anime (interne ou
externe/environnemental) peut être intrinsèque ou
extrinsèque. Dans le contexte scolaire nous pouvons voir deux sources.
L'une qui est liée aux facteurs individuels (aspiration scolaire des
adolescents par exemple, le goût pour les études). Dans ce cas,
nous parlerons de motivation intrinsèque. L'autre source est liée
à l'environnement de vie de l'apprenant. Dans cette rubrique, nous
pouvons souligner les facteurs familiaux tels : l'aspiration scolaire des
parents et les renforcements positifs (encouragement) que les parents
donnent à l'adolescent. Les discussions parents/adolescents
orientées sur l'importance de l'école dans le projet de vie des
enfants, sont autant d'éléments environnementaux qui peuvent
motiver l'apprenant (pour) à réussir.
La motivation scolaire représente elle aussi une piste
assez intéressante qui peut expliquer la réussite scolaire de
l'apprenant. Dans notre étude, cette variable parait assez pertinente
lorsque nous nous basons sur les entrevues avec les parents. En effet, dans
notre étude nous voyons que les parents ont mis beaucoup d'accent sur
les discussions centrées sur le projet d'avenir des adolescents et aussi
sur les contributions affectives qu'ils apportent à ces derniers. De ce
fait, nous pouvons avancer que la motivation des adolescents pour apprendre
(nous sommes dans le contexte d'apprentissage scolaire) peut avoir une
influence sur l'aspiration scolaire de l'apprenant, mais en plus, elle peut
favoriser la mise en place de stratégies par ce dernier
(adolescent/apprenant) pour réussir. Réussite qui
présuppose une possibilité future de réussir dans la vie.
Dans le cas de ces adolescents, c'est devenir « autre
chose » ou d'éviter de vivre la même situation
sociale que leur parent ou encore de changer la vie de leur famille.
Le niveau d'aspiration scolaire de l'élève et sa
motivation pour changer sa vie et celle de son entourage sont deux
éléments de contexte individuel qui peuvent expliquer la
réussite scolaire des enfants qui vivent en milieu
défavorisé. Ces deux éléments peuvent prendre forme
à l'intérieur d'une réflexion faite par Girard
(2001). Réflexion qui explique le désir de scolarisation des
enfants/adolescents des milieux populaires par leurs parents et pourquoi pas la
source de motivation et d'aspiration de ces apprenants. L'auteur en essayant
d'expliquer pourquoi il y a tant d'enfants de milieux populaires qui vont
à l'école, déclare que ce phénomène
est lié à :
« Une volonté de ne pas être
marginalisé dans une société largement gouvernée,
en ses institutions par son savoir » (Girard 2001,
pg.72)
En dépit des limites réelles de cette
réflexion de Girard, elle souligne cependant assez clairement
l'élément central qui peut expliquer la motivation scolaire de
l'adolescent haïtien qui vit en milieu populaire. Elle mentionne tout
aussi bien la situation sociale que craint ce dernier (l'évitement de la
marginalisation sociale). Face à ce constat réel, nous pouvons
avancer que le désir d'avoir une vie meilleure parait à notre
sens être un élément fondamental qui motive les adolescents
à réussir.
· Le niveau d'autonomie
Un autre élément qui peut expliquer la
réussite scolaire de l'adolescent qui vit en milieu
défavorisé, est la capacité d'autonomie de l'apprenant
vis-à-vis des tâches scolaires. Généralement, dans
la littérature, lorsqu'on parle d'autonomie en relation avec le contexte
scolaire, les auteurs (Deslandes, Potvin et Leclerc & 1999)
considèrent : l'orientation vers le travail et le niveau
d'indépendance.
L'orientation vers le travail se rapporte aux
compétences que possède l'apprenant en lien avec le travail
scolaire. Il s'agit de l'ensemble des stratégies qui peuvent permettre
à l'individu d'avoir une attitude très assidue vis-à-vis
des tâches académiques, telles que sa persévérance
dans les tâches et sa résistance aux distractions.
L'indépendance de son côté se rapporte à l'absence
de dépendance excessive sur les autres, le sentiment de contrôle
et d'initiative.
L'ensemble de ces éléments joue un rôle
important dans la réussite scolaire de l'adolescent. La capacité
de persévérance dans les tâches scolaires et la
capacité de prendre des initiatives personnelles représentent
deux moyens qui peuvent permettre à l'apprenant de faire face aux
contraintes environnementales qui peuvent l'empêcher de réussir.
Le niveau d'autonomie de l'individu vis-à-vis des tâches scolaires
est très important puisqu'il permet à l'individu de se prendre en
charge, de développer des stratégies et de prendre des
initiatives qu'il estime être bon pour construire sa réussite.
Dans le contexte des milieux populaires, cette capacité
est à notre sens très importante parce qu'elle permet à
l'apprenant de réfléchir personnellement pour trouver des moyens
adaptés pour contrecarrer les différents obstacles qui peuvent
jouer sur sa réussite ou occasionner son échec.
6.1.2-Les Facteurs Scolaires
Puisqu'il s'agit, dans le cadre de cette étude, de
réussite scolaire en cours de route (ou réussite
basée sur le rendement scolaire), nous avons pensé, dans le cadre
de notre analyse, de voir les éléments liés au contexte
scolaire haïtien qui peuvent expliquer la réussite scolaire de
l'adolescent du milieu populaire.
Tout d'abord, il faut dire que généralement les
élèves qui proviennent des milieux défavorisés
fréquentent généralement les écoles publiques
(école nationale et lycée). Dans le cas où ils n'ont pas
de chance d'avoir accès à ces écoles, ils intègrent
des écoles privées communément appelées des
écoles de fortune (Bijoux, 1990). Ces écoles, dans la majeure
partie des cas, ne disposent pas de ressources pouvant leur permettre de
fournir une formation de qualité, qualité qui se définit
((FONHEP, 1999) par les conditions scolaires à savoir :
· Un corps d'enseignant qualifié et
motivé ;
· Des infrastructures adéquates et
agréables ;
· Un curriculum approprié et compris par les
agents éducatifs ;
· Du matériel didactique adéquat, tel que
les manuels, les aides visuelles, les fournitures scolaires, etc. ;
· De la discipline, de l'aide et le respect du calendrier
et des horaires ;
· Évaluation régulière des
progrès de l'élève ;
· Une diversité des stratégies
d'enseignement ;
Généralement, dans ces écoles de fortune,
ces différents éléments ne sont pas présents ou il
y a manque de ces derniers. Cette carence, si elle persiste, empoisonnerait
l'avenir scolaire des élèves qui généralement
lorsqu'ils arrivent aux examens officiels échouent. Cependant au niveau
de ces écoles, le manque de discipline, de planification et
d'administration favorisent le passage rapide d'une classe à une autre.
Autrement dit, cette situation permet à ces élèves de
trouver des moyens (copiage aux examens, compromis) pour avoir une moyenne leur
permettant d'avoir accès à un niveau supérieur. Moyenne,
de toute évidence, qui ne traduit pas la performance réelle de
ces derniers.
La carence retrouvée dans le système
éducatif haïtien peut tout aussi bien influencer les deux variables
de l'étude. Nous entendons par carence : le manque de rigueur dans
la supervision des écoles par le Ministère de l'Education
Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP). Le manque de rigueur dans
l'évaluation des apprenants avant les examens officiels.
Synthèse
La comparaison entre le niveau d'interaction et la
réussite scolaire des adolescents de notre étude a
révélé que le niveau d'interaction entre parent/adolescent
centré sur l'école ne détermine pas la réussite
scolaire de ces derniers. De là, nous avons exploré d'autres
pistes qui peuvent expliquer ou qui peuvent jouer sur la réussite
scolaire de l'adolescent qui vit en milieu défavorisé. Nous avons
mentionné comme éléments de contexte : L'aspiration
scolaire de l'apprenant, sa motivation et en corrélation avec ces
éléments le niveau d'autonomie de l'apprenant vis-à-vis
des tâches scolaires (degré d'indépendance et son
orientation vers le travail). Ces différents éléments
s'ils paraissent tous importants dans l'apprentissage de tout apprenant de
n'importe quelle catégorie sociale. Ils sont, nous osons le dire, assez
central pour les apprenants des milieux populaires, vu les
précarités de leur milieu (absence d'électricité,
de matériels didactiques, de bibliothèques, de nourriture,
l'accès aux soins sanitaires les plus élémentaires, etc.)
mais aussi le manque de soutien qu'il peut retrouver au sein du milieu
familial, dominé généralement par un niveau
d'analphabétisme élevé et le manque de
disponibilité des parents. Nous pensons que, face à toutes ces
contraintes, les caractéristiques individuelles des apprenants
paraissent être une piste assez intéressante d'exploration. Le
désir personnel de changer leur condition de vie et celle de leur
parent sont autant d'éléments concrets qui peuvent corroborer
cette nécessité d'exploration. Par ailleurs, nous avons aussi
mentionné que les carences retrouvées au niveau des écoles
peuvent aussi favoriser ou jouer sur la réussite scolaire (rendement
scolaire) des adolescents.
Si tout au cours de cette réflexion, nous avons
principalement mis l'accent sur les caractéristiques individuelles, nous
devons souligner comme Lahire (1998) que le milieu familial à
travers le support affectif qu'il apporte représente un
élément de contexte qui joue sur la réussite de
l'apprenant (adolescent) du milieu populaire. Le support affectif des parents
joue un rôle de renforcement positif des convictions des apprenants, il
augmente leur estime de soi à travers la valorisation des études.
Ces éléments augmentent la motivation de l'apprenant, mais aussi
l'aide à lutter contre le découragement.
Nous concluons cette synthèse en disant que, selon
nous, les interactions parents/adolescent peuvent effectivement influencer la
réussite des adolescents, cependant il parait n'être pas à
notre sens la variable proximale ou encore la variable principale qui influence
la réussite de l'adolescent. Les caractéristiques personnelles de
l'adolescent, sa motivation pour aller le plus loin possible, pour changer sa
vie parait être l'élément central qui pousse
l'adolescent vers la réussite. Les facteurs familiaux (incluant le
niveau d'interaction des adolescents,) peuvent être vus comme des
variables distales ou indirectes qui vont renforcer ou diminuer les
capacités personnelles des adolescents. Nous ciblons donc les
capacités personnelles comme une piste assez intéressante
d'explication de la réussite scolaire des apprenants qui vivent en
milieu défavorisé. Tout en n'ignorant pas que les autres facteurs
jouent sur la réussite scolaire des adolescents. Car comme l'a
avancé Charlot (dans Dubet, 1997, pg76) :
« Il existe un ensemble de processus qui s'articulent les uns des
autres. Les uns sont construits dans la famille, les autres dans
l'école, et le résultat dépend de l'articulation de
l'ensemble »
CONCLUSION GENERALE
La réussite scolaire, si elle est cataloguée
à l'intérieur d'une note décernée mensuellement
et-ou trimestriellement à l'adolescent, parait plus complexe lorsque
nous analysons plus profondément la question. En effet, la
réussite scolaire dépend d'un ensemble de facteurs. Certains sont
propres au milieu dans lequel évolue l'apprenant : Le niveau
d'étude des parents, les pratiques culturelles, et le niveau socio
économique des parents représentent autant
d'éléments environnementaux qui jouent sur la réussite
scolaire de l'apprenant. D'autres découlent de la capacité
personnelle et intrinsèque de l'apprenant (quotient intellectuel, les
stratégies d'apprentissage, la motivation intrinsèque, etc.). Ces
facteurs, s'ils peuvent être stimulés par les facteurs
environnementaux, dépendent en grande partie de l'apprenant.
Ce travail nous a permis de comprendre que l'apprenant
représente l'élément clé de son apprentissage et de
sa réussite. Les données nous ont permis de constater que le
niveau d'interaction entre parents et adolescents ne constituent pas la
variable qui détermine la réussite scolaire des adolescents. Les
caractéristiques individuelles représentent des
éléments qui peuvent être considérés comme
prioritaires dans la réussite scolaire de l'adolescent. Cependant nous
ne devons en aucun cas omettre les facteurs environnementaux, dans la mesure
où ils influencent les convictions personnelles des adolescents.
Notre travail nous a permis de voir que toute étude qui
se veut holistique doit tenir compte et des aspects environnementaux et des
aspects individuels. Il serait donc important que les décideurs mettent
l'emphase sur des pratiques scolaires qui visent le renforcement des
habilités intrinsèques des apprenants. Il serait tout aussi
important qu'ils organisent des activités visant à encourager les
parents dans la stimulation de ces habilités chez leurs enfants.
En dépit du fait que les données
retrouvées sur le terrain sont contraires à notre attente, le
milieu familial reste tout de même une sphère assez importante
dans la formation de l'apprenant. Il serait important que les acteurs
impliqués dans le système éducatif renforcent
l'implication des parents dans la formation des élèves
(implication affective, et/ou comportementale). Il importe tout aussi bien
comme l'a souligné Stéphane (2005) que les programmes favorisent
l'autonomie de l'apprenant et les responsabilisent. Que l'apprenant se sente
responsable de sa formation. Cet aspect est très pertinent
principalement dans les milieux populaires qui, à cause des
précarités environnementales (problème économique,
problème d'électricité, carence de pratiques culturelles
liées à l'école), sont considérés comme des
milieux hostiles à l'apprentissage.
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Questionnaire
Informations socio
démographiques
(Sx-1) Cochez votre sexe :
Je suis un (e) :
Garçon Fille
Cochez l'intervalle qui correspond à votre
Âge :
14-15 ans 16-17 ans
(ST-1) Je vis avec :
Mon père et ma mère Mon
père seulement
Ma mère seulement Mes grands
parents
Autre
(Précisez)
(NV-1) Mes parents (ou la personne
responsable) a :
Complété le primaire a
fait des études universitaire
N'a pas terminé le primaire n'a pas a
été à l'école
N'a pas terminé le secondaire Complété
le secondaire
(SS-1) Mes parents sont
des :
Commerçants informels chômeurs
ouvriers
Professionnels cultivateurs
Autre
(précisez)
Interactions Parents -Adolescents axées sur
l'école
Les questions suivantes se rapportent à la relation que
vos parents (ou la personne qui vous prend en charge) entretiennent avec vous
en ce qui a trait à vos activités scolaires.
Lisez ces phrases une après une et choisissez dans chacun
des cas la réponse qui correspond le mieux à la relation qui
existe entre vous et vos parents. Vous encerclez le chiffre qui convient.
Merci !
1= Jamais
|
2=Parfois
|
3= Souvent
|
4= Toujours
|
Exemple :
Le professeur me donne des devoirs
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Je choisis le chiffre 3. Cela veut dire que
le professeur me donne des devoirs souvent
1= Jamais
|
2=Parfois
|
3= Souvent
|
4= Toujours
|
Après une journée de classe mes parents me
questionnent au sujet de ce que j'ai fait en classe
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Au cours des après midi pendant les périodes
scolaires mes parents me demandent si j'ai fait mes travaux scolaires (devoirs,
études)
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Mes parents m'interrogent a propos de mes notes
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Mes parents discutent avec moi de mes projets d'avenir
(travail, études)
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Mes parents me félicitent lorsque j'apporte un bon
carnet
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Quand j'ai des difficultés à l'école mes
parents me parlent et me supportent moralement.
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Quand j'apporte un mauvais carnet à la maison mes
parents me parlent et m'encouragent a faire mieux
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Quand j'ai des problèmes en classe mes parents
m'ignorent totalement
|
1
|
2
|
3
|
4
|
A la maison mes parents cherchent a savoir quels sont les
taches académiques que j'ai pour le prochain jour de classe
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Après l'école mes parents m'aident dans mes
devoirs (ou paient des leçons)
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Mes parents m'aident à planifier mon temps pour les
taches scolaires et familiales
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Pendant les jours de classe mes parents ne cherchent pas a
savoir si j'ai réalisé mes travaux scolaires
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Quand j'apporte un mauvais carnet mes parents me punissent
|
1
|
2
|
3
|
4
|
MERCI !
Canevas d'entrevue pour parent
Concernant les activités de votre enfant
à l'école (interactions sur le milieu scolaire)
Q1: Comment votre enfant travaille t-il
à l'école?
1-1 : comment vont ses notes ?
1 2 : Avez-vous l'habitude de converser avec lui (elle)
sur ces journées de classe ?
1-3 : Est ce que ça vous arrive de lui
demander s'il a des problèmes à l'école ?
Concernant la supervision et l'aide apporté
à l'enfant dans ses activités académiques
Q2: Comment participez vous dans les
activités scolaires de vos enfants?
2-1 : Comment aidez-vous votre enfant dans ses travaux
scolaires ? (Devoirs, leçons)
2-2 : Est ce que vous vérifiez (ou demandez)
tous les jours, si votre enfant a réalisé ses taches
scolaires ? (Devoirs de maison, leçon)
2-3 : Comment réagissez vous quand votre enfant
vous dit qu'il a des problèmes à l'école ?
2-4 : Comment réagissez vous quand votre enfant
apporte un mauvais carnet ?
Concernant l'importance de l'école
Q3 : Quelle place occupe l'école dans
la conversation que vous avez avec votre enfant ?
3 1 : Discutez-vous avec votre enfant sur ses projets
d'avenir ?
3-2 : expliquez vous a votre enfant le rôle de
l'école dans ses projets ?
Questionnement général
Q4 : qu'en pensez-vous ?
4-1 : Est ce une bonne ou une
mauvaise chose que les parents discutent avec leurs enfants sur leurs
activités scolaires ?
4-2 : que les parents supervisent les travaux
académiques de leurs enfants ?
4-3 : comment les parents devraient-ils réagir
quand leurs enfants leur dit qu'ils ont des difficultés à
l'école ?
* 1 Nous faisons
référence ici au bilinguisme et aux interférences
linguistiques
* 2 Ce terme est utilisé
par Claes pour décrire les relations intimes que les adolescents
entretiennent avec des individus de sexe opposé ou du même sexe
* 3 Ce terme désigne les
familles économiquement et socialement aisées
* 4 Dans des systèmes
éducatifs comme le notre on parlera plutôt de moyenne
générale
* 5 In Itinéraires # 3 et
4, Juillet 2001; CRESHSO (Centre de Recherche Historique et Sociologique) UEH-
FASCH
* 6 Il est important de
souligner, que dans ce travail les notions de « pratiques
éducatives parentales » et « styles
parentaux » sont utilisées pour décrire la même
réalité. Nous tenons à souligner, en dépit du fait
que dans la littérature les termes de « pratiques »
et de « styles » sont utilisés
indifféremment. Darling et Steinberg, dans une perspective
intégrative, ont fait une différence entre les deux notions
* 7 La catégorie
« créole » est composée d'enfants
haïtiens immigrés vivant au Québec
* 8 Familles non
traditionnelles : Familles mono parentales, reconstituées ou
autres. Familles ou les deux parents biologiques ne sont pas présent
ensemble dans le foyer
* 9 Familles
traditionnelles : Présence des deux parents biologiques.
* 10 C'est nous qui ajoutons
* 11 Petite école est un
mot utilisé pour désigner les écoles de fortune
|