Thomas Sankara et la condition féminine: un discours révolutionnaire?( Télécharger le fichier original )par Poussi SAWADOGO Université de Ouagadougou - Maà®trise sciences et techniques de l'information et de la communication 1999 |
1.2.2 Les arguments idéologiques.La lutte des classes est inséparable de la question de la femme. La pensée sankariste a pour fondement le matérialisme dialectique. L'exploitation de la femme s'intègre dans un système d'exploitation généralisé qui dépend de la structure économique de la société. Le passage d'une forme de société à une autre, justifie l'institutionnalisation de l'inégalité de statut entre l'homme et la femme. Deux périodes caractérisent cette évolution : l'époque allant du paléolithique à l'âge du bronze a connu une complémentarité positive dans les relations entre les sexes. L'époque historique avec l'évolution des techniques voit l'apparition de la propriété privée qui entraîne l'asservissement de la femme. Sankara fait un rapport explicite entre la condition féminine et la lutte des classes : « De fait, à travers les âges et partout où triomphait le patriarcat, il y a eu un parallélisme étroit entre l'exploitation des classes et la domination des femmes (...) »125(*). Le combat pour l'émancipation de la femme est inséparable de la lutte des classes. « On ne saurait jeter assez de lumière vive sur la misère des femmes, démontrer avec assez de force qu'elle est solidaire de celle des prolétaires »126(*). Pour Engels, il existe un lien étroit entre l'oppression des femmes et celle des classes dominées. Elle a comme fondement la propriété privée, née de la division du travail dans la production sociale. Libérer les femmes et les classes dominées est une lutte qui passe par l'abolition des structures économiques fondées sur la propriété privée127(*). Sankara invite donc les femmes à coopérer avec les marginalisés du système capitaliste : les ouvriers, les paysans. L'impérialisme est mis en cause dans le misère des femmes : les multinationales, immorales, encouragent la culture de la mort128(*). Le Président du CNR invite l'Union des Femmes du Burkina (UFB) à mener une lutte anti-impérialiste. Elle doit « participer pleinement à la lutte des classes aux côtés des masses populaires »129(*) Seule une détermination franche peut permettre « la liquidation des races des exploiteurs, de la domination économique, de l'impérialisme »130(*). Cette même lutte peut mettre fin à la conception féodale fondée sur « la relation d'appropriation qui veut que chaque femme soit la propriété d'un homme. »131(*) * 125 Ibid, p. 225 * 126 Ibid, p. 226 * 127 POIRIER (J), op. cit.,, p. 286 * 128 GAKUNZI(D), op. cit., p. 103 * 129 Ibid, p. 241 * 130 Ibid, p. 241 * 131 GAKUNZI(D), op. cit., p. 232 |
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