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Thomas Sankara et la condition féminine: un discours révolutionnaire?

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par Poussi SAWADOGO
Université de Ouagadougou - Maà®trise sciences et techniques de l'information et de la communication 1999
  

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1.2.3 Les arguments politiques

Thomas Sankara désigne clairement les ennemis des femmes et de la révolution sur le plan politique : ce sont les anciennes puissances coloniales et leurs « valets locaux. » Il note : « l'euphorie de l'indépendance à oublier la femme dans le lit des espoirs châtrés. Ségréguée dans les délibérations, absente des décisions, vulnérable donc victime de choix, elle a continué de subir la famille et la société. Le capital et la bureaucratie ont été de la partie pour maintenir la femme subjuguée. »132(*) Les anciens régimes sont responsables de la situation alarmante de la femme. Pendant la période coloniale, la femme a subi le travail forcé, elle était soumise à l'obligation des cultures de rente. Les régimes néo-coloniaux, selon Sankara, ont développé un féminisme primaire qui n'a profité qu'à une minorité de femmes. A leurs yeux, la femme se présente comme un objet de décoration. « Les femmes chez nous, étaient, avec les anciens régimes, organisées en groupes folkloriques. Elles cousaient des uniformes, chantaient, dansaient, mais réellement ne savaient où aller. »133(*) Cela correspond à la pensée de Kant qui définit la femme comme penchant ou inclination, incapable d'un sens du devoir : « la philosophie de la femme n'est pas de raisonner mais de sentir. (...) Devoir et contrainte lui sont étrangers (...) Elle est incapable d'obéir à des principes. »134(*)

Les autorités néo-coloniales ont créé un ministère de la condition féminine. Ce ministère-alibi, selon Sankara n'a eu aucun effet sur l'évolution de la situation des femmes. Cette politique a contribué à construire une fausse émancipation de la femme : « femme-bijou, femme-alibi au gouvernement, femme-sirène aux élections. »

La révolution se donne donc pour mission d'éduquer les femmes car les défauts qui sont dans les femmes viennent de l'éducation. Cet encadrement facilite la mobilisation des femmes par la base.

La situation de tous les opprimés, y compris la femme, constitue une préoccupation majeure des autorités révolutionnaires. La RDP s'engage à instaurer un ordre social nouveau. Elle combat avec la dernière énergie l'obscurantisme, le néocolonialisme et l'impérialisme. Elle oeuvre inlassablement, à la transformation des mentalités et des comportements. L'objectif est de rendre les femmes responsables, capables de prendre des décisions qui puissent donner naissance à une société libre et prospère dans laquelle les femmes et les hommes seraient égaux. En somme, « permettre à la femme voltaïque de se réaliser pleinement et entièrement »135(*) Cela passe par l'éveil de la conscience des femmes qui entraîne une véritable libération. « (...) seule la femme enfin libre saura dire ce qu'elle veut », affirme John Stuart Mill. Les femmes sont les partenaires naturels d'une révolution, qui travaillera à porter celles-ci au coeur de l'essor familial et au centre de la solidarité nationale. La RDP définit et affirme davantage le rôle et la place de la femme dans la société. Au sein de l'UFB, les femmes sont toujours de plus en plus responsabilisées et une image positive en leur faveur s'impose progressivement. La révolution compte mettre sur pied un plan d'action qui répondra aux attentes des femmes dans tous les domaines. Ce programme vise à impliquer les femmes dans les combats révolutionnaires : il donne la même chance au garçon et à la fille sur le plan scolaire. Tous les Burkinabé doivent-ils pas avoir le droit à la même formation et aux mêmes fonctions ? Les révolutionnaires cherchent à faire coïncider les intérêts de la nation avec la liberté de la femme, reflet d'une société juste, comme l'avait prôné les femmes progressistes de la révolution française.136(*)

Accroître le taux d'alphabétisation en faveur des femmes reste le souci permanent de Sankara. Pour libérer véritablement la femme, des crèches, des garderies populaires et des cantines seront construites. L'UFB ( l'Union des Femmes du Burkina) est une école où la solidarité, l'unité et l'organisation sont de rigueur. Elle doit assumer un rôle politique destiné à instaurer une démocratie sociale.

En somme, Sankara sait impressionner son auditoire grâce à une démarche argumentative intelligemment élaborée.

* 132 GAKUNZI (D), op. cit., p. 232.

* 133 GAKUNZI (D), op. cit., p. 115.

* 134 HERNMSEN (J), op. cit., p. 305.

* 135 GAKUNZI(D), op. cit., p. 64-65.

* 136 KRIEF(H), « La Condition de la femme dans la littérature romanesque féminine pendant la Révolution française », in Les femmes et la Révolution française. T 2. Toulouse, Presses universitaires de Mirail, 1990 (actes du colloque international, 12- 13-14 avril 1989. Université de Toulouse- le Mirail), p. 270.

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