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Thomas Sankara et la condition féminine: un discours révolutionnaire?

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par Poussi SAWADOGO
Université de Ouagadougou - Maà®trise sciences et techniques de l'information et de la communication 1999
  

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2.1.2. La femme coupable

Véritable pendant de l'image de la femme -victime ,destinée à émouvoir le public sur le sort féminin, la femme coupable est une construction nécessaire au mouvement dialectique de la pensée de Sankara. La femme coupable est identifiée comme celle qui était membre des anciennes associations pré-révolutionnaires. Sankara use d'ironie pour la ridiculiser et la dénigrer. Il affirme qu'avant la révolution, les femmes étaient « organisées en groupes folkloriques. »150(*) Assimiler une association politique à un groupe folklorique montre le caractère futile, superficiel de son approche. Le folklore, de plus, est passéiste puisqu'il se fonde sur le rappel des traditions. La femme coupable est la femme passéiste, et comme le disaient les révolutionnaires de 1789, une femme attachée à l'ancien régime. Sankara trouve les femmes coupables « très subjectives. »151(*) Cette injure qui prend source dans un vocabulaire marxiste rend « ces femmes » susceptibles de contrecarrer l'émancipation. Elles sont partisanes d'un « féminisme primaire » 152(*) fondé sur une « oblitération des significations et autorise par là toutes les audaces sémantique du féminisme (...) »153(*) Ce qui conduit à revendiquer pour la femme le droit d'être masculine. La femme coupable sera donc associée à un réseau de termes négatifs reprenant pour l'essentiel les défauts identifiés comme ceux de la femme contre révolutionnaire. Sankara dénonce ainsi certains comportements déviants non conformes à l'austérité et à la morale révolutionnaire. « Il s'agit de toutes ces mesquineries comme la jalousie, l'exhibitionnisme, les critiques incessantes et gratuites, négatives et sans principes, le dénigrement des unes par les autres, le subjectivisme à fleur de peau, les rivalités »154(*) Le déictique « ces » joue un rôle fondamental dans ce passage. En tant qu'adjectif démonstratif, il désigne au public les mesquineries féminines, mais il va plus loin, il dénonce et peut, à ce titre, être accompagné d'un geste de mépris. Les défauts de ces femmes sont effectivement méprisables, c'est bien ce que veut traduire le discours de Sankara.

Usant toujours de métaphores, Sankara précise le portrait de la femme coupable. Elle devient dans son discours « bourses de valeurs spéculatives » ou « coffres- forts ambulants ». Ce trait met en relief sa cupidité. En effet, le pouvoir économique lui permet de commettre des dérives.155(*) Sankara lui reproche d'être esclave « de la cupidité vulgaire et de la crasse avidité matérialiste »156(*)

Une autre métaphore est destinée à provoquer le dégoût du public envers ces femmes vénales. Elle assimile la femme à la boue : « ces femmes sont de dangereuses boues gluantes, fétides »157(*). Cette image est parfaitement infâmante. La boue, à la différence de la terre ou de l'argile, ne peut servir à la construction ou à la culture. Le qualificatif « fétides » montre comment la pourriture a gagné ces femmes. Le terme « gluantes » dénonce leur caractère visqueux, collant. Elles ne sont pas source d'élan révolutionnaire, et puisqu'elles sont des « boues gluantes », elles peuvent même agir en sens contraire. Elles se présentent en femmes réactionnaires « démobilisatrices des élans révolutionnaires. »158(*)

La femme coupable est enfin la femme que Sankara associe à l'idée de « patronne ». Pour sa fille, elle est « plus sa patronne que sa maman »159(*) Ceci implique que la femme cultive la dépendance au niveau de sa fille. Sankara l'indique clairement et simplement : « ce sont les femmes qui perpétuent le complexe des sexes, dès les débuts de l'éducation et de la formation du caractère. »160(*)

Ces critiques farouches contre les femmes permettent au discours de se prévaloir d'une certaine objectivité.

* 150 Ibid, p. 115

* 151 Ibid, p. 115

* 152 GAKUNZI (D), op. cit., p. 223.

* 153 GAKUNZI (D), op. cit., p. 227.

* 154 GAKUNZI(D), op. cit., p. 236.

* 155 GAKUNZI (D), op. cit., p. 236.

* 156 GAKUNZI (D), op. cit., p. 236.

* 157 GAKUNZI (D), op. cit., p. 229.

* 158 GAKUNZI (D), op. cit., p. 240.

* 159 GAKUNZI (D), op. cit., p. 231.

* 160 GAKUNZI (D), op. cit., p. 240.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote