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Thomas Sankara et la condition féminine: un discours révolutionnaire?

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par Poussi SAWADOGO
Université de Ouagadougou - Maà®trise sciences et techniques de l'information et de la communication 1999
  

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1.2. FEMME BURKINABÉ ET SOCIÉTÉ COLONIALE.

La loi de 1921, en Afrique Occidentale Française (A.O.F), invitait à tenir compte du statut personnel de la femme26(*). En mai 1931, se tinrent les Etats généraux du féminisme à l'exposition coloniale de Vincennes en France27(*). Les réflexions portèrent sur la situation légale, morale et économique de la femme aux colonies. Le constat était que la condition féminine présentait des aspects épouvantables : mariages trop précoces, rudes travaux imposés à la mère jusqu'aux derniers jours de sa grossesse, sous-alimentation chronique. L'existence de la femme se réduisait à une vie faite de « misère matérielle »28(*). Les femmes réunies à Vincennes, toutes françaises des colonies, accusèrent non seulement les Africains, mais aussi la puissance coloniale d'être responsables de la souffrance des femmes indigènes. Le portage et la corvée était leur quotidien. « On en voit, leur bébé dans le dos, employées aux travaux pénibles de route »29(*), témoignait une participante. Les colonisatrices émirent le voeu de nommer des inspectrices du travail pour protéger efficacement le travail féminin. Dans les colonies, bien que le taux de scolarisation des filles était nettement inférieur à celui des garçons, l'éducation paraissait à l'époque comme un remède à la condition inférieure de la femme. Les Etats généraux du féminisme émirent le voeu de développer l'enseignement des fillettes dans les mêmes conditions que celui des garçons. Cet enseignement féminin devait être ménager d'abord, professionnel ensuite.

De fait la situation de la femme africaine sous la colonisation était un concentré de douleurs et de peine. En plus d'une soumission imposée par les traditions ne devait-elle pas plier sous le joug des travaux forcés, de l'impôt de capitation et des abus de toutes sortes ?. La colonisation, n'ouvrant aucun accès à la scolarisation des filles30(*), n'a pas bouleversé son statut traditionnel.

La conférence de Brazzaville en 1944, signe annonciateur de la décolonisation a introduit l'idée de faire évoluer le statut des personnes dans les colonies françaises d'Afrique. Celui de la femme devait être modifié par l'introduction du principe de liberté du choix du conjoint et du consentement préalable au mariage. Tout allait être mis en oeuvre pour faire progresser le mariage monogamique, par un combat ardent contre la polygamie. Le divorce arbitraire devait être sévèrement sanctionné31(*). Ces mesures visant l'évolution de la condition de la femme n'ont connu aucune application. Le seul acquis en faveur des femmes au cours de la période coloniale reste les mesures prises par les autorités coloniales pour le libre consentement des deux partenaires au mariage (décret Mandel). Forts de ce décret, les missionnaires ont ainsi combattu le « mariage forcé » des filles32(*). La condition féminine ne fera l'objet d'une réflexion critique qu'avec les Indépendances.

* 26 KNIBIEHLER (Y) et GOUTALIER (R ), Femmes et colonisation, Aix-en-Provence, I.H.P.O.M., 1987, p.29.

* 27 KNIEBIEHLER (Y) et GOUTALIER ( R), op. cit., pp. 27-33.

* 28 KNIEBIEHLER (Y) et GOUTALIER ( R), op. cit., p. 27.

* 29 KNIEBIEHLER (Y) et GOUTALIER ( R), op. cit., p. 29.

* 30 BADINI - FOLANE (Denise), « La représentativité féminine dans les gouvernements du Burkina Faso de 1958 à 1991 », in cahiers du CERLESHS (FLASHS-UO), Presse Universitaire de Ouagadougou, 1997, pp. 145-146.

* 31 VALETTE (Jacques), La France et l'Afrique. L'Afrique subsaharienne de 1960, Paris, Sedes, 1994, p.139.

* 32 SANDWIDI (R ) et alt, le Partenariat hommes/femmes pour le développement au Burkina Faso. Quelle approche sur le terrain ? (Etude de cas sur le genre), Ouagadougou, CEDA, novembre 1997, p. 4.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand