II.1. Résultats d'analyses des dattes
II.1.1. Caractérisation physico-chimique
II.1.1.1. Le poids
La pesée des dattes a été
réalisée sur 25 fruits chez deux variétés ; Deglet
Nour et Hamraia. Les résultats exprimés en gramme (g) sont
indiqués dans le tableau ci-dessous :
Tableau 19 : Poids des deux variétés
récoltés en 2007
Poids (g)
Dattes
|
min
|
max
|
Moyenne
|
Yahiaoui
(1999)
|
Ghazi et Sahraoui
(2005)
|
Deglet Nour
|
6,48
|
11,55
|
9,44 #177; 2,53
|
8 à 10
|
-
|
Hamraia
|
4,27
|
9,9
|
6,63 #177; 2,81
|
-
|
7,76
|
D'après les résultats le poids moyen de Deglet
Nour est 1.5 fois plus élevé (9,44 g) que celui de la
variété Hamraia (6,63 g). Cette différence de poids est
ressentie du point de vue commercial puisque cette datte est plus vendue et
recherchée au niveau du marché national que la
variété Hamraia. Nos données corroborent avec celles de
certains auteurs (Yahiaoui, 1999 ; Ghazi et Sahraoui (2005).
II.1.1.2. La mesure du pH
L'analyse des résultats obtenus indique que les valeurs
de pH mesurées présentent une légère
différence entre les deux variétés de dattes
étudiées (tableau 20). La variété Hamraia montre un
pH légèrement acide (5,3) par rapport à celui de Deglet
Nour (5,7). Ce qui confirme le goût acidulé de la datte Hamraia
rapportée par Hanachi (1998). Ces résultats semblent être
plus ou moins contradictoires avec ceux de la littérature car Ghazi et
Sahraoui (2005) ont trouvé un pH moins acide (5,8) pour la
variété Hamraia et Yahiaoui (1999) a rapporté un pH de 5,1
au stade Tamar pour variété Deglet Nour. Ce faible pH
trouvé par rapport au notre peut s'expliquer par l'effet du stockage
comme il a été suggéré par Meftah et Saadi (1992)
qui ont confirmé que cette variété de Deglet Nour atteint
une valeur de pH = 5,1 au bout de 7 mois de stockage avec une valeur de
départ égale à 6,9. Heller (1990) a également
indiqué que le pH peut varier suivant l'état physiologique du
fruit, mais aussi suivant les conditions climatiques, de stockage et les
façons culturales.
Tableau 20 : Valeurs du pH pour les deux
variétés Deglet Nour et Hamraia
Valeur de pH
Dattes
|
Nos résultats
(2008)
|
Yahiaoui
(1999)
|
Ghazi et Sahraoui (2005)
|
Deglet Nour
|
5,7 #177; 0,1
|
5,1
|
-
|
Hamraia
|
5,3 #177; 0,4
|
-
|
5,8
|
II.1.1.3. La teneur en eau
Après le séchage des dattes, la mesure de la
teneur en eau de nos deux variétés a donné les valeurs
illustrées dans le tableau 21.
D'après le tableau, la teneur en eau de la
variété Deglet Nour (27,13 %) est presque 3 fois plus
élevée que celle de Hamraia (10,83 %). Ces résultats sont
en accord avec ceux trouvés par Benharrats et Benazzouk (1999) pour la
variété Deglet Nour récoltée dans la même
région (Biskra) que la notre mais pas par Ghazi et Sahraoui (2005) qui
ont rapporté une valeur de 25,48 % pour la variété
Hamraia. Cette grande différence trouvée dans nos
résultats peut s'expliquer probablement par une longue exposition au
marché des dattes ce qui entraîne l'évaporation de
l'eau.
Par ailleurs, Hannachi et ses collaborateurs (1998) confirment
la différence de teneur en eau entre ces deux variétés
puisqu'ils les ont classé, selon leur consistance, dans la
catégorie demi-molle pour Deglet Nour et demi-sèche pour
Hamraia.
Tableau 21: Teneur en eau pour les deux
variétés Deglet Nour et Hamraia
Teneur enEau (%)
Dattes
|
Nos résultats
(2008)
|
Benharrats et Benazzouk (1999)
|
Ghazi et Sahraoui (2005)
|
Deglet Nour
|
27,13 #177; 0,13
|
28
|
-
|
Hamraia
|
10,83 #177; 0,19
|
-
|
25,48
|
II.1.2. Composition chimique
II.1.2.1. Teneur en composés
phénoliques solubles totaux
Après la préparation de la gamme des
concentrations de l'acide gallique (0,25g/l ; 0,5g/l ; 0,75g/l ;
1g/l), la mesure de la densité optique a été
effectuée à la longueur d'onde de 760 nm (tableau
22). Les absorbances obtenues ont été
représentées en fonction des concentrations, la courbe
d'étalonnage réalisée montre la linéarité de
la réponse du détecteur en fonction des différentes
concentrations (figure 18).
Tableau 22 : Densités optiques des
différentes concentrations de l'acide gallique
Concentrations d'acide gallique (g/l)
|
Densité optique (D-O)
|
0,25
|
0,3379
|
0,5
|
0,6144
|
0,75
|
0,9788
|
1
|
1,2255
|
Fig. 18 : Courbe d'étalonnage pour le
dosage des C.P.S.T.
Les absorbances moyennes des deux variétés de
dattes (Deglet Nour et Hamraia) sont indiquées dans le tableau 23.
Tableau 23 : Densités optiques des C.P.S.T
des deux variétés de dattes.
Echantillons
|
Densité optique (D-O)
|
Deglet Nour
|
0,0996
|
Hamraia
|
0,1926
|
La concentration de chaque échantillon a
été obtenue par projection de l'absorbance moyenne sur la courbe
d'étalonnage. Les résultats exprimés en g/l d'acide
gallique sont mentionnés dans le tableau 24.
Tableau 24: Teneur en C.P.S.T chez les deux
variétés Deglet Nour et Hamraia
C.P.S.T. (ug/ml)
Dattes
|
Nos résultats
(2008)
|
Yahiaoui
(1999)
|
Ghazi et Sahraoui (2005)
|
Deglet Nour
|
81,5 #177; 1,5
|
77
|
16,6
|
Hamraia
|
141,5 #177; 13,5
|
-
|
26,66
|
Après extrapolation des résultats de la D.O sur
la courbe d'étalonnage, la teneur en composés phénoliques
solubles totaux (C.P.S.T) de la variété Deglet Nour est
estimée de 0,0815 g/l d'acide gallique soit 81,5 ug/ml. Cette
quantité est légèrement supérieure à celle
trouvée par Yahiaoui (1999) (77 ug/ml), cependant, elle est 5 fois
supérieure (16,6ug/ml) à celle communiquée par Ghazi et
Sahraoui (2005).
Quant à la variété Hamraia, la teneur en
C.P.S.T. est de 0,141 g/l d'acide gallique (soit 141,5 ug/ml) et donc là
aussi 5,5 fois supérieure (26,66 ug/ml) à celle rapportée
par Ghazi et Sahraoui (2005). Cette large différence est probablement
due aux conditions de stockage, de l'origine de provenance et au
différent taux de matière sèche des
échantillons.
D'après Harris (1977), ces différentes teneurs
en C.P.S.T. entre les deux variétés de dattes résultent de
l'effet d'un certain nombre de facteurs dont les principaux sont la
génétique, la lumière, les précipitations, la
topographie, la fertilisation et le type de sols, la saison et la
maturité. A ce propos, Macheix et ses collaborateurs (1990) signalent
que la concentration des polyphénols est très variable d'une
espèce à une autre et d'une variété à autre
et diminue régulièrement durant la maturation et le stockage par
différentes voies du brunissement. La réaction se fait en
présence d'O2 par l'intermédiaire de plusieurs
facteurs à savoir la température, le pH ainsi que les variations
quantitatives et qualitatives des C.P.S.T. contenus dans les fruits [Amiot et
al., 1995 ; Nicolas et al., 1994].
La valeur élevée des C.P.S.T. trouvée
dans notre échantillon peut probablement s'expliquer par la
concentration importante en caroténoïdes (inhibiteurs du
brunissement enzymatique) présents dans le fruit de la
variété de Hamraia fraîchement récoltée et
n'ayant pas subit un conditionnement de stockage.
II.1.2.2. Teneur en tanins condensés
Pour déterminer la teneur en tanins condensés
dans les dattes, on procède d'abord au traçage de la courbe
d'étalonnage (Fig.19) par la mesure de la D-O d'une gamme de
concentrations de l'acide tannique (0,025g/l ; 0,05g/l ;
0,075g/l et 0,1g/l). Le tableau 25 présente les absorbances
obtenues.
Tableau 25 : Densités optiques des
concentrations de l'acide tannique
Concentrations d'acide tannique (g/l)
|
Densité optique (D-O)
|
0,025
|
0,0060
|
0,05
|
0,0120
|
0,075
|
0,0174
|
0,1
|
0,0240
|
Fig. 19 : Courbe d'étalonnage pour le
dosage des T.C.
Après la réalisation de la courbe
d'étalonnage, la mesure des densités optiques des deux
variétés de dattes a été effectuée et les
résultats sont indiqués dans le tableau 26.
Tableau 26 - Densités optiques des T.C.
chez les deux variétés de dattes
Echantillons
|
Densité optique (D-O)
|
Deglet Nour
|
0,0050
|
Hamraia
|
0,0059
|
Après les calculs effectués à partir de
la courbe d'étalonnage, les résultats de la teneur en T.C. sont
indiqués dans le tableau 27
Tableau 27: Teneur en T.C. chez les deux
variétés Deglet Nour et Hamraia
T.C. (ug/ml)
Dattes
|
Nos résultats
(2008)
|
Yahiaoui
(1999)
|
Ghazi et Sahraoui (2005)
|
Deglet Nour
|
20,25 #177; 1,25
|
70
|
16,66
|
Hamraia
|
24 #177; 1
|
-
|
50
|
D'après l'analyse des résultats obtenus la
variété Hamraia s'avère riche en T.C. (24ug/ml) par
rapport à celle de Deglet Nour (20.25 ug/ml), mais cette
différence n'est pas significative.
Quant à la comparaison de nos résultats par
rapport à ceux rapportés dans la littérature nous
remarquons que les teneurs trouvées par Yahiaoui (1999) pour la
variété Deglet Nour (70ug/ml) sont largement plus
élevées que les notre (20.25 ug/ml) et celle communiquées
par Ghazi et Sahraoui (2005) (16,66 ug/ml). En revanche, ces derniers auteurs
ont trouvé une valeur très élevée en T.C. pour la
variété Hamraia (50 ug/ml) comparativement à la notre.
Cette variabilité entre les teneurs en T.C. peut
être due par l'effet de plusieurs facteurs tels que : la
sensibilité des tanins à des plusieurs voie de dégradation
(l'oxydation, la lumière...), le stade de maturité des fruits,
les conditions culturales et plusieurs d'autres facteurs.
Par ailleurs, Turrel et collaborateurs (1940) signalent que
les tanins de variété Deglet Nour de Californie atteignent leur
maximum de concentration (de l'ordre de 6% du poids frais) lorsque les dattes
sont petites et vertes et régressent graduellement à un taux de
1% au stade Routab. D'autre part, Peyron et Gay (1998) rapportent qu'au stade
Tamar, la datte perd son astringence et les tanins précipitent sous la
peau en passant de la forme soluble à la forme insoluble, cela explique
les faibles teneurs obtenus en T.C. à ce stade pour les deux
variétés étudiées. Il est à noter
également que la teneur en tanins condensés diminue
légèrement au stade Tamar par leur oxydation par voie non
enzymatique en polymère coloré par la formation de complexe
métal-polyphénols et la conversion des leuco-anthocyanes en
anthocyanes [Mathe et Parpia, 1971].
D'autre part, le brunissement enzymatique affecte le contenu
en T.C. puisqu'on considère que les (+)-catéchine et la
(-)-épicatéchine sont parmi les substrats
préférentiels de la PPO [Nicolas et al., 1994 ; Clifford,
1999]. La réaction d'oxydation se fait en présence de
l'oxygène moléculaire ; les premiers produits de la
réaction sont les quinones qui se condensent ensuite rapidement pour
former des polymères bruns ou noirs de haute masse moléculaire
[Taylor et Clydesdale, 1987].
II.1.2.3. Teneur en anthocyanes
Les résultats de la teneur en anthocyanes pour les deux
variétés de dattes sont exprimés en gramme (g)
d'anthocyanes par millilitre (ml) en se référant à une
courbe d'étalonnage (figure 20) tracée à partir du tableau
18.
Fig. 20 : Courbe d'étalonnage pour le
dosage des anthocyanes
Les valeurs de la densité optique des anthocyanes non
décolorés (tubes témoins) et décolorés par
le Bisulfite de Sodium (tubes décolorés) ainsi que leur
différence sont indiquées dans le tableau ci-dessous :
Tableau 28 : Densités optiques des
anthocyanes chez les deux variétés Deglet Nour et
Hamraia
Dattes
|
Tubes témoins
|
Tubes décolorés
|
Différence
|
Deglet Nour
|
0,0303
|
0,0142
|
0,0161
|
Hamraia
|
0,0296
|
0,0146
|
0,0141
|
Après les calculs effectués à partir de
la courbe d'étalonnage, les résultats de la teneur en anthocyanes
sont indiqués dans le tableau 29
Tableau 29: Teneur en anthocyanes chez les deux
variétés Deglet Nour et Hamraia
Anthocyanes (ug/ml)
Dattes
|
Nos résultats
|
Ghazi et Sahraoui (2005)
|
Deglet Nour
|
14,04 #177; 1,75
|
16,83
|
Hamraia
|
13,08 #177; 2,02
|
15,83
|
Après extrapolation des résultats de la D.O sur
la courbe d'étalonnage, la teneur en anthocyanes pour les deux
variétés Deglet Nour et Hamraia est estimée respectivement
de 14,04ug/ml et 13,08ug/ml, ces deux valeurs semblent proches et
présentent une légère différence. Quant à la
comparaison de nos résultats par rapport à ceux trouvés
par Ghazi et Sahraoui (2005) (16,83ug/ml et 15,83ug/ml respectivement pour
Deglet Nour et Hamraia) nous remarquons que le taux en anthocyanes pour nos
échantillons est légèrement faible par rapport à
ces auteurs.
Il est important de signaler que les anthocyanes, sur le plan
théorique augmentent avec la maturation des fruits, atteignant un
maximum puis diminuent. Cette évolution est étroitement
corrélée avec la nature des fruits. Par ailleurs, les
différentes réactions qui peuvent prendre place dans la
diminution des anthocyanes sont :
· Les réactions de condensation des anthocyanes
et/ou flavanols avec d'autres molécules inférieures comme l'acide
puracique, venyl phénole ou l'acide glycoxylique [Bakker et al.,
1997 ; Dos Santos et al., 1996]
· La combinaison des anthocyanes avec les tanins pour
donner des polymères qui possèdent des propriétés
et des couleurs différentes à celles des anthocyanes.
|